On en aura le coeur net!

Qu'est-ce qui te fait dire ça?

Qqch en rapport avec le sujet du thread?

Peux-tu être plus explicite dans tes insinuations?

 alerte cafe du commerce

En même temps, le meilleur écran de fumée des berneurs à l'encontre des postulants bernables est certainement de faire courir tous les trucs qu'on connaît sur "mais pffff encore la théorie du complot et patati et patata".

Non?

Mais tu as raison: recentrons. Et explique moi ta saillie de l'autre page...

Pour en revenir sur les avantages de l'Europe...

Hier, soirée avec des Erasmus, et un Turc dans l'équipe, qui n'est donc pas Européen.

Et le gros gros truc, c'est que lui, cet été, il va rentrer en Turquie, parce qu'il n'a pas le droit de visiter les autres pays !

En fait, il lui faut pleins de visa et trucs du genre, donc du temps, de la paperasse, et de l'argent. Et nous autre nantis européen, ben on visite toute l'Europe à l'aise, grâce aux frontières ouvertes.

Et accessoirement, grâce au fait que l'Europe est un coin riche, et diplomatiquement fort, ben on visite les autres pays sans trop de difficultés (Ukraine : un passeport et quelques minutes pour moi pour passer la frontière vers l'Ukraine, des papiers en veux tu en voilà et de l'attente pour tout les Ukrainiens qui voulaient rentrer en Pologne) (Bosnie : une carte d'identité, et 3min maximum. alors que les Bosniaques et Croates attendent des heures pour leur propre frontière)

Après, il y avait peut être moyen d'ouvrir les frontières sans se coltiner toute la bureaucratie et tout le tralala politico-économique ?

J'étais en Turquie en été 2009. J'ai évoqué ce sujet avec plein de gens là-bas. C'est loin d'être simple. Grosso modo (du tchâââlme, Zégal...), il y a d'un côté les jeunes/étudiants/intellectuels, qui ne souhaitent pas marcher dans le plan foireux de l'Europe des nantis qui a besoin d'une zone tampon  pour absorber à l'Est le choc induit en grande part par ses propres actions foireuses aux proche et  moyen-orient, et qu'elle camoufle à peine sous les histoires de terrorisme que l'on connaît... Ces mêmes gens sont les premiers à brandir l'effigie d'Atta Türk et voient d'un oeil extrêmement préoccupé (alors que tous presque sans exception se déclarent croyants) les tentatives de l'Arabie Saoudite pour faire main basse sur la politique nationale turque. Ces gens-là voudraient donc que la Turquie intègre la CE.

De l'autre côté on rencontre des gens plus âgés, la génération des 40-70 ans, qui ont souvent une activité économique prospère, qui font beaucoup d'affaires commerciales avec divers pays d'Europe (les fleurs "hollandaises" et les fruits et légumes d'hiver "marocains", "italiens" ou "espagnols" viennent pour la plupart de Turquie et sont seulement conditionnés dans les pays cités; même chose pour l'électroménager bas- et moyen-de-gamme). Ceux-là ne veulent pas entendre parler d'intégration. Ils disent :"on travaille avec l'Europe. L'Europe nous paye pour le travail qu'on fait pour elle. Elle se débrouille avec ses dettes, avec ses pauvres, avec ses crises sophistiquées et tout est bien comme ça".

La Turquie est aujourd'hui un pays quasiment occidental, en plein essor économique et industriel. Il est très rare d'y rencontrer une femme voilée en ville. En 3 semaines, même dans les campagnes, nous n'y avons jamais vu de "burka", qui est peut-être bien une invention des islamistes d'occident... Les Turcs, qui sont des gens calmes, aimables, silencieux et souriants dans leur ensemble, rient doucement quand on leur demande des nouvelles de l'islam: C'est une affaire personnelle, qui n'empêche en rien un attachement irréductible à la laïcité, conquise de haute lutte durant le premier quart du XXe siècle (droit de vote aux femmes en 1938, le franchouillard de base peut aller se rhabiller) au travers de la figure emblématique de Mustafa Kemal alias Atta Türk, dont le portrait flamboie partout dans les rues, les banques, les cafés, les intérieurs privés.

Lorsque résonne la voix du Muezzin, 5 fois par jour, qui aboie dans une sono déplorable ses âneries dans une langue étrangère (le Turc est une belle langue souple et chantante, très élégante, douce, à la construction subtile et versatile (groupe des langues "agglutinantes"), pas un turc, à part ceux qui étaient déjà en route pour se rendre à la mosquée, ne cesse de boire sa bière ou de causer à son voisin.

Désolé, on est bien loin ici des querelles de clocher et autres prises d'otage dont ce pays tout entier est ici la victime à la faveur des tractations européennes.

J'ajoute pour finir que M. Erdogan, malgré sa présentation officielle anonyme et parfaitement occidentale, est perçu dans son propre pays comme une lopette vendue à l'Arabie Saoudite, qui dispose sur place de moyens de pression dont je n'ai pas réussi à saisir la nature en discutant avec les gens en anglais de cuisine. Mais les deux "camps" cités plus haut semblent se rejoindre dans la détestation de ce personnage et de ce dont il émane.

La Turquie est loin d'être "occidentale".

N'oublions pas non plus les Arméniens et les Kurdes...

affiche lors du référendum populaire pour l'adhésion de la Turquie à l'UE:

Manipulation.

Pour les Kurdes et Arméniens c'était plus un passage par les armes que de la manipulation il me semble... ils apprécieront...

Et l'affiche est tout ce qu'il y a de réel.

D'autre part tout le monde sait que la laïcité de la Turquie ne tient qu'à un fil qui s'appelle l'armée.