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Pédago
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Quel format d’enregistrement ? Le grand guide de l’enregistrement - 3e partie

Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à une question qu’il est essentiel de se poser avant tout enregistrement à l’heure du « tout numérique » : quel format audio doit-on utiliser pour obtenir une qualité optimale ?

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Fréquence d’échan­tillon­nage

Je ne vais pas m’at­tar­der trop sur ce point, car il me semble moins impor­tant que le para­graphe suivant. Sachez que, lorsque l’on parle d’en­re­gis­tre­ment audio, la fréquence d’échan­tillon­nage (ou « sample rate » dans la langue de Shakes­peare) repré­sente le nombre d’échan­tillons que le conver­tis­seur mesure par seconde. Vous devez tous connaître les célèbres nombres 16-bit/44,1 kHz, ne serait-ce qu’à cause de la « qualité CD ». Enre­gis­trer en 44,1 kHz signi­fie que le signal audio est mesuré 44 100 fois par seconde. Et que mesure le conver­tis­seur exac­te­ment ? Tout simple­ment le volume du son, mais nous y revien­drons.

Les inter­faces audio­nu­mé­riques modernes sont capables de travailler avec des fréquences d’échan­tillon­nage de 44,1 kHz, 48 kHz, 88,2 kHz, 96 kHz, voire 192 kHz et plus. En théo­rie, plus la fréquence est élevée, meilleure sera la qualité audio, car le plus grand nombre de mesures garan­tit une préci­sion accrue, non ? Cepen­dant, il faut garder à l’es­prit qu’en­re­gis­trer avec un « sample rate » élevé génère d’une part des fichiers plus gros, et que d’autre part, cela solli­cite plus le proces­seur de votre machine. Le jeu en vaut-il réel­le­ment la chan­delle ? Je ne pense pas, d’au­tant que la diffé­rence de qualité ne me semble pas des plus signi­fi­ca­tives. En effet, le 44,1 kHz est théo­rique­ment suffi­sant pour repro­duire les fréquences audio jusqu’à 22,05 kHz, ce qui est au-delà de la percep­tion humaine plafon­nant au mieux à 20 kHz. Du coup, ce taux d’échan­tillon­nage est ample­ment suffi­sant. À titre person­nel, je travaille en 48 kHz, non pas à cause d’un quel­conque compro­mis me donnant bonne conscience, mais pour une ques­tion plus prag­ma­tique, le 48 kHz étant la norme en termes de son pour la vidéo et le surcoût en ressources étant faible par rapport au 44.1, pourquoi donc s’en priver ?

Voyons à présent la ques­tion de la profon­deur de bit (« bit depth » en anglais).

La taille compte-t-elle ?

Comme je vous le disais, la fréquence d’échan­tillon­nage déter­mine le nombre de mesures par seconde du volume audio. La profon­deur de bit, quant à elle, sert juste­ment à cette mesure du volume à propre­ment parler. Plus exac­te­ment, un bit permet de captu­rer, et donc retrans­crire, une plage dyna­mique de 6 dB. Ainsi, un enre­gis­tre­ment en 16-bit offre une dyna­mique théo­rique de 16 × 6 = 96 dB. Cela peut paraître ample­ment suffi­sant pour une produc­tion moderne puisque les plus dyna­miques d’entre elles présentent un écart de volume entre le passage le plus fort et le passage le plus faible de seule­ment 18 dB tout au plus. Pourquoi alors s’em­bê­ter à travailler avec un « bit depth » plus élevé ? Eh bien, il y a au moins trois bonnes raisons à cela…

Dynamique

La première, c’est qu’il ne faut pas confondre la dyna­mique présen­tée par un titre fina­lisé avec la dyna­mique d’un instru­ment lors de sa capta­tion. Et même si cette plage dyna­mique sera certai­ne­ment réduite lors des phases de mixage et de maste­ring, il est toute­fois primor­dial d’avoir une capta­tion la plus proche possible de la source afin de conser­ver une belle marge de manœuvre lors des étapes ulté­rieures.

La deuxième vient d’une contrainte inhé­rente aux appa­reils utili­sés pour l’en­re­gis­tre­ment. Tout dispo­si­tif analo­gique (micro, préam­pli, etc.) génère inévi­ta­ble­ment un bruit de fond. Et bien sûr, ces bruits s’ajoutent, donc chaque élément de votre chaîne audio contri­bue à rele­ver le bruit de fond global, sans parler du bruit ambiant propre à votre lieu d’en­re­gis­tre­ment. Bref, imagi­nons que tout ce beau monde consti­tue un bruit de 20 dB. Pour ne pas être noyées dans ce fond sonore, vos capta­tions doivent se situer au-dessus de ces 20 dB et la dyna­mique de votre enre­gis­tre­ment 16-bit passe donc de 96 dB à 76 dB en réalité. Il y a encore de quoi faire me direz-vous. Sauf qu’une autre contrainte propre à l’en­re­gis­tre­ment numé­rique vient mettre son grain de sel…

En audio­nu­mé­rique, le 0 dB crête est une limite abso­lue. Au-delà, c’est le clip numé­rique assuré, ce qui se traduit par une bouillie sonore immonde qui n’a rien de musi­cal. Du coup, il convient d’en­re­gis­trer bien en dessous du 0 dB afin de se prému­nir de tout problème. Cette façon de faire réduit donc une fois de plus notre marge de manœuvre dyna­mique, à tel point que nous commençons à nous sentir quelque peu à l’étroit avec nos malheu­reux 16-bit… Heureu­se­ment, une solu­tion simple existe : l’en­re­gis­tre­ment en 24-bit.

Avec le 24-bit, la plage dyna­mique théo­rique­ment dispo­nible est de 24 × 6 = 144 dB ! Même avec un bruit de fond cumulé de 20 dB et une hypo­thé­tique marge de sécu­rité de 15 dB avant le clip numé­rique, cela laisse 109 dB à la portion de signal audio utili­sable, soit large­ment de quoi voir venir. Par consé­quent, l’en­semble de nos enre­gis­tre­ments se feront en 24-bit.

Pour finir, un mot sur le 32-bit ou 64-bit à virgule flot­tante. Si ces réso­lu­tions ont une utilité lors des phases de mixage et de maste­ring, il n’en est rien à l’heure de l’en­re­gis­tre­ment. Pourquoi donc ? Tout simple­ment parce qu’il n’existe pas à ma connais­sance de véri­tables conver­tis­seurs capables d’en­co­der le son à ces profon­deurs de bit.

Sur ce, rendez-vous au prochain épisode !

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