Avis à ceux qui montent le son des enceintes pour couvrir le boucan du PC, à ceux qui en ont marre d'entendre le ventilo de l'alim sur toutes leurs prises de son : avec le Silent PC, Racksen a mis au point un PC en rack si silencieux qu'il va immanquablement faire du bruit.
Si l’on considère que le studio idéal est un endroit où aucun bruit indésirable ne doit perturber la musique, force est de reconnaître que le PC lambda, avec ses disques durs qui crépitent et ses ventilateurs qui moulinent, n’a rien de très indiqué. Que vous travailliez en studio ou en home studio, vous ne pouvez pas vous permettre de poluer votre espace d’audition avec un bruit continu ; pour reprendre une analogie de mon collègue Mr Database, cela reviendrait, pour un graphiste, à travailler avec le soleil dans les yeux… Au delà de ce parasitage du monitoring, la chose s’avèrera extrêmement gênante si vous devez faire des prises de voix ou d’instruments acoustiques et que vous ne disposez pas d’une cabine d’enregistrement : vous êtes alors à peu près sûr d’entendre votre PC sur toutes vos pistes.
Un bon PC pour l’audio est donc avant tout un PC silencieux au possible. Or, la chose n’a rien de très évidente si l’on considère que la continuelle montée en puissance des ordinateurs va de paire avec les bruit qu’ils génèrent, comme on le constate en observant le cas particulier du processeur.
Des problèmes de refroidissement
Fonctionnant à des cadences toujours plus élevées (les fameux Mhz et Ghz qui traduisent le nombre de cycles réalisées par le processeur à la seconde), ces derniers consomment toujours plus d’électricité et dégagent plus de chaleur. Les constructeurs ont beau optimiser l’architecture de leurs produits pour limiter ces phénomènes, il n’en reste pas moins que les processeurs actuels ne sauraient fonctionner correctement sans être efficacement refroidis. A titre d’exemple, notre confrère Tom’s Hardware a d’ailleurs tenté de retirer le système de refroidissement d’un processeur au beau milieu d’une partie de Quake III Arena : au mieux, les performances chutaient de manières drastique (processeurs Intel), au pire le processeur se consumait littéralement avec une température en surface de 370 ° (processeurs AMD).
Conclusion : pour remplir son rôle, un proc’ se doit d’être maintenu à sa température de fonctionnement par un système de refroidissement efficace. Or c’est précisément ce dernier (un ventilateur dans la plupart des cas) qui génère du bruit.
D’ailleurs, il convient d’évoquer non pas un système de refroidissement, mais des systèmes de refroidissement, dans la mesure où le processeur n’est pas la seule chose qui chauffe dans un ordinateur. L’ouverture d’un PC standard est, à ce titre, riche d’enseignement : outre le ventilo du CPU, on trouve ainsi un ventilateur sur l’alim, un autre sur la carte graphique (puisqu’elle est, elle aussi, pourvue d’un processeur), un ou plusieurs ventilateurs assurant la circulation d’air dans le boîtier, et même, dans certains cas, un dernier petit ventilo sur le chipset de la carte mère (encore un processeur d’ailleurs). Autant dire que tout ce petit monde ne manque pas de se faire entendre. Et c’est sans compter sur nos amis les disques durs et les lecteurs/graveurs DVD qui participent de la cacophonie à grands coups de rotations et de crépitement, tout en chauffant, cela va sans dire.
Conscient de ce problème et des besoins de silence de nombreux utilisateurs (musiciens, ingés son, producteurs broadcast, etc.), plusieurs constructeurs de matériel sont partis à la quête du meilleur rapport performance/bruit qui soit. C’est sur ce marché encore naissant que les français de Racksen entendent s’imposer, et notamment par le biais de la gamme Silent PC que nous avons pu tester.
Première approche
Avec son boîtier en métal noir au format rack 4U, la bête est, à première vue, aussi belle que lourde. A n’en pas douter, le Silent PC n’entend pas rivaliser avec les barebones question portabilité : si vous devez le trimballer souvent, il faudra donc prévoir le Flycase à roulettes…
A droite, une trappe en verre fumé et fermant à clé s’escamote pour donner accès aux différentes baies. Outre le lecteur de diquettes/carte Flash/Smart Media au format 3 ½ pouces, on dispose ici de 3 emplacement 5 ¼ pouces, dont un était occupé, sur le modèle testé par un lecteur/graveur de DVD Plextor PX-712A, un double couche d’excellente facture qui, s’il n’est pas spécialement réputé pour son silence, est reconnu pour sa fiabilité et sa solidité.
Au dessus de ce dernier, deux baies sont condamnées : elles accueillent en fait, à l’intérieur de la machine, les deux disques durs sur lesquels nous reviendront. L’occasion de remarquer néanmoins que le format en rack limite l’utilisateur à deux unités de stockage embarquée.
Finissons la description de cette portion de la façade en évoquant le bouton de mise en marche et le bouton Reset. A noter que ce dernier n’est pas ridiculement petit, comme sur la plupart des tours ou des boîtiers Desktop : on n’aura donc pas à se munir d’une allumette ou d’une épingle à cheveux pour le presser en cas de plantage, et c’est tant mieux. On dispose enfin à ce même endroit de deux LED témoins, attestant pour l’une de la mise sous tension de l’ordinateur, et pour l’autre de l’activité du disque dur.
Dans la partie gauche de la façade, une autre trappe maintenue fermée par une « vis à molette » permet, lorsqu’elle est ouverte d’accéder à la grille d’aération du boîtier. L’occasion de découvrir le seul ventilo gérant la circulation d’air dans le rack : un modèle ADDA de 12 cm, soit une bonne taille qui permet à vitesse égale, de brasser plus d’air qu’un petit ventilo. Ou plutôt, à vitesse moindre (et donc à bruit moindre), d’en brasser autant. A noter qu’un joint de silicone fait le tour du ventilo en question : une bonne intention dont on relativisera la portée étant donné que le ventilateur est vissé au boîtier et que les vis en question sont susceptibles de conduire les vibrations.
Il convient à présent d’ôter le capot supérieur de la bête, histoire d’examiner son anatomie interne. La chose se fait en dévissant deux autres « vis à molettes » à l’arrière : c’est simple et nettement plus agréable que d’avoir à jouer du tournevis cruciforme pour accéder aux entrailles de la machine.
Au coeur du Silent
Ce qui frappe à l’ouverture, c’est la sensation d’espace. En dépit de nombreux câbles dont certains sont maintenus à la paroi du boîtier par des guides en plastique, le Silent PC fait dans l’aéré et le spacieux.
Au fond à droite, première bonne surprise : une alimentation Antec Phantom. Délivrant une puissance de 350 Watts, cette dernière a la particularité d’être dépourvue de ventilateur (c’est une alim 'Fanless’, comme disent les anglo-saxons, qui utilise donc un système de refroidissement passif). Voilà qui élimine déjà une des causes de nuisance sonore tout en assurant une alimentation électrique de qualité. A 200 € l’alim, le contraire eût été dommage !
Sacrifiant à la mode du tuning PC, Antec a doté la Phantom d’un néon bleu s’allumant lorsqu’elle est sous tension.
En vis-à-vis de ce détail, on se réjouira de savoir qu’il est possible de déconnecter les câbles d’alimentation (au format Molex ou SATA) qui ne sont pas utilisés : faire la chasse au superflu, c’est privilégier l’ordre et l’espace à l’intérieur du boîtier, et par conséquent l’aération.
Une alim de rêve donc, qui est ici connectée à une carte mère AOpen.
La carte du PC
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Dans une config aussi soignée, la présence d’une carte mère AOpen peut surprendre. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une mauvaise marque, elle n’a pas la réputation des leaders du marché que sont Asustek, Abit et MSI.
A première vue, la belle ne dispose d’ailleurs pas d’un équipement extraordinaire : en plus du port AGP 4x, on ne trouve que 3 ports PCI et surtout, on n’a droit qu’à 2 slots de RAM DDR seulement (vous serez donc limités à 2 × 1 Go de RAM, ce qui peut s’avérer juste si vous compter utiliser de grosses collections de samples, telles que la Vienna, BFD et consors) !
La connectique à l’arrière est, elle-aussi, tout ce qu’il y a de plus banal : outre les ports PS/2, Clavier, Série, Parallèle et VGA, et les connecteurs Minijack de l’interface audio embarquée (Entrée Micro, Entrée Ligne et Sortie Casque/HP), on dispose de 2 connecteurs réseau (un bon point de ce côté) et de 4 port USB 2.0 auxquels viennent s’ajouter 2 ports FireWire et 2 ports USB 2.0 supplémentaires sur un bracket qui occupe une baie à l’arrière du PC.
Certes, la carte est compatible SATA et supporte le Raid 0 comme le Raid 1 mais cela ne la différencie pas de la plupart de ses concurrentes mieux pourvues en termes de connectique et de fonctionnalités. Bref, si rien ne manque, rien ne semble justifier le choix de cette carte mère, si ce n’est ce petit carré de silicium qu’on découvre sous un ventilateur AOpen : un Pentium M.
Pentium M, avec un M comme Musicien
C’est là en effet que se situe la principale originalité du Silent PC. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, le Pentium M est le processeur développé par Intel à destination des ordinateurs portables. Le cahier des charges qui a présidé à sa conception était simple : offrir les meilleures performances possibles tout en consommant peu d’énergie pour économiser les batteries du portable et prolonger son autonomie. Or, qui dit 'consommation énergétique faible’ dit 'faible dégagement de chaleur’ et par conséquent, besoin moindre en terme de refroidissement.
Et c’est vrai que dans les faits, le Pentium M est une vraie petite tuerie en terme de rapport consommation/performance. A cadence moindre, il parvient dans certains domaines à rivaliser et même à battre les plus rapides des Pentium IV. Certes, cette supériorité n’est pas de rigueur dans tous les domaines d’applications mais il n’en reste pas moins qu’avec le Pentium M, Intel semble concurrencer ses propres Pentium IV (je vous recommande à ce sujet la très instructive lecture du comparatif réalisé par Hardware.fr). La chose n’a pas échappé à quelques petits malins qui se sont mis en tête de construire des cartes mères pour l’utiliser dans des configs classiques. Au nombre des rares qui ont tenté l’aventure, on citera DFI et AOpen, qui signe cette i855GMEm-LFS.
Cette dernière a en outre le bon goût d’utiliser un dissipateur formant le nom « AOpen » en une délicieuse extrusion, plutôt qu’un ventilateur pour refroidir le chipset i855 qui l’anime. Moins engageant, le ventilateur qui surmonte le processeur est, lui aussi, de marque AOpen.
Si l’on appréciera la possibilité de contrôler sa vitesse via un petit variateur ou par le biais d’un logiciel fourni, on pourra regretter en revanche que Racksen ne lui ait pas préféré un modèle réputé pour son silence, comme on en trouve chez Zalman par exemple.
Reste que, selon Racksen, le Pentium M chauffe si peu qu’il peut se passer d’une solution de refroidissement active.Une information à prendre avec prudence. Si la chose ne dégrade pas le processeur sur le moment, elle peut en effet nuire à ses performances à plein régime. Et j’aimerais mieux ne pas voir ce qui advient d’une processeur sans ventilateur poussé dans ses retranchements sur une durée relativement longue, ou par une canicule comme nous en avons connu il y a quelques temps…
Et pour le stockage ?
Il nous reste à présent à aborder le cas des disques durs qui, eux aussi, ont fait l’objet d’un soin tout particulier. De marque IBM, ces derniers sont des disques SATA proposant une contenance de 200 Go et agencé en RAID 0 avec deux partitions : 1 de 40 Go pour le système et une de 160 Go pour les données.
Un disque dur, ça chauffe et, après tous ces efforts consentis pour garder une bonne température à l’intérieur du PC sans pour autant recourir à l’artillerie lourde du refroidissement, Racksen ne pouvait pas ne pas traiter ce problème.
Résultat, chacune des deux unités est enserrée dans un Zalman ZM-2HC2, un système de refroidissement passif à base de caloducs en cuivre reportant la chaleur dégagée sur des parois en aluminium.
Si cette solution ne vaut pas un refroidissement actif comme l’a montré notre confrère Présence PC, elle a l’énorme avantage d’être silencieuse. Mieux : elle réduit les nuisances sonores produites par le disque dur en utilisant de grosses vis en caoutchouc (Silent block). Résultat : le disque dispose d’une fixation souple qui absorbe les vibrations et participe de la chasse au décibel décrétée par Racksen.
Tous ces dispositifs peuvent bien sembler prometteurs, il faut encore juger sur le terrain de pertinence du Silent PC. On branche donc le cordon d’alimentation, on presse le bouton Power et on se retrouve à la page suivante
In situ
Le Silent PC ne déçoit pas à l’allumage. Une fois passée les premières secondes de la mise en route où le lecteur/graveur DVD se met en temporairement branle, il faut vraiment se pencher pour l’entendre fonctionner. Ce serait mentir que de dire que la bête est inaudible mais il faut en revanche l’admettre : le PC monté par Racksen est le plus silencieux des PC qu’il m’ait été donné d’utiliser. Une fois le capot fermé, un oreille attentive ne décèlera qu’un léger ronronnement qu’il doit être possible de réduire en isolant les parois du boîtier. Interrogé sur ce sujet, Racksen nous a toutefois confié que les panneau de mousse isolante pour PC avait la fâcheuse tendance à se désagréger avec le temps : vu le faible gain de silence qu’un tel équipement permettrait de réaliser, ils ont donc privilégié la propreté, ce qui est compréhensible.
Et le Silent PC est ici à l’air libre ! Bul doute qu’un fois monté dans un flight case ou dans une baie, au milieu de vos différents équipements audio, il saura parfaitement se faire oublier. La LED témoin rouge qui signale son fonctionnement sera alors plus utile que jamais…
Côté performance pure, le bougre ne démérite pas, comme en atteste les chiffres obtenus avec les benchmark PC Mark 2003 et Winstone. S’il ne prendra pas toujours l’ascendant sur ses rivaux les Pentium IV et autres Athlon 64, le bébé de Racksen offre un rapport silence/performance réellement stupéfiant.
En utilisant une petite carte M-Audio USB, j’ai ainsi pu travailler sur un projet d’une trentaine de pistes dans Samplitude sans jamais rencontrer le moindre problème. Certes, l’insertion d’une réverb à convolution sur chaque piste m’a permis de voir les limites de la machine, qui commençait alors à tirer la langue (lag à l’écran et artefacts audio) mais je n’ai pas subi de décrochage pour autant : un bilan très positif donc…
Le prix du silence
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La parole est d’argent et le silence est d’or. L’adage n’a jamais été aussi vrai que dans le cas du Silent PC, l’entrée de gamme se situant aux alentours des 3000 €. C’est dit. Ca calme bien tout le monde. Et ça mérite quelques explications…
Il est clair qu’en vis-à-vis des PC à 1000 € qu’on trouve en supermarché ou chez les revendeurs taïwanais, la chose a de quoi refroidir plus d’un intéressé. Reste qu’à considérer la qualité des composants réunis et leurs prix respectifs, la facture n’est pas aussi lourde qu’il y paraît.
Outre le boîtier fait maison (et ce qui est fait maison coûte forcément plus cher), l’originalité de la config à base de Pentium M sale grandement la facture. Selon Racksen, le processeur pour portable d’Intel est 50 % plus cher qu’un Pentium IV à Performance Rate égal (de ce point de vue un Pentium M cadencé à 2 Ghz équivaut à un Pentium IV tournant à 3,2 Ghz) cependant que la carte mère AOpen est vendue 5 à 6 fois plus chère qu’une carte mère classique. Ajoutez à cela les 2 barrettes d’1 Go de RAM DDR de marque Kingston, l’alim Antec, le graveur DVD, les disques durs et leurs caloducs, et vous comprendrez qu’un tel coût global n’est en définitive pas si étonnant.
Racksen insiste d’ailleurs sur la notion de service qui rentre en ligne de compte dans le prix de la config. Outre la garantie d’un an et la hotline gratuite, le constructeur explique en effet que tous les PC qu’il réalise font l’objet d’une étude préalable concernant les besoins de l’utilisateur. A quel usage destine-t-il son PC, avec quels logiciels travaille-t-il, comment procède-t-il pour faire ses sauvegardes, et cætera, et cætera. Intégrées au cahier des charges, ces données sont ensuite prises en compte pour bâtir la configuration et paramétrer l’ordinateur, déterminant des détails comme le nombre et la taille des partitions sur les disques… Les techniciens de Racksen peuvent même, si besoin est, optimiser le système dans la base de registre du système d’exploitation. Une minutie qui a aussi ses avantages : c’est ainsi qu’ils furent les premiers à proposer des configurations RAID pour ProTools…
Le but de tout cela ? Livrer un PC qui soit immédiatement prêt à l’emploi. Un énorme avantage pour tous ceux qui travaillent avec les ordinateurs sans pour autant être informaticiens ou électroniciens de métier. Un avantage qui relève presque du luxe, d’ailleurs, et qui se paye forcément…
Enfin, il est à noter que Racksen consent de nombreux efforts pour se procurer des composants de choix. Au-delà de l’utilisation de Pentium M, ils n’ont pas hésité à importer eux-mêmes les kits d’upgrade pour les cartes graphiques P650, présentés lors du dernier NAMM par Matrox. Ils sont ainsi les seuls à fournir des PC gérant 3 écrans à partir de cartes graphiques à refroidissement passif. Là encore, la chose se paye.
Conclusion
Indéniablement pertinente, la solution proposée par Racksen offre, grâce à un choix judicieux de composants, un excellent rapport performance/silence. Certes, le prix réclamé pour une telle config fait mal au Codevi et les plus fauchés devront passer leur chemin. Reste qu’en terme de qualité comme en terme de service, Racksen place la barre plutôt haut. Entre autres clients, la SFP ne s’y est pas trompée et a équipé ses cars régies de Silent PC. La preuve s’il était besoin que Racksen fait du travail de pro à destination des pros.
[+] Silencieux et performant : le pari est gagné.
[+] Qualité des composants.
[+] L’Alim Antec.
[+] Le Pentium M, une vraie réussite à mettre au crédit d’Intel.
[+] Boîtier bien pensé.
[+] Un PC prêt pour l’audio.
[-] Le prix, même s’il n’est pas injustifié.
[-] Les limitations en terme de connectique et d’évolution, dues à la carte mère AOpen.