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Fabrique du crétin digital ?

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Sujet de la discussion Fabrique du crétin digital ?
C'est une tarte à la crème que de dire que les écrans en général fabriquent de futurs crétins.

Un des porteurs de cette parole est Michel Desmurget dont le pédigrée n'est pas vraiment celui d'un guignol, auteur de "La fabrique du crétin digital"

Introduction "courte"


version plus longue (que je n'ai pas encore regardée, mais j'avais déjà vu une autre vidéo de lui) :


Une parole aussi de Boris Cyrulnik qui dit notamment que "les neurosciences ne vont pas tout expliquer". Il tranche cependant clairement contre les écrans à la petite enfance, mais auparavant développe tout un discours nuancé sur le développement du cerveau infantile.


Et pourtant, il y a des contradictions à ces affirmations de "fabrique du crétin digital", comme cet épisode de l'excellent podcast "le code a changé" de Xavier De la Porte : "sommes nous vraiment en train de fabriquer des crétins digitaux ?" où il reçoit Anne Cordier
Citation :
maîtresse de conférences HDR en sciences de l'Information et de la communication à l'Université de Rouen. Elle est spécialiste des usages et pratiques numériques, particulièrement des "jeunes", ainsi que de leurs usages et a réalisé de nombreuses enquêtes de terrain auprès des publics jeunes.


Par ailleurs, des affirmations de gens comme celle de Michel Desmurget telle que "les jeunes lisent moins" sont remises en cause.


Alors ? la fabrique du crétin digital, réalité ou vision de vieux qui, un classique de chaque génération, ne comprennent pas la jeunesse ?

Sans que ça signifie que je sois en désaccord global avec lui, je relèverai plus tard quelques propos de Michel Desmurget qui me semblent problématiques en terme de rigueur de raisonnement (proches du biais de confirmation) afin qu'on en discute. Je laisse déjà ceux que ça intéresse digérer un peu tout ça et apporter éventuellement d'autres contributions.

Rappel : on est dans le pub scientifique, pas dans le pub sociétal. L'idée n'est pas ici d'échanger des opinions ou raconter des trucs personnels du genre "mon petit frère passait 5 heures par jour sur sa Nintendo et il est maintenant chercheur en physique quantique."
L'idée est de partager ici des sources, des études (universitaires, scientifiques), des articles (scientifiques ou de presse), des vidéos, nourrissant l'information sur le sujet.
Merci. :bravo:
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51
Citation :
Maintenant, le lien avec les écrans est plus complexe, mais je suis persuadé qu'il existe. En tout cas, avec internet et les réseaux plus qu'avec les écrans, j'en suis persuadé.


Il y a quelque temps j'ai été harcelé par youtube pour désactiver mes bloqueurs de publicité. Du coup j'ai trouvé la parade (temporaire je suppose) qui consiste a déconnecter tous mes comptes et donc a surfer anonymement. Ainsi quand j'ouvre une page youtube je ne vois plus les vidéos ciblées qui m'étaient proposées habituellement par les algorithmes espions, par exemple en ce moment des vidéos sur les champignons, le paramoteur, les plantes comestibles, des femmes nues, des musiciens de jazz car je viens d'avoir une grosse période Chick Corea, des vidéos de parkour, de parapente, d'escalade, d'histoire, de politique etc etc ... et à la place plus rien de ciblé, mais tout autant de vidéos et je suppose tout autant "ciblées", mais comme il n'y a justement plus de cible, ciblant donc à priori le plus grand nombre et ... c'est franchement consternant, mais vraiment à pleurer : hier par exemple une vidéo durant 1/4 d'heure d'un type ayant 300 000 abonnés, vu 206 000 fois et montrant donc ce type comparant deux menus tacos commandés sur Uber-eats et se baffre !! Mais comment autant de gens peuvent tomber aussi bas ? Et toutes les vidéos proposées se ressemblent, c'est décérébrant, bas du front, vulgaire, industriel, monstrueux et pas rassurant quand ça n'est pas violent ...

Ce que j'ai remarqué aussi et ça m'a fait l'effet d'une douche froide, c'est que j'ai drastiquement baissé mon temps d'écran n'ayant plus de vidéos "sensationnelles" à voir ! et pourtant comme je travaille avec mon ordinateur (montage vidéo, production musicale, correspondance avec une cinquantaine d'élèves etc) j'avais l'impression de quand même bien m'auto-réguler et d'avoir d'autres choses à y faire. Le gain de temps se compte en de multiples demi-heures, c'est donc très important et je peux mesurer à quel point cette "industrie" derrière les écrans est insidieuse et puissante. Sur des cerveaux jeunes et sans défense, abandonnés par leur parents eux-même plongés dans leurs écrans, c'est un véritable carnage.

[ Dernière édition du message le 21/10/2023 à 01:31:58 ]

52
Ouaip, je fais régulièrement l'expérience de regarder des vidéos sur youtube en mode fenêtre privé (donc sans suivi d'aucune sorte) parce que j'utilise youtube pour poster des vidéos et je ne veux pas avoir tout le temps les mêmes vidéos après regardé une fois une vidéo sur une recette du veau aux carottes.
Comme toi, je trouve ça consternant, et extrêmement flippant. J'en parle à chaque fois que j'aborde ce genre de sujet, mais il faut lire (ou relire) les pages de Bernard Stiegler qui parlent du capitalisme pulsionnel et de sa toxicité spirituelle et civilisationnelle. La meilleure manière de vendre des choses est de toucher aux pulsions (câd les désirs les plus bruts, non sublimés : sexe, nourriture, violence, etc. etc.), mais ce faisant ce nouveau capitalisme pulsionnel détruit peu à peu tout ce qui fait civilisation et transforme les consommateurs en bêtes (dans tous les sens du terme). En concevant des algorithmes qui favorisent ce type de contenus, parce que c'est "ce qui marche le mieux", Youtube, Google et consort participent pleinement de cette destruction.
Une bonne éruption solaire nous ferait le plus grand bien...
53
Citation :
capitalisme pulsionnel

Je connaissais pas l'expression, merci ! Pour le coup je vois mieux le lien avec le sujet.

je suis ceinture blanche de judo

54
Citation :
- politiquement, il devient impossible de parler avec quelqu'un qui se situe dans un autre bloc politique que soi (un peu comme aux Etats-Unis, républicains et démocrates sont devenus ennemis mortels après Trump)
- religieusement, beaucoup de musulmans détestent les juifs, beaucoup de juifs détestent les musulmans, et les autres regardent en pleurant (ou en détestant à leur tour l'un ou l'autre : à ce titre le conflit israëlo-palestinien est désespérant)
- plus globalement, le capitalisme créé des groupes sociaux de plus en plus séparés, du fait de niveaux de vie, de lieux de vie, d'opportunités et/ou d'accès aux ressources culturelles ou économiques de plus en plus distincts. Personnellement je n'ai jamais vu autant de Porsche de ma vie que ces 5 dernières années (on parle de voitures à plus de 100 000€ quand même), et je n'ai jamais vu non plus autant de misère crasse dans les villes ou les villages, avec la délinquance et les pratiques toxiques qui vont avec...

Autant je partage totalement la dernière affirmation, autant je serais plus prudent sur les deux premières.

Pour les deux premières, des exemples ne font pas des généralités et il faut se méfier de la vision faussée que donnent les médias et l'actu en général (réseaux sociaux compris) qui, par nature, mettent l'accent sur le sensationnel.
D'une, il y a des centaines de millions de musulmans qui vivent en paix et font la différence entre Israël et les juifs. De deux, il n'y a pas besoin du conflit israléo-palestinien pour développer l'antisémitisme. En cas de doute, revoir l'histoire des juifs en Europe depuis 1000 ans.
On peut aussi prendre plein de contre-exemples avec les imams s'insurgeant contre les actes antisémites, et vice-versa, les réunions et colloques oecuméniques, et j'en passe.

Le clivage aux USA est particulièrement inquiétant. Notamment la radicalisation d'une partie des républicains qui est très préoccupante. Elle rappelle ce qu'on vit en Europe où désormais une bonne partie du continent est passé sous le régime de "démocraties illibérales". Mais les choses ne sont pas immuables et le retour du centre droit en Pologne me laisse espérer que l'horizon de la France passant de Macron à Le Pen n'est pas écrit.

Concernant ta dernière assertion, je la partage et la constate.
(exemple récent : la rénovation d'un grand bâtiment en centre ville chez moi pour une "résidence de standing". Le promoteur a obtenu que son quota obligatoire de logements sociaux soit construit... en périphérie de la ville.)
Inversement, on constate une mondialisation culturelle. Je ne la trouve pas forcément souhaitable dans tous ses aspects, mais qui aurait pu prédire il y a 20 ans un phénomène mondial comme la K-Pop ? Au moins, on n'a plus une culture occidentale qui écrase le monde et qui est étanche aux cultures d'ailleurs, sauf à pratiquer l'appropriation culturelle.
Or, je vois les conséquences de ça aussi dans les milieux militants, avec un nombre croissant de gens qui sont en contact direct avec des militants d'ailleurs et comprennent d'autant mieux les conséquences des actions occidentales dans le monde. Avec une convergence et une cohérence croissante dans les luttes, lesquelles ne sont plus restreintes à notre seul cadre de vie et notre unique horizon culturel.

Le revers de la médaille risque d'être une uniformisation de la culture mondiale, mais après tout, c'est pas d'hier que les décharges du monde entiers sont remplies de bouteilles de Coca.

[ Dernière édition du message le 23/10/2023 à 10:25:26 ]

55
Citation de Will Zégal :
Citation :
- politiquement, il devient impossible de parler avec quelqu'un qui se situe dans un autre bloc politique que soi (un peu comme aux Etats-Unis, républicains et démocrates sont devenus ennemis mortels après Trump)
- religieusement, beaucoup de musulmans détestent les juifs, beaucoup de juifs détestent les musulmans, et les autres regardent en pleurant (ou en détestant à leur tour l'un ou l'autre : à ce titre le conflit israëlo-palestinien est désespérant)
- plus globalement, le capitalisme créé des groupes sociaux de plus en plus séparés, du fait de niveaux de vie, de lieux de vie, d'opportunités et/ou d'accès aux ressources culturelles ou économiques de plus en plus distincts. Personnellement je n'ai jamais vu autant de Porsche de ma vie que ces 5 dernières années (on parle de voitures à plus de 100 000€ quand même), et je n'ai jamais vu non plus autant de misère crasse dans les villes ou les villages, avec la délinquance et les pratiques toxiques qui vont avec...

Autant je partage totalement la dernière affirmation, autant je serais plus prudent sur les deux premières.

Pour les deux premières, des exemples ne font pas des généralités et il faut se méfier de la vision faussée que donnent les médias et l'actu en général (réseaux sociaux compris) qui, par nature, mettent l'accent sur le sensationnel.
D'une, il y a des centaines de millions de musulmans qui vivent en paix et font la différence entre Israël et les juifs. De deux, il n'y a pas besoin du conflit israléo-palestinien pour développer l'antisémitisme. En cas de doute, revoir l'histoire des juifs en Europe depuis 1000 ans.
On peut aussi prendre plein de contre-exemples avec les imams s'insurgeant contre les actes antisémites, et vice-versa, les réunions et colloques oecuméniques, et j'en passe.

Le clivage aux USA est particulièrement inquiétant. Notamment la radicalisation d'une partie des républicains qui est très préoccupante. Elle rappelle ce qu'on vit en Europe où désormais une bonne partie du continent est passé sous le régime de "démocraties illibérales". Mais les choses ne sont pas immuables et le retour du centre droit en Pologne me laisse espérer que l'horizon de la France passant de Macron à Le Pen n'est pas écrit.

Concernant ta dernière assertion, je la partage et la constate.
(exemple récent : la rénovation d'un grand bâtiment en centre ville chez moi pour une "résidence de standing". Le promoteur a obtenu que son quota obligatoire de logements sociaux soit construit... en périphérie de la ville.)
Inversement, on constate une mondialisation culturelle. Je ne la trouve pas forcément souhaitable dans tous ses aspects, mais qui aurait pu prédire il y a 20 ans un phénomène mondial comme la K-Pop ? Au moins, on n'a plus une culture occidentale qui écrase le monde et qui est étanche aux cultures d'ailleurs, sauf à pratiquer l'appropriation culturelle.
Or, je vois les conséquences de ça aussi dans les milieux militants, avec un nombre croissant de gens qui sont en contact direct avec des militants d'ailleurs et comprennent d'autant mieux les conséquences des actions occidentales dans le monde. Avec une convergence et une cohérence croissante dans les luttes, lesquelles ne sont plus restreintes à notre seul cadre de vie et notre unique horizon culturel.

Le revers de la médaille risque d'être une uniformisation de la culture mondiale, mais après tout, c'est pas d'hier que les décharges du monde entiers sont remplies de bouteilles de Coca.


Il me semble que tu relativises un peu vite beaucoup de choses...

Concernant le conflit israëlo-palestinien, il y a tout de même des manifestations évidentes d'hostilité réciproque partout dans le monde, et en particulier en France. Si tu penses que l'opinion publique musulmane est indifférente à ce conflit, il faudrait peut-être que tu t'intéresse à l'actualité dans les pays du Maghreb ou du Moyen Orient, ou que tu abordes le sujet dans un café de Barbès ou de la Goutte d'Or. Concernant les juifs, il est tout de même de notoriété publique que beaucoup d'entre eux se sentent de plus en plus menacés en France, ce qui me paraît surréaliste (on a assisté à quelques meurtres particulièrement atroces récemment), et en retour on assiste à des comportements qui ne devraient pas être acceptés dans une démocratie digne de ce nom, comme les appels explicites à la violence sur les plateaux télévisés de personnalités comme Enrico Macias ou Philippe Lellouche à l'encontre de JL Mélenchon.
Une société pacifiée ne saurait accepter ni le sentiment d'insécurité, ni les appels à la violence, de quelque groupe qu'il provienne : juifs, musulmans, policiers, hommes ou femmes politiques, personnalités médiatiques, majorité, minorité, etc. etc..
Or, l'extrême droite prospère principalement sur ce sentiment, que d'autres formations politiques ne parviennent pas à penser et qui parfois en dénient même la réalité.

Tu penses que tout cela est médiatiquement monté en épingle, mais les médias construisent l'opinion publique et ce n'est pas un hasard si le Hamas a mis en ligne toutes ses atrocités. La violence est en réalité le produit direct de notre environnement numérique (médias, réseaux sociaux, etc. etc.). On ne peut pas dire que parce que tout est monté en épingle par les médias, ça n'existe pas : en réalité, ça existe précisément parce que tout est monté en épingle par les médias (et les réseaux sociaux).

Concernant la politique, j'ai personnellement de plus en plus de difficultés à échanger avec autrui (et même parfois avec les gens du même bord que moi). Je pense être plutôt raisonnable mais tout s'est tellement hystérisé, les désaccords se fixent sur des détails tellement absurdes, que la violence n'est jamais loin dans une discussion (en particulier si c'est sur les réseaux sociaux - et je trouve super de pouvoir échanger calmement sur Audiofanzine).
Encore une fois, les médias c'est une chose, mais si tu as participé à une manif récemment, tu admettras que la conflictualité politique n'a jamais été aussi violente (on parle quand même de plusieurs dizaines de mutilés à vie en manif ces dernières années) et que tout ça n'est pas juste une représentation. On parle en ce moment précis de terrorisme à propos des zadistes ou des militants d'Extinction Rebellion (en tout cas, on en parlait avant l'attaque terroriste du Hamas). La première fois que j'ai entendu le terme "éco-terrorisme" c'était en Pologne il y a quelques années. Darmanin a commencé à utiliser ce terme l'an dernier, dans notre "patrie des droits de l'Homme" qui fait la leçon au monde entier et qualifie la Pologne de "démocratie illibérale". La définition du terrorisme, comme on le sait, implique qu'il s'agit d'une menace avec laquelle il n'y a pas à négocier et qu'il faut simplement éradiquer, parce que le terrorisme utilise une violence "injustifiable". Or, on commence à utiliser ce terme pour parler de gens qui tentent comme ils le peuvent de conserver un monde habitable pour nous et nos enfants et se collent à des murs ou occupent une ancienne ferme abandonnée.
Concernant la Pologne, d'ailleurs, je connais bien ce pays pour raisons familiales et le Pis a effectivement polarisé toute la société polonaise ces dernières années. Mais je doute fort que quelqu'un comme Tusk (qui est une sorte de Macron local) réconcilie les polonais. Je suis même plutôt pessimiste. Contrairement à ce qu'on entend ici en France, il ne s'agit pas du passage démocratique de l'extrême droite (méchants) au centre (gentils), mais plutôt d'un groupe politique culturellement conservateur et économiquement socio-démocrate (qui a tout de même de gros problèmes avec l'État de droit, il faut le reconnaître) à un groupe politique culturellement et économiquement libéral (type Macron). Et on peut en penser ce qu'on veut, il y a beaucoup de gens (en Pologne ou ailleurs) qui ressentent les politiques libérales comme extrêmement violentes (qu'il s'agisse de l'économie ou des moeurs), car au moins concernant l'économie ces politiques impliquent directement pour eux des conditions de vie dégradées.

Enfin, tu parles de K-Pop, mais à part l'organisation du travail (plus "efficace" que chez nous, dira-t-on pour user d'un euphémisme) et la langue utilisée dans les chansons, qu'est-ce qu'il y a de coréen là dedans ? Il s'agit uniquement d'une appropriation culturelle (comme tu dis) des musiques urbaines américaines (elles mêmes fondées sur l'exploitation commerciale d'un siècle de musiques noires américaines) et aussi du marketing et de l'environnement économique qui leur est associé (en gros, tu rassembles des dizaines de personnes aux talents variés pour concevoir un produit total, de la chorégraphie à la prod musicale en passant par les interviews et les passages télé). Tout est occidental là dedans, dans la mesure où le système occidental (câd le capitalisme) domine entièrement la planète. Le système a été inventé dès les années 20 aux États-Unis avec la Tin Pan Alley, et s'est considérablement "amélioré" avec (encore une fois) internet et le numérique. Après la Tin Pan Alley, le vrai modèle de tout ça c'est Max Martin.

Et si l'uniformisation planétaire n'a pas commencé l'an dernier (Lévi-Strauss en parle déjà dans son fameux texte de 1952 Race et Histoire), elle est sans commune mesure aujourd'hui comparée à il y a à peine 20 ans. Tout simplement parce qu'internet et les réseaux sociaux sont de formidables outils de propagation (et généralement, il ne s'agit pas des aspects les plus élevés d'une civilisation qui se transmettent : après tout, ce qui a circulé le plus après la découverte de l'Amérique chez les populations indigènes, ce sont les maladies et l'alcool. Les premières ont d'ailleurs décimé 90% de la population...)

Bon bref, on est d'accord mais seulement en partie. Personnellement, je suis beaucoup plus pessimiste sur l'état de notre société, et on peut constater tous les jours que la violence redevient l'option principale : en Ukraine, en Israël, en Palestine, depuis quelques jours dans la zone d'influence de la Chine, etc. etc.
La guerre est de plus en plus présente (et elle est de toute façons une conséquence attendue des tensions sur les ressources liées au changement climatique : au bout d'un moment, ce qu'on annonce depuis 40 ans finira bien par arriver), et dans nos sociétés elles-mêmes les conflits (qui ont toujours existé) sont de plus en plus violents.
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Ça me fait tout bizarre (étant théoriquement plutôt centriste) d’être à 150% avec Calagan. :clin:

M’enfin, le centre dont je parle passerait pour franchement socialiste aujourd’hui.

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Citation :
Concernant le conflit israëlo-palestinien, il y a tout de même des manifestations évidentes d'hostilité réciproque partout dans le monde, et en particulier en France. Si

En France ? La France a connu des jours d'émeutes il y a quelques temps... Mais c'est parti d'une affaire de bavure policière mortelle.
On est treeeees loin de ça aujourd'hui.

je suis ceinture blanche de judo

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Citation de sublime gate :
Citation :
Concernant le conflit israëlo-palestinien, il y a tout de même des manifestations évidentes d'hostilité réciproque partout dans le monde, et en particulier en France. Si

En France ? La France a connu des jours d'émeutes il y a quelques temps... Mais c'est parti d'une affaire de bavure policière mortelle.
On est treeeees loin de ça aujourd'hui.


Alors évidemment je ne parle pas de ça, mais c'est difficile de parler de tous les sujets de conflictualité violente dans notre pays en quelques lignes, et aujourd'hui c'est celui là qui fait la triste actualité.
Ceci dit, les émeutes de cet été sont évidemment un excellent exemple : la police se comporte n'importe comment dans notre pays depuis des dizaines d'années, et alimente en retour un ressentiment tellement fort de la part des jeunes de banlieues que, là aussi, on peine à imaginer aujourd'hui des gamins jouant au foot (ou au rugby je ne sais plus) avec des policiers, comme dans les images qui avaient fait dire à Sarkozy en 2003 que la police n'avait pas à faire le boulot des travailleurs sociaux, mais à investiguer, interpeller et lutter contre la délinquance. On voit 20 ans plus tard ce que la destruction de la police de proximité a produit dans notre pays, sans à aucun moment régler le problème de la délinquance et de l'insécurité, tout ça pour satisfaire les penchants populistes d'un certain électorat qui peine à comprendre comment on peut lutter contre la délinquance sans se comporter comme l'inspecteur Harry.
Comme d'habitude, le bla bla politique (le "karcher" de Sarkozy), câd l'utilisation tactique des médias pour arriver à ses fins électorales, détruit la rationalité, en tout cas celle que les acteurs de terrains tentent péniblement de faire remonter (en gros, il est plus efficace d'avoir des relations avec la population locale que de les harceler sans arrêt pour lutter contre le crime).
Dans la situation actuelle, il n'y a plus aucune relation possible entre jeunes racisés et policiers, et la violence de cet été en témoigne.
D'ailleurs, celle-ci révèle un profond nihilisme qui n'avait jamais atteint de tels niveaux de toxicité, avec un nombre d'équipements municipaux brûlés complètement délirants (et aussi des pillages, qui n'avaient à ma connaissance pas eu lieu auparavant) : il faut quand même se demander pourquoi les gamins brûlent massivement les voitures de leur voisins, leurs propres écoles, leurs propres bibliothèques, leurs propres salles de sport... plutôt que celles des beaux quartiers. Sans doute car ce sont des actes "réflexes", des actes aussi désespérés qu'ils sont désespérants, le produit d'années de mépris et d'enfermement dans une violence qui n'a plus aucun sens et qui empêche toute "civilité" chez ceux qui en sont les plus affectés (car évidemment, tous les gamins ne brûlent pas des voitures) : on est "civil", câd qu'on respecte des règles de vivre ensemble, quand vivre ensemble signifie des choses positives et pas un univers fait de galère, de violence, de magouilles et d'absence de perspective. Les bons élèves (qu'ils s'appellent Charles ou Moustapha) ne brûlent généralement pas la voiture de leur voisin...
On peut aussi parler des gilets jaunes, parce que pour la première fois à ma connaissance des blancs petits-bourgeois ruraux ont commencé à trouver des problèmes communs avec des jeunes noirs ou maghrébins des grands ensembles HLM... Je pense que les parisiens ne se rendent pas compte de ce qui s'est passé dans les petites villes ou à la campagne, et à quel point une large partie de la population (qui socialement peut être considérée comme sans aucune animosité "naturelle" envers la police ou l'État, si ce n'est lorsqu'il s'agit de payer ses impôts évidemment) a perdu toute confiance dans l'État et ses principaux attributs, notamment la police et la représentation politique. On est quand même passé d'un mouvement poujadiste lié à la hausse des taxes sur le carburant à une opposition globale à l'État dans tout ce qu'il peut représenter de dysfonctionnel (par des propositions comme le RIC, la reconnaissance du vote blanc, le référendum révocatoire etc. etc.), et plusieurs autres caractéristiques qui rappellent plus la commune de Paris que les débilités anti-fiscales de Poujade.
Bon, on peut évidemment être en désaccord sur le sens à accorder à tout ça, mais factuellement on se retrouve depuis quelques années avec des fronts de conflictualité violente de tous les côtés : jeunes racisés, gilets jaunes, éco-terroristes, conflit israëlo-palestinien importé, conflits religieux (terrorisme islamique notamment)... etc. etc.
Tout ça me semble quand même significatif d'un profond souci, et de façon très significative on retrouve les mêmes problèmes un peu partout dans le monde (en Europe, aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Chine même) : il faut vraiment être désespérément optimiste pour se dire que tout ça est normal et que ça va passer sans qu'il soit nécessaire de changer notre système de fond en comble.
Et en écrivant tout ça, je me demande comment on est passé du crétin digital à la conflictualité (et au caractère profondément dysfonctionnel de notre société) : je ne crois évidemment pas que les outils numériques soient les seuls responsables des problèmes que je décris. La politique fiscale de ces 20 dernières années (qui fait en gros que Bernard Arnault paye moins d'impôts que le boulanger en bas de chez moi, et c'est pareil un peu partout dans le monde) a sans doute une plus grande importance que les écrans. Mais la finance actuelle (qui est responsable à 100% de notre régime économique absurde) ne pourrait pas exister sans internet, les communications instantanées, les algorithmes boursiers, le trading haute fréquence etc. etc. Et les réseaux sociaux permettent (pour le meilleur et pour le pire) de rendre mondial n'importe quel évènement ultra localisé (par exemple la mort de George Floyd en 2020, qui a eu des conséquences jusqu'en France).
59
Citation de linn134 :
Ça me fait tout bizarre (étant théoriquement plutôt centriste) d’être à 150% avec Calagan. :clin:

M’enfin, le centre dont je parle passerait pour franchement socialiste aujourd’hui.


Ah ah... Oui, j'ai l'impression que des idées plutôt raisonnables et simples (comme le fait de taxer les milliardaires) passent pour gauchistes et soviétiques aujourd'hui. Keynes est devenu un méchant stalinien, alors que les 30 Glorieuses sont fondées sur l'application de ses théories économiques.
On oublie que sous Roosevelt (qui n'était pas exactement un stalinien), les riches étaient taxés à plus de 90% sur les plus hautes tranches.
Et même en Angleterre (cf le morceau Taxman des Beatles - j'adore le ressortir à chaque fois celui-là)
Aujourd'hui notre président, qui est présenté comme centriste à l'étranger, a fondé sa politique fiscale sur l'idée du ruissellement, et depuis des années on présente la France comme "le pays du monde où on paye le plus d'impôts" (la phrase "la France est le pays du monde où bla bla bla le plus" est typiquement de droite. C'est devenu un mantra populiste).
Les 500 premières fortunes françaises ont multiplié leur patrimoine par 4 en 20 ans.
Il y a presque 2 millions d'allocataires du RSA en 2023 (qui vivent donc avec 600€ par mois, ou moins si ils sont en couple).
Et ça passe crème...

[ Dernière édition du message le 24/10/2023 à 09:33:54 ]

60
Je viens de tout lire.
C'est vrai qu'on s'écarte du crétin digital mais c'est intéressant tes points de vue Calagan.
A ta lecture deux réflexions me viennent à l'esprit.
1) La violence commence à la maternelle : lavage de cerveau des garçons avec les Ninjagos en ce moment : impressionnant ... et tout le monde ou presque de caresser avec enthousiasme et admiration cette éducation hautement délétère et industrialisée. Après avoir passé sa soirée devant les super-heros, pour l'adulte c'est tellement agréable et facile de partager quelque chose de similaire avec sa progéniture qui ne demande que ça, se baigner dans la violence sans en imaginer la réalité des souffrances induites ...
Pour les filles, c'est à laquelle sera la poupée etc ...
C'est pas tout le monde bien sur mais c'est la grande masse ...
2) Le jour ou tu verras des jeunes des cités aller incendier les beaux quartiers tu verras que ça ne va pas durer très longtemps.

[ Dernière édition du message le 25/10/2023 à 00:28:59 ]