Comme nous l’avons vu ces dernières semaines, les tenants et aboutissants de l’automation n’ont, en soi, vraiment rien de sorcier. Cependant, à l’heure de la mise en œuvre, il y a tout de même quelques écueils à éviter. Voici donc une petite compilation des erreurs et problèmes les plus fréquemment rencontrés.
Problèmes d’automation liés au routing
Bon nombre de désagréments en matière d’automation sont liés au routing au sein de votre STAN. Prenons un exemple concret pour illustrer la chose. Imaginez un instant que vous ayez envie de marquer l’alternance couplet/refrain par, entre autres choses, une augmentation du volume de la grosse caisse de votre batterie. Pour ce faire, vous vous jetez logiquement sur le fader de volume de la piste idoine afin d’automatiser ces variations de niveaux. Et là, paf ! Le résultat n’est pas au rendez-vous… Que se passe-t-il ? Ce grand classique du genre est dû au routing de votre piste de grosse caisse qui passe sans doute par un bus dédié à la batterie et sur lequel vous avez certainement inséré un compresseur afin de contrôler la dynamique globale de votre kit. Moralité, en poussant le niveau du kick, le compresseur du bus travaille un peu plus mais maintient tout de même fermement le signal de la batterie par la bride, d’où le rendu peu satisfaisant. Cette stratégie contre-productive au possible n’est donc pas la bonne. Pour obtenir le changement souhaité, vous pouvez par exemple automatiser les réglages du compresseur de bus en sus du volume du kick pour que la compression ne vienne plus contrecarrer l’automation de la grosse caisse. Une autre solution pourrait être d’insérer un égaliseur sur le bus batterie, juste après le compresseur, et d’automatiser un filtre en cloche dans le grave, voire un second dans le haut-médium pour la frappe, afin d’obtenir un résultat satisfaisant sur les refrains.
Autre cas fréquemment problématique lors des automations de volume, la gestion de l’équilibre avec les bus auxiliaires. En effet, si un envoi vers un circuit auxiliaire se fait pré-fader, l’ajustement du volume de la piste source changera immanquablement la balance entre signal sec et signal traité par les effets présents sur le bus. À l’inverse, avec un envoi post-fader, la balance restera identique, ce qui n’est pas forcément ce que vous souhaitez. Pour être plus clair, dans le cas d’un envoi vers un bus de réverbération ayant pour vocation de placer dans l’espace un instrument, faites attention au routing pré- ou post-fader lors de l’automation du volume dudit instrument, car cela peut venir tout chambouler.
Vous l’aurez sans doute compris, le but de l’article du jour est de vous mettre en garde contre les interactions indésirables entre vos choix de routing et vos envies d’automation. Avant tout changement, réfléchissez toujours à l’impact possible sur les traitements qui suivent dans le circuit du signal jusqu’au bus master, sans oublier les éventuels effets placés en parallèle. Je sais qu’au début cela ressemble à une histoire de dingue, mais avec un peu plus de métier, vous constaterez vite qu’il n’y a pas de quoi se faire de cheveux, il suffit juste d’un peu de clairvoyance et d’organisation.
Glitches et clics audio dûs à l’automation
Après les éventuels tracas liés au routing, l’autre type de souci extrêmement fréquent est l’apparition de « glitch » ou de clics audio suite à une automation. Ce phénomène se produit principalement dans deux cas de figure. Le premier intervient lorsque deux nœuds d’automation se trouvent exactement à la même position sur votre ligne temporelle, ce qui se traduit visuellement par une ligne verticale au sein de votre courbe d’automation. Le paramètre ainsi automatisé passe donc instantanément d’une valeur à une autre de façon non continue ; et plus ce saut de valeur est important, plus le risque d’apparition d’artefact est grand. Un exemple criant du genre est l’automation du fader de volume passant immédiatement de 0 dB à -∞ en plein milieu d’un fichier audio. Cela équivaut tout simplement à une coupure pure et dure de l’onde sonore sans aucun fade out, d’où le clic audio.
Pour remédier à cela, deux solutions : soit vous décalez légèrement l’un des deux nœuds afin de créer une transition progressive entre les deux valeurs d’automation ; soit vous vous arrangez pour que ce type d’agencement des nœuds n’intervienne que sur des passages absolument silencieux de votre piste.
Le deuxième cas de figure est d’une certaine façon lié au premier, il s’agit de l’automation des réglages de type « on/off » par exemple le bouton « Mute » d’une piste, ou bien encore le bypass d’un plug-in. Comme précédemment, il y a un saut brutal entre deux états radicalement différents et ce dernier peut éventuellement entrainer un artefact audio. Or, cette fois-ci, il vous est impossible de régler le problème en créant une sorte de fade entre les valeurs en raison de la nature même de ce genre de paramètre… La bonne nouvelle, c’est que si votre STAN ainsi que vos plug-ins sont bien conçus, vous ne devriez pas rencontrer ce genre de complication. La mauvaise, c’est que dans le cas contraire, il n’y a pas vraiment de solution miracle. Le mieux que vous puissiez faire c’est de chercher une solution alternative pour obtenir le résultat souhaité, comme par exemple préférer l’emploi d’un fade rapide du volume de votre piste plutôt que l’utilisation de la fonction « Mute », ou bien encore opter pour l’automation du paramètre « Dry/Wet », si le plug-in concerné en dispose, en lieu et place du switch de bypass. Et si d’aventure aucune autre option ne s’offrait à vous, il vous reste tout de même une solution plus radicale qui consiste à effectuer un rendu de la piste en question avec l’automation du paramètre posant problème et à éditer à la main l’odieux clic audio via les outils adéquats disponibles dans votre STAN (ciseau, trim, fade, etc.).
Pour clôturer cet article, un dernier petit piège. N’oubliez jamais que par essence, une fois un paramètre automatisé, vous n’avez plus directement la main sur ce dernier. Il vous est bien entendu encore possible de le modifier, mais cela passera par un chemin plus complexe que la manipulation directe dudit paramètre à la souris, par exemple le mode d’automation Trim, ou bien encore la désactivation de la lecture de l’automation. Si vous vous demandiez pour quelle raison je n’avais pas traité l’automation plus tôt, c’est principalement pour cette raison !
La semaine prochaine, nous aborderons les dernières recommandations en matière d’automation.