Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine
dugenou
Ma P.A.L va encore engraisser
Merci pour le lien
Anonyme
La beauté sur la terre
Charles-Ferdinand Ramuz
Suisse 1927
Monsieur Milliquet et sa femme, un couple dans la cinquantaine, tiennent "une salle à boire" (probablement la dénomination suisse) avec terrasse dans une petite bourgade au bord du Lac Léman. Ils n'ont pas d'enfant mais un jour, M.Milliquet reçoit un courrier venu du Mexique. En effet, son frère y est parti il y a trente ans et semble être désormais décédé. Toutefois, le courrier l'informe également que celle qu'il découvre comme étant sa nièce arrivera dans quelques semaines et qu'il devra prendre en charge selon la volonté de son frère.
Que font les hommes lorsque la beauté descend sur terre pour les côtoyer? Charles-Ferdinand Ramuz donne sa réponse à travers cette histoire se déroulant dans la Suisse rurale du début du XXème siècle. C'est indiscutablement bien écrit, avec l'extraordinaire style de Ramuz. Toutefois, le petit soucis des auteurs avec un style aussi affirmé: que ce dernier prenne le dessus et rende l'histoire un peu secondaire. Attention, l'histoire tient la route hein, mais quelques fois j'aurais aimé moins de style afin que certains aspects de l'histoire soient plus étoffés.
Mais globalement, même si je chipote un peu, vous ne perdrez pas de temps et prendrez du plaisir à lire La Beauté sur la Terre que ce soit pour le style et l'histoire.
[ Dernière édition du message le 08/07/2018 à 12:44:37 ]
Anonyme
Anonyme
Trois sans toit
Jean Duché
1952
C'est la suite de "Elle et lui" (dont j'ai parlé il y a un certain temps) dans lequel Jean et Juliette se rencontrés puis mariés. Il s'agit désormais de se loger et le besoin se fait d'autant plus pressant que Juliette est enceinte.
J'avais bien aimé Elle et lui et j'étais curieux de lire la suite des aventures de ce jeune couple de l'après-guerre si attachant. Jean Duché excelle dans les dialogues toujours savoureux et faussement naïfs. Mais à travers les saynètes l'auteur nous décrit la crise du logement dans le Paris des années 50 et dénonce au passage le sexisme ambiant, abordant les vraies questions non sans humour. C'est peut-être une façon de ne pas trop prendre tout ça au sérieux, ce qui semble être souvent le cas aujourd'hui lorsqu'on parle de rapports homme-femme ici ou là.
Pour ce qui concerne la forme c'est très bien écrit, avec quelques belles trouvailles. Paru en 1952 ça n'a pas trop vieilli, enfin pas trop mal.
On pourrait dire que c'est un petit livre, un petit roman populaire et c'est vrai, mais je trouve qu'il y a un petit je-ne-sais-quoi qualitatif qui me fait dire c'est un peu plus tout de même. J'ai dans tous les cas trouvé cette suite très distrayante.
Seul gros bémol: la couverture
L'inquiétude n'est pas mon fort. Dès que j'aperçois une occasion de tranquillité , je reste tranquille. Juliette trouve ça suspect.
- Tu t'endors, dit-elle. Tu ne m'aimes plus.
- Je crois, disait-elle, que tu es un tout petit peu trop égoïste. Tu n'as pas peur que cela te retombe sur le nez?
- Non, ma chérie: j'ai en toi une confiance totale.
Je pensais que c'était rare et sublime. C'était commode aussi, mais je n'y pensais pas. Et elle traduisait:
- Je me demande si tu m'aimes.
- Bien sûr: quand on aime, on a confiance, non?
- Non. Quand on aime, on se méfie...On tremble.
- Ah ! soupira-t-elle, les femmes qui travaillent ont bien de la chance. Elles sont indépendantes, comprends-tu?
- Ouais...elles dépendent de leur patron. Si tu crois que ça les amuse!
- Mais elles ne dépendent pas de leur mari, c'est ça qui compte !
- C'est merveilleux, de payer pour un homme. Tu ne peux pas savoir...il faut être une femme pour comprendre ça.[...] Tu as tout ce qu'il te faut mon chéri? demanda-t-elle avec une suavité extrême. Tu sais, tu n'as qu'à me demander.
- Plutôt crever , répliquai-je
- Tiens, dit Juliette, on se fâche? On a peut-être de l'amour-propre mal placé? On a des préjugés?
- Figure-toi, répondis-je. Est-ce que ça t'ennuierait beaucoup, tout à l'heure, de me laisser payer l'addition?
- Pas question.
- Tu pourrais me rembourser après, si tu y tiens.
- Pas question, répéta Juliette. Tu ne voudrais tout de même pas me priver de dessert? Je sens que ça va être mon meilleur moment.
Après avoir endossé quelques temps le rôle d'homme d'intérieur alors que sa femme travaille:
J'éclate:
- Nettoyer, fourbir, éplucher, cuire, laver, raccommoder, repasser, mille gestes par jour qui jamais ne se voient, et chaque jour recommencer, est-ce que tu crois que c'est un métier, pour un homme?
Juliette éclate elle aussi, mais de rire:
- Et pour un femme, dit-elle, qu'est-ce que tu crois que c'est?
[ Dernière édition du message le 09/07/2018 à 23:27:45 ]
Dr Pouet
Seul gros bémol: la couverture
Bah j’aime bien moi !
oryjen
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Anonyme
Penser le sensible
François Laplantine
2018
Quatrième de couverture:
Respirer, marcher, danser, écouter, regarder, résister, accepter la vulnérabilité, se tromper, devenir intime, vivre ensemble. Ce sont les différentes expériences appréhendées à partir d'observations ethnographiques effectuées au Brésil, au Japon et en France. Ces divers aspects de la vie appellent un mode de connaissance microscopique qui n'est plus celui de l'idéalité du sens comme dans l'humanisme européen, mais celui de la matérialité des sens et des sensations. Dans ce parcours, le langage est mis à l'épreuve. Réinterrogeant la tension décrite par Wittgenstein entre dire et montrer, François Laplantine propose une anthropologie du sensible, c'est-à-dire du corps dans tous ses états.
Cet ouvrage est constitué de divers articles publiés ici ou là et compilés dans ce recueil. Comme dans d'autres ouvrages de Laplantine lus auparavant, force est de constater qu'il sait captiver son lecteur et c'est donc avec grand plaisir que j'ai lu Penser le sensible. L'auteur a réellement le don de combiner la concision à l'exhaustivité et ce tout en restant clair. Ça fourmille d'idées, de détails pour laisser entrevoir une vision plus globale, en filigrane, celle (entre autre et pour faire court) qui veut que l'auteur préfère une ethnographie modale, rythmique (modulante et fluide) à l'affût des minuscules mouvements et variations par opposition au modèle structural qui catalogue, généralise et fige.
Il n'est pas aisé de résumer cet ouvrage mais si vous voulez vous rafraîchir les idées et envisager peut-être de changer certaines conceptions que vous avez du monde prenez le temps de lire Penser le sensible. Impossible de ne rien en tirer.
[ Dernière édition du message le 24/07/2018 à 17:32:52 ]
Pictocube
J'ai fini :
Récit documentaire très précis, pas mal du tout pour se faire une idée de l'ambiance de l'époque...
Et je sais plus si j'en ai parlé ici, mais le bouquin d'Edouard Louis "en finir avec Eddie Bellegueule" m'a bien calmé... Un auteur promis à un brillant avenir à n'en pas douter, j'attaque celui sur son père là... Je vous conseille le visionnage de cet entretien pour voir un peu qui est le type.
Désolé si y'a redite.
Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier
[ Dernière édition du message le 26/07/2018 à 13:06:45 ]
Will Zégal
Sur ma petite liste (trop longue).
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