J'ai prévenu : ce sera un peu long.

C'est ainsi que tout commence.
Il faut que je remonte à l'origine pour bien se figurer les choses. J'ai alors 13 ans et l'on "organise" chez l'un ou l'autre des "booms", "ambiance Sophie Marceau" bien qu'à l'époque Cosma n'ait pas encore consigné en Sacem le tube associé au film en renom et qui sortira dans les 5 ans + tard.
Notre esprit d'alors équipe, divise et répartit le monde comme en deux catégories : celle des gens qui ont notre âge et, de l'autre, les vieux. Hormis l'existence, avérée, de quelconques animaux.

Au départ de l'affaire.
Lors d'une boom (que ceux de '40 appelaient : "sur-boom"), une nénette complètement dingue de Led Zep' vient à oublier "chez moi" un vinyle 33 tours. Son titre : "Blue for you". Status Quo.
Puisqu'elle avait incrit son nom dessus -ça se faisait, à dessein-, je le lui rends bien-sûr au collège au lendemain de ladite "boom". Elle me rugit : "ah non ! pas c'ui-là : j'ai fait exprès de le laisser, on me l'a offert pour mon anniversaire mais il est archi-nul ce disque, garde-le !

Rougissant, je me le conserve...

Voici pour la mise-en-situation.


Étape n°2.
Une vague année se passe.
J'ai alors secrètement en vue une donzelle, Caroline (ça ne s'invente pas !), fille de dirlo, genre mon âge mais pas de ma classe. Laquelle Caroline me rend visite pour me "refiler les cours" car je souffre à l'époque d'oreillons. De fil en aiguille, moi qui suis interdit au mieux possible de mouvements, elle jette un œil hasardeux sur ma discothèque.

- "Waow super ! : tu as le "Rockin' All Over the World !... Moi je ne l'ai pas encore !, je peux te l'emprunter ?. (Moi, qui ne connaissais pas + que ça un incertain Fogerty ni vraiment "Statusss", j'autorise fort favorablement.
- "Tu sais qu'ils viennent à Lille le mois prichain ?, j'ai réservé mes places avec les potes du Quo...".
Il faut que je précise à cet endroit du récit qu'elle faisait partie des membres actifs de ce qui allait + tard s'appeler : "Status Quo France", une sorte de fan-club.
Moi je vois, en l'attente de le savoir, qu'elle "tique" un peu sur le nom de la fille auto-inscrit sur "mon" disque.

Part number three.
Rétabli de mes oreillons et pour ne pas déparer à la belle, c'est fort en vue de séduction que je me transforme tout de go en fan de l'album en question. Me faisant fermement croire que je connaîtrai sous peu bien des choses sur ce groupe que j'aurais à lui apprendre.
Naturellement, je me suis entretemps rendu à la FNAC de Lille pour acheter ma place.

- "Tu verras, ce sont des gars hyper abordables" m'enjoint-t-elle.
-> Non contente de me séduire, v'la-t-y pas que ma convoitée connaîtrait, de surcroît, des gens connus ! me dis-je in petto.

Pour mémoire, au seuil des années '80 personne n'a de portable : le monde se retrouve aux heures et endroits dits. Ou, ne se retrouve pas.
Moi j'y retrouve circonstanciellement Caroline, spectre douloureux de quelque fruit de mes nuits.

- "J'ai fait une photo avec eux cette après-midi", me lance-t-elle ! "Je la fais développer !".
Cette incartade pourra sembler fort désuète aux heures numériques mais, en l'espèce, c'est un record absolu à laquelle ma raison ne s'incline pas encore à accroire.


## 4 : Paye ta gloire en concert.
Dans un anglais approximo-gallois, Rossi chewing-gumme ce soir-là dans son SM 58 un truc du genre : "Now; we're gonna sing a very special blue song for you. (SIffets de joie...)... This one's dedicaded to our guest friend Caroline met this afternonn in Lille". Le riff de Parfitt, souriant, déboulant tout aussitôt.
=> PutainG de B. de Wouache, c'te maxi-claque ! Caroline, elle-même, en aurait presque attrapé mes défunts oreillons.

Par devoir bref, je passe ici détails d'avoir avec elle fait chanter la foule -en rythme et sur le ton approprié- l'incontournable "woh-oh-oh-oh, oh" sur le chauffement de : "Roll over lay down" et vous épargne aussi les "pouce(s) en l'air" de Lancaster et consorts, ayant réfléchi pour notre part cette intervention souvent lacunaire sur leurs spectacles.
Je laisse aussi de côté l'inimaginable imbroglio de câbles dont ils se sortirent, tous, avec succès. (L'un des trois cordistes passant devant l'autre, le deuxième arrivant en appui de chœurs derrière celui-ci en embrouillant les câbles, le dernier guitariste faisant boucle et nœuds au sol en rejoignant à Cour comme Jardin -ce qui, comme par miracle, contribua d'extirper chacun des méandres de cet énorme plat de spaghettis à 10 ou 15 mètres de mes yeux- avant le fatidique solo ).

Hippie-logue.
"Ma" Caroline se rend, le soir-même, chez je ne sais plus quel contact du "Quo". En l'occurrence, un brave homme exerçant dans l'art des photographies et chez qui elle a déposé sur l'après-midi en parfaite confiance son appareil.
La photo sort. Genre format et qualité "Polaroïd"... Caroline s'y révèle non pas au côté de Parfitt, ou de Rossi, ni de Coghlan voire de Lancaster : elle apparaît pile-pile au milieu d'eux quatre !. Je fais alors tout pour ne pas m'évanouir lorsqu'elle m'annonce : "il sont demain à Amsterdam, je fais signer la photo à l'hôtel, tu viens ?. Elle savait qu'ils étaient descendus là, dans l'Hilton de Lille que rendra + tard célèbre et à son corps défendant un surnommé DSK.
Et fus en parfait mode :désertique: voyant chaque Status-Quo devant moi lui dédicacer sa photo !

J'ai gardé très longtemps photocopie de ce moment figé dans mon histoire mais disparue avec le vol dont je fus victime.
Et c'est ainsi que je devins, à jamais sans doute, un inconditionnel du groupe.

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ED/. Me relisant, j'avais commis une faute d'orthographe

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Et j'ajouterai(s) une troisième catégorie à ta liste : ceux qui avaient les oreillons au commencement de leur puberté

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Citation :

Et t'as conclus avec la dite demoiselle ?

Bah non.

Et pourtant, elle avait comme même embarqué "mon" disque

Status Quo, c'était aussi parmi mes tout premiers vinyles ! En '80 j'avais 13 ans et j'étais tout fier de poser l'album Just Supposin' sur la platine Akai familiale !
Et j'adorais le titre Over The Edge...

On partage une même tranche de passé !
Moi, à 14 ans. Et j'ai sur-adoré ce titre (que je recalais sans cesse sur cassette commerciale. Je ne sais d'ailleurs plus trop ce qui avait alors motivé cet achat -au lieu du vinyle-...).

"Caroline" est le premier morceau de Status Quo que j'aie entendu. On s'est dépêché de le reprendre avec mon tout premier groupe. Et ce n'était pas si facile à chanter que ça en avait l'air.

Citation :

On l'avait aussi reprise avec le mien

Les grands esprits se rencontraient donc. Enfin ça ne m'étonne pas: Pour moi "Caroline" fut un de tubes les plus évidents de Status Quo.