Aujourd’hui, nous nous penchons sur le cas de la compression, autre « gros morceau » souvent mal compris quand vient l’heure du mastering.
Compresser, mais pour quoi faire ?
Contrairement à la croyance populaire, le but premier d’un compresseur n’est pas d’augmenter le volume perçu mais plutôt de gagner en consistance au niveau dynamique. Pour être clair, l’objectif est de réduire l’écart entre les passages les plus forts et les passages les plus faibles. En situation de mastering, cela permet d’améliorer le confort de l’auditeur qui n’aura pas à ajuster constamment le volume d’écoute, non seulement au sein d’un morceau, mais également entre les différents titres composant votre album. Nous en revenons encore une fois à la notion de cohésion sonore.
Afin d’arriver au résultat escompté, nul besoin d’une compression drastique. Un dosage subtil sera de mise comme nous allons le voir…
Méthodologie
Pour en savoir plus sur les différents paramètres propres à la compression, nous vous renvoyons vers un précédent article. Rentrons maintenant dans le vif du sujet !
Tout d’abord, fixons-nous un objectif : 2 à 3 dB de réduction de gain au grand maximum seront amplement suffisants dans la majorité des cas. Bien sûr, vous pouvez adapter cela en fonction du style musical, plus si vous visez le « dancefloor » et moins si vous tendez vers le « classique », mais toujours avec parcimonie ! En gardant cela à l’esprit, votre compression « respirera » naturellement et ne devrait jamais s’entendre.
Le but du jeu étant clairement posé, réglons maintenant le ratio. Une nouvelle fois, trop point n’en faut ! Un rapport de 2:1 est un plafond à ne jamais dépasser sous peine de détériorer la vitalité que vous avez patiemment insufflée à votre mixage. À ce stade, prenez comme point de départ un temps d’attaque situé entre 20 et 30 millisecondes et un temps de relâchement de l’ordre de 250 millisecondes. Ensuite, baissez le seuil de votre compresseur jusqu’à atteindre nos fameux 2 à 3 dB de réduction de gain sur les passages les plus forts. Récupérez au besoin la perte en volume perçu via un léger coup de « makeup gain », et tendez l’oreille en alternant l’écoute avec et sans compresseur… Si rien ne vous choque, c’est plutôt bon signe !
Il reste tout de même à affiner les réglages des temps d’attaque et de relâchement. Commencez par réduire doucement le temps d’attaque. Si vous commencez à entendre des « craquements », c’est que vous êtes allés trop loin. En effet, un temps d’attaque trop rapide provoque de la distorsion. Si cela peut parfois être intéressant en situation de mix, il n’en est rien lors du mastering alors reculez de quelques millisecondes. En ce qui concerne le relâchement, c’est tout aussi délicat. Un temps trop court entraînera un effet de pompage, alors qu’un temps trop long ne permettra pas au compresseur de revenir au repos entre deux crêtes. Il vous faut donc trouver un équilibre qui permette à la compression de s’exprimer sans se laisser entendre. Un bon moyen d’y parvenir consiste à jeter un œil au niveau de réduction de gain. Ce dernier doit « danser » sur votre musique sans forcer le rythme. Notez que le travail sur les constantes temporelles d’un compresseur entraînera forcément des changements de la réduction de gain, il vous faudra donc certainement réajuster le seuil afin de conserver vos 2 à 3 dB de réduction ainsi que le « makeup » pour récupérer un niveau d’écoute cohérent entre le son compressé et le son non-traité.
Nous n’avons pas encore abordé la question du « knee » : soft ou hard ? La plupart du temps, nous vous conseillons de privilégier un réglage soft knee pour une action du compresseur progressive et donc plus transparente. Ceci étant dit, à titre strictement personnel, j’ai toujours préféré le mode hard knee qui sonne de façon plus musicale à mes oreilles dans le cadre des musiques dites « modernes ».
Une fois tous ces réglages effectués, vous devriez obtenir un résultat sonore plus équilibré au niveau dynamique sans pour autant avoir sacrifié l’aspect vivant de votre morceau. À l’écoute, les différents instruments s’articuleront ensemble de façon plus naturelle et formeront un tout. Il s’agit là du fameux effet « glue » évoqué sur les nombreux forums dans la langue de Shakespeare. Cela peut vous paraître flou pour l’instant, mais lorsque vous y parviendrez, vous le saurez !
La prochaine fois, nous continuerons notre épopée avec l’épineuse question de la compression multibande.