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Sujet [Bien débuter] Des normes ? Énorme...

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1 [Bien débuter] Des normes ? Énorme...
Des normes ? Énorme...
Suite de notre dossier sur le volume, ses conséquences sur la musique, le son et nos oreilles.

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41
Citation :
Los Teignos > Je comprends très bien ton point de vue, mais penserais-tu pareil ou aurais-tu le même cheminement, le même parcours musicale si tu n'avais pas eu ce problème auditif ?


Ben clairement non, vu que c'est à cause de ce problème que je me suis mis à la MAO, que j'ai fait un site sur la MAO et que Psycom qui démarrait Audiofanzine m'a proposé d'héberger ce site, puis m'a embauché pour animer l'éditorial d'AF.

Ce problème a donc conditionné ma vie : mon premier article pour AF était à ce sujet d'ailleurs.

Mais précisément parce que je suis passé par ce problème, je me sens obligé d'avertir : les problèmes d'oreilles n'arrivent pas qu'aux autres. Et selon un documentaire d'Arte que j'avais vu sur le sujet, on estime que 15% de la population mondiale souffre d'acouphènes : 3 sur 20! Et probablement plus dans les pays en guerre ou dans nos sociétés où l'on ne parle plus seulement de bruit mais de pollution sonore. Une pollution sonore qui réduit l'espérance de vie d'après cette étude de l'OMS.

Or, être hyperacousique te rend hyper conscient des formes que peut revêtir cette polution et s'il n'est pas du devoir d'AF de parler des bruits des autoroutes ou des marteaux piqueurs, la musique fait partie de cette pollution, à cause de la façon dont on la consomme aujourd'hui (car oui, c'est devenu un bien de consommation au-delà d'un art). Et si elle n'est pas intrinséquement une pollution, elle le devient à cause de son omniprésence (quasiment tous les commerces et lieux publics passent de la musique, que ce soit pour couvrir le bruit ou pour stimuler certains comportements) et du niveau auquel on la diffuse.

La différence en outre entre les problèmes d'audition et le fait d'avoir chaud ou froid dans un magasin, tient au fait qu'ils sont plus dificlement évitables (certes, tu peux te boucher les oreilles ou partir, mais c'est moins simple que d'enlever ou de fermer son blouson) et qu'ils sont surtout irréversibles. En cas de traumatisme sonore, des cellules sont détruites dans l'oreille et, si l'on en croit la médecine, des 'dommages' sont même causés au cerveau : des gens qui souffraient d'acouphènes sévères (précisons qu'un acouphène, ça peut être le son d'un avion à réaction en permanence) ont demandé à se faire sectionner le nerf auditif ou détruire la cochlée, croyant retrouver le silence dans la surdité. Et à leur grand désarroi, les acouphènes persistaient, preuve qu'ils ne s'agit pas d'un simple dommage de l'oreille.

Les traumatismes auditifs sont en outre extrêmement durs à prévenir parce qu'ils interviennent bien avant le seuil de douleur, et qu'ils surviennent dans des contextes où l'on aurait tendance à s'abandonner, à baisser la garde. Après tout, quand on va dans un restaurant, on ne se dit pas qu'on va se faire empoisonner même si c'est possible. Et c'est pareil quand on va à un concert, au cinéma ou qu'on écoute son baladeur dans le métro. On est dans un dynamique de plaisir, et l'on s'abandonne aux professionnels que l'on paye pour nous faire plaisir. On a confiance. Et dans bien des cas, on a tort d'avoir confiance car si les plus consciencieux de ces professionnels respectent les réglementations sur le bruit (réglementations qui, vous pouvez vous en informer auprès de n'importe quel ORL, sont très loin de garantir la sécurité comme elles le font en Irlande : U2, habitué à ruiner les oreilles de tous les gens, en fait régulièrement les frais à coup d'amendes), un paquet ne les respectent pas. Je ne dis pas nécessairement que ces gens sont mal intentionnés, mais il semble évident que la plupart ne connaissent rien à propos de l'audition sur le plan physiologique et médical, ou ne veulent pas le savoir par peur de nuire à leur business ou à leur activité. Et je me dois de le souligner : même si c'est à différents degrés suivant les organismes, tous ceux qui écoutent durant 1h et demie un concert à 105 dB repartent avec une oreille en moins bon état qu'avant le concert.

Les gens ont bien intégré la notion du capital soleil, poussée par les fabricants de cosmétiques pour vendre des flacons de lotion solaire, mais il semble que peu aient encore assimilé le concept de capital Audition, sans doute parce que le silence n'est pas une denrée commercialisable (encore que ça commence à se voir dans les TGV et que la première chose qui distingue un resto de luxe d'une brasserie lambda, une BMW haut de gamme d'une Fiat Panda, c'est d'abord la qualité de silence qu'on y trouve).

Je reviens enfin à ta notion du son fort qui fait plaisir : oui, moi aussi, j'ai kiffé en poussant à fond un morceau que j'adore pour me mettre la pêche le matin. Et pour autant, c'est moi qui choisis de le faire alors que dans un ciné, un resto ou un concert, je n'ai pas accès à la commande de volume. Alors entre le zozo qui surcompresse son mix, le zozo qui pousse le bouton du volume et le zozo qui dit qu'il faut de la musique partout, tout le temps, parce que ça fait vendre, je vois mal comment ne pas devenir un brin agressif sur le sujet.

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

[ Dernière édition du message le 17/05/2015 à 02:37:31 ]

42
Ouais il a raison le Teignard. Bon c'est vrai qu'il y a encore des gens qui aiment se prendrent 140db à un concert ou en boite, ou qui apprécient la sonorisation avec infrabasse toutes les 5 secondes des blockbusters pour beaufs, mais là c'est pas les oreilles le problême, c'est ce qu'il y a entre les deux.

[ Dernière édition du message le 17/05/2015 à 01:53:06 ]

43
Belle formule !
:bravo:

[ Dernière édition du message le 17/05/2015 à 02:02:36 ]

44
Je reviens d'un concert au Gibus et j'ai été étonné de ne pas vraiment ressentir le besoin de porter mes bouchons bien qu'il s'agisse de rock. Comme quoi on peut faire un son très correct pour le lieu, avec la puissance de l'interprétation restituée sans pour autant se faire assommer par les décibels. J'ai en revanche immédiatement remis les bouchons en entrant dans le métro, je supporte pas les freins qui grincent.

J'ai lu beaucoup de commentaires sur le fait que "le rapport entre la dynamique d'un mix et les normes de diffusions/volume d'écoute ne sont pas liées". Je ne suis pas d'accord pour une raison très simple : Quand un mixage à plus de profondeur, sans maximiser à outrance, on peut écouter plus fort en se faisant moins de mal.

Prenons un exemple tout simple : ce qui nous fait danser en boite, c'est la grosse caisse. Si on prend les vieux morceaux de disco des 70's/80's la grosse caisse est clairement devant, mais la dynamique du mixage laisse de la place aux autres instruments et la grosse caisse n'avale pas pour autant le reste (effet de masque non accentué par la compression). De fait, on peut mettre fort pour avoir le kick qui synchronise tous les battements de cœur de la salle mais l'équilibre du mixage permet de tolérer la puissance "ponctuelle" de la grosse caisse.
Qu'on soit d'accord : je ne parle pas de la compression des éléments séparés, mais bien du rapport entre les différents éléments. Un effet secondaire de la compression master outrancière est de "mettre tout devant".

Si on prend un mix actuel trop "maximisé", le traitement de mastering "loudness war" tend à remonter les autres instruments en rabotant les crêtes de la grosse caisse. Résultat, pour avoir la même sensation de puissance de la grosse caisse qu'avec le mix 70's, on a +8dB des autres instruments dans la tronche et là c'est fatigant.

Je viens de réécouter un exemple parfait de ce phénomène : The Lexicon of Love d'ABC, remastering de 2004.
Bien que le nouveau mastering soit un peu plus "fort" que le CD original, l'album est environ 6dB en dessous de, au hasard, Ugly Boy de Die Antwoord, sorti cette année.
Mais franchement, qu'est-ce que c'est bon au niveau du mix, c'est profond, il y a du relief, c'est vivant.

Je vous conseille particulièrement Valentine's Day sur cet album, ne serait-ce que pour le tour de force de caser autant d'instruments ensemble sans que ça devienne une bouillie infâme.
Je suis sûr qu'un producteur face à cet arrangement dirait aujourd'hui "des cuivres en plus des synthés et des violons ? On peut pas, ça va faire de la bouillie au mastering". Eh bien Trevor Horn n'a pas compressé au mastering et a concrétisé ces arrangements outranciers.

Le Die Antwoord à côté, compense justement l'aspect "loudness war" avec un arrangement réduit à l'essentiel : les voix, la BAR, une basse, une lead et un Pad. Mais si on écoute "Ugly boy" après "Valentine's day" on est fatigué à la fin du morceau alors que celui d'ABC est bien plus chargé.

Qu'est-ce que ça donne en boite de nuit ? Le morceau d'ABC fait danser et passe tout seul, le Die Antwoord est abrutissant malgré son arrangement épuré.

Donc je pense qu'on peut diffuser plus fort un mix qui a une dynamique plus profonde, encore une fois, tout est question d'équilibre à chaque maillon de la chaîne.

Rob' Schneider,

Ingénieur du son et musicien à We Tailor Sound,

Musicien joker de Joe Chicago 

Favorite tools : Samar VL37A, PorticoII, Reaper, AirEq, Decapitator, Nvelop, UADEMT140

[ Dernière édition du message le 17/05/2015 à 02:20:40 ]

45
Ta réflexion sur le Gibus me fait penser à une autre interrogation : même avec les meilleures intentions du monde, est-il possible de sonoriser une grande salle autrement qu'en atteignant des niveaux dangereux pour une partie du public? Perso, je n'ai jamais vu un concert au Zénith ou à Bercy qui ne soit pas beaucoup trop fort, au point que j'ai décidé il y a deux ans que je n'y remettrai plus jamais les pieds pour privilégier les petites salles.

C'est de cela dont je voulais parler quand précédemment, j'évoquais les Beatles. Un concert dans un stade : à part pour faire un paquet de fric direct d'un coup et permettre à 90% du public de regarder un groupe sur un écran plutôt que sur scène, est-ce que vraiment c'est souhaitable?

En matière d'écologie comme d'économie, un paquet de gens prônent la récession. Ne peut-on pas se demander si la chose est pertinente du point de vue du son et de l'événementiel? Certes on peut faire des concerts devant 80 000 personnes. Mais c'est quoi le but? Qu'est ce que ça amène? Le fait-on juste parce qu'on peut le faire techniquement? Et si c'est le cas, est-ce que ça vaut de bousiller l'audition des gens qui, manque de bol, ne seront pas situés au bon endroit sur la pelouse et se feront doser par des façades déployant des dizaines de milliers de Watts?

Par ailleurs, sachant que dans les traumatismes auditifs, la durée d'exposition et le niveau sonore sont liés, et que le temps de récupération est primordiale pour ne pas aggraver les choses, ça rime à quoi un festival comme le Printemps de Bourges, par exemple? Parce que tous le monde y va pour voir des concerts 'pas chers', les enchaîne donc, sur un jour, deux jours... Je veux bien passer pour réac', vieux ou con, ou ce qu'on veut, mais ce n'est pas parce qu'on fait ça depuis 30 ans que ça en fait quelque chose qu'il ne faut pas remettre en question. Après tout, pendant plus longtemps encore, on a donné de la vache à manger à de la vache jusqu'à se rendre compte qu'effectivement, c'était complètement con car dangereux.

Aujourd'hui, et parce qu'aussi je me suis bousillé les oreilles au Printemps de Bourges, le principe même du Festival m'apparaît aussi dingue que ces concours où il faut se gaver de saucisse. C'est quoi le plan? En voir un max pour le moins cher possible? Jusqu'à saturation des tympans? Comme à la putain de 'fête' du cinéma? Impossible de ne pas voir ça comme une dérive de l'industrialisation de la musique. Et le Festival, du coup, d'être la version Hard Discount du spectacle vivant.

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

[ Dernière édition du message le 17/05/2015 à 03:20:14 ]

46
Citation :
Oh certes, leur but n'est pas de rendre sourds les gens : ils n'en ont juste rien à foutre, ce n'est pas leur problème.


C'est tout un système.

Pourquoi, en 2015, les fabricants proposent encore des amplis 100 watt?
Pourquoi les batterie electronique sont encore considérées aujourd'hui comme des "faux" instruments (surtout dans le rock)
Pourquoi ne pas definir des normes de diffusion "en fonction des dimensions de la salle"?
Pourquoi, quand tu vas sur le forum des guitaristes, tu constates que 70% de ceux ci pensent toujours qu'ampli a lampe 100w sonne mieux qu'un POD?

47
Losteignos>> je suis entièrement d’accords sur pas mal de tes arguments et de ton expérience surtout sur la pollution sonore qui contribue à diminuer notre durée de vie (parmi d'autres pollutions plus grave pour moi : l'air, le pollen, les fines particules etc car combien de personnes meurent chaque années de problèmes respiratoires ? A mon avis + que des problèmes d'auditions) La dépression, le manque de sommeil, l le bruit que l'on peux supporter à un certain âge, peux nous déranger par la suite, le silence est effectivement perçu comme du luxe, tout comme le calme et la volupté et moi même j'y aspire;)

Là ou le débat deviens intéressant en tant que musicien c'est sur la qualité final de notre musique et apparemment le mastering (le saint graaal) finalement détruit pas mal de dynamique à volume égal d’où une perte de qualité, car là je trouve cela vraiment dommage de dégrader une œuvre, de ne pas sublimer un bon mixage, alors effectivement tu as raison de taper du poing et pourquoi pas rendre nos consciences plus sensible sur ce sujet et je pense que tu y parviens bien :bravo:
48
Los Teignos et Robin Schneider : merci, vos avis complètent exactement ce que j'essaie de montrer.

Aaaah, Trevor Horn.
Cétait un génie de la production.
Et, oui, le disco(et assimilé/dérivé) a fait danser des milliers de gens, sans toutefois leur péter les oreilles...

Reno : sujet de discussion récente pour améliorer certaines choses: l'utilisation d'une batterie électronique, pour remédier au bruit.
"Tu crois ? Mais le toucher, tout ça "
En revanche la question ne se pose pas quand il faut mettre un piano numérique sur scène....
Encore un gros travail d'éducation à faire...

[ Dernière édition du message le 17/05/2015 à 08:21:37 ]

49
Citation :
"Tu crois ? Mais le toucher, tout ça "


C'est un vaste débat.


Mes conclusions perso sont les suivantes, si t'as un touché suffisament fin pour être perturbé par une batterie électronique, c'est que tu sais suffisament Contrôler ton jeu pour rester a des niveaux acceptable sur une acoustique. Dans ce cas, tu rencontre donc peu de problème de bruit a cause de ton instrument.

Sinon, jouer sur une batterie électronique correctement réglée et avec des peaux triggée offre d'aussi bonnes sensations de jeu.
C'est surtout une question d'habitude a prendre, comme un guitariste électrique qui passerait en acoustique. Au début, ça perturbe un peu, surtout que la batterie électronique ne pardonne rien en cas de jeu un peu bancal. Mais sincèrement, je trouve ca absolument fantastique comme outil. D'ailleurs, ca ferait bien longtemps que je serais passé a la batterie électronique systématiquement sur scène si bcp de sondier n'avait pas tirer la gueule á la simple mention de l'instrument.

Je n'utilise donc pour l'instant mon e drums uniquement quand on se sonorise nous même.

[ Dernière édition du message le 17/05/2015 à 08:35:14 ]

50
Citation :
Jje serais passé a la batterie électronique systématiquement sur scène si bcp de sondier n'avait pas tirer la gueule á la simple mention de l'instrument.


C'est quoi ton style de musique pour que les ingés sons tire la tronche si tu ramène pas une "vrai " batterie ?