Après l’enregistrement du jeu à l’archet la semaine dernière, voyons à présent comment réaliser une captation de la contrebasse lorsqu’elle est jouée en pinçant les cordes avec les doigts, autrement dit la technique de jeu pizzicato.
Je vous ferai grâce des remarques de base relatives à l’instrument que j’ai déjà énoncées lors de l’épisode précédent pour me concentrer plus spécialement sur les particularités sonores induites par ce type de jeu. Le pizzicato génère des sons profondément différents du jeu à l’archet : transitoires très brèves, sustain relativement court, et, dans la majorité des cas, une dynamique plus étendue à cause d’une différence de niveau plus marquée entre ces deux composantes du son. Tout cela va nous amener à utiliser deux micros pour obtenir un rendu convenable.
En piste
Avant de considérer l’enregistrement avec des micros, voyons d’abord ce que donne la captation via la cellule :
Nous nous en tirons mieux que la semaine dernière sur le jeu à l’archet, mais si je pouvais me contenter de ça pour la sonorisation d’un concert, il me semble qu’en situation d’enregistrement studio, nous pouvons largement obtenir mieux.
Pour ce faire, nous allons tout d’abord placer un premier micro comme suit : distance de 15 à 40 cm du côté de la corde la plus aiguë, le micro légèrement au-dessus du chevalet. Comme nous allons le voir, la position du micro en regard de l’ouïe et du chevalet a ici une grande importance, et nous commencerons par pointer la capsule juste entre les deux. Notez que tous les exemples sont ici fait au moyen d’un micro Oktava MC012, donc un statique cardioïde à petite membrane, mais que, suivant le son recherché, je vous invite à expérimenter avec d’autres types de micros.
Écoutons maintenant le rendu lorsque la capsule pointe plus vers le chevalet, puis vers l’ouïe :
- 03 Pizz Oktava C 00:21
- 04 Pizz Oktava F 00:21
Nous pourrions résumer les résultats obtenus ainsi : déplacer la capsule du chevalet à l’ouïe revient à passer du clair à l’obscur. Il s’agit donc de trouver l’équilibre qui conviendra le mieux à votre morceau.
Mais l’attaque dans tout ça ? Il est vrai que cette composante sonore n’est pas vraiment au premier plan des extraits précédents. Afin de capturer celle-ci, j’aime utiliser en plus un deuxième micro placé à une dizaine de centimètres au-dessus de la main qui pince les cordes avec un angle d’environ 45° par rapport au manche et à une distance de 15 à 20 cm de ce dernier (voir photos). Ici, j’ai utilisé un basique SM57 pour réaliser cette manœuvre :
Le rendu seul n’a pas un intérêt extraordinaire. En revanche, lorsque l’on mélange ce signal à celui du premier micro, cette prise devient un levier extraordinaire pour doser l’attaque de votre pizzicato. Vous n’êtes pas convaincu ? Eh bien, jugez plutôt par vous-même en écoutant les exemples suivants pour lesquels j’ai automatisé le mélange des deux pistes en partant du signal du premier micro seul pour progressivement intégrer celui du deuxième :
- 06 Pizz neutre 57 00:21
- 07 Pizz C 57 00:21
- 08 Pizz F 57 00:21
La palette sonore disponible est tout de suite beaucoup plus intéressante, n’est-ce pas ?
J’espère que ces quelques pistes pour l’enregistrement de la contrebasse lorsqu’elle est jouée en pizzicato vous permettront de trouver votre bonheur. La semaine prochaine, nous essaierons de répondre à une problématique posée par l’article d’aujourd’hui et que j’ai volontairement mise à l’écart, la question de la phase lors de l’enregistrement d’un même instrument avec plusieurs micros…
Remerciements
Je tiens une nouvelle fois à remercier Colin de m’avoir accordé une paire d’heures afin de pouvoir réaliser ces exemples sonores. Colin est contrebassiste pour les Chozpareï, un groupe incontournable de la scène montpelliéraine, ainsi que pour Tana & the Pocket Philharmonic, une formation envoûtante dont vous devriez bientôt entendre parler près de chez vous tant leur musique a pour vocation le voyage de scène en scène.
Téléchargez les extraits sonores (format FLAC)