Quand Radial Engineering, proposant généralement du matériel de qualité, s’attaque à la préamplification d’instruments acoustiques, ça donne le Tonebone PZ PRE, une pédale avec notamment deux entrées à haute impédance, un boost et un égaliseur. Voyons si la mayonnaise prend...
Aspect et qualité
Le PZ Pre se présente sous la forme d’une pédale de taille moyenne, à peu près de la dimension d’un Tech21 programmable. Il comporte tant de prises et de commandes qu’on se demande comment Tonebone a réussi à loger tout ceci dans une carcasse de cette taille. Cette dernière est en acier laqué et sérigraphié, l’ensemble est assez lourd, bien que l’alimentation soit externe (un transformateur) et augure d’une belle qualité de fabrication. Les finitions sont irréprochables, quant à l’esthétique, c’est comme toujours affaire de goût, mais elle s’avère plutôt bonne. Elle véhicule une image de sérieux : le produit fait pro et pas du tout jouet. Par ailleurs, bien que le panneau supérieur soit très chargé, la sérigraphie est claire et lisible, même en faible lumière. Bref, un produit qu’on sera fier de sortir et qui semble armé pour affronter des années de scène sans dégradation.
Cette impression de qualité se confirme en s’attaquant aux commandes. Les potards ont ce qu’il faut de fermeté pour respirer la qualité (et ne pas craindre que des réglages bougent aisément) sans être trop durs à manipuler pour un réglage précis. Même le contact des cabochons, pourtant en plastique dur, est agréable. Bien qu’assez serrés, on peut aisément régler un contrôle sans faire bouger les voisins. Les trois footswitchs sont de même qualité, leur fermeté et le bruit qu’ils émettent à l’enclenchement montre un niveau de qualité certain. On ne risque certainement pas de les bousiller en les enclenchant avec trop d’enthousiasme sur scène : c’est du costaud !
Les switchs 3 positions semblent très légèrement en dessous. Il faut dire qu’ils auront à subir beaucoup moins de manipulations, puisqu’ils concernent des réglages auxquels on devrait très peu toucher. Ils sont juste assez enfoncés dans la carcasse pour être protégés tout en étant faciles à manipuler. Côté prises, on retrouve la qualité constatée sur le reste du produit.
Le PZ PRE est donc taillé pour la scène, pour de très nombreuses années. Ceux qui jouent sur des pédales qui sont encore vaillantes après plus de 30 ans de service comme des MXR me comprendront. Du bien belle ouvrage, ma bonne dame ! On espère maintenant que le ramage se rapporte au plumage…
Connectique
La connectique est très complète. On a logiquement les deux entrées instrument au format jack. Pour le reste, prenez votre souffle, la liste est longue :
⁃ une entrée et une sortie pour boucle d’effet en jack
⁃ une sortie pré-égaliseur niveau micro en XLR
⁃ une sortie post-égaliseur niveau micro en XLR
⁃ une sortie accordeur en jack
⁃ une sortie instrument en jack
Les sorties pre et post en XLR sont destinées à entrer dans les consoles, a priori façade pour la pre, retours pour la post. La sortie instrument permet d’attaquer l’entrée d’un ampli ou pourquoi pas, une chaîne d’effets que l’on n’aura pas souhaité placer dans la boucle. On ne voit pas trop ce qui peut manquer à ce préampli côté connectique. À part peut être une sortie de niveau ligne pour attaquer directement une carte son en studio ? Bon, faudrait pas demander la lune non plus.
Eau et gaz à tous les étages
Rappelons, le PZ Pre est un préampli double entrées. Le premier choix qu’il offre est de brancher dessus deux instruments avec possibilité de switcher de l’un à l’autre ou un unique instrument muni de deux sorties que l’on mélangera. Ce réglage se fait par un petit switch atteignable avec un objet pointu par un petit trou sur le côté droit de la carcasse. La solution deux instruments permet d’utiliser le PZ Pre pour l’utilisation d’un instrument secondaire. La solution du mélange sera précieuse pour ceux qui ont par exemple une guitare munie d’un piezzo et d’un micro rosace indépendants. Notons au passage qu’on dispose d’un inverseur de phase (en façade), au cas où… Un second switch similaire permet d’enclencher sur une des entrées un préampli spécifique pour les instruments munis uniquement d’un piezzo sans préampli intégré. N’ayant pas de tel instrument sous la main, je n’ai pas pu tester cette fonction.
La sélection d’entrée se fait logiquement par un footswitch accompagné de deux diodes assez brillantes, l’une jaune, l’autre rouge, permettant de visualiser l’entrée activée. Au-dessus de ce switch, on trouve les deux potentiomètres rotatifs de volume de chaque entrée. Ils procurent un réglage précis et on trouve aisément l’équilibre entre les deux entrées. On remarque au passage que malgré l’encombrement et probablement le coût supplémentaire de deux potards, cette solution est plus agréable et précise qu’un potard de balance, particulièrement en situation de scène où l’on peut changer le volume d’un instrument sans toucher à l’autre.
On dispose également d’un filtre coupe bas lequel peut être désactivé ou être réglé sur 80 ou 200 Hz. À ceci s’ajoute un filtre notch pourvu d’un switch à trois positions (off, normal et profond) et un potard pour sélectionner la fréquence . Rappelons que ces filtres, brutalement creusés sur une fréquence étroite, servent à chasser le larsen. On note une petite curiosité : le switch est identifié ‘Notch Q’ alors qu’il semble plutôt destiné à régler le gain de la fréquence de coupure plutôt que la largeur de celle-ci. Le filtre est efficace et permet apparemment de couper une fréquence problématique sans trop déséquilibrer le son.
Puisqu’on parle de filtres, évoquons l’égalisation assurée par un 3 bandes. Graves et aigus avec simple réglage de gain et médium semi-paramétrique (fréquence et gain). Même avec des réglages extrêmes, il ne détimbre pas le son qui conserve son naturel (pour peu que le son d’un piezzo le soit). Les aigus peuvent être poussés jusqu’à l’agressivité sans devenir criards, tandis que les graves peuvent apporter beaucoup de corps à un instrument qui en est dépourvu (comme un dulcimer) sans susciter le côté cotonneux que donnent souvent des accentuations importantes dans ces fréquences. Quant au médium, il permet vraiment de sculpter le son avec précision, peut-être même un peu trop. On aurait pu à la rigueur souhaiter qu’il travaille sur une bande légèrement plus large. Mais c’est vraiment histoire de dire que rien n’est parfait en ce bas monde parce que l’égaliseur est d’une belle efficacité et très musical. C’est indéniablement un des nombreux points forts de ce produit.
Le dernier potard concerne le volume du boost. En effet, un des footswitchs permet au choix (réglage par switch trois positions) d’enclencher un boost, la boucle d’effets ou les deux. Là encore, c’est ergonomique et efficace.
Le dernier footswitch est un mute général qui coupe toutes les sorties sauf l’accordeur. Pas grand chose à dire à ce sujet sauf que la sortie a la puissance parfaite pour donner une bonne réactivité et précision à l’accordeur (quels que soient les réglages effectués). Vu la qualité du reste, on ne se serait pas attendu à ce que le PZ Pre faillisse sur ce détail, mais autant le préciser, car c’est le genre de faiblesse pourrait être vraiment ennuyeuse à l’usage.
Côté son
On a déjà effleuré la question avec l’égaliseur et le notch et il est temps d’avouer que le PZ PRE n’est pas seulement une réussite esthétique. Le petit de chez Radial est aussi un succès sur le plan sonore : une électronique saine dans une boîte saine en quelque sorte ! Sur la Takamine, absolument aucun souffle ou bruit parasite n’est audible. Au point qu’on peut se dire qu’a contrario d’un Tech 21, le PZ Pre peut trouver un digne usage en studio. Sur le Dulcimer, on a bien un bruit de fond. Celui-ci est dû au micro assez mauvais équipant l’instrument. Micro ayant par ailleurs un son assez criard que l’égaliseur efficace du PZ Pre a réussi à transformer en quelque chose de décent, voire tout à fait passable. Par ailleurs, le son du PZ Pre est à la fois relativement neutre et assez plein et riche. Il allie efficacité et musicalité. Bref, ça sonne vraiment bien.
À l’usage
Ce qui retient le plus l’attention, et peut-être la seule chose qui appelle une critique, est l’unique égaliseur. En effet, on eut souhaité disposer d’un égaliseur différent pour chaque entrée, histoire d’avoir un vrai double préampli. Ici, l’égaliseur agit sur les deux entrées à la fois. Mais un tel ajout aurait beaucoup augmenté le coût et la taille de la bête, le boîtier étant déjà plein comme un oeuf. Notons que cette petite faiblesse n’est exaspérante que si l’on doit l’utiliser avec deux instruments qui sonnent mal et qui sont dépourvus d’égaliseurs. Dans notre situation de test, le dulcimer, dépourvu d’égaliseur, sonnait assez mal ‘à plat’. La Takamine étant pourvue d’un égaliseur (deux bandes), nous avons tenté d’obtenir d’abord un bon son pour le dulcimer et de voir ensuite si la Takamine pouvait sonner sans toucher aux réglages du PZ. Ce que nous avons obtenu. Les cas où le manque d’un second égaliseur serait criant devraient donc être assez rares et peuvent sans doute être réglés par l’adjonction d’une pédale d’égalisation. Regrettons tout de même que l’égaliseur intégré ne soit pas débrayable pour une souplesse encore plus grande.
Un autre point qui est dommage est l’alimentation par externe transfo externe 15V. Les transfos sur scène, c’est quand même pas ce qu’il y a de mieux. Certes, le problème est toujours le même : une alimentation interne plus coûteuse et donnant un boîtier plus volumineux ou un transfo externe, ce qui est le cas le plus courant. Une concession hélas souvent incontournable.
Conclusion
Le PZ Pre n’est pas un produit parfait, mais peu s’en faut. Il en donne tant qu’on aimerait en avoir encore plus : deux égaliseurs, des sorties ligne… Mais on serait alors loin du prix actuel ! Car à 369€ prix public (beaucoup moins dans le commerce), le PZ Pre offre à la fois une large palette de possibilités et une vraie qualité sonore. Un choix qui mérite donc sérieusement d’être étudié lors d’un prochain investissement, même pour qui ne joue qu’avec un seul instrument. Car le PZ Pre mérite le terme d’investissement de par sa qualité et son apparente robustesse qui risquent d’en faire un compagnon de très longue durée. Il mérite bien un coup de coeur AudioFanzine ![+] qualité de fabrication
[+] excellence sonore
[+] connectique très complète
[+] rapport qualité/prix
[-] un seul égaliseur pas débrayable
[-] alimentation externe 15V