Dans cet épisode, nous allons clôturer notre volet « trucs et astuces » concernant l’automation en considérant la chose du point de vue de la structure même du titre en cours de mixage. Cette fois-ci, notre terrain de jeu sera l’agencement des pièces du puzzle que sont l’intro, les couplets, les refrains, les ponts, les solos, etc.
Comme un Lego…
La première astuce que nous allons voir n’est pas vieille comme le monde, mais « presque », puisqu’elle doit remonter aux premiers véritables mixages stéréo. Le principe est on ne peut plus simple : restreindre la largeur stéréo sur les couplets afin de pouvoir mieux « lâcher les chiens » lors des refrains. Ça n’a vraiment l’air de rien dit comme cela, mais ça fait toujours son petit effet. Si vous ne connaissiez pas cette astuce, je vous invite à l’essayer sur-le-champ, vous m’en direz des nouvelles ! Il en existe bien entendu de nombreuses variantes, toutes plus ou moins basées sur le même concept. Vous pouvez par exemple la jouer « extrémiste » avec des passages uniquement en mono pour mieux marquer la différence avec les climax en stéréo et ainsi obtenir un impact émotionnel survitaminé. Il est également envisageable de déséquilibrer volontairement l’espace stéréo durant certains passages (instrumentation globalement plus à droite ou à gauche) pour revenir à l’équilibre aux moments qui vous semblent opportuns. Bref, libre à vous de décliner cette méthode comme bon vous semble, soyez créatif !
Deuxième astuce d’automation en lien direct avec la structure d’un morceau : le traitement à part des breaks. Il est courant d’appliquer des effets spécifiques sur ces sections de coupe du morceau afin de renforcer leur rôle de transition musicale. Ces effets peuvent être employés dans deux sens antagonistes : soit pour ajouter du liant entre deux sections contiguës trop disparates, soit, au contraire, pour accentuer la distinction d’un passage à un autre. Dans le premier cas, il s’agira d’introduire progressivement la pâte sonore du passage à venir en partant de la couleur de la section actuelle ; par exemple en faisant une sorte de morphing entre des réverbes via le fade-out du bus auxiliaire de l’une en conjonction avec le fade-in de l’autre. Dans le second, il est plutôt question d’effets « agressifs », ou tout du moins suffisamment marqués, par exemple des distorsions, des filtres passe-haut ou passe-bas ayant des pentes assez raides, voire une résonance, ou bien encore des effets de modulation de type chorus, flanger, etc. Ces effets sont généralement appliqués à l’ensemble des éléments du break (mais rien ne vous interdit de les restreindre à un ou deux éléments clés) et l’automation de leurs paramètres rendra la « cassure sonore » plus vivante, sans parler du côté « fun » de la manœuvre !
Pour finir, voici une astuce un peu plus subtile, mais ô combien efficace : l’égalisation temporaire des aigus du début d’une section, typiquement un refrain. En effet, ajouter un petit décibel dans le haut du spectre à l’ensemble du mix au début d’un passage via un filtre en plateau est une technique couramment utilisée pour ajouter à ce dernier un supplément d’élan. Une automation en douceur du gain de ce filtre en plateau pour revenir à une balance de mix naturelle est bien évidemment de mise afin de garantir la transparence du subterfuge.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! Notez que toutes les méthodes évoquées lors des trois derniers articles ne sont que des exemples dont il faut vous inspirer plutôt que de les appliquer à la lettre. De plus, il est évident qu’il ne faut pas tout utiliser systématiquement pour chacun de vos mix. À vous de voir ce qui sera le plus adapté en fonction du titre sur lequel vous travaillez.
Dans le prochain épisode, nous verrons quels sont les pièges à éviter à l’heure de l’automation.