RME a réussi à se tailler une belle réputation dans le milieu professionnel grâce à la qualité de ses interfaces audionumériques, Multiface et Fireface 800 en tête. Et c’est justement la petite sœur de cette dernière, la Fireface 400, moins onéreuse mais tout aussi généreuse, qui nous intéresse cette semaine…
L’idée de RME pour la Fireface 400 était de fournir une carte audio offrant la plupart des avantages de la Fireface 800 à un prix plus accessible tout en conservant une qualité aux standards de RME, c’est à dire professionnelle. Le nouveau bébé n’est pourtant pas une version allégée de la 800 puisqu’elle repose sur une conception nouvelle.
Les bonnes fées des produits intelligemment pensés semblent s’être penchées sur la Fireface 400 pour la doter de tout ce dont a besoin le musicien et home-studiste exigeant : compatibilité PC et Mac, nomadisme, entrée/sorties analogiques et numériques, préamplis, MIDI, Word Clock, pilote ASIO, travail en 24 bits / 192 KHz…
Présentation
La boîte comporte la carte son, un câble FireWire de bonne longueur, un CD comportant drivers et logiciels, une alimentation, un mini câble multipaire sur lequel nous reviendrons, un câble optique, 4 pieds en caoutchouc pour coller sur le boîtier et la documentation.
La présentation de celle-ci est très modeste : des pages en noir et blanc au format ½ A4 reliées par les classiques anneaux en plastique que les étudiants et les spécialistes de rapports en entreprise connaissent bien. Côté contenu, c’est clair, bien écrit, bref, rien à dire. Par ailleurs, contrairement à un produit complexe comme un synthé ou un séquenceur, on ne l’utilisera pas longtemps et il ne sera pas nécessaire d’y revenir de temps en temps. Une fois l’installation et le paramétrage réalisés, la documentation devrait vite être remisée dans un tiroir et n’en plus bouger. Beaucoup préféreront sans doute sa version PDF en couleurs, plus lisible et agréable.
L’installation se fait sans soucis. On éteint l’ordinateur, on connecte la carte, on l’allume, on rallume l’ordinateur, Windows demande le driver et hop ! Après le traditionnel redémarrage, on est prêt à enregistrer, il restera juste installer en plus le logiciel Digicheck (ce qui se fait en un clin d’œil). L’installation de ce programme n’est pas nécessaire au fonctionnement de la carte, mais compte tenu de ce qu’il apporte, autant ne pas s’en priver, comme nous le verrons dans la partie logicielle.
Au fait, pourquoi éteindre l’ordinateur ? Théoriquement, le FireWire permet, tout comme l’USB, le branchement et débranchement « à chaud » (appareils en marche). Seulement voilà, de nombreux périphériques FireWire, surtout des disques durs, de même que des ports FireWire sont sortis grillés de l’opération. C’est que le FireWire, en plus du signal, transmet du courant. Courant supérieur à celui de l’USB. Il peut arriver lors d’un branchement ou débranchement à chaud qu’il se crée une surtension ponctuelle qui fasse des dégâts. RME rappelle ce point dans un papier présent dans le carton de la carte et recommande de ne pas utiliser le branchement/débranchement à chaud.
A l’avant
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Depuis le temps que nos « cartes sons » ne sont plus de simples cartes informatiques que l’on enfiche dans une unité centrale, mais des boîtiers externes complets, il serait plus correct de parler d’interface audionumérique. Mais comme c’est vachement plus long à écrire, je continuerai à parler de « carte » ! Comme tout le monde, en fait. La carte se présente donc sous la forme d’un boîtier au format ½ rack 1U qui se connecte en FireWire à l’ordinateur.
En face avant, on trouve deux prises combo XLR/jack Neutrik correspondant aux entrées 1 & 2 munies des préamplis micros. Ceux-ci sont les mêmes que ceux des éprouvés (et approuvés) QuadMic et OctaMic. À chaque entrée XLR sont associés 3 Leds : une jaune indiquant l’alimentation Phantom, une verte pour la présence de signal et une rouge pour le clip. On trouve ensuite deux entrées jack 6,35 instrument/ligne correspondant aux entrées 3 et 4. Elles sont accompagnées d’une LED de signal et d’une LED de clip. Vient ensuite un bouton rotatif avec fonction push surmonté d’un afficheur à segment dont les LEDs, bien lumineuses, sont très visibles. Ce bouton permet de sélectionner l’entrée ou la sortie de son choix et de régler son niveau, deux LEDs indiquant si l’on est en mode sélection d’E/S ou réglage de niveau. On a ensuite un groupe de 8 LEDs, les trois premières indiquant l’activité Word Clock, SPDIF, ADAT, une autre LED « host » signalant toute erreur éventuelle de connexion avec l’ordinateur, et les quatre dernières représentant les signaux sur les 4 E/S MIDI. Enfin, la sortie 7/8, qui est une prise stéréo asymétrique, est dédiée essentiellement à la sortie casque.
Toutes ces parties sont clairement séparées en zones ce qui fait de cette façade pourtant dense un modèle de lisibilité. Le bouton à course crantée allie confort et précision à la navigation entre les sélections de sources et le réglage de leur niveau. Nous reviendrons plus loin sur l’usage de ce bouton.
A l’arrière
À l’arrière, on trouve :
- Six sorties analogiques symétriques de niveau ligne (sorties 1 à 6)
- Quatre entrées analogiques symétriques de niveau ligne (entrées 5 à 8)
- Une entrée et une sortie ADAT
- Une entrée et une sortie SPDIF coaxiale
- Une prise MIDI I/O pour le câble multiple accueillant le multipaire MIDI
- Une entrée et une sortie Word Clock sur prises BNC
- Deux ports FireWire
- L’entrée d’alimentation
- Un switch pour sélectionner la source d’alimentation (externe ou par FireWire)
Ajoutons une sorte de crochet en métal, prévu pour y passer les câbles d’alimentation et FireWire afin d’éviter tout arrachement accidentel, il pourra aussi servir d’antivol.
La FireFace 400 est munie de deux E/S MIDI, permettant ainsi la gestion de 32 canaux. De quoi voir venir… Mais compte tenu du format de la carte, il n’a pas été possible de caser les quatre prises MIDI IN et OUT, ni à l’avant, ni à l’arrière. D’où la solution (que je trouve personnellement peu élégante) d’une prise unique avec un câble multipaire, c’est un compromis nécessaire compte tenu des contraintes de la carte et du format. Si un format 19 pouces est bien plus pratique à racker, le boîtier ½ de la FireWire 400 se glisse beaucoup plus aisément dans une sacoche de portable ou un sac à dos. Le gain de place est aussi très appréciable en home studio lorsqu’on ne peut ou veut pas racker. On se demande déjà comment RME a pu caser autant d’éléments dans son boîtier sans imaginer qu’on puisse encore trouver de la place pour quatre prises MIDI !
Pour conclure ce petit tour de l’aspect, on remarque que toutes les prises semblent très solides. Le branchement des câbles y est franc et ceux-ci ne bougent pas d’un poil dans leur prise, limitant aussi les risques de débranchements intempestifs sur une simple traction du câble.
Les finitions sont irréprochables, les accostages de pièces sont parfaits, les sérigraphies très propres, bref, du beau boulot. Détail amusant, dans les sérigraphies, on trouve le désormais universel symbole d’une poubelle barrée. Franchement, qui aurait envie de jeter un si beau produit ? Sans compter le prix que ça coûte, ma bonne dame !
Avant de passer à la partie soft, un petit résumé de ce qu’offre cette carte :
- 8 entrées dont 2 sur prises combo XLR/Jack avec préampli et deux instrument/ligne
- 8 sorties, dont 6 symétriques et deux asymétriques sur une unique prise stéréo
- Réglage de volume hardware
- Word Clock
- ADAT
- SPDIF coaxial
- Second port FireWire pour chaînage d’éléments
Pour de plus complets détails techniques, je vous invite à consulter la fiche produit chez Arbiter France et particulièrement la fiche technique e n français.
Côté logiciel
Aucun logiciel type séquenceur light ou version spéciale n’est livré avec la FireWire 400, comme avec tout produit de chez RME. On peut certes trouver cela dommage, mais cela s’explique parfaitement par le public visé. En effet, sauf exception, on n’achète pas une carte RME pour s’initier à la MAO. L’acheteur de tels produits est la plupart du temps un utilisateur expérimenté qui dispose déjà de son pack logiciel.Côté logiciel, donc, on a les drivers comportant le panneau de réglage de la carte et le TotalMix et Digicheck. Ça semble peu, mais c’est beaucoup. Car la partie logicielle des cartes RME est excellente et celle de la Firewire 400 n’échappe pas à la règle. Les drivers sont compatibles Mac OS X 10.3 PowerPC et Mac Intel, Windows 2000 SP4, XP, XP 64, Vista et Vista 64. Ils travaillent en MME, WDM, ASIO 2 multiclient et GSIF 2.
Panneau de configuration
paramétrages de la carte |
Il est décomposé en 4 onglets. Le premier permet de régler la latence, le gain des entrées lignes (Low, –10 dBu, +4 dBu), le gain des sorties et de la sortie casque, de déterminer une entrée ligne ou instrument sur les entrées 3 et 4 (avec un pad) et d’enclencher l’alimentation fantôme, indépendante pour les deux entrées 1 et 2. On règle également les préférences des SPDIF IN et OUT et différentes options de synchronisation. A noter que la Fireface 400 est munie pour l’horloge du système SteadyClock de RME, D’après le constructeur, elle est digne d’horloges de studio onéreuses et permet une excellente précision des convertisseurs (donc une quasi élimination du jitter). Chose que je n’avais pas les moyens de vérifier, mais pour laquelle j’aurai tendance à faire confiance à RME. Vu sa clientèle en produits pros (notamment MADI et les interfaces AES/EBU), je ne pense pas que la firme ait intérêt à engager sa parole à la légère.
On peut aussi limiter la bande passante utilisée par la carte en ne laissant passer vers l’ordinateur que les entrées analogiques, celles-ci plus le SPDIF, la même chose plus les quatre premières entrées ADAT ou tout laisser passer. Enfin, dans cet onglet, on trouve quelques informations dont la fréquence d’horloge en cours et surtout deux boutons : l’un permettant d’enregistrer la configuration dans la mémoire intégrée de la carte, l’autre de rappeler la configuration précédemment enregistrée. En effet, la Fireface 400 peut fonctionner en standalone, c’est à dire sans être connectée à un ordinateur, mais nous y reviendrons.
Le second onglet permet le réglage des gains d’entrée. On note que l’on peut lier les faders deux à deux, ce qui est particulièrement pratique dans le cas d’une utilisation stéréo.
Le troisième onglet concerne le DDS (Direct Digital Synthetizer), le composant de l’horloge SteadyClock qui équipe la Fireface 400. Il permet un réglage à la fois précis et dynamique de la fréquence d’horloge. Non seulement celle-ci peut être réglée (de 32 à 192 kHz) avec une précision de 0,4 % (1 Hz minimum), mais le changement de réglage peut se faire à la volée, y compris pendant l’enregistrement ! Je n’ai pas personnellement l’usage de la chose, mais je suppose qu’elle est particulièrement précieuse pour ceux qui travaillent avec de la vidéo. La doc suggère cependant que la fonction peut aussi servir à réaliser des effets créatifs de changement de pitch et vitesse pendant l’enregistrement.
Le dernier onglet nommé « about » rappelle quelques informations sur RME, l’adresse du site et du support et surtout, donne la version des drivers et du firmware de la carte.
On voit qu’on dispose de fonctions puissantes, et ce n’est pas terminé.
TotalMix
Le TotalMix ou la console de la carte son |
Ce sont deux faces d’un même élément à savoir le mixeur de la carte son. Tout utilisateur de carte son RME vous en dira la même chose : au début, on ne comprend rien et après, c’est énorme !
Essayons de clarifier la chose : d’abord, il s’agit d’une console permettant de contrôler les différentes « pistes » de la carte son. Jusque-là, rien de compliqué. On y trouve trois rangées de faders. La première rangée concerne les entrées. C’est à dire, tout qui est branché dans la carte.
La seconde concerne ce qui est joué par l’ordinateur (software playback) et qui est considéré comme une seconde sorte de sources audio. Avec la Fireface, on dispose de 18 « playback channels » ce qui signifie autant de « drivers » disponibles dans votre ordinateur. Il est ainsi possible d’utiliser plusieurs applications audio sur différents drivers, ou encore si votre application le permet, de disposer de plusieurs sorties dans celle-ci. Un exemple ? Dans Sonar, j’utilise des sorties en plus de ma sortie principale de monitoring pour envoyer des bus vers des effets hardware externes. Pour chaque tranche entrée et « playback », on dispose de boutons mute et solo, d’un réglage de panoramique et d’un fader de volume, plus une petite case sur laquelle nous reviendrons.
Enfin, la dernière rangée concerne les sorties physiques. Là, on dispose uniquement d’un fader de volume.
Le réglage des vu-mètres |
Ajoutons que pour chaque tranche des 3 rangées, on a un indicateur chiffré du niveau de réglage du fader et du niveau du signal passant dans la tranche, sans compter un vu-mètre paramétrable, tant pour ce qui est de son étendue que de sa réactivité.
Notons aussi que chaque tranche peut être renommée. Certes, on ne pourra pas mettre des noms longs à cause de l’affichage réduit, mais C414 ou U87 peuvent être plus parlant que ‘IN 1’. Jusque-là, rien de bien compliqué, n’est-ce pas ?
Pour comprendre la suite, il faut avoir en tête que les faders permettent de régler un volume de sortie. Pas un volume d’entrée. Celui-ci se règle par les gains dans le panneau de contrôle que nous avons vu plus haut. Chaque fader entrée et playback règle le volume de sortie de cette tranche, celui que vous allez entendre, quoi.
Là où ça se complique légèrement, c’est que chaque entrée et chaque tranche de playback peut être routée vers n’importe quelle sortie avec un niveau de volume différent pour chacune d’entre elles !
Par exemple, l’entrée analogique 1 peut être routée sur la sortie 1 avec un volume de –25 dB, vers la sortie 3 avec un volume de 0 dB et vers la sortie 7–8 avec un volume de –32 dB. Les possibilités sont donc énormes, à commencer par réaliser une balance différente pour chacun des musiciens enregistrant simultanément.
Matrice et SubMix
Pour faire le routage, deux solutions s’offrent à nous : soit on utilise le petit menu en cliquant sur la case située sous chaque nom de tranche, soit on passe par la matrice.
Matrice : prenez la pilule verte ! |
La matrice est un tableau qui représente un peu un central téléphonique ou un patch virtuel. Pour lier une entrée ou un playback à une sortie, il suffit de cliquer dans la case à l’intersection de la ligne des entrées et de la colonne des sorties.
Il faut comprendre aussi comment se comportent les ports de la carte. Chaque duo de tranche est pensé comme deux tranches mono et comme une tranche stéréo. Ainsi, si vous choisissez de router votre entrée 1 sur la sortie 1&2, elle ne sortira que sur la sortie 1 si le panoramique de l’entrée est réglé tout à gauche. S’il est tout à droite, elle sortira sur la sortie 2. S’il est au milieu, elle sortira avec le même volume sur les sorties 1 et 2 qui sont en fait considérées comme les côtés gauche et droit d’une tranche stéréo.
Ce schéma rendra ceci plus clair.
En submix, c’est easyx |
En mode submix, toutes les tranches d’entrées et de playback affichent leur réglage pour une sortie unique, celle sur laquelle vous cliquez en bas. Dans l’exemple de l’image, c’est la sortie 1&2 qui est sélectionnée. Les autres sorties sont grisées (pour la lisibilité, mais restent en fonctionnement). Avec la sortie 1&2 sélectionnée, toutes les tranches entrée et playback affichent leur réglage pour la sortie 1&2. Si vous cliquez sur la sortie 3&4 (n’importe où dans la tranche 3 ou 4), toutes les pistes afficheront leurs réglages pour la sortie 3&4.
Un point très important : le monitoring des entrées se fait totalement sans latence. Grâce au DSP embarqué, le routage des entrées vers les sorties se fait ainsi sans passer par le séquenceur. Bien sûr, cela n’empêche aucunement de passer par un logiciel pour ajouter un effet en temps réel. Dans ce cas, on coupera tout simplement le volume de la tranche et c’est au niveau des tranches playback que l’on réglera le volume de sortie du signal traité, d’où aussi l’intérêt de disposer d’autant de ports « playback ». À noter que le signal traité sera évidemment dépendant de la latence. Et, puisqu’on en parle, on atteint des latences très faibles avec cette carte. Sur mon système qui n’est pas le plus performant dans ce domaine (je joue généralement à 6 ms avec ma Multiface), je n’ai pas pu descendre au minimum qui est de 48 samples, mais j’ai pu l’utiliser à 96 samples, ce qui à 192 KHz ne fait pas lourd en millisecondes (je vous laisse faire la règle de trois !)
Au dessus du bouton submix, on trouve des boutons permettant d’afficher ou de masquer chaque rangée. Il n’est pas forcément toujours utile d’afficher les sorties, surtout si l’on contrôle leur volume en hardware et qu’il y a rarement de l’intérêt à afficher les entrées si on est en mixage ou post-prod.
Ensuite, on trouve 8 boutons de presets : ce sont des emplacements-mémoires permettant de sauvegarder un état du TotalMix, c’est-à-dire tous ses réglages, y compris (selon votre choix) sa position à l’écran.
Enfin, on trouve des boutons permettant de régler le « monitor main » qui sera contrôlé par le fader dédié de la surface de contrôle. Car le TotalMix est télécommandable en MIDI par toute surface émulant une Mackie Control, y compris les boutons de droite.
Il me reste à vous signaler la présence d’un bouton « dim » permettant de baisser ou de totalement couper le son général (selon votre réglage dans les préférences). On trouve également un bouton mono faisant basculer les sorties en mode mono, essentiel pour contrôler la phase de son mix. Enfin, un bouton talkback permet à une entrée d’être utilisée comme circuit de talkback (avec dim automatique du son réglable).
Bref, vous comprenez qu’avec un tel joujou couplé à une surface de contrôle MIDI, on travaille quasiment avec le confort d’une bonne console de studio hardware. Avec une Mackie Control ou toute autre surface disposant de LCDs affichant les tranches en cours, il n’y a même plus besoin d’afficher le TotalMix à l’écran, sauf pour le routage. Et même avec une surface sans afficheur type BCF de Behringer, on s’en passe souvent.
Dernière chose essentielle : dans le menu, on dispose d’une commande pour enregistrer l’état du TotalMix dans la mémoire de la carte pour l’utilisation en standalone. Que demande le peuple ?
Digicheck et Standalone
Digicheck est une exclusivité de RME et ne peut fonctionner qu’avec les cartes de la firme. Il s’agit d’un puissant outil d’analyse permettant entre autres de vérifier le niveau de bruit aux entrées, la qualité de la synchro et d’autres nombreuses informations techniques. Surtout, il comporte un analyseur de spectre et un analyseur de phase très performants capables de tester n’importe quelle entrée ou sortie de la carte. Quand on sait ce que coûte un bon analyseur de spectre…
En dehors de sa relative complexité, qui est le prix à payer pour une grande puissance, il y a une critique à émettre sur le look qui commence à prendre un coup de vieux. Autant je ne suis pas forcément fan des looks chargés ou des tentatives d’imitation à l’écran de matériel hardware, choses qui ne servent généralement qu’à consommer inutilement des ressources, autant on pourrait souhaiter un peu plus de plus de gaîté et de modernité dans l’aspect de ces interfaces.
En standalone
Un des (nombreux) intérêts de la Fireface 400 est la possibilité de s’en servir de façon autonome, sans ordinateur. Évidemment, on a pas dans cette utilisation accès à tous les réglages dont on dispose sur ordinateur, ne serait-ce que parce qu’on dispose en tout et pour tout d’un unique bouton pour ce faire. Il faudra donc penser à sauvegarder dans la mémoire de la carte les paramètres nécessaires.
On dispose tout de même d’un nombre étonnant de réglages :
- Volume de chaque entrée et de chaque sortie
- Gain des préamplis
- Switch ligne/instrument sur les entrées 3 & 4
- Switch, pour chaque port, (1&2, 3&4…) sélectionnant le mode mono ou stéréo (en stéréo, le bouton contrôle simultanément le volume des deux pistes)
Par contre, on n’a pas accès au routage. Les entrées seront donc routées vers les sorties selon la mémorisation effectuée et on ne peut plus régler différemment le niveau de chaque entrée sur chaque sortie. On conserve tout de même ainsi une large palette d’applications : summing-box et inversement, splitter, convertisseur AN (en sortant notamment sur ADAT ou SPDIF) ou NA, double préampli micro, ampli casque… D’autant que même en standalone, la Fireface 400 reste contrôlable par MIDI.
À l’usage, tout ceci s’avère très fonctionnel. On a entre les mains un outil vraiment puissant, « petit, mais costaud » !
Le son
Faisons court pour aller à l’essentiel : ça sonne nickel. Les novices peuvent penser qu’une carte son, c’est juste un tuyau pour faire passer le son. J’ai parfois entendu dire que, à partir du moment où c’est numérique, ça sonne pareil. Ce n’est pas exact. Qualité des convertisseurs, qualité des filtres pour éviter le repliement spectral (ou aliasing), qualité de l’horloge pour un échantillonnage précis ne sont qu’une partie, certes essentielle, de ce qui joue sur la qualité sonore d’une carte son. On peut aussi, surtout lorsque des préamplis entrent en jeu, citer la stabilité de l’alimentation, ou encore la façon dont les composants entassés dans un espace restreint rayonnent les uns sur les autres. Bref, toutes les cartes ne se valent pas d’un point de vue qualité sonore.
Là, que ce soit côté ligne ou côté préamplis, le son est excellent. Les préamplis m’ont semblé d’une grande neutralité et d’une grande propreté de son sans tomber dans la froideur. Disons que si on veut un son typé, ce ne sont pas ces préamplis qui vont le donner. Je les ai particulièrement appréciés pour l’enregistrement d’instruments acoustiques, mais ils font bien leur travail dans tous les domaines. La réserve de gain est appréciable et suffisante, sachant que je n’ai pas pu les tester avec des micros de très faible niveau.
J’aurai du mal à dire si cette carte sonne mieux que la Multiface. Pas moins bien, c’est certain, plus transparent, probablement. Au point que je changerais volontiers ma Multiface contre sa petite sœur.