Sujet ** THE MAMAS & THE PAPAS ** (Le coin des Papas et des Mamans Afiens)

Je suis totalement d'accord avec toi. Je me bats tous les jours pour leur laisser un monde moins merdique que ce qu'il est et je ne peux pas dire que j'ai beaucoup l'impression de réussir.

Ce que je vois, c'est que ma mère s'est aussi battue pour un monde meilleur et que sa génération nous a légué de la merde. Et nous en lègue encore parce que c'est elle qui vote, détient le pouvoir économique, a ses économies placées en actions et veut que ça rapporte sans trop se demander comment, etc.

Ce que je vois, ce sont des gens de ma génération (quelle proportion ?) qui voudraient autre chose, sincèrement, mais sont pris dans une éducation, des habitudes, un petit confort dont ils peinent à mesurer la réalité du renoncement en cas de changement ("ah oui, mais moi c'est impossible de me passer de voiture"), les contraintes, l'enchaînement de l'endettement ("je suis propriétaire de ma maison. Il faut juste que je rembourse pendant encore 15 ans"), etc.

Bien sur, on peut toujours leur jeter la pierre en estimant qu'ils ne font pas assez d'efforts et qu'il ne suffit pas de trier ses déchets ou de prendre des douches brèves, mais il y a des réalités : celui qui s'est endetté sur 20 ans pour son pavillon en périphérie urbaine et travaille à 40 bornes de chez lui, oui il peut difficilement se passer de sa voiture qui lui permet d'aller au travail. Oui, il peut difficilement dire "fuck" à sa boîte qui fait de la merde parce qu'il a besoin de son boulot pour payer ses crédits (dont celui de la voiture qui lui permet d'aller travailler). Sortir de ces schémas n'est pas si évident. Cela demande à changer ses logiques, à tourner le dos à tout un modèle.
Combien connaissons-nous de gens qui se crèvent au boulot pour assurer du confort matériel à leurs enfants sans réussir à voir que leurs enfants seraient bien plus heureux de voir plus leurs parents que d'avoir une playstation neuve à Noël ?

Rien que l'exemple ci-dessus de Sublime Gate dont je ne doute pas une seconde qu'il soit une très brave personne qui évoque "les risques auxquels plein de gens penseraient" à héberger un réfugié. Cela ne veut-il pas dire qu'il a intériorisé d'une façon ou d'une autre le fait qu'à partir du moment où une personne a traversé la moitié de la planete pour sauver sa peau ou dans l'espoir d'une vie moins merdique, il risque de se barrer avec mon ordi ? Ce serait logique vu la façon dont on nous en lave le cerveau à longueur de journée.

Pour sortir de tout ça, il faut du temps pour comprendre ces schémas, apprendre qu'on peut faire autrement, de la réflexion, de l'énergie que quelqu'un qui est pris entre son boulot, un peu de vie sociale et ses gosses a souvent du mal à trouver.

Et puis je vois les jeunes. Certes il y a en a pas mal qui sont dans le consumérisme bête, mais il y en a tellement qui ont déjà compris beaucoup de choses. En tous cas, ils savent très bien ce dont ils ne veulent pas. Alors ils évitent de s'enfermer dans certains pièges. Ils refusent certains codes. Ils cherchent et déjà construisent autrement. Et la génération d'après, celle des enfants d'aujourd'hui, qui auront appris dès petits le changement climatique et le tri des déchets, je ne suis pas sur qu'on les aura à coup de pub pour des SUV et des iPhones.

C'est un triste constat, mais j'estime que ma génération est déjà perdue. Tout peut basculer du jour au lendemain, mais la bascule est aujourd'hui plus proche d'une société autoritaire et réactionnaire, voire fasciste, que d'un monde nouveau. En tous cas, moi, c'est nettement vers les jeunes que je regarde et dans eux que je mets mes espoirs. Cela ne veut pas dire que je me décharge sur eux. Même si j'estime que chaque pas que je fais dans la bonne direction et chaque personne que j'arrive à entraîner dans cette direction sont des trucs qui vont dans le bon sens, je crois beaucoup plus en ce qu'inventeront les jeunes et que beaucoup mettent déjà en oeuvre. Nous, on est déjà le passé. Eux sont l'avenir.

oui je pensais à ça, mais penser n'est pas un péché, et on peut aller à l'encontre de ses préjugés (ou de sa lâcheté), hein.

Vraiment, j'espère que ma formulation ne t'a pas froissé parce que ce n'était pas du tout mon propos de te mettre en accusation.

J'ai fait beaucoup de couchsurfing, ce système où on va chez des gens ou en en accueille gracieusement pour une ou quelques nuits.
Que ce soit comme visiteur ou comme hôte, ça a quasiment toujours été des super expériences, des superbes rencontres. Un truc très enrichissant au point que j'imagine difficilement voyager sans en faire un minimum.
Il est souvent arrivé quand j'en parle, que des gens me répondent "mais t'as pas peur ?"

La peur, c'est la première chose que suscite chez beaucoup la rencontre de l'autre.

Mon ex adore aller aux champignons. C'est cool parce qu'elle n'aime pas trop ça alors elle me les donne.
Quand elle dit aux gens qu'elle va seule dans les bois chercher des champignons, plein de gens lui répondent "mais vous n'avez pas peur ?"
Quand on répond à ces gens que l'endroit le moins sur statistiquement, c'est en famille, il n'y croient pas. C'est pourtant dans les familles qu'on lieu le plus de crimes.

La peur, encore et toujours. Notre société, nos médias nous y conditionnent, créant un sentiment d'insécurité alors que nous n'avons jamais autant été en sécurité.

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Citation :

C'est un triste constat, mais j'estime que ma génération est déjà perdue

On ne sera pas là pour récolter les fruits, mais comme tu le dis si bien, nous sommes de plus en plus à ne plus accepter les règles du jeu imposé par la société dans laquelle nous vivons, et à laisser une certaine mentalité se reprendre comme une tâche d'huile. Assumer cette différence, et assumer de l'afficher et de la partager ne me semble pas être un acte passif. Au contraire!
J'ai moi aussi encore 15ans de crédit immobilier sur les épaules, mais même avec ces chaines là ça ne m'empêche pas la liberté de ne plus engraisser une certaine catégorie de la world company.
C'est peu, pas assez en tout cas, mais je me sens un minimum actif

Déjà, il suffirait d'un geste simple, très facile à mettre en oeuvre pour peu qu'on s'en donne un peu la peine : si tout le monde cessait d'aller en grandes surfaces, le système de grande distribution s'effondrerait.