Fabrique du crétin digital ?
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Will Zégal
75016
Will Zégal
Membre depuis 22 ans
Sujet de la discussion Posté le 11/08/2022 à 03:26:13Fabrique du crétin digital ?
C'est une tarte à la crème que de dire que les écrans en général fabriquent de futurs crétins.
Un des porteurs de cette parole est Michel Desmurget dont le pédigrée n'est pas vraiment celui d'un guignol, auteur de "La fabrique du crétin digital"
Introduction "courte"
version plus longue (que je n'ai pas encore regardée, mais j'avais déjà vu une autre vidéo de lui) :
Une parole aussi de Boris Cyrulnik qui dit notamment que "les neurosciences ne vont pas tout expliquer". Il tranche cependant clairement contre les écrans à la petite enfance, mais auparavant développe tout un discours nuancé sur le développement du cerveau infantile.
Et pourtant, il y a des contradictions à ces affirmations de "fabrique du crétin digital", comme cet épisode de l'excellent podcast "le code a changé" de Xavier De la Porte : "sommes nous vraiment en train de fabriquer des crétins digitaux ?" où il reçoit Anne Cordier
Par ailleurs, des affirmations de gens comme celle de Michel Desmurget telle que "les jeunes lisent moins" sont remises en cause.
Alors ? la fabrique du crétin digital, réalité ou vision de vieux qui, un classique de chaque génération, ne comprennent pas la jeunesse ?
Sans que ça signifie que je sois en désaccord global avec lui, je relèverai plus tard quelques propos de Michel Desmurget qui me semblent problématiques en terme de rigueur de raisonnement (proches du biais de confirmation) afin qu'on en discute. Je laisse déjà ceux que ça intéresse digérer un peu tout ça et apporter éventuellement d'autres contributions.
Rappel : on est dans le pub scientifique, pas dans le pub sociétal. L'idée n'est pas ici d'échanger des opinions ou raconter des trucs personnels du genre "mon petit frère passait 5 heures par jour sur sa Nintendo et il est maintenant chercheur en physique quantique."
L'idée est de partager ici des sources, des études (universitaires, scientifiques), des articles (scientifiques ou de presse), des vidéos, nourrissant l'information sur le sujet.
Merci.
Un des porteurs de cette parole est Michel Desmurget dont le pédigrée n'est pas vraiment celui d'un guignol, auteur de "La fabrique du crétin digital"
Introduction "courte"
version plus longue (que je n'ai pas encore regardée, mais j'avais déjà vu une autre vidéo de lui) :
Une parole aussi de Boris Cyrulnik qui dit notamment que "les neurosciences ne vont pas tout expliquer". Il tranche cependant clairement contre les écrans à la petite enfance, mais auparavant développe tout un discours nuancé sur le développement du cerveau infantile.
Et pourtant, il y a des contradictions à ces affirmations de "fabrique du crétin digital", comme cet épisode de l'excellent podcast "le code a changé" de Xavier De la Porte : "sommes nous vraiment en train de fabriquer des crétins digitaux ?" où il reçoit Anne Cordier
Citation :
maîtresse de conférences HDR en sciences de l'Information et de la communication à l'Université de Rouen. Elle est spécialiste des usages et pratiques numériques, particulièrement des "jeunes", ainsi que de leurs usages et a réalisé de nombreuses enquêtes de terrain auprès des publics jeunes.
Par ailleurs, des affirmations de gens comme celle de Michel Desmurget telle que "les jeunes lisent moins" sont remises en cause.
Alors ? la fabrique du crétin digital, réalité ou vision de vieux qui, un classique de chaque génération, ne comprennent pas la jeunesse ?
Sans que ça signifie que je sois en désaccord global avec lui, je relèverai plus tard quelques propos de Michel Desmurget qui me semblent problématiques en terme de rigueur de raisonnement (proches du biais de confirmation) afin qu'on en discute. Je laisse déjà ceux que ça intéresse digérer un peu tout ça et apporter éventuellement d'autres contributions.
Rappel : on est dans le pub scientifique, pas dans le pub sociétal. L'idée n'est pas ici d'échanger des opinions ou raconter des trucs personnels du genre "mon petit frère passait 5 heures par jour sur sa Nintendo et il est maintenant chercheur en physique quantique."
L'idée est de partager ici des sources, des études (universitaires, scientifiques), des articles (scientifiques ou de presse), des vidéos, nourrissant l'information sur le sujet.
Merci.
chapolin
10496
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 20 ans
21 Posté le 10/09/2022 à 01:00:51
Bon finalement j'ai trouvé le "Code à changé" et j'arrête à 9 minutes 33. Au moins pour ce soir je n'irais pas plus loin.
La sociologue interrogée discerne à juste titre ce qu'on peut faire devant un écran et prend l'exemple d'un jeune qui passe ses journées entières à faire du montage vidéo et qui finalement trouve du travail sur une chaîne de télévision. Et là l'animateur de l'émission cite une phrase du livre de Desmurget qui discerne l'usage académique des usages récréatifs qu'on peut faire des écrans. Et il conclu que le montage vidéo n'est pas académique et que donc Desmurget inclut cette activité numérique dans les usages récréatifs du numérique.
Donc pour Desmurget quelqu'un qui fait du montage vidéo serait dans une utilisation débilisante récréative. C'est écrit dans son livre avec cette phrase fatale.
C'est complètement faux. Du moins ce n'est pas du tout ce que j'ai compris du discours de Desmurget.
C'est bien vicieux comme procédé de prendre toute parole au pieds de la lettre, en sortant une simple phrase de son contexte ...
Est-ce qu'en employant le mot académique Desmurget parlait de tout ce qui se fait dans le cadre scolaire ou bien il utilisait le mot académique dans un sens plus large, pour "activité sérieuse" ? Etait-il sur le ton de l'ironie, entre deux démonstrations ou bien dans l'explication d'une étude scientifique ?
Desmurget est très scientifique dans son livre mais c'est aussi vraisemblablement un amoureux des mots et il y a pas mal d'humour et d'ironie, particulièrement quand il s'attaque aux industriels et consorts ...
Après tout ce que j'en ai lu, imaginer que Desmurget puisse considérer qu'un producteur vidéo bossant sur son ordinateur soit dans un usage récréatif délétère c'est tout simplement le prendre pour un crétin débile et nous aussi par la même occasion ... et en profiter pour détourner et désinformer sur le contenu de son livre. C'est au mieux de l'incompétence et au pire franchement malhonnête.
La sociologue interrogée discerne à juste titre ce qu'on peut faire devant un écran et prend l'exemple d'un jeune qui passe ses journées entières à faire du montage vidéo et qui finalement trouve du travail sur une chaîne de télévision. Et là l'animateur de l'émission cite une phrase du livre de Desmurget qui discerne l'usage académique des usages récréatifs qu'on peut faire des écrans. Et il conclu que le montage vidéo n'est pas académique et que donc Desmurget inclut cette activité numérique dans les usages récréatifs du numérique.
Donc pour Desmurget quelqu'un qui fait du montage vidéo serait dans une utilisation débilisante récréative. C'est écrit dans son livre avec cette phrase fatale.
C'est complètement faux. Du moins ce n'est pas du tout ce que j'ai compris du discours de Desmurget.
C'est bien vicieux comme procédé de prendre toute parole au pieds de la lettre, en sortant une simple phrase de son contexte ...
Est-ce qu'en employant le mot académique Desmurget parlait de tout ce qui se fait dans le cadre scolaire ou bien il utilisait le mot académique dans un sens plus large, pour "activité sérieuse" ? Etait-il sur le ton de l'ironie, entre deux démonstrations ou bien dans l'explication d'une étude scientifique ?
Desmurget est très scientifique dans son livre mais c'est aussi vraisemblablement un amoureux des mots et il y a pas mal d'humour et d'ironie, particulièrement quand il s'attaque aux industriels et consorts ...
Après tout ce que j'en ai lu, imaginer que Desmurget puisse considérer qu'un producteur vidéo bossant sur son ordinateur soit dans un usage récréatif délétère c'est tout simplement le prendre pour un crétin débile et nous aussi par la même occasion ... et en profiter pour détourner et désinformer sur le contenu de son livre. C'est au mieux de l'incompétence et au pire franchement malhonnête.
Will Zégal
75016
Will Zégal
Membre depuis 22 ans
22 Posté le 10/09/2022 à 09:31:14
J'aime faire de la musique. J'ai aimé la MAO.
Au point d'en faire mon métier. Du coup, (même en étant beaucoup revenu vers le hardware ces derniers temps) je passe beaucoup, beaucoup de temps sur l'ordinateur (sounddesign, sampling, mixage).
On est bien dans un usage récréatif et non académique.
Je ne vois pas pourquoi ça serait différent pour quelqu'un qui fait du montage.
D'ailleurs, c'est beaucoup pour tenter d'échapper un peu aux écrans que je suis repassé sur une configuration hardware parce que je sens bien l'impact des écrans, surtout dans les périodes de travail intensif.
Au point d'en faire mon métier. Du coup, (même en étant beaucoup revenu vers le hardware ces derniers temps) je passe beaucoup, beaucoup de temps sur l'ordinateur (sounddesign, sampling, mixage).
On est bien dans un usage récréatif et non académique.
Je ne vois pas pourquoi ça serait différent pour quelqu'un qui fait du montage.
D'ailleurs, c'est beaucoup pour tenter d'échapper un peu aux écrans que je suis repassé sur une configuration hardware parce que je sens bien l'impact des écrans, surtout dans les périodes de travail intensif.
Calagan
1051
Modérateur·trice généraliste
Membre depuis 19 ans
23 Posté le 10/09/2022 à 11:11:43
Je trouve l'argument de Chapolin pertinent : il est absurde de mettre dans le même sac le fait de rester vautré sur son canapé à mater des vidéos débiles sur tiktok (ou le fait de zapper devant la télé) et le fait de faire du montage vidéo (qu'il s'agisse d'un usage professionnel ou amateur). Le montage vidéo est une activité technique et créative. Qu'on utilise un écran ou une table de montage avec des rouleaux de bande magnétique et des ciseaux a évidemment des conséquences techniques dans la façon dont on peut distinguer les deux pratiques, mais n'a pas grand chose à voir avec la critique de Desmurget sur l'usage des écrans et leurs effets délétères (qui par ailleurs parle beaucoup des enfants, et des conséquences de l'usage des écrans sur le développement cognitif. Quel enfant de 10 ans fait du montage vidéo ?).
Par exemple, je ne crois pas qu'une seule seconde Desmurget intègre le cinéma en salle dans sa critique des écrans. Tout simplement parce que c'est profondément différent de l'usage récréatif des écrans aujourd'hui, en termes de dispositif pratique, d'habitude culturelle, de contenus, etc. etc.
Je n'ai pas regardé la vidéo en question, mais si vraiment pour critiquer Desmurget l'animateur parle du montage vidéo comme d'un usage récréatif "parce que ça n'est pas académique", c'est clairement de la mauvaise foi ou un mélange de bêtise et de malveillance. Mais c'est tout ce qu'il y a de plus classique à la télé, ou plus aucune décence intellectuelle n'est observée quant à la façon de mener un débat.
Par exemple, je ne crois pas qu'une seule seconde Desmurget intègre le cinéma en salle dans sa critique des écrans. Tout simplement parce que c'est profondément différent de l'usage récréatif des écrans aujourd'hui, en termes de dispositif pratique, d'habitude culturelle, de contenus, etc. etc.
Je n'ai pas regardé la vidéo en question, mais si vraiment pour critiquer Desmurget l'animateur parle du montage vidéo comme d'un usage récréatif "parce que ça n'est pas académique", c'est clairement de la mauvaise foi ou un mélange de bêtise et de malveillance. Mais c'est tout ce qu'il y a de plus classique à la télé, ou plus aucune décence intellectuelle n'est observée quant à la façon de mener un débat.
sublime gate
7651
Je poste, donc je suis
Membre depuis 4 ans
24 Posté le 10/09/2022 à 21:13:15
Oui, Desmurget ne critique pas l'outil mais son usage, que les enfants ont toujours du mal à gérer raisonnablement -comme n'importe quoi d'autre.
Le propos est donc parfaitement acceptable.
Le propos est donc parfaitement acceptable.
je suis ceinture blanche de judo
linn134
14923
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 21 ans
25 Posté le 12/09/2022 à 16:10:43
Si on s’en tient à un usage récréatif de l’outil informatique alors ça se discute. Et les smartphones/tablettes sont des outils informatiques.
Considérer que le monteur vidéo, l’infographiste, le designer, … ont une pratique récréative de l’outil serait clairement abusif. Par contre l’utilisation de l’outil informatique pour aller raconter de la merde sur les RS, troller, harceler ou juste pour regarder bêtement des vidéos de petits chats ou de crash de bagnoles, oui, c’est récréatif et probablement nuisible pour tous.
Et avec les dossiers qui sortent en ce moment sur les influenceurs web, ça risque fort de mettre un peu d’ambiance dans ce que l’on accepte que les écrans véhiculent. Sans parler des chaînes d’opinion, des médias tellement alternatifs que selon eux la Terre est plate…
La nature du contenu est cruciale. On peut tout à fait enrichir sa culture avec un écran, tout comme on peut aussi se rendre lamentablement demeuré en fonction de ce qu’on en fait.
Est-ce que les jeux vidéos rendent neuneu ? Alors pourquoi sont-ils régulièrement utilisés pour certaines formes de rééducation ?
Etc…
Considérer que le monteur vidéo, l’infographiste, le designer, … ont une pratique récréative de l’outil serait clairement abusif. Par contre l’utilisation de l’outil informatique pour aller raconter de la merde sur les RS, troller, harceler ou juste pour regarder bêtement des vidéos de petits chats ou de crash de bagnoles, oui, c’est récréatif et probablement nuisible pour tous.
Et avec les dossiers qui sortent en ce moment sur les influenceurs web, ça risque fort de mettre un peu d’ambiance dans ce que l’on accepte que les écrans véhiculent. Sans parler des chaînes d’opinion, des médias tellement alternatifs que selon eux la Terre est plate…
La nature du contenu est cruciale. On peut tout à fait enrichir sa culture avec un écran, tout comme on peut aussi se rendre lamentablement demeuré en fonction de ce qu’on en fait.
Est-ce que les jeux vidéos rendent neuneu ? Alors pourquoi sont-ils régulièrement utilisés pour certaines formes de rééducation ?
Etc…
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Zorks
1197
AFicionado·a
Membre depuis 9 ans
26 Posté le 12/09/2022 à 16:35:33
Il paraît que l’adjectif « militaire » dévoie la nature d’une chose. E.g. la musique militaire, la justice militaire, … et donc existe-t-il des écrans militaires ?
Et plus encore, qu’en est il d’un cretin militaire ?
Bon sinon sujet et conversations intéressantes, donc flag
Et plus encore, qu’en est il d’un cretin militaire ?
Bon sinon sujet et conversations intéressantes, donc flag
Will Zégal
75016
Will Zégal
Membre depuis 22 ans
27 Posté le 12/09/2022 à 17:58:14
x
Hors sujet :Citation :Considérer que le monteur vidéo, l’infographiste, le designer, … ont une pratique récréative de l’outil serait clairement abusif.
Tiens donc, pourquoi ?
Il me semble que ce sont des métiers qu'on choisit par passion et qu'on a généralement plaisir à faire.
Après, ça reste des métiers, avec les contraintes que ça implique. J'adore faire de la musique ou mixer, mais quand je dois bosser 10 jours d'affilée 9-10 heures par jour sur un set pour quelque raison que ce soit, oui, c'est du boulot et ça ne m'amuse pas forcément des masses tout le temps, et il y a une partie du temps où je préférerais être en terrasse au soleil avec les copains ou à la plage avec ma douce.
ça n'empêche qu'à la base, je m'amuse et je m'éclate. C'est pas incompatible. C'est comme les ingés sons avec qui je bosse, qui sur un live, se sont levés tôt, ont chargé le camion au dépôt, ont fait la route jusqu'au site, monté la scène, monté le son, les lumières, puis fait les balances, puis dîné s'ils avaient le temps, puis sonorisé des groupes jusqu'à parfois deux heures du matin et qui vont encore devoir tout démonter et ramener au dépôt avant de rentrer chez eux. Pourtant, ils kiffent leur taff et les bons sont ceux qui le font en s'amusant.
C'est comme mes potes marins pêcheurs : ils font le métier considéré comme le plus dur et le plus dangereux du monde, ils me parlent de la façon dont ils en ont chié dans la dernière tempête, trempés, les doigts gelés sur le chalut à tirer sur un pont qui gite de dizaines de degrés, parfois des fois où ils ont cru ne pas revenir. Et pourtant, ils disent aussi qu'ils ne changeraient de métier pour rien au monde et que rien ne remplacerait le bonheur qu'ils ont au petit matin de voir le soleil se lever sur l'océan.
Peut-être que trop de gens font des métiers chiants pour se rappeler qu'on peut faire des métiers qu'on a beaucoup de plaisir à faire, ce qui ne les empêche pas d'être autre chose que des vacances ou des loisirs.
Alors non, on ne peut pas parler d'une pratique uniquement récréative, mais d'un usage dont le ludique est loin d'être exclus.
D'ailleurs, musiciens, ingés sons, monteurs, etc font souvent des choses qui vont au delà de la nécessité du métier ou du projet, juste parce que ça les fait kiffer.
chapolin
10496
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 20 ans
28 Posté le 12/09/2022 à 22:43:25
x
Hors sujet :Je me suis interrogé sur ce concept de ludique et récréatif et tellement de métiers vont en ce sens ... j'ai une copine dont le boulot est de bosser dans les assurances et qui a monté récemment un mur de pierres de 40 centimètres de haut sur 50 de large sur environ 100 mètres, pour son plaisir, pour le côté zen nous dit-elle ... tranquillement le soir après le boulot et pendant ses vacances. On a là le côté récréatif et ludique et apaisant. Après quand tu fais çà à longueur de temps, pendant toute une vie, par tous les temps c'est une autre histoire. Un métier même dur peu se transformer souvent en activité récréative. On peut prendre pareillement la pêche dont tu parlais, quelle douceur de la pratiquer de manière récréative ... Mais ces considérations je pense que Desmurget les a à l’esprit et bien autant que nous.
En ce moment je bosse avec Opentoonz pour faire des animations et si je me suis bien amusé au départ, pour aller au bout d'un projet un peu conséquent ça se révèle être un vrai travail avec des trucs bien longs et "chiants" à surmonter. Rien de commun franchement avec le fait de buller sur facebook à zapper d'un truc léger à un autre pendant des heures ou a jouer à des jeux vidéo des milliers d'heures à ne rien produire d'autre que de la dopamine.
Opentoonz ou Cubase ? je suis pas sûr que tu puisses buller plus de 30 minutes sans te prendre la tête à un moment ou un autre ...
Des types comme Desmurget, qui bossent dans des laboratoires qui sans doute se sont approprié ordinateurs et écrans bien avant le commun des mortels - ça me rappel quand j'avais 8 ans en Côte d'Ivoire, en 1978, j'avais passé un moment à jouer sur un ordinateur dans le bureau d'un ami biologiste qui étudiait le système cardio-vasculaire des chauve-souris ... - donc Desmurget a probablement connu ce monde avant tout le monde, joué et travaillé se l'appropriant avant tout le monde. Il utilise probablement depuis bien longtemps pour son boulot des logiciels du genre de ce qu'on peut trouver pour le montage audio et vidéo. Tu as d'ailleurs plein d'écoles qui utilisent ces logiciels de montage et les enseignent. A ce titre c'est complètement académique, pour faire un trait d'union avec ce qu'on disait plus haut.
[ Dernière édition du message le 13/09/2022 à 08:57:14 ]
linn134
14923
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 21 ans
29 Posté le 13/09/2022 à 02:25:21
Trouver du plaisir dans son métier n’en fait pas une activité ludique.
Les médecins trouvent du plaisir dans leur métier, les carreleurs, les banquiers, … et ça n’en fait pas des ludiques. Quand j’étais archi il m’arrivait de trouver du plaisir dans mon taff, et ça n’en faisait pas franchement une activité ludique.
Si on suit cette absence de logique, chaque métier peut être ludique par moment.
On peut se la jouer chiant: tout ce qui n’est pas profession reconnue d’utilité publique c’est ludique.
Les médecins trouvent du plaisir dans leur métier, les carreleurs, les banquiers, … et ça n’en fait pas des ludiques. Quand j’étais archi il m’arrivait de trouver du plaisir dans mon taff, et ça n’en faisait pas franchement une activité ludique.
Si on suit cette absence de logique, chaque métier peut être ludique par moment.
On peut se la jouer chiant: tout ce qui n’est pas profession reconnue d’utilité publique c’est ludique.
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Calagan
1051
Modérateur·trice généraliste
Membre depuis 19 ans
30 Posté le 13/09/2022 à 07:28:19
La question n'est pas le plaisir. La question, c'est la différence entre passivité et activité.
Un enfant qui passe ses journées devant des dessins animés est passif : il n'utilise pas son corps, il n'utilise pas le langage, il n'a pas d'interactions avec d'autres humains, pas d'activité symbolique. Plutôt que de créer lui-même (activement) les conditions qui lui permettent d'échapper à l'ennui (par le jeu, seul ou avec des congénères, câd l'invention d'histoires et de règles de coopération), il est bombardé de stimulus lumineux (qui mettent le cerveau dans un état de surexcitation hypnotique qui n'est pas normal) et il bouffe des contenus stéréotypés et souvent débiles dont l'unique objectif est finalement de le rendre disponible pour la publicité qui suit...
Encore une fois, c'est surtout chez les enfants que l'usage des écrans est considéré comme dangereux.
Chez l'adulte, c'est une autre problématique, qui tient plus à l'usage du temps libre qu'au développement cognitif (mais la question du développement de la bêtise et de l'apathie rejoint celle du développement cognitif chez l'enfant) : l'économie de l'attention, qui caractérise des acteurs économiques surpuissants comme Facebook, Youtube, Google ou TikTok, a pour unique objectif de capter du temps de présence devant un écran, et pour cela les algorithmes favorisent les contenus les plus "immédiatement satisfaisants", câd nécessairement les plus putassiers, choquants, vulgaires et débiles... Bernard Stiegler montre dans son travail que le profilage algorithmique favorise les contenus qui suscitent une réaction immédiate, avec pour unique finalité de scotcher l'utilisateur devant son écran, et que cette constante excitation pulsionnelle est l'inverse exact de ce qu'on appelle une culture, câd la sublimation des pulsions en des contenus symboliques plus complexes et plus riches que le simple couple plaisir/déplaisir... La complexité des contenus culturels conditionne le fait que les "goûter" nécessite un effort (par exemple lire un livre, regarder un film de Godard ou de Tarkovski), et un effort considérable pour en créer de nouveaux. Rien de tel avec les X-Men ou TikTok...
Selon moi, depuis les premiers épisodes du Loft Story en 2001 (qui ironiquement marquent le début du XXIe siècle), nous avons passé un cap dans la destruction de la culture par l'économie de l'attention. TikTok et l'ère des influenceurs sont venus poser la cerise sur le gâteau...
Quand j'ai amené ma fille attendre son bus pour le collège le premier jour de la rentrée (première année de 6e), j'ai constaté que TOUS les gamins attendaient le bus en scotchant devant leur smartphone (généralement 2 fois plus gros que le mien), à mater des vidéos sur tiktok. J'avoue ne pas comprendre comment les parents peuvent payer le smartphone à plusieurs centaines d'euros et le forfait à plusieurs Go pour que leurs gosses passent leur matinée et leur soirée devant des contenus de merde (d'autant que l'usage du téléphone est interdit dans l'enceinte du collège). Alors même que l'école affronte les problèmes que l'on sait, sa tâche est considérable pour empêcher que tous ces gosses ne se transforment en purs consommateurs sans culture
Pour en revenir à l'usage professionnel des écrans, il y a évidemment des problèmes (l'écran exerce une attraction hypnotique sur l'attention, c'est un aspect cognitif dont on doit pouvoir trouver l'explication sur wikipedia et qui explique le fait qu'on peut passer des heures à bosser devant un écran sans ressentir la fatigue de la même façon que devant un livre), mais il ne s'agit pas de bouffer du contenu et de servir l'économie de l'attention. Il s'agit d'utiliser un outil technique pour créer des contenus. Non seulement on passe de passif à actif, mais en plus on sort de l'économie de l'attention.
A moins bien sûr qu'on produise de la merde pour permettre aux multinationales de vendre la leur...
Un enfant qui passe ses journées devant des dessins animés est passif : il n'utilise pas son corps, il n'utilise pas le langage, il n'a pas d'interactions avec d'autres humains, pas d'activité symbolique. Plutôt que de créer lui-même (activement) les conditions qui lui permettent d'échapper à l'ennui (par le jeu, seul ou avec des congénères, câd l'invention d'histoires et de règles de coopération), il est bombardé de stimulus lumineux (qui mettent le cerveau dans un état de surexcitation hypnotique qui n'est pas normal) et il bouffe des contenus stéréotypés et souvent débiles dont l'unique objectif est finalement de le rendre disponible pour la publicité qui suit...
Encore une fois, c'est surtout chez les enfants que l'usage des écrans est considéré comme dangereux.
Chez l'adulte, c'est une autre problématique, qui tient plus à l'usage du temps libre qu'au développement cognitif (mais la question du développement de la bêtise et de l'apathie rejoint celle du développement cognitif chez l'enfant) : l'économie de l'attention, qui caractérise des acteurs économiques surpuissants comme Facebook, Youtube, Google ou TikTok, a pour unique objectif de capter du temps de présence devant un écran, et pour cela les algorithmes favorisent les contenus les plus "immédiatement satisfaisants", câd nécessairement les plus putassiers, choquants, vulgaires et débiles... Bernard Stiegler montre dans son travail que le profilage algorithmique favorise les contenus qui suscitent une réaction immédiate, avec pour unique finalité de scotcher l'utilisateur devant son écran, et que cette constante excitation pulsionnelle est l'inverse exact de ce qu'on appelle une culture, câd la sublimation des pulsions en des contenus symboliques plus complexes et plus riches que le simple couple plaisir/déplaisir... La complexité des contenus culturels conditionne le fait que les "goûter" nécessite un effort (par exemple lire un livre, regarder un film de Godard ou de Tarkovski), et un effort considérable pour en créer de nouveaux. Rien de tel avec les X-Men ou TikTok...
Selon moi, depuis les premiers épisodes du Loft Story en 2001 (qui ironiquement marquent le début du XXIe siècle), nous avons passé un cap dans la destruction de la culture par l'économie de l'attention. TikTok et l'ère des influenceurs sont venus poser la cerise sur le gâteau...
Quand j'ai amené ma fille attendre son bus pour le collège le premier jour de la rentrée (première année de 6e), j'ai constaté que TOUS les gamins attendaient le bus en scotchant devant leur smartphone (généralement 2 fois plus gros que le mien), à mater des vidéos sur tiktok. J'avoue ne pas comprendre comment les parents peuvent payer le smartphone à plusieurs centaines d'euros et le forfait à plusieurs Go pour que leurs gosses passent leur matinée et leur soirée devant des contenus de merde (d'autant que l'usage du téléphone est interdit dans l'enceinte du collège). Alors même que l'école affronte les problèmes que l'on sait, sa tâche est considérable pour empêcher que tous ces gosses ne se transforment en purs consommateurs sans culture
Pour en revenir à l'usage professionnel des écrans, il y a évidemment des problèmes (l'écran exerce une attraction hypnotique sur l'attention, c'est un aspect cognitif dont on doit pouvoir trouver l'explication sur wikipedia et qui explique le fait qu'on peut passer des heures à bosser devant un écran sans ressentir la fatigue de la même façon que devant un livre), mais il ne s'agit pas de bouffer du contenu et de servir l'économie de l'attention. Il s'agit d'utiliser un outil technique pour créer des contenus. Non seulement on passe de passif à actif, mais en plus on sort de l'économie de l'attention.
A moins bien sûr qu'on produise de la merde pour permettre aux multinationales de vendre la leur...
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