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Sujet Dis moi ce que tu lis.

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Sujet de la discussion Dis moi ce que tu lis.
... et je te dirais qui tu es...

En ce moment je lis "L'ombilic des Limbes" d'Antonin Artaud, décidement (dément?) ce mec était génial!!!

Et vous c'est quoi vos lectures en ce moment???
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6081
Je viens juste d'acheter Rock et la vraie vie !!!
Les grands esprits finissent toujours par se rencontrer :bravo:
6082

 Instrumental/Ambient/Post-Rock : https://dzeta.bandcamp.com/

 

6083
J'essaye un des trics que j'ai recu a noël "Le plus mauvais groupe du monde" et j'ai franchement du mal, en 50 pages ca part un peut trop dans tous les sens...
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Conséquences d'une Disparition, de Christopher Priest.
Ce n'est pas un roman de science-fiction pour une fois.
Mais depuis plusieurs opus, Priest aime à mélanger le réel, la prospective et la fiction d'une manière absolument fluide et indiscernable. On peut donc, finalement se poser la question...
A lire d'urgence pour les neu-neus qui considèrent que la remise en cause de la version officielle d'un évènement problématique relève automatiquement du "complotisme".
Priest pose correctement les nuances là où elles doivent être considérées.

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

6085
Priest fait de la littérature, laquelle n'a aucun devoir de fidélité envers le réel, la morale ou la soeur de n'importe quel AFien.
6086
Jean-Michel-Jarre-le-magicien-du-son-et-de-la-lumiere.jpg
C’est écrit très simplement et c’est vachement bien.
C’est plein de citations et d’interviews.
Ça parle de musique, de technique de business et pas vraiment de people.

Je connaissais certains disques du musicien mais peu l’homme et l’artiste.
Il est résulté un mec d’une rare honnêteté et transparence. (dès les années 90 il avoue sans langue de bois que les albums live sont retouchés en studio, il ne cache pas ses échecs et flops financiers).
A travers son histoire, on suit celle de l’évolution des lives : du bricolage des débuts jusqu’aux difficultés liées aux normes de sécurité d’aujourd’hui.
Lors du live de 86 à Houston, le chef des pompiers exige l’arrêt immédiat des feux d’artifice, craignant un incendie. L’équipe lui explique que cela n’est pas possible, car tout est programmé, ce qui est faux, le concert se déroule donc comme prévu.
Par la suite, beaucoup de concerts de sa carrière furent annulés, plus ou moins au dernier moment, suite à un refus d’autorisation…
J’ai trouvé sa vision de l’industrie du disque et du live des années 2010 assez juste.
Il a toujours défendu les droits d’auteur avec une vraie crédibilité car citoyen français résident et payant ses impôts en France.

Bref, une lecture sympa.

 Instrumental/Ambient/Post-Rock : https://dzeta.bandcamp.com/

 

6087
Citation :
car citoyen français résident et payant ses impôts en France.

Sauf sur les liasses de biftons planquées dans des boîtes de VHS.:oops2:

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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.

6088
813WInEOiSL.jpg

Comment les japonais appréhendent-ils l'espace? Comment l'organisent-ils? Pourquoi? Quelles sont les racines à l'origine de certains choix plutôt que d'autres?
Les réponses sont bien évidemment multiples et l'auteur propose un maximum de pistes, qu'elles soient géographiques, historiques, anthropologiques, religieuses et/ou mythiques/mythologiques, philosophiques voir linguistiques.

À ce sujet j'ai été très surpris par les résultat d'une étude phonologique ayant été effectuée par Tsunoda Tadanobu sur des locuteurs japonais et non-japonais afin de voir comment les cerveaux réagissaient.
Il s'agissait de diffuser des sons artificiels (moteurs, sons d'instruments de musiques) et des sons naturels (cris humains, cris d'animaux, bruits d'insectes, bruits de la mer ou du vent) et de voir par quelle hémisphère ils seraient traités, sachant que la gauche traite ce qui relève du verbal et des opérations logiques, analytico-déductives.

Il s'est avéré que pour les locuteurs japonais, même les sons non-verbaux étaient traités par l'hémisphère gauche, ce qui laissait entendre que la perception de l'espace et de l'environnement par les japonais étaient aussi conditionnés par la façon dont le cerveau faisait le tri, mettant à gauche ce qu'un cerveau occidental classerait dans l'hémisphère droite. Tsunoda Tadanobu attribuerait tout cela à la structure du langage japonais.

J'ai tout de même voulu voir ça d'un peu plus près et me suis renseigné un peu. Il s'avère que la méthodologie de Tsunoda Tadanobu était discutable, enfin au moins discutée par une personne, sur la forme, mais également sur le fond, puisque:

Citation :
Journalist Karel van Wolferen has written "his testing methods are highly suspect. My impression, based on an account by one of his foreign guinea-pigs, is that auto-suggestion plays an important role. Yet his books sell well in Japan, and his views have been officially credited to the extent of being introduced abroad by the semi-governmental Japan Foundation".


https://en.wikipedia.org/wiki/Tadanobu_Tsunoda

On peut donc imaginer qu'un certain Japon souhaite toujours jouer sur ses particularités culturelles (voir ce qu'on appelle les nihonjinron https://en.wikipedia.org/wiki/Nihonjinron) et montrer encore et toujours au monde combien le Japon est différent, spécifique pour ne pas dire au-dessus du lot, ce qui est souvent rappelé dans le livre de Philippe Pelletier, La fascination du Japon : idées reçues sur l’archipel japonais dont j'ai parlé ici il y a quelques temps. Tsunoda Tadanubo est d'ailleurs l'auteur d'un best-seller au titre qui en dit long: "The Japanese Brain".

Mais tout ça ne relève pas du fait de l'auteur qui, à l'époque de la rédaction (1982) n'avait pas le recul ni les connaissances permettant d'avoir un avis critique sur cette étude. Reste une somme particulièrement riche et stimulante d'informations, d'analyses, de faits qui rendent la lecture passionnante pour qui est curieux du Japon et de sa culture. Régulièrement, l'auteur parle d'un mot ayant une signification dans la manière de nommer tel ou tel lieu ou tel partie d'un lieu. En analysant les idéogrammes le symbolisant il nous emmène non seulement dans l'étymologie mais également tout l'aspect culturel qui sous-tend tel dénomination, un peu à l'image du travail d'Alain Rey, même si les compétences de chacun sont incomparables. Mais tout de même, cela donne accès à bien des choses.

À la fin je me suis demandé pourquoi n'y avait-il pas un livre sur "Vivre l'espace en France" ou n'importe quel autre pays. Peut-être parce que malgré tout, plusieurs facteurs font que la question s'est posée au Japon et peut-être pas ailleurs, tout comme l'historicité a peu d'importance dans certains pays, certaines cultures alors qu'elle semble primordiale ailleurs.

Une lecture exigeante en temps mais pas difficile que je recommande non seulement à ceux ou celles qui s'intéresseraient au Japon mais également au curieux et curieuses qui à la lecture, interrogerons alors leur propre culture non pas pour la comparer mais éventuellement établir un questionnement sur la façon dont nous appréhendons l'espace.

[ Dernière édition du message le 11/02/2019 à 11:31:58 ]

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Citation :
"L'aspect réel est toute chose. Toute chose sont cet aspect, ce caractère, ce corps, cet esprit, ce monde, ce vent et cette pluie[...], cette suite de mélancolie, de joie, d'action et d'inaction[...], ce pin toujours vert et ce bambou qui jamais ne rompt."


Maître Dogen (1200 - 1253), fondateur de l'école Sōtō du bouddhisme zen au Japon.

Citation :
"Nakamura Hajime (1912 - 1999), universitaire japonais spécialiste des écritures védiques, hindous et bouddhistes, a bien montré que la tradition japonaise tend a considérer le monde phénoménal comme seul absolu, et donc à ne reconnaître l'existence d'aucun principe qui le transcenderait."


Ces deux citations figurent dans le livre "Vivre l'espace au Japon", et du coup je me suis replongé dans cet ouvrage que j'avais déjà lu mais qu'il me semblait nécessaire de relire. Ce ne sont pas des livres qu'on lit comme des romans, mais on les a avec soi, on en lit un chapitre ou deux et on part se balader, on sirote un café, on cuisine, on bavarde avec des amis, on va bosser et puis d'un coup, une idée surgit. On la mâchouille un peu.

Puis on retourne au livre, on relit tel ou tel passage, on avance etc etc...des livres compagnons qui vous accompagnent plusieurs semaines, vous mettent dans un certain état d'esprit. Des livres qu'on interroge, qui vous interrogent, qui vous font vous interroger mais ne vous imposent rien. Ils proposent, à prendre ou à laisser.

On y revient quelques mois ou années plus tard et comme souvent avec les bons livres, la lecture est autre, avec de nouvelles questions, de nouvelles réponses. Pour ma part c'est toujours revivifiant et j'ai donc pris grand plaisir à me replonger dans cet univers à la fois simple et compliqué.

[ Dernière édition du message le 11/02/2019 à 11:54:20 ]

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Hors sujet :
À propos du Japon, un article intéressant sur Carlos Ghosn et son rapport avec les usages japonais :
https://www.mediapart.fr/journal/international/110219/l-affaire-carlos-ghosn-vue-du-japon