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Test du Darbuka de Wizoo - Les 1001 Beats

Désormais célèbre pour ses musiciens virtuels (CF Virtual Guitarist), Wizoo nous revient avec un percussionniste oriental capable de jouer plus de 30 styles musicaux différents ! Les AFiens se devaient de rencontrer cet intrigant personnage…

Désor­mais célèbre pour ses musi­ciens virtuels (CF Virtual Guita­rist), Wizoo nous revient avec un percus­sion­niste orien­tal capable de jouer plus de 30 styles musi­caux diffé­rents ! Les AFiens se devaient de rencon­trer cet intri­gant person­na­ge…

 

 

Si l’en­trée de la Turquie dans la commu­nauté euro­péenne soulève aujour­d’hui de nombreuses polé­miques, la musique orien­tale a par contre depuis long­temps survolé les fron­tières, essai­mant ses mélo­pées quart­de­to­nales et ses rythmes impairs mais néan­moins obsé­dants dans nos collec­tions de MP3, voire dans nos séquen­ceurs favo­ris. Et c’est fort de cette indé­niable consta­ta­tion que Wizoo nous livre aujour­d’hui, avec Darbuka, un instru­ment virtuel entiè­re­ment dédié aux grooves orien­taux, une collec­tion complète de loops de percus­sion.

Présenté sous la forme d’un coffret cartonné parti­cu­liè­re­ment clas­sieux, Darbuka donne tout de suite l’im­pres­sion d’un produit réalisé avec soin, et dont chaque détail a été pensé minu­tieu­se­ment, tout comme le confirme d’ailleurs l’in­ter­face au graphisme déli­cieu­se­ment pala­tial, qui nous plonge instan­ta­né­ment dans l’at­mo­sphère feutrée et langou­reu­se­ment secrète des aven­tures d’Ali Baba, dès l’ins­tal­la­tion du logi­ciel termi­née.

Celle-ci se passe d’ailleurs le plus faci­le­ment du monde, le DVD débarquant dans un doux ronron­ne­ment ses 2 Gigas de données épicées sur les quais de notre disque dur, sans la moindre anicroche. Il convient tout de même de s’ac­quit­ter de quelques forma­li­tés doua­nières en passant par le site de Wizzo, qui nous déli­vrera par e-mail un visa pour décou­vrir les sublimes hori­zons infi­nis des dunes de sable ryth­miques, bien moins arides qu’il n’y pour­rait paraître. Notons au passage que l’édi­teur nous four­nit en bonus une version de démo illi­mi­tée pendant 30 jours de « Latigo », son second percus­sion­niste virtuel, mais celui-ci spécia­liste des rythmes latins et afro-cubains. Mais c’est une autre histoi­re…


L’idée

L’idée direc­trice de la concep­tion de Darbuka est simple : enga­ger 2 des meilleurs percus­sion­nistes de musique orien­tale, à savoir Moha­med Zaki et Suat Bora­zan, les instal­ler dans un studio renommé, le Klang­welt de Franc­fort, avec une collec­tion d’ins­tru­ments couram­ment utili­sés dans diffé­rents styles de musique orien­tale, et leur donner carte blanche, non sans avoir au préa­lable longue­ment discuté avec le produc­teur du projet Lothar Krell (compo­si­teur renommé pour son expé­rience de la world music) et Basem Darwisch-Schur­mann (ethno­mu­si­co­lo­giste d’ori­gine égyp­tienne, atta­ché de produc­tion sur de nombreux albums de musique arabe et afro nubienne).
Wizoo Darbuka : une belle boîte pour un beau soft...

Il convient ensuite de livrer le fruit de cette pres­ti­gieuse colla­bo­ra­tion à des spécia­listes de program­ma­tion infor­ma­tique dans le domaine musi­cal, comme Paul Kellet, connu pour sa suite de plug-ins gratuits MDA et pour avoir parti­cipé au déve­lop­pe­ment de Virtual Guita­rist, Groove agent ou Hyper­so­nic… Un bon départ donc, avec un but unique : réveillez les racines orien­tales qui sommeillent en chacun de nous !

 

Le plan

Simple aussi, il consiste à faire tour­ner 2 Go de samples décou­pés sous forme de slices (plus de 100000 !) dans un plug-in (VST, Audio Units ou RTAS) rendant cette gigan­tesque banque facile à éditer, et souple à utili­ser dans des compo­si­tions de diffé­rentes natures et tempi. Rien de bien origi­nal a priori dans la fin, reste donc à consi­dé­rer d’un peu plus près les moyens !

L’in­ter­face propose tout d’abord un brow­ser, qui permet de char­ger les sons. Ceux-ci sont regrou­pés sous forme de style (une tren­taine au total -voir enca­dré-), chaque style étant repré­senté par un dossier conte­nant l’en­semble des loops et des instru­ments s’y rappor­tant.

Les instru­ments propo­sés :

Darbuka, Darbuka basse, Bendir, Riqq (tambou­rin turque), Sagats (petites cymbales à mains), Turas (cymbales plus grandes), Bongos, Shakers, Claps, plus certains samples inver­sés nommés Reverse.

Styles repré­sen­tés :

Ayoub/Zar, Baio, Chif­te­telli, Chur­chuna, Dabk­kah, Darig, Daza, Dishka, Fallahi, Fazani, Kara­chi, Jirk, Laz Havasi, Libi, Magh­rebi, Maksum, Malfuf, Mambo Sudani, Masmoudy Kebir, Nubian Reggae, Nubian Samba, Rai, Roman Havasi, Rumba Khaligi, Rumba Masri, Saidi, Samai Thakil, Sufi, Sudasi, Tom Tom, Wahda, Wahrani, Wals, Zafa et Zoro­fat.

On peut bien entendu, lorsque l’on connaît bien la collec­tion, char­ger chaque élément indi­vi­duel­le­ment, pour n’uti­li­ser que ce dont on a besoin, ou créer, comme on le verra par la suite, ses propres combi­nai­sons.

Lorsque le style est chargé en mémoire, les diffé­rents instru­ments dont il est consti­tué (voir enca­dré) appa­raissent chacun sur une piste, et sont visua­li­sés grâce à une image simili holo­gra­phique d’un joli bleu parti­cu­liè­re­ment réussi. Si jusqu’ici tout est clair, cela se complique un peu, mais pour la bonne cause, rassu­rez-vous, avec la compo­si­tion des loops en patterns. Car pour chaque style, chaque instru­ment propose plusieurs loops, décli­nant ainsi plusieurs types de jeu et plusieurs inter­pré­ta­tions.

Un clavier virtuel très stylisé, (qui peut bien sûr être contrôlé par un clavier réel) permet de déclen­cher les patterns, qui sont en fait des empi­le­ments de loops diffé­rents. Vous voyez, je vous l’avais dit, on est déjà un peu perdu !

En fait, avec 2 ou 3 clics, on découvre vite l’énorme poten­tiel et la flexi­bi­lité de cette orga­ni­sa­tion. C’est élémen­taire, dans tous les sens du terme : on nous propose en fait une matrice d’édi­tion, dont les colonnes sont dédiées aux instru­ments, et les lignes repré­sentent les patterns.

On peut ainsi élabo­rer, grâce à un mode edit, toutes les construc­tions voulues, aussi bien en suppri­mant des instru­ments, qu’en choi­sis­sant tel ou tel inter­pré­ta­tion de cet instru­ment si on décide de l’uti­li­ser. Chaque combi­nai­son est ensuite direc­te­ment déclen­chée par une note midi. Evident, et on ne peut plus pratique !

Play Mode

C’est dans ce mode que l’on peut éditer les para­mètres de jeu global des patterns. Tout d’abord, chaque instru­ment possède un bouton de mute et de solo, pour essayer rapi­de­ment diffé­rents mix.

On peut aussi, pour ce faire, utili­ser un sélec­teur auto­ma­tique qui mute certains instru­ments en fonc­tion de leur couleur tonale, propo­sant 3 posi­tions : high (seuls les instru­ments aigus sont joués : Riqq, Sagat, Tura…), med (seuls les instru­ment medium : Darbuka, Bendir, Bongos), ou bass (Douhola, Reverse).

Le mode Play du Darbuka de Wizoo

Un second sélec­teur permet de doubler, ou de divi­ser par 2 la vitesse d’exé­cu­tion du pattern parrap­port au tempo du séquen­ceur hôte. On peut ensuite déter­mi­ner le timing des grooves, (de tight à loose), pour une mise en place plus ou moins stricte, l’ex­trême loose restant très correct, mais avec quand même quelques grammes dans le sang.

Toujours dans la varia­tion, une fonc­tion permet de déclen­cher les slices de chaque instru­ment de façon aléa­toire, et permet d’évi­ter aux pattern de sonner trop figé en utili­sant systé­ma­tique­ment les mêmes échan­tillons.

Un quan­tize permet ensuite de suppri­mer les subdi­vi­sions trop petites (off, 1/16, 1/8, 1/4) pour mieux adap­ter chaque style à une compo, permet­tant ainsi de nombreuses varia­tions, et un contrôle de swing permet de ternai­ri­ser le groove de base, comme sur n’im­porte quel séquen­ceur.

Côté effets, on nous sert sur un plateau une jolie « ambiance », sorte de réverbe très natu­relle possé­dant plusieurs presets (hall, room, stage…) et 2 réglages (mix et time), un égali­seur 2 bandes (low et high) et une sorte de compres­seur très basique mais effi­cace, permet­tant de para­mé­trer la densité du son des diffé­rentes pistes selon 3 réglages, tight, fast ou slow.

Le moteur Flexi­Groove

Côté synchro, on est impres­sionné par la flexi­bi­lité de Flex­Groove Engine, le nouveau moteur de Paul Kellet, chef de projet chez Wizoo pour l’éla­bo­ra­tion de Darbuka et de Latigo.

En effet, la souplesse d’adap­ta­tion de tous les rythmes lors des chan­ge­ment de tempo, qui était déjà parti­cu­liè­re­ment effi­cace sur des logi­ciel comme Virtual Guita­rist, est ici tota­le­ment bluf­fante. Pour n’im­porte quel style, on peut passer de 180 à 60 instan­ta­né­ment, en conser­vant non seule­ment le groove des points d’ap­puis ryth­miques, mais aussi la crédi­bi­lité des parti­cu­la­ri­tés de jeu, comme les ras ou les flas, qui supportent en géné­ral assez diffi­ci­le­ment des time-stret­ching trop exubé­rants.

Quel est le secret de cette virtuose élas­ti­cité dont font preuve nos petits slices? Comme l’ex­plique Paul Kellet lui-même, le problème prin­ci­pal lorsque l’on travaille avec des logi­ciel comme Recycle, qui découpent un groove selon chacune de ses attaques, c’est que les coups doublés, comme les flas, ou bien encore les phrases avec des notes très rappro­chées, comme les ras de 3 ou de 5, ont un espa­ce­ment qui, dans le jeu natu­rel, n’est pas propor­tion­nel au chan­ge­ment de tempo. Ceux qui ont quelques notions de batte­rie ou de percus­sion savent bien en effet que les 2 coups d’un fla sur un rythme à 80 BPM ne seront pas 2 fois plus espa­cés que sur un rythme à 160 BPM.

Il fallait donc recal­cu­ler les déclen­che­ments en fonc­tion de ces modes de jeu, pour préser­ver le réalisme des styles. C’est ce qui a été fait pour Darbuka, lui permet­tant de conser­ver à ses phrases un flux natu­rel quel que soit le tempo.

Le second problème, que l’on rencontre souvent lorsque l’on programme des instru­ments de percus­sion avec de longues réso­nances (les cymbales sont les plus carac­té­ris­tiques de ce genre de diffi­culté), c’est que celles-ci persistent sur plusieurs pulsa­tions. Le décou­page en slice produit donc des coupures de réso­nance qui donnent aux grooves dont le tempo a été modi­fié un côté sec et haché, avec ce feeling robo­tique qui a d’ailleurs fait le bonheur de toute une géné­ra­tion de tech­noïdes. Mais si l’on veut préser­ver la sono­rité natu­relle d’un loop de percus­sions, il convient de respec­ter le sustain de chaque instru­ment, quelque soit le dépla­ce­ment des attaques dans le temps.

C’est pourquoi pour l’éla­bo­ra­tion de Darbuka, chaque «  one-shot  » a été minu­tieu­se­ment analysé, pour déter­mi­ner exac­te­ment ce qui, dans le dérou­le­ment d’un groove, consti­tuait une nouvelle note, ou était au contraire la suite réso­nante d’une note jouée juste avant. Le résul­tat de cette méthode porte ici ses fruits, conser­vant comme nous l’avons dit aux diffé­rents grooves une sono­rité acous­tique et réaliste quelque soit le tempo imposé par le séquen­ceur hôte.

Un résul­tat qui a tout de même un certain coût, puisque la program­ma­tion de ces diffé­rentes subti­li­tés a néces­sité 150 jours de travail à une équipe de 9 program­meurs, en plus des musi­ciens !

 

Le mixage

Très intui­tive, la fenêtre de mixage est parti­cu­liè­re­ment réus­sie dans le plug-in. Elle propose en effet une vue en 2D, où l’on peut dépla­cer les diffé­rents instru­ments dispo­nibles dans le style, pour les posi­tion­ner graphique­ment dans le champ pano­ra­mique : un vrai plai­sir.

Le dépla­ce­ment hori­zon­tal déter­mine la posi­tion stéréo et le dépla­ce­ment verti­cal agit au choix sur plusieurs para­mètres : le volume, le niveau de reverbe, la place de l’au­di­teur dans la pièce, ou la posi­tion des instru­ment dans une 3ème dimen­sion.

Il est ici néces­saire de préci­ser que ces 2 derniers modes sont surtout effi­caces en mode Surroud, que Darbuka gère parfai­te­ment et qui peut être sélec­tionné dans les préfé­rences globales : un vrai plus.

En outre, chaque piste d’ins­tru­ment propose ses propres para­mètres, avec une égali­sa­tion indi­vi­duelle 3 bandes dispo­sant d’une inter­face graphique, un mode punch permet­tant d’adap­ter l’en­ve­loppe des sons en jouant sur l’at­taque et le sustain des instru­ments, un contrôle de niveau, de pano­ra­mique (lié bien sûr à l’édi­teur graphique), et d’am­biance, qui dose l’en­voi séparé de chaque piste dans la réverbe master.

Enfin, un sélec­teur permet d’as­si­gner les pistes à l’une des 14 sorties sépa­rées du logi­ciel.

Le mixage avec gestion du surround dans le Darbuka de Wizoo

 

L’édi­tion des patterns

Edition dans le Darbuka de Wizoo

C’est dans ce mode que l’on tire plei­ne­ment partie des possi­bi­li­tés de la matrice de fonc­tion­ne­ment que nous avons évoquée plus haut.

Visua­li­sée clai­re­ment dans cette fenêtre, elle permet de confi­gu­rer chaque case crée par le croi­se­ment des colonnes d’ins­tru­ment et des lignes de pattern. Un clic droit sur une case affiche un sélec­teur qui permet de choi­sir parmi les diffé­rents loops char­gés en mémoire pour chaque instru­ment.

On peut ainsi tota­le­ment para­mé­trer le contenu de chaque pattern à l’in­té­rieur d’un style, mais aussi se lancer dans des compo­si­tions tout à fait origi­nales en char­geant des patterns appar­te­nant à d’autres styles.

Une impressionnante démo de Darbuka sur la stand de Wizoo au dernier Musikmesse

Inutile de préci­ser que ce mode offre des possi­bi­li­tés créa­trices infi­nies, d’au­tant que chaque case possède ses propres fonc­tions d’édi­tion indé­pen­dant qui reprennent les para­mètres globaux du mode play : niveau, timing, variance, swing, speed, mais aussi detune, pitch bend, decay, déca­la­ge…

Enfin, chaque confi­gu­ra­tion peut être sauve­gar­dée dans des mémoires de scène, qui permet­tront d’uti­li­ser le logi­ciel en live, en déclen­chant les patterns grâce à n’im­porte quel contrô­leur MIDI.

Une impressionnante démo de Darbuka sur la stand de Wizoo au dernier Musikmesse

C’est d’ailleurs cette flexi­bi­lité que la démo de Wizoo sur le stand de M-audio à la Messe de Franc­fort a su parfai­te­ment mettre en relief, grâce à un mini-concert de l’or­di­na­teur en duo avec un percus­sion­niste, qui nous a convaincu que le son live, et surtout le jeu, étaient en tout point iden­tiques à celui de la machine : épous­tou­flant !

Et c’est grâce à tous ses contrôles fina­le­ment très faciles d’ac­cès que cette nouvelle banque va beau­coup plus loin qu’une simple collec­tion de loops world. Elle consti­tue bien plutôt un véri­table labo­ra­toire permet­tant de fabriquer des rythmes de couleurs très diffé­rentes, qui convien­dront même à des styles de musique tout autres qu’orien­taux. Sans l’ombre d’un doute, c’est cette poly­va­lence, servie par une remarquable qualité d’in­ter­pré­ta­tion des musi­ciens et une grande qualité de réali­sa­tion qui finira par convaincre les compo­si­teurs venus d’ho­ri­zons très diffé­rents, peut être jusque là réti­cents à inves­tir presque 300 euros dans une banque trop spécia­li­sée.

Conclu­sion

Carton plein pour ce Darbuka qui conci­lie ergo­no­mie, souplesse et musi­ca­lité. A la faveur d’un gros travail de produc­tion, d’une excel­lente banque de son et d’un moteur audio intel­li­gent, Wizoo signe en effet un instru­ment qui devrait finir sur plus d’un disque dur. Bref, un soft bien pensé et bien réalisé qui vaut parfai­te­ment son prix : une réfé­rence est née.

 

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