Il existe déjà un paquet de petites interface MIDI pour iOS, faisant toutes plus ou moins la même chose. Et puis il existe iConnectMIDI, qui en fait beaucoup beaucoup plus, pour pas beaucoup plus cher.
Après une grosse période rock garage où la mode était essentiellement aux guitares, le revival 80’s qui s’est amorcé récemment s’accompagne d’un retour en grâce des synthés et des instruments électroniques dans leur ensemble. Des instruments qui, pour la plupart, sont dotés d’une interface MIDI pour communiquer avec des surfaces de contrôles diverses et variées, et notamment l’une des plus fameuses d’entre elles : la tablette tactile multipoint, quelle que soit son format (de l’ardoise au téléphone).
De fait, dans le sillage des innovations réalisées autrefois par les pionniers de Jazzmutant, une myriade d’applications permet aujourd’hui d’utiliser les tablettes tactiles comme contrôleurs musicaux, notamment sous iOS, Apple ayant toujours une longueur d’avance sur Android sur ce terrain particulier. Un gadget ? Oh que non ! Car outre leurs capacités tactiles, les iDevices sont dotés d’une double webcam, de deux micros, d’un gyroscope et d’un accéléromètre, soit autant de capteurs qui grâce à l’intégration de CoreMIDI dans iOS, en font une sorte de contrôleur MIDI ultime… pour peu qu’on ait une interface MIDI à connecter à son appareil.
Et c’est là qu’intervient l’interface iConnectMIDI déclinée en 3 modèles se différenciant pour l’essentiel par leur nombre d’entrées/sorties MIDI… mais pas que ! Tandis que la iConnectMIDI1 est une simple interface proposant une entrée/sortie MIDI pour votre iDevice, votre Mac ou votre PC, les iConnectMIDI 2+ et 4+ proposent non seulement 2 et 4 entrées/sorties MIDI, mais offrent bien des avantages supplémentaires comme le laisse supposer leur petit ‘Plus’. Ce que nous allons voir avec le test de la iConnectMIDI 2+.
Plus + plus, ça fait plus
La conditionnement du produit est exemplaire : à l’intérieur de la boîte, on trouve bien rangés l’interface, son transformateur, mais aussi deux cordons, l’un USB et l’autre pour iPad/iPhone au format 30 broches uniquement. Pas de câble Lightning, hélas : il faudra donc passer par un adaptateur pour les utilisateurs d’iDevices récents.
De dimensions réduites, l’interface elle-même est relativement trapue : c’est un petit pavé de 10,6 cm sur 7 cm, avec une épaisseur de 3,7 cm pour un poids relativement lourd de 312 grammes. La chose sera loin d’être un désavantage car elle permet à l’iConnectMIDI de ne pas glisser sur votre bureau, aidée en cela par 4 petits patins en caoutchouc. La construction de l’engin inspire par ailleurs confiance, toute en métal noir (dessus, dessous, derrière) et aluminium brossé (face avant et côtés). Petit détail intéressant : un pas de vis situé sur le dessous permet de fixer le boîtier sur un pied photo, ou un pied de micro si vous disposez d’un adaptateur.
Evoquons à présent les connectiques et fonctions : en face arrière, on trouve sans surprise 4 prises DIN 5 broches correspondant aux entrées/sorties MIDI 1 et 2, ainsi que la prise permettant de raccorder le transfo d’alimentation. Notez que ce dernier n’est pas obligatoire puisque par le biais de l’USB, l’interface est susceptible d’être alimentée par votre ordinateur ou par n’importe quel transfo pour peu que ce dernier puisse se raccorder en USB. Bien vu.
Mais c’est en face avant que se passent les choses les plus intéressantes, puisqu’outre un bouton de mise en/hors fonction, on dispose de deux connecteurs USB, le tout étant flanqué de 5 LED témoins : une attestant que la machine est allumée ou non, et les quatre autres servant à notifier si un signal audio ou MIDI passe ou non par les connectiques MIDI et USB. Un signal audio ou MIDI ? Oui, vous avez bien lu et c’est là la grande originalité de l’iConnectMIDI 2+ et de sa frangine la 4+ : elles ne se contentent pas de gérer du MIDI.
De l’audio dans le MIDI
Grâce à une technologie propriétaire répondant au doux nom d’Audio PassThru, l’iConnectMIDI2+ permet en effet de faire transiter le signal audio entre ses deux ports USB dans les deux sens. On ne parlera pas d’interface audio à proprement parler, vu qu’il n’y a aucun convertisseur ni aucun préamp embarqué, mais force est d’admettre que cette capacité inédite dans une interface MIDI fait du produit d’iConnectivity une vraie petite tuerie qui peut devenir un véritable hub autour duquel toute votre config MAO s’articulera.
Tout semble possible en effet : piloter une appli de votre iDevice avec un clavier MIDI ou votre ordinateur, évidemment, mais aussi l’inverse (piloter un synthé ou votre ordinateur avec votre iDevice) et surtout, échanger les flux de données audio entre votre iPad et votre ordinateur, dans les deux sens. Si vous pouvez par exemple enregistrer une batterie d’Addictive Drums sur votre iPad, vous pouvez également enregistrer une séquence d’Animoog dans votre STAN, ce qui s’avère ô combien intéressant si l’on considère que chaque plateforme dispose de logiciels exclusifs qu’il est ainsi désormais possible d’utiliser avec toute la souplesse du MIDI pour faire le lien entre les deux mondes, sans avoir à gérer 15 000 câbles audio et sans du coup dégrader le signal de l’un à l’autre, et avec une latence réduite à son strict minimum. D’un point de vue économique, la chose sera également intéressante car le prix de vente moyen des applis sous iOS est très inférieur à celui des plug-ins sur ordinateur, pour des produits parfois complètement identiques sur le plan fonctionnel (comme ceux de Sugar Bytes par exemple, ou encore ceux de Virsyn).
Or, ce n’est là qu’un petit aperçu des possibilités offertes car pour accompagner l’iConnectMIDI 2+, iConnectivity fournit en effet un soft pour Mac ou PC et une appli ultra complète sous iOS permettant de gérer et le routing des différentes entrées/sorties MIDI mais aussi le filtrage des données qui transitent par l’interface. Avec cette dernière, il est possible de faire à peu près tout ce qu’on veut en MIDI, à condition toutefois de savoir où l’on met les pieds. Un grand débutant en MIDI aura en effet vite fait de se perdre dans les dizaines de pages et de sous-pages que comprend l’appli et dont l’ergonomie un peu rustique n’aide pas à retrouver facilement ses petits. Au prix de quelques efforts, on parvient toutefois à ce qu’on veut et on peut sans problème filtrer des messages, ou encore réunir plusieurs flux MIDI en un seul, pour mieux le dispatcher sur plusieurs sorties ensuite. Et comme les choses sont bien faites, il est possible de sauvegarder ses configurations, que ce soit sur son iPad, sur son ordinateur ou dans la mémoire Flash de l’interface.
Autre petit bémol : si sous Mac, tout est très bien fait, Core Audio/MIDI gérant très bien les particularités de l’iConnectMIDI, l’expérience sous Windows est moins idéale. L’OS de Microsoft étant incapable de gérer plusieurs drivers ASIO en même temps, il faudra passer par les drivers alternatifs ASIO4ALL pour contourner cette limitation. Rien de bien gênant toutefois vu que ça marche, et on hurlerait presque au génie si un tout petit défaut ne venait noircir le tableau.
James DIN
Contrairement à son ancêtre l’iConnectMIDI qui n’est plus vendue aujourd’hui, l’iConnectMIDI2+ ne dispose d’aucun connecteur lui permettant de gérer un périphérique MIDI/USB. En dehors des fiches DIN, point de salut donc, ce qui est dommage vu que si les connecteurs 5 broches sont encore très présents sur les instruments électroniques, un grand nombre de claviers ou de surfaces de contrôle ont troqué la prise DIN au profit de l’USB, surtout lorsqu’il sont au format nomade. Vous voulez utilisez un Novation Launchpad, une Akai APC40, un Korg Nanokey ou encore un iRig Keys d’IK Multimedia ? Vu que ces équipements ne proposent pour gérer le MIDI qu’un connecteur USB, c’est impossible avec l’iConnectMIDI2+… et c’est bien dommage ! Vous serez donc soit obligé d’utiliser des appareils dotés de prises DIN, soit de faire une croix sur ceux qui sont USB seulement, ce qui représente pas mal de monde tout de même. À moins…
À moins de mettre la main au portefeuille et d’évoluer vers la iConnectMIDI4+ qui offre cette intéressante possibilité, et propose encore plus de choses ô combien intéressantes mais pour plus de deux fois le prix de la MIDI2+. Vendue un peu moins de 220 € dans toutes les bonnes crèmeries, la MIDI4+ dispose non seulement de 2 fois plus d’entrées/sorties MIDI au format DIN, mais elle permet de connecter 3 ordinateurs ou iDevices simultanément (un Mac et deux iPad par exemple) et passe de 10 ports sur la MIDI2+ à 64 ports. Pamplemousse sur la pièce montée, l’interface intègre un port Ethernet pour goûter aux joies du MIDI en réseau.
Bref, une vraie boucherie en termes de fonctionnalités mais qui pourra s’avérer surdimensionnée pour de nombreux utilisateurs qui se seraient bien contentés de la MIDI2+ et de son modeste prix si seulement cette dernière avait été dotée de la possibilité de gérer un périphérique MIDI/USB.
Conclusion
Petite révolution dans un domaine où l’on pensait qu’il ne se passerait plus grand-chose, grâce notamment à sa gestion des flux audio entre ordinateurs et tablettes, l’iConnectMIDI2+ n’a réellement qu’un seul défaut : son incapacité à gérer les périphériques MIDI dotés d’une unique connectique USB, contrairement à son ancêtre et au modèle supérieur, la très impressionnante iConnectMIDI4+.
En dehors de ces réserves qui ne gêneront sans doute pas quantité d’utilisateurs, force est de constater qu’au tarif où elle vendue et vu sa qualité de construction, elle constitue un must have pour tous ceux qui bossent avec des configurations hybrides, mêlant ordinateurs et tablettes, instruments réels et virtuels, que ce soit sur scène ou en studio. Certes, les débutants en MIDI mettront sans doute un certain temps à se bricoler une configuration aux petits oignons, d’autant que l’appli livrée par le constructeur est un peu rustique en termes d’ergonomie. Mais le jeu en vaut assurément la iChandelle.
Chapeau bas en tout cas, en attendant de voir si la iConnectAudio4+ du même constructeur s’avérera aussi excellente.