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Fabrique du crétin digital ?

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Sujet de la discussion Fabrique du crétin digital ?
C'est une tarte à la crème que de dire que les écrans en général fabriquent de futurs crétins.

Un des porteurs de cette parole est Michel Desmurget dont le pédigrée n'est pas vraiment celui d'un guignol, auteur de "La fabrique du crétin digital"

Introduction "courte"


version plus longue (que je n'ai pas encore regardée, mais j'avais déjà vu une autre vidéo de lui) :


Une parole aussi de Boris Cyrulnik qui dit notamment que "les neurosciences ne vont pas tout expliquer". Il tranche cependant clairement contre les écrans à la petite enfance, mais auparavant développe tout un discours nuancé sur le développement du cerveau infantile.


Et pourtant, il y a des contradictions à ces affirmations de "fabrique du crétin digital", comme cet épisode de l'excellent podcast "le code a changé" de Xavier De la Porte : "sommes nous vraiment en train de fabriquer des crétins digitaux ?" où il reçoit Anne Cordier
Citation :
maîtresse de conférences HDR en sciences de l'Information et de la communication à l'Université de Rouen. Elle est spécialiste des usages et pratiques numériques, particulièrement des "jeunes", ainsi que de leurs usages et a réalisé de nombreuses enquêtes de terrain auprès des publics jeunes.


Par ailleurs, des affirmations de gens comme celle de Michel Desmurget telle que "les jeunes lisent moins" sont remises en cause.


Alors ? la fabrique du crétin digital, réalité ou vision de vieux qui, un classique de chaque génération, ne comprennent pas la jeunesse ?

Sans que ça signifie que je sois en désaccord global avec lui, je relèverai plus tard quelques propos de Michel Desmurget qui me semblent problématiques en terme de rigueur de raisonnement (proches du biais de confirmation) afin qu'on en discute. Je laisse déjà ceux que ça intéresse digérer un peu tout ça et apporter éventuellement d'autres contributions.

Rappel : on est dans le pub scientifique, pas dans le pub sociétal. L'idée n'est pas ici d'échanger des opinions ou raconter des trucs personnels du genre "mon petit frère passait 5 heures par jour sur sa Nintendo et il est maintenant chercheur en physique quantique."
L'idée est de partager ici des sources, des études (universitaires, scientifiques), des articles (scientifiques ou de presse), des vidéos, nourrissant l'information sur le sujet.
Merci. :bravo:
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Il paraît que l’adjectif « militaire » dévoie la nature d’une chose. E.g. la musique militaire, la justice militaire, … et donc existe-t-il des écrans militaires ?

Et plus encore, qu’en est il d’un cretin militaire ?

Bon sinon sujet et conversations intéressantes, donc flag
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x
Hors sujet :
Citation :
Considérer que le monteur vidéo, l’infographiste, le designer, … ont une pratique récréative de l’outil serait clairement abusif.

Tiens donc, pourquoi ?
Il me semble que ce sont des métiers qu'on choisit par passion et qu'on a généralement plaisir à faire.

Après, ça reste des métiers, avec les contraintes que ça implique. J'adore faire de la musique ou mixer, mais quand je dois bosser 10 jours d'affilée 9-10 heures par jour sur un set pour quelque raison que ce soit, oui, c'est du boulot et ça ne m'amuse pas forcément des masses tout le temps, et il y a une partie du temps où je préférerais être en terrasse au soleil avec les copains ou à la plage avec ma douce.
ça n'empêche qu'à la base, je m'amuse et je m'éclate. C'est pas incompatible. C'est comme les ingés sons avec qui je bosse, qui sur un live, se sont levés tôt, ont chargé le camion au dépôt, ont fait la route jusqu'au site, monté la scène, monté le son, les lumières, puis fait les balances, puis dîné s'ils avaient le temps, puis sonorisé des groupes jusqu'à parfois deux heures du matin et qui vont encore devoir tout démonter et ramener au dépôt avant de rentrer chez eux. Pourtant, ils kiffent leur taff et les bons sont ceux qui le font en s'amusant.
C'est comme mes potes marins pêcheurs : ils font le métier considéré comme le plus dur et le plus dangereux du monde, ils me parlent de la façon dont ils en ont chié dans la dernière tempête, trempés, les doigts gelés sur le chalut à tirer sur un pont qui gite de dizaines de degrés, parfois des fois où ils ont cru ne pas revenir. Et pourtant, ils disent aussi qu'ils ne changeraient de métier pour rien au monde et que rien ne remplacerait le bonheur qu'ils ont au petit matin de voir le soleil se lever sur l'océan.

Peut-être que trop de gens font des métiers chiants pour se rappeler qu'on peut faire des métiers qu'on a beaucoup de plaisir à faire, ce qui ne les empêche pas d'être autre chose que des vacances ou des loisirs.

Alors non, on ne peut pas parler d'une pratique uniquement récréative, mais d'un usage dont le ludique est loin d'être exclus.
D'ailleurs, musiciens, ingés sons, monteurs, etc font souvent des choses qui vont au delà de la nécessité du métier ou du projet, juste parce que ça les fait kiffer.
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x
Hors sujet :
Je me suis interrogé sur ce concept de ludique et récréatif et tellement de métiers vont en ce sens ... j'ai une copine dont le boulot est de bosser dans les assurances et qui a monté récemment un mur de pierres de 40 centimètres de haut sur 50 de large sur environ 100 mètres, pour son plaisir, pour le côté zen nous dit-elle ... tranquillement le soir après le boulot et pendant ses vacances. On a là le côté récréatif et ludique et apaisant. Après quand tu fais çà à longueur de temps, pendant toute une vie, par tous les temps c'est une autre histoire. Un métier même dur peu se transformer souvent en activité récréative. On peut prendre pareillement la pêche dont tu parlais, quelle douceur de la pratiquer de manière récréative ... Mais ces considérations je pense que Desmurget les a à l’esprit et bien autant que nous.
En ce moment je bosse avec Opentoonz pour faire des animations et si je me suis bien amusé au départ, pour aller au bout d'un projet un peu conséquent ça se révèle être un vrai travail avec des trucs bien longs et "chiants" à surmonter. Rien de commun franchement avec le fait de buller sur facebook à zapper d'un truc léger à un autre pendant des heures ou a jouer à des jeux vidéo des milliers d'heures à ne rien produire d'autre que de la dopamine.
Opentoonz ou Cubase ? je suis pas sûr que tu puisses buller plus de 30 minutes sans te prendre la tête à un moment ou un autre ...
Des types comme Desmurget, qui bossent dans des laboratoires qui sans doute se sont approprié ordinateurs et écrans bien avant le commun des mortels - ça me rappel quand j'avais 8 ans en Côte d'Ivoire, en 1978, j'avais passé un moment à jouer sur un ordinateur dans le bureau d'un ami biologiste qui étudiait le système cardio-vasculaire des chauve-souris ... - donc Desmurget a probablement connu ce monde avant tout le monde, joué et travaillé se l'appropriant avant tout le monde. Il utilise probablement depuis bien longtemps pour son boulot des logiciels du genre de ce qu'on peut trouver pour le montage audio et vidéo. Tu as d'ailleurs plein d'écoles qui utilisent ces logiciels de montage et les enseignent. A ce titre c'est complètement académique, pour faire un trait d'union avec ce qu'on disait plus haut.

[ Dernière édition du message le 13/09/2022 à 08:57:14 ]

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Trouver du plaisir dans son métier n’en fait pas une activité ludique.

Les médecins trouvent du plaisir dans leur métier, les carreleurs, les banquiers, … et ça n’en fait pas des ludiques. Quand j’étais archi il m’arrivait de trouver du plaisir dans mon taff, et ça n’en faisait pas franchement une activité ludique.
Si on suit cette absence de logique, chaque métier peut être ludique par moment.

On peut se la jouer chiant: tout ce qui n’est pas profession reconnue d’utilité publique c’est ludique. :8O:

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Démos Audio / Soundcloud BTSLa chaîne YouTube

"001001001111010010010010100010 !" Mireille DAC.

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La question n'est pas le plaisir. La question, c'est la différence entre passivité et activité.

Un enfant qui passe ses journées devant des dessins animés est passif : il n'utilise pas son corps, il n'utilise pas le langage, il n'a pas d'interactions avec d'autres humains, pas d'activité symbolique. Plutôt que de créer lui-même (activement) les conditions qui lui permettent d'échapper à l'ennui (par le jeu, seul ou avec des congénères, câd l'invention d'histoires et de règles de coopération), il est bombardé de stimulus lumineux (qui mettent le cerveau dans un état de surexcitation hypnotique qui n'est pas normal) et il bouffe des contenus stéréotypés et souvent débiles dont l'unique objectif est finalement de le rendre disponible pour la publicité qui suit...
Encore une fois, c'est surtout chez les enfants que l'usage des écrans est considéré comme dangereux.
Chez l'adulte, c'est une autre problématique, qui tient plus à l'usage du temps libre qu'au développement cognitif (mais la question du développement de la bêtise et de l'apathie rejoint celle du développement cognitif chez l'enfant) : l'économie de l'attention, qui caractérise des acteurs économiques surpuissants comme Facebook, Youtube, Google ou TikTok, a pour unique objectif de capter du temps de présence devant un écran, et pour cela les algorithmes favorisent les contenus les plus "immédiatement satisfaisants", câd nécessairement les plus putassiers, choquants, vulgaires et débiles... Bernard Stiegler montre dans son travail que le profilage algorithmique favorise les contenus qui suscitent une réaction immédiate, avec pour unique finalité de scotcher l'utilisateur devant son écran, et que cette constante excitation pulsionnelle est l'inverse exact de ce qu'on appelle une culture, câd la sublimation des pulsions en des contenus symboliques plus complexes et plus riches que le simple couple plaisir/déplaisir... La complexité des contenus culturels conditionne le fait que les "goûter" nécessite un effort (par exemple lire un livre, regarder un film de Godard ou de Tarkovski), et un effort considérable pour en créer de nouveaux. Rien de tel avec les X-Men ou TikTok...
Selon moi, depuis les premiers épisodes du Loft Story en 2001 (qui ironiquement marquent le début du XXIe siècle), nous avons passé un cap dans la destruction de la culture par l'économie de l'attention. TikTok et l'ère des influenceurs sont venus poser la cerise sur le gâteau...
Quand j'ai amené ma fille attendre son bus pour le collège le premier jour de la rentrée (première année de 6e), j'ai constaté que TOUS les gamins attendaient le bus en scotchant devant leur smartphone (généralement 2 fois plus gros que le mien), à mater des vidéos sur tiktok. J'avoue ne pas comprendre comment les parents peuvent payer le smartphone à plusieurs centaines d'euros et le forfait à plusieurs Go pour que leurs gosses passent leur matinée et leur soirée devant des contenus de merde (d'autant que l'usage du téléphone est interdit dans l'enceinte du collège). Alors même que l'école affronte les problèmes que l'on sait, sa tâche est considérable pour empêcher que tous ces gosses ne se transforment en purs consommateurs sans culture

Pour en revenir à l'usage professionnel des écrans, il y a évidemment des problèmes (l'écran exerce une attraction hypnotique sur l'attention, c'est un aspect cognitif dont on doit pouvoir trouver l'explication sur wikipedia et qui explique le fait qu'on peut passer des heures à bosser devant un écran sans ressentir la fatigue de la même façon que devant un livre), mais il ne s'agit pas de bouffer du contenu et de servir l'économie de l'attention. Il s'agit d'utiliser un outil technique pour créer des contenus. Non seulement on passe de passif à actif, mais en plus on sort de l'économie de l'attention.
A moins bien sûr qu'on produise de la merde pour permettre aux multinationales de vendre la leur...
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+1
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Citation de Will Zégal :
C'est une tarte à la crème que de dire que les écrans en général fabriquent de futurs crétins.

Et pourtant, il y a des contradictions à ces affirmations de "fabrique du crétin digital", comme cet épisode de l'excellent podcast "le code a changé" de Xavier De la Porte : "sommes nous vraiment en train de fabriquer des crétins digitaux ?" où il reçoit Anne Cordier
Citation :
maîtresse de conférences HDR en sciences de l'Information et de la communication à l'Université de Rouen. Elle est spécialiste des usages et pratiques numériques, particulièrement des "jeunes", ainsi que de leurs usages et a réalisé de nombreuses enquêtes de terrain auprès des publics jeunes.




Initialement j’avais downloadé le podcast pour l'écouter , arrêtant très vite devant des "raccourcis" faciles et la mise en avant, hors contexte, de certains pans du livre de Desmurget et l'occultation d'autres pans pourtant cruciaux (...) et en fin de compte le podcast s'est retrouvé dans ma bagnole et j'ai pu tout écouter sur des trajets ...

Ce serait trop long d'énumérer toutes les déviances et discordances que j'ai pu noter. Pourtant la plus importante à mon avis, en toile de fond du discours, c'est la dichotomie opérée méthodiquement entre sciences sociales et les autres sciences, par exemple ici les neurosciences. On a bien compris que le social est autre que la neurologie, comme la biologie est autre que la physique mais ici, dans son discours, ce qui pourtant lie ordinairement ces différentes choses à la base, a savoir la science ou dit autrement, la démarche scientifique, on fini par admettre que c'est faux et qu'il y a plusieurs "sciences" ou "façons" d'être scientifique, plusieurs démarches scientifiques. Ainsi Anne Cordier oppose non seulement les disciplines elles mêmes mais également la démarche fondamentale des acteurs de ces disciplines: la science.
Pour donner une image je vais le dire autrement: prenons par exemple un duo guitare/chant. On a bien deux disciplines, la guitare et le chant, idéals d'ailleurs pour jouer ensemble, mais on a aussi deux musiciens qui utilisent un langage commun, la musique pour faire de la musique (musique ici employée à la place de science). La musique donc et des différentes facettes musicales ... Bref si tu chantes tu fais de la musique et si tu joues de la guitare tu fais de la musique aussi, il n'y a pas 2 musiques qui s’opposent dans les activités humaines ... et d'ailleurs guitaristes et chanteurs peuvent jouer ensemble ... pour faire de LA musique. Comme il y a LA science.
C'est fabuleusement vicieux cette façon de tordre subtilement le discours dans la tête des gens pour arriver à lui faire dire quelque chose qui va dans le sens qu'on veut. A mesure que j'écoutais le podcast, je n'en finissais pas d'être impressionné par le niveau de séduction qui opère si on ne prend pas garde à être vraiment rigoureux ou si on en a pas les moyens ...
Comme si les sociologues en vérité travaillaient contre les neuroscientifiques ! ou bien comme si un neuroscientifique de très haut niveau obtenant des conclusions impressionnantes dans une étude, dans son domaine, pourrait honnêtement se passer des conclusions de la recherche scientifique des sciences sociales pour ce même domaine de recherche, depuis 50 cinquante ans ... c'est infantilisant et ubuesque. Ultra naïf et ... ultra efficace, une pure séduction idéologique.

Je le redis, ce livre n'est pas un travail de neuroscience mais une synthèse pluridisciplinaire des différentes études disponibles sur le sujet, depuis des dizaines d'années. Les études sérieuses de spécialistes en sciences sociales, reconnues par la communauté scientifique et publiées dans des publications majeures et évaluées, donc faisant consensus, en font donc partie intégrante.

En lisant Desmurget je trouvais à un moment qu'il en faisait trop à propos des discours malhonnêtes ou/et incompétents ou/et en conflits d’intérêt, que ça prend trop de place dans son livre. Et bien là on est servi et on se rend compte à quel point on a affaire à forte partie en matière de conflit d’intérêt, avec le dernier mot prononcé du podcast : Fabernovel. Podcast produit en partenariat avec https://www.fabernovel.com/ racheté il y a peu par EY https://fr.wikipedia.org/wiki/EY_(entreprise)

[ Dernière édition du message le 14/10/2022 à 10:20:30 ]

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"les jeunes ne lisent plus"... ok... mais les vieux non plus ! :lol:
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La Suède revient en arrière sur l'emploi des écrans à l'école.

« La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. », Friedrich Nietzsche. ♫

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Citation de Point-virgule :
La Suède revient en arrière sur l'emploi des écrans à l'école.


Oui, j'ai remarqué ça aussi dans les titres du Monde.
Je serais curieux de connaître l'histoire de cette "tendance" récente à accompagner l'enseignement par des écrans.
Quel lobby a pu ainsi influencer le ministère de l'éducation ? Sur quels textes théoriques se sont-ils appuyés ? Qui en a bénéficé ?
Je sais que beaucoup d'administrations utilisent Microsoft Office ou les logiciels Adobe (ce qui est aberrant quand on connaît Libre Office par exemple, et quand on constate avec quelle insistance nos chers ministres cherchent toutes les économies possibles sur tous les postes possibles, mais qui pèsent généralement sur les salaires ou le nombre d'emploi, pas vraiment sur la construction de rond-points ou les marchés ouverts aux entreprises privées comme le matériel informatique software et hardware).
J'imagine que là encore, il s'agit d'intérêts privés très circonscrits qui déterminent toute une politique éducative absurde...
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Tiens, j'avais pas eu le temps de revenir ici.

Bon, j'ai pris il y a quelques mois le livre de Desmurget à ma médiathèque. Pour plein de raisons, je n'ai pas eu le temps de le terminer avant de le rendre, mais j'en ai lu une grosse moitié ou les 2/3.

Premier truc : ce livre est une plaie. Il est extrêmement mal écrit. D'abord avec un ton permanent d'indignation qui, s'il est justifié (j'y reviens), est assez pénible à lire et semblerait confiner à la vindicte. Ensuite, il passe sont temps à se répéter et à tourner en boucle.
Non seulement sur la première partie qui concerne les mensonges (médiatiques et pas que) sur les effets délétères des écrans, l'utilisation de pseudo-experts pour faire passer comme souhaitable la multiplication des écrans auprès des jeunes, etc. Mais également dans la seconde partie normalement plus dédiée aux preuves de la nocivité et dans laquelle l'auteur revient pourtant en boucle sur des dénonciations qui devraient être en première partie.

Ce n'est clairement pas la seule cause, mais ça a pu contribuer à ce que je n'ai pas le temps de lire le livre jusqu'au bout. Car c'est pas le genre de bouquin qui passionne et qu'on a plaisir à reprendre, fut-il ardu (ce qui n'est pas le cas, par contre : rien de compliqué dans ce qu'il explique).
De même, les rares graphiques sont très mauvais : parfois abscons par manque de légende claire, parfois mal reproduits les rendant peu lisibles.

Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite


Par contre, la démonstration est implacable. Je résume :
- les écrans sont délétères chez les enfants. Plus ils sont jeunes, plus c'est délétère
- il n'y a aucune preuve de bénéfice réel de l'usage du numérique sur d'autres méthodes pour l'apprentissage. Plutôt au contraire.
- la plupart des gens qui prétendent le contraire dans les mass media le font en conflit d'intérêt et en contradiction avec les résultats des études. Bref, il y a un vrai mensonge médiatique à ce sujet
- le temps d'usage des écrans chez les enfants augmente

Voilà voilà. Le game est plié.

Reste qu'il s'agit de la parole d'UN expert. Parole argumentée (ces démonstrations contre les mensonges médiatiques sont implacables), mais qui a pu pratiquer du cherry picking.
Reste à voir aussi s'il n'y a pas à l'inverse d'autres effets bénéfiques quant à l'usage du numérique à partir d'un certain âge. Je pense notamment à l'adolescence où la socialisation est si importante.

Je travaille avec des élèves d'un collège. Ils ont eu une fois une réflexion intéressante disant "on se parle sur les réseaux alors qu'on ne se parle même pas dans la cour". Et ils sont évolué suite à ça. C'était leur réflexion, pas celle d'un prof. Mais me rappelant mes années collège et les personnes isolées parce que pas dans la game, trop timides, etc, je me dis qu'elles auraient peut-être été aidées par la présence de réseaux sociaux pour échanger avec leurs camarades.

Difficile de répondre à tout ça et de toutes façons, le phénomène est là. Par contre, clairement, j'ai toujours senti (et je ne suis pas le seul) qu'il n'était souhaitable de mettre les enfants devant les écrans et ce bouquin le confirme clairement.
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Merci, ça me fait penser à mon petit neveu.
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Citation de Will Zégal :
Tiens, j'avais pas eu le temps de revenir ici.

Bon, j'ai pris il y a quelques mois le livre de Desmurget à ma médiathèque. Pour plein de raisons, je n'ai pas eu le temps de le terminer avant de le rendre, mais j'en ai lu une grosse moitié ou les 2/3.

Premier truc : ce livre est une plaie. Il est extrêmement mal écrit. D'abord avec un ton permanent d'indignation qui, s'il est justifié (j'y reviens), est assez pénible à lire et semblerait confiner à la vindicte. Ensuite, il passe sont temps à se répéter et à tourner en boucle.
Non seulement sur la première partie qui concerne les mensonges (médiatiques et pas que) sur les effets délétères des écrans, l'utilisation de pseudo-experts pour faire passer comme souhaitable la multiplication des écrans auprès des jeunes, etc. Mais également dans la seconde partie normalement plus dédiée aux preuves de la nocivité et dans laquelle l'auteur revient pourtant en boucle sur des dénonciations qui devraient être en première partie.

Ce n'est clairement pas la seule cause, mais ça a pu contribuer à ce que je n'ai pas le temps de lire le livre jusqu'au bout. Car c'est pas le genre de bouquin qui passionne et qu'on a plaisir à reprendre, fut-il ardu (ce qui n'est pas le cas, par contre : rien de compliqué dans ce qu'il explique).
De même, les rares graphiques sont très mauvais : parfois abscons par manque de légende claire, parfois mal reproduits les rendant peu lisibles.

Spoiler - Cliquer ici pour lire la suite


Par contre, la démonstration est implacable. Je résume :
- les écrans sont délétères chez les enfants. Plus ils sont jeunes, plus c'est délétère
- il n'y a aucune preuve de bénéfice réel de l'usage du numérique sur d'autres méthodes pour l'apprentissage. Plutôt au contraire.
- la plupart des gens qui prétendent le contraire dans les mass media le font en conflit d'intérêt et en contradiction avec les résultats des études. Bref, il y a un vrai mensonge médiatique à ce sujet
- le temps d'usage des écrans chez les enfants augmente

Voilà voilà. Le game est plié.

Reste qu'il s'agit de la parole d'UN expert. Parole argumentée (ces démonstrations contre les mensonges médiatiques sont implacables), mais qui a pu pratiquer du cherry picking.
Reste à voir aussi s'il n'y a pas à l'inverse d'autres effets bénéfiques quant à l'usage du numérique à partir d'un certain âge. Je pense notamment à l'adolescence où la socialisation est si importante.

Je travaille avec des élèves d'un collège. Ils ont eu une fois une réflexion intéressante disant "on se parle sur les réseaux alors qu'on ne se parle même pas dans la cour". Et ils sont évolué suite à ça. C'était leur réflexion, pas celle d'un prof. Mais me rappelant mes années collège et les personnes isolées parce que pas dans la game, trop timides, etc, je me dis qu'elles auraient peut-être été aidées par la présence de réseaux sociaux pour échanger avec leurs camarades.

Difficile de répondre à tout ça et de toutes façons, le phénomène est là. Par contre, clairement, j'ai toujours senti (et je ne suis pas le seul) qu'il n'était souhaitable de mettre les enfants devant les écrans et ce bouquin le confirme clairement.


Merci pour cette fiche de lecture.

Je réagis juste à ta réflexion concernant les adolescentes et adolescents timides : je ne suis pas sûr que les écrans les aident réellement en leur permettant de communiquer sur les réseaux avec des camarades. La période de l'enfance et de l'adolescence est précisément une période de formation, de développement : l'idée n'est pas de suppléer à d'éventuels problèmes relationnels avec des outils externes, mais plutôt d'apprendre à gérer l'émotivité et de développer des compétences relationnelles qui permettent à l'adulte de vivre sans problèmes parmi ses congénères.
À la limite, le fait de suppléer aux problèmes en passant par les réseaux sociaux ne fait que conforter les personnes timides dans leurs problèmes : comment pourraient-elles régler ces problèmes plus tard si il est possible de les éviter en s'enfermant chez soi. Je parle en tant que personne plutôt timide et complexée à l'adolescence, avec un recours fréquent et fort problématique à certains psychotropes et/ou comportements débiles pour trouver ma place dans le groupe (on parle trop rarement de ces problèmes et de leurs conséquences pour les conditions de travail du corps enseignant : j'ai vraiment été un gros emmerdeur de prof, et je n'en suis pas fier du tout). C'était douloureux, mais sans doute nécessaire de faire l'expérience de ces problèmes pour comprendre plus tard comment gérer mes problèmes relationnels et devenir un adulte épanoui (dans la mesure du possible lorsque la société est complètement démente tout autour).
Je dis cela parce que j'aurais préféré avoir d'autres ressources que ces conneries pour arriver à régler mes problèmes d'adolescent. Je pense que le recours aux écrans est une autre non-solution qui à mon avis est encore plus problématique (même si c'est plus cool pour les profs).
39
Citation :
Je réagis juste à ta réflexion concernant les adolescentes et adolescents timides : je ne suis pas sûr que les écrans les aident réellement en leur permettant de communiquer sur les réseaux avec des camarades.

Je n'en suis pas sûr non plus. :bravo: Je n'ai pas d'études pour estimer le pour ou le contre et les exemples particuliers n'ont pas valeur de règle globale.
40
Will je réagis à ta reaction et en tout cas c'est cool car tu as au moins lu la moitié ou 2/3.

Mais je pense que sur un sujet aussi grave, malgré tes réticences sur le côté littéraires, tu aurais du aller au bout du livre. Il y a en effet des choses importantes dans le dernier tiers. Surtout à ce niveau d'expertise.

Citation :
Reste qu'il s'agit de la parole d'UN expert.


Je ne suis pas d'accord avec cette assertion car ce livre est la synthèse d'environ 1200 études. Ce qui est quand même très différent d'une "parole" d'expert.
Libre à chacun de reprendre le travail et de le vérifier.
Récemment j'ai émis le même doute que toi à propos d'un livre d'histoire qui est la thèse d'un historien expert auprès d'une amie docteur en histoire, en lui disant que quand même je trouvais que certaines analyses me semblaient potentiellement "interprétées". Elle m'a demandé le livre en question et m'a dit que non puisque tout était sourcé par des études comptabilisé dans le troisième tiers du livre (environ 200 pages de référence si mon souvenir est bon) ... Même chose pour le livre de Desmurget, on peut avoir l'impression que c'est sa parole mais non il ne fait que révéler les études qui en plus font consensus, avec ses mot bien sûr et ses excès de colère (il est pas mal attaqué on peut l'imaginer par une industrie sans scupules), mais ça reste de la synthèse. D'ailleurs Desmurget ne traite pas dans ce livre de sa spécialité ou de sa propre expertise qui touche à d'autres sujets quand à son métier.

Citation :
Reste à voir aussi s'il n'y a pas à l'inverse d'autres effets bénéfiques quant à l'usage du numérique à partir d'un certain âge. Je pense notamment à l'adolescence où la socialisation est si importante.


Ce sujet est bien évidemment étudié en profondeur par de multiples études ...


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Citation :
Je travaille avec des élèves d'un collège. Ils ont eu une fois une réflexion intéressante disant "on se parle sur les réseaux alors qu'on ne se parle même pas dans la cour". Et ils sont évolué suite à ça. C'était leur réflexion, pas celle d'un prof. Mais me rappelant mes années collège et les personnes isolées parce que pas dans la game, trop timides, etc, je me dis qu'elles auraient peut-être été aidées par la présence de réseaux sociaux pour échanger avec leurs camarades.


A l'inverse on peut évoquer le solitude numérique ... isolé dans la cours ...isolé sur la toile ...
42
Je prends avec beaucoup de pincettes les études, même au nombre de milliers, dans le domaine de la psychologie cf. le verdict de l'oiseau Dodo mais aussi dans le domaine des sciences sociales et jusqu'à, hélas, les sciences les plus dures cf. la crise de la reproductibilité.

J'ai encore vu passer un article en ce sens dans la presse très récemment. Pour connaître de l'intérieur la fabrique des sciences sociales, fréquenter des sociologues et en entendre, je sais combien ça peut manquer de rigueur et être orienté en fonction des financements et des résultats attendus. Et il en est de même dans d'autres branches. Nombreux sont ceux qui vont chercher la confirmation plutôt que l'infirmation de leurs axes de recherches (et de manière plus générale, aujourd'hui, ceux qui essayent de "penser contre eux-mêmes" se font très rares).

Sur un plan épistémologique, ces débats sont passionnants, et le point de vue de Thomas Khun me semble particulièrement juste : la science avance plus par à-coups, crises, remises en causes profondes et en fonction de conditions sociales particulières que par progrès linéaire, rationnel et objectif.

Bref, pour en revenir au sujet des écrans, on entend un peu tout et son contraire. J'ai du mal à ne pas me dire qu'on court droit à la catastrophe mais je pense que la problématique de l'ignorance et de la bêtise est plus large que le seul numérique ; je dirais qu'on fait face à une grande difficulté à faire sens commun.

En tous cas, j'essaie désormais de réduire mon temps d'écran et ça me fait le plus grand bien.

« La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. », Friedrich Nietzsche. ♫

[ Dernière édition du message le 20/10/2023 à 13:17:45 ]

43
Citation :
faire sens commun.

Qu'entends tu par là ?
44
Que faire sens et faire commun deviennent de plus en plus compliqué.

« La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. », Friedrich Nietzsche. ♫

45
Je veux bien que tu précises encore un poil.
46
Pas assez le moral pour ça. Une autre fois peut-être.

« La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. », Friedrich Nietzsche. ♫

47
Ok.
48
Sans vouloir répondre à la place de point-virgule je pense qu'il veut dire par "faire sens commun" le fait de fabriquer une culture commune, des références morales, éthiques ou esthétiques communes, qui nous permettent de partager et de vivre ensemble d'une façon qui fait sens, et pas uniquement comme des agents économiques qui achètent ou vendent à un autre agent.
Notre société est complètement fragmentée, de plus en plus clivée :
- politiquement, il devient impossible de parler avec quelqu'un qui se situe dans un autre bloc politique que soi (un peu comme aux Etats-Unis, républicains et démocrates sont devenus ennemis mortels après Trump)
- religieusement, beaucoup de musulmans détestent les juifs, beaucoup de juifs détestent les musulmans, et les autres regardent en pleurant (ou en détestant à leur tour l'un ou l'autre : à ce titre le conflit israëlo-palestinien est désespérant)
- plus globalement, le capitalisme créé des groupes sociaux de plus en plus séparés, du fait de niveaux de vie, de lieux de vie, d'opportunités et/ou d'accès aux ressources culturelles ou économiques de plus en plus distincts. Personnellement je n'ai jamais vu autant de Porsche de ma vie que ces 5 dernières années (on parle de voitures à plus de 100 000€ quand même), et je n'ai jamais vu non plus autant de misère crasse dans les villes ou les villages, avec la délinquance et les pratiques toxiques qui vont avec...

Il n'existe plus de grand récit susceptible de faire "sens commun" pour toutes les populations très hétérogènes qui constituent nos sociétés contemporaines. Le diagnostic a au moins été posé dès les années 80 avec la définition du post-modernisme par Lyotard, mais en 2023 on est à des années lumières de tout ça : plus personne ne croit en la démocratie, plus personne ne croit au progrès, à l'école, à la politique... Chacun consomme de son côté, sans que rien d'autre ne fasse sens. Même la perspective d'une auto-destruction avec le changement climatique et les limites planétaires ne fait plus réagir l'immense majorité. Et évidemment, il y a des contre-exemples de tous les côtés, des zadistes aux activistes militants en passant par ceux qui sont bénévoles dans une asso ou tentent de créer des oeuvres "qui font sens" - mais ces gens sont de plus en plus marginaux et poussés à la radicalité.
J'imagine donc que Point-Virguel a voulu évoquer ce genre de problématiques (sans doute pas comme moi, mais plus ou moins dans ces perspectives là)...
Maintenant, le lien avec les écrans est plus complexe, mais je suis persuadé qu'il existe. En tout cas, avec internet et les réseaux plus qu'avec les écrans, j'en suis persuadé.
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j'imagine que ça devrait être ça pour point virgule, mais en effet ça nous embarque vers un hs aussi compliqué que conséquent.
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Merci Calagan.

« La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. », Friedrich Nietzsche. ♫