Les interfaces audio compatibles iOS sont à la mode, et PreSonus, dont les produits d’entrée de gamme commençaient à accuser de leur âge, se devait de sortir de nouveaux produits. C’est désormais chose faite avec les deux nouvelles AudioBox i Series, affublées respectivement de un et deux préamplis micro et compatibles avec les iBidules. C’est la plus petite et donc la plus abordable qui nous intéresse aujourd’hui : la AudioBox iOne.
You’re the iOne that iWant
Nous avons testé il y a peu de temps la Scarlett Solo de Focusrite, sœur jumelle de la iTrack Solo dont les spécifications ressemblent énormément à celles de la iOne. Étant donné que la seule différence entre la iTrack Solo et la Scarlett Solo que nous avons testée il y a peu est la compatibilité iOS (et la présence d’une entrée ligne), nous pourrons directement comparer la iOne de PreSonus avec la iTrack Solo de Focusrite, les deux courant définitivement dans la même catégorie, à savoir celles des interfaces audio compatibles iOS, équipées d’un préampli micro, d’une entrée instrument et coûtant moins de 120 €.
Si la petite iOne nous a immédiatement séduits d’un point de vue esthétique, avec sa robe en aluminium bleu et ses potards gris, on ne peut dire qu’elle soit d’une originalité sans borne. Elle ressemble à ce qu’on peut voir sur le marché de l’interface audio d’entrée de gamme depuis des années, à savoir un format « tiers de rack », avec les entrées devant, et les sorties derrières, grosso modo.
Côté avant-gardisme, on repassera. Mais cela n’empêche pas la petite interface de présenter un look très réussi et une qualité de construction certaine. Si l’aluminium se raye facilement, on peut compter sur lui pour résister aux chocs lors du transport. De plus, les potards crantés sont agréables à manipuler et offrent une résistance parfaite. On est largement au niveau des Scarlett qui sont elles aussi de très jolies petites interfaces, et on reste largement au-dessus de ce que faisait le constructeur louisianais auparavant. Les anciennes AudioBox on prit un bon coup de vieux !
Concernant la connectique, on reste dans du très classique : une entrée micro au format XLR, une instrument au format Jack, une sortie casque en Jack qui nous fait l’honneur d’être sur le devant (c’est toujours plus pratique) et enfin des sorties pour les enceintes qui ont le bon goût d’être au format Jack TRS et donc symétrique. Rappelons que chez Focusrite, c’est du RCA, et donc asymétrique. Premier bon point pour PreSonus.
Vous aurez remarqué qu’il n’y a pas d’entrée ligne, à l’instar de la iTrack Solo (mais pas la Scarlett Solo, allez savoir pourquoi), ce qui reste assez dommage pour les possesseurs de synthés.
Les différents réglages de gain se font donc à l’aide des deux petits potards situés à l’avant, et les sorties enceintes et casque ont la bonne idée d’avoir des potards séparés, c’est toujours plus pratique. On activera l’alimentation fantôme via le bouton idoine, tandis que son cousin baptisé « Direct » s’occupera d’activer le retour sans latence des entrées dans le casque et les enceintes. On aurait préféré avoir un potard de mix, tant pis, la Scarlett n’a de toute façon pas proposé mieux.
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À l’arrière, on retrouve deux ports USB, un pour brancher l’interface à un ordinateur (Windows, Mac) et l’autre pour la brancher à un iMachin. Pour pouvoir utiliser la iOne avec un iPad ou un iPhone, il faudra brancher la tablette ou le smartphone sur l’interface, et cette dernière sur secteur via le chargeur de votre iPad par exemple (qui offre une prise USB classique). Si vous désirez avoir une solution totalement nomade, il faudra acheter une batterie externe ayant un port USB (comme chez Anker, par exemple) délivrant assez de jus pour l’interface. Même si nous n’avons pas essayé la chose, n’ayant pas de batterie externe à disposition, cela devrait fonctionner si l’on en croit le constructeur… Reste à voir l’autonomie du système, qui dépendra de la capacité de la batterie externe utilisée.
Maintenant que nous avons fait le tour de la bête, branchons là.
Benchmark
Avec la latence réglée au minimum (32 échantillons), nous avons obtenu 3,72 ms en entrée et 2,77 ms en sortie, comme d’habitude en 44,1 kHz. C’est mieux que sa concurrente directe chez Focusrite qui est plus aux alentours de 5 ms. C’est un très bon résultat pour une interface située dans cette fourchette de prix.
Pour tester les performances audio de l’interface, nous l’avons branchée dans notre Precision Audio APx515, voici les résultats que nous allons comparer avec d’autres modèles précédemment testés.
Réponse en fréquence ligne
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Même s’il n’y a pas d’entrée au niveau ligne, nous avons voulu faire des tests avec le gain réglé sur 0 dB (même niveau en entrée et sortie de l’interface). La déviation obtenue est de ±0,197 dB, ce qui reste un peu moins bon que la Scarlett que nous avons testée il y a peu (±0,095 dB), mais reste très honorable pour une interface d’entrée de gamme (d’habitude, nous obtenons des résultats proches des ±0,5 dB dans cette gamme de prix).
THD Ratio Ligne
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La distorsion est quant à elle un peu meilleure que sur la Scarlett, oscillant entre 0,01 % et 0,02 % suivant la fréquence. On peut donc en déduire que les deux interfaces se valent lorsque l’on ne pousse pas le préampli.
Lorsque nous avons dû pousser le préampli pour continuer les tests, nous avons été confrontés à une limite de 40 dB, ce qui est plus faible que la Scarlett Solo (47 dB) et assez limite d’une manière générale pour une interface audio, même d’entrée de gamme. On aurait aimé avoir au moins 55 dB de gain, voir 60 dB comme sur l’UR22 de Steinberg (certes un peu plus chère, mais possédant deux préamplis). On se retrouve donc assez rapidement à pousser le potard de gain, car la course est en plus loin d’être linéaire.
Réponse en fréquence Mic
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Il nous a été impossible de régler le gain sur 34 dB comme nous le faisons d’habitude à cause du potard cranté trop peu précis, nous avons donc mis le gain à 37 dB, donc presque à bout de course. Le problème à ce niveau, c’est que la réponse en fréquence se creuse beaucoup dans le bas du spectre et la déviation en pâtit forcément (±0,847 dB), même si au-dessus de 100 Hz, cela reste très convenable. Attention quand même si vous enregistrez un instrument chargé dans le bas du spectre. Le rapport signal/bruit est de 83 dB, ce qui reste moins bon que la Scarlett (87 dB). Si on pousse un préampli dans ses derniers retranchements, ça souffle forcément toujours un peu.
THD Ratio Mic
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Avec le gain pratiquement à fond, la distorsion est évidemment bien trop présente (entre 0,5 et 1 %), le meilleur résultat que nous ayons obtenu étant avec le potard à 25 dB de gain : la distorsion retombe à 0,01/0,02 %, et la déviation redevient normale par la même occasion.
Pour résumer, les résultats restent convenables tant qu’on ne pousse pas trop le préampli qui demeure un peu faiblard. Il faudra donc s’assurer de ne pas avoir d’instrument ou de micro demandant une grosse réserve de gain, sous peine de voir le souffle et la distorsion apparaître et le bas du spectre disparaitre.
Conclusion
PreSonus met à jour ses fameuses AudioBox en leur donnant une compatibilité iOS plutôt bienvenue. Leur look inflige un sacré coup de vieux aux anciens modèles et leur prix reste parfaitement calibré. Leur simplicité d’utilisation, leur compacité et leur bundle combleront les débutants en MAO. Si la latence est très bonne, nous avons été en revanche moins convaincus par le préampli, un peu limite pour certaines configurations de micros/instruments. Ceux qui recherchent une solution nomade permettant de s’affranchir totalement de prise secteur devront aussi prévoir l’achat une batterie externe. Quoi qu’il en soit, l’AudioBox iOne reste une bonne interface pour un premier plongeon dans le grand bain de la MAO, surtout si vous comptez adopter Studio One.