De la console FireWire à l’interface audionumérique pur jus, il n’y a qu’un pas. Ce pas, Mackie l’a franchi avec l’Onyx 400-F qui reprend, dans un rack 1U, l’essentiel de ce qui a fait le succès des consoles du même nom, faders exceptés.
C’est en 2004 que Mackie a lancé une petite bombe sur le marché de l’audio avec la série des consoles Onyx. Pensées avant tout pour la sonorisation et l’enregistrement de petits « live », ces dernières ont reçu un accueil des plus chaleureux, grâce notamment à leurs préamplis et EQ de très bonne facture, et leur intégration d’une interface numérique. Une option FireWire permet en effet à ces consoles de communiquer directement avec un ordinateur.
Avec l’ONYX 400-F, Mackie continue sur sa lancée et s’attaque désormais au marché très encombré des interfaces Firewire, où des marques reconnues comme PreSonus, M-Audio ou MOTU sont déjà installées avec succès. Un pari pour le moins ambitieux…
Pour ce faire, Mackie nous propose sur sa 400-F :
- Une fréquence d’échantillonnage maximum de 192 KHz.
- 8 entrées analogiques (dont 4 préamplifiées et disposant d’un insert)
- 8 sorties analogiques, ainsi qu’une sortie « Control Room » dédiée.
- Une entrée/sortie numérique S/PDIF.
- Une paire de connecteurs MIDI.
- La gestion du WordClock.
Jusque là, rien que du très classique, mais la 400-F dispose dans son jeu de plusieurs atouts d’importance :
- La présence des fameux préamplis ONYX, reconnus depuis la sortie des consoles du même nom pour être l’un des meilleurs rapports qualité/prix du marché.
- L’interface FireWire et la section DSP 64 bits (console virtuelle) signées ECHO, dont les compétences dans ce domaine ne sont plus à prouver.
- La possibilité d’utiliser l’interface en mode autonome (stand alone) sans devoir la brancher sur le PC.
- 2 sorties casque distinctes, avec contrôle du volume séparé.
- L’excellent logiciel Tracktion 2 livré en bundle.
Tout cela à l’air vraiment plaisant. Voyons donc si ces promesses alléchantes sont tenues !
En avant…
Dès le déballage, l’interface respire la qualité de construction : avec son châssis entièrement métallique et ses connecteurs robustes, la 400-F semble construite pour durer… et endurer !La face avant en aluminium brossé est claire et lisible. Elle regroupe les différents indicateurs de statut de l’interface : source de l’horloge (interne, Word Clock ou SP/DIF), état de la connexion FireWire et, ce qui est plus rare chez les concurrents, témoins d’activité MIDI (IN et OUT).
Vient ensuite la section dédiée au monitoring, qui rassemble le potar de volume des sorties dédiées « control room », les 2 prises casques avec leurs potars de contrôle indépendants et le bouton permettant de fournir l’alimentation fantôme 48 volts aux 4 entrées préamplifiées.
Les contrôles des 4 voix préamplifiés sont très logiquement disposés en face avant : un potar de gain et un VU-mètre de 4 LEDs par entrée. Les entrées 1 et 2 disposent chacune d’un connecteur Jack instrument à haute impédance, commutables par un switch dédié sur chaque entrée.
Petit défaut commun à de nombreuses interfaces de ce type, l’alimentation fantôme 48volts est commune aux 4 canaux. Soit les 4 canaux la reçoivent, soit aucun.
Or, même si des micros dynamiques en bon état ne risquent pas d’être endommagés s’ils reçoivent du 48 volts, je suis personnellement toujours très nerveux à l’idée d’envoyer une alimentation à tout ce qui est branché sur les connecteurs XLR. De plus, et même si c’est un cas très spécifique, ce type de configuration ne permet pas d’utiliser un micro statique et un micro à ruban en même temps (ces derniers étant irrémédiablement endommagés s’ils reçoivent une alimentation fantôme).
…et en arrière
En face arrière, on trouve tout d’abord la prise d’alimentation. Il est intéressant de noter que celle-ci est universelle et supporte indifféremment des tensions de 100 à 240V et une fréquence de 50 à 60Hz : pas de soucis donc pour l’emmener à l’étranger. Muni du câble d’alimentation adéquat, vous pourrez aller enregistrer un groupe de country à Nashville avec votre 400-F.
Viennent ensuite les entrées/sorties S/PDIF (au format coaxial), la paire de prises MIDI, les 2 connecteurs FireWire, les embases Wordclock et les entrées/sorties analogiques.
Les sorties « Contrôle Room », les huit sorties analogiques et les entrées 5 à 8 sont toutes au format Jack symétrique. Les entrées 1 à 4 utilisent en revanche des connecteurs Neutrik de type « Combo » XLR/Jack symétrique (respectivement pour les niveaux micro et ligne).
Ces 4 entrées disposent d’un insert asymétrique, post gain et pré conversion, permettant d’insérer vos effets préférés dans la chaîne audio. Ils peuvent également faire fonction de sortie directe des préamplis.
Le pilote dans l’avion
L’installation sous Windows XP SP2 se passe de façon conventionnelle et sans accrocs. Pour le test, j’ai téléchargé la dernière version du driver disponible sur le site Mackie : la 1.05.Étant utilisateur PC uniquement, je n’ai pas pu tester l’interface sur Mac, mais Mackie affirme qu’à la condition d’utiliser Mac 0S 10.3.9 ou supérieur, la 400-F est immédiatement reconnue et ne nécessite aucune installation particulière
Le logiciel de contrôle de la 400-F est stable et bien conçu. Il permet 2 types d’utilisation :
- Si on désactive la console virtuelle, les entrées/sorties de l’interface doivent être gérées par votre logiciel hôte, et la 400-F devient une interface 10 entrées / 10 sorties
- Utiliser la console virtuelle (et donc le DSP) permet de travailler sans latence, avec un routing très flexible : toutes les entrées peuvent être routées sur toutes les sorties.
On reconnaît la patte des concepteurs d’ECHO dans l’ergonomie de cette console : celle-ci est en fait une matrice 10*10, présentée sous la forme de 5 « pages » correspondant aux 5 paires de sorties de la 400-F (4 paires analogiques et 1 paire numérique). A chacune de ces paires de sorties, on peut affecter tout ou partie des entrées de la carte, via des contrôles classiques d’une console, soit pour chaque entrée : Fader de niveau, Mute, Panoramique et Solo.
Il est aussi possible de router les sorties de votre logiciel hôte vers les sorties physiques de la carte à la convenance de chacun. Chaque voix d’entrée peut être nommée, et tous vos réglages sont susceptibles d’être sauvegardés sur l’ordinateur sous forme de presets.
Lorsqu’on ferme la console virtuelle, les réglages en cours sont automatiquement sauvegardés pour une utilisation sans ordinateur. Par contre, contrairement aux dernières interfaces FireWire de MOTU par exemple, on ne peut pas rappeler ou modifier un preset sans avoir recours à l’ordinateur.
À l’usage l’ergonomie de cette console est simple, efficace et permet une grande flexibilité. Seul regret, les sorties « control room » et les 2 sorties casque sont considérées comme des « miroirs » des sorties 1 & 2 ou 7 & 8 et ne peuvent donc pas recevoir un mix indépendant, pour enregistrer 2 musiciens simultanément par exemple.
En situation
Surprise désagréable à l’allumage : Même avec tous les gains et volumes à 0 (conformément aux recommandations du manuel), un « pop » très audible fait frémir les enceintes ! Attention donc à l’ordre d’allumage…Mis à part ce défaut, la 400-F est très agréable à utiliser : les potars sont précis, les LEDs des VU-mètres réactives et lisibles. Les performances du driver ASIO sont quant à elle honorables et comparables à ce qu’on trouve sur d’autres interfaces que j’ai pu tester : pas de craquements perceptibles sur un projet chargé (Cubase SX3, Reason 3 en ReWire et quelques plug-ins) avec un buffer de 256 samples à une résolution de 24 bits et une fréquence d’échantillonnage de 48 Khz. Là encore, le savoir-faire d’Echo est perceptible.
Mes logiciels habituels utilisant exclusivement des drivers ASIO, je n’ai pas pu vérifier si les drivers WDM sont aussi performants autrement que par utilisation de Windows Media Player, qui ne m’a révélé aucun problème.
Qualité audio
C’est là que le savoir-faire de Mackie dans le domaine des signaux analogiques prend toute son ampleur : les préamplis ONYX, les mêmes que ceux qui équipent les consoles du même nom, sont toujours d’excellente qualité : clairs, transparents, avec un haut très détaillé et précis. Ils n’ont pas de couleur sonore particulière, ce qui est selon moi un vrai avantage sur ce type de matériel destiné à une utilisation polyvalente. Ils sont ainsi extrêmement respectueux de la source, et conviendront à tous types de micros. C’est pour moi le point fort de cette 400-F.
Cette qualité analogique est suivie d’une conversion vers le numérique performante. Les convertisseurs utilisés sont des AKM® 5385 et 4358, que l’on retrouve dans la console Digital X Bus de la marque. Bien sûr, la qualité de la conversion dépend aussi en grande partie de l’horloge utilisée. Celle qui est intégrée à la 400-F est tout à fait honorable, avec un « Jitter » imperceptible qui n’endommage pas le signal. De son côté, la conversion du numérique vers l’analogique est également de bonne facture, très claire et très ouverte dans le haut.
Les qualités sonores des préamplis ONYX se retrouvent aussi dans l’enregistrement direct des instruments, via les connecteurs dédiés. Faire passer une guitare ou une basse par ces entrées permet de profiter d’un son riche et ample : un régal à travailler dans un mix !0
Parmi les très bonne surprise, notons que les compétences audio des concepteurs de Mackie se retrouvent aussi dans les sorties casque. Contrairement à ce qu’on voit sur nombre d’interfaces audio, ces dernières ne sont pas ici le parent pauvre. Dynamiques, précises et dépourvues de bruits de fond désagréables, elle sont idéale pour vérifier un mix au casque et, bien évidemment, pour monitorer une prise. Pour un usage intensif, c’est très appréciable !
Conclusion
La 400-F à certes quelques petits défauts, mais ceux-ci se font vite oublier face à d’incontestables qualités audio. Je suis personnellement très convaincu par les préamplis ONYX, que je considère comme étant les meilleurs sur cette gamme de prix. Pour avoir vraiment mieux, il faut mettre beaucoup plus cher !Au chapitre des regrets, on déplorera surtout le manque d’évolutivité de la belle. Il est dommage, par exemple, de ne pas disposer d’une entrée/sortie ADAT comme sur certaines concurrentes, ce qui aurait été très utile pour adjoindre, par exemple, un octuple préampli comme le 800R du même constructeur. Ce point pourra toutefois être en partie résolu par la possibilité de chaîner 2 interfaces 400-F (déjà disponible sur Mac, ce chaînage sera pris en charge sur PC dans la prochaine version des drivers).
Et Mackie ne compte pas s’arrêter là, car la présence du DSP embarqué nous promet de nouvelles fonctionnalités. Sur certains forums outre-Atlantique, de fortes rumeurs circulent sur des développements futurs : transformer la console virtuelle en une véritable table de mixage numérique, avec compression, EQ et effets, le tout contrôlable en mode « stand alone » grâce à une intégration totale avec la surface de contrôle Mackie Control Universal. Rien de tout cela n’est confirmé officiellement par Mackie, mais il n’en reste pas moins sûr que ce produit, parfaitement utilisable dans son état actuel, n’a pas encore atteint son plein potentiel.
Située, côté prix, entre une MOTU Traveler et une PreSonus Firepod, elle a pour principaux arguments son indéniable qualité sonore et une gestion virtuelle du routing simple et efficace. Si on ajoute à cela un bundle intégrant le très apprécié logiciel Tracktion 2, la 400-F a, c’est sûr, de quoi trouver son public !