Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Pédago
19 réactions

Les pièges de l’automation - Le guide du mixage — 117e partie

Comme nous l’avons vu ces dernières semaines, les tenants et aboutissants de l’automation n’ont, en soi, vraiment rien de sorcier. Cependant, à l’heure de la mise en œuvre, il y a tout de même quelques écueils à éviter. Voici donc une petite compilation des erreurs et problèmes les plus fréquemment rencontrés.

Les pièges de l’automation : Le guide du mixage — 117e partie
Accéder à un autre article de la série...

Problèmes d’au­to­ma­tion liés au routing

Bon nombre de désa­gré­ments en matière d’au­to­ma­tion sont liés au routing au sein de votre STAN. Prenons un exemple concret pour illus­trer la chose. Imagi­nez un instant que vous ayez envie de marquer l’al­ter­nance couplet/refrain par, entre autres choses, une augmen­ta­tion du volume de la grosse caisse de votre batte­rie. Pour ce faire, vous vous jetez logique­ment sur le fader de volume de la piste idoine afin d’au­to­ma­ti­ser ces varia­tions de niveaux. Et là, paf ! Le résul­tat n’est pas au rendez-vous… Que se passe-t-il ? Ce grand clas­sique du genre est dû au routing de votre piste de grosse caisse qui passe sans doute par un bus dédié à la batte­rie et sur lequel vous avez certai­ne­ment inséré un compres­seur afin de contrô­ler la dyna­mique globale de votre kit. Mora­lité, en pous­sant le niveau du kick, le compres­seur du bus travaille un peu plus mais main­tient tout de même ferme­ment le signal de la batte­rie par la bride, d’où le rendu peu satis­fai­sant. Cette stra­té­gie contre-produc­tive au possible n’est donc pas la bonne. Pour obte­nir le chan­ge­ment souhaité, vous pouvez par exemple auto­ma­ti­ser les réglages du compres­seur de bus en sus du volume du kick pour que la compres­sion ne vienne plus contre­car­rer l’au­to­ma­tion de la grosse caisse. Une autre solu­tion pour­rait être d’in­sé­rer un égali­seur sur le bus batte­rie, juste après le compres­seur, et d’au­to­ma­ti­ser un filtre en cloche dans le grave, voire un second dans le haut-médium pour la frappe, afin d’ob­te­nir un résul­tat satis­fai­sant sur les refrains.

Automation 116

Autre cas fréquem­ment problé­ma­tique lors des auto­ma­tions de volume, la gestion de l’équi­libre avec les bus auxi­liaires. En effet, si un envoi vers un circuit auxi­liaire se fait pré-fader, l’ajus­te­ment du volume de la piste source chan­gera immanqua­ble­ment la balance entre signal sec et signal traité par les effets présents sur le bus. À l’in­verse, avec un envoi post-fader, la balance restera iden­tique, ce qui n’est pas forcé­ment ce que vous souhai­tez. Pour être plus clair, dans le cas d’un envoi vers un bus de réver­bé­ra­tion ayant pour voca­tion de placer dans l’es­pace un instru­ment, faites atten­tion au routing pré- ou post-fader lors de l’au­to­ma­tion du volume dudit instru­ment, car cela peut venir tout cham­bou­ler.

Vous l’au­rez sans doute compris, le but de l’ar­ticle du jour est de vous mettre en garde contre les inter­ac­tions indé­si­rables entre vos choix de routing et vos envies d’au­to­ma­tion. Avant tout chan­ge­ment, réflé­chis­sez toujours à l’im­pact possible sur les trai­te­ments qui suivent dans le circuit du signal jusqu’au bus master, sans oublier les éven­tuels effets placés en paral­lèle. Je sais qu’au début cela ressemble à une histoire de dingue, mais avec un peu plus de métier, vous consta­te­rez vite qu’il n’y a pas de quoi se faire de cheveux, il suffit juste d’un peu de clair­voyance et d’or­ga­ni­sa­tion.

Glitches et clics audio dûs à l’au­to­ma­tion

Après les éven­tuels tracas liés au routing, l’autre type de souci extrê­me­ment fréquent est l’ap­pa­ri­tion de « glitch » ou de clics audio suite à une auto­ma­tion. Ce phéno­mène se produit prin­ci­pa­le­ment dans deux cas de figure. Le premier inter­vient lorsque deux nœuds d’au­to­ma­tion se trouvent exac­te­ment à la même posi­tion sur votre ligne tempo­relle, ce qui se traduit visuel­le­ment par une ligne verti­cale au sein de votre courbe d’au­to­ma­tion. Le para­mètre ainsi auto­ma­tisé passe donc instan­ta­né­ment d’une valeur à une autre de façon non conti­nue ; et plus ce saut de valeur est impor­tant, plus le risque d’ap­pa­ri­tion d’ar­te­fact est grand. Un exemple criant du genre est l’au­to­ma­tion du fader de volume passant immé­dia­te­ment de 0 dB à -∞ en plein milieu d’un fichier audio. Cela équi­vaut tout simple­ment à une coupure pure et dure de l’onde sonore sans aucun fade out, d’où le clic audio.

Pour remé­dier à cela, deux solu­tions : soit vous déca­lez légè­re­ment l’un des deux nœuds afin de créer une tran­si­tion progres­sive entre les deux valeurs d’au­to­ma­tion ; soit vous vous arran­gez pour que ce type d’agen­ce­ment des nœuds n’in­ter­vienne que sur des passages abso­lu­ment silen­cieux de votre piste.

Automation glitches

Le deuxième cas de figure est d’une certaine façon lié au premier, il s’agit de l’au­to­ma­tion des réglages de type « on/off » par exemple le bouton « Mute » d’une piste, ou bien encore le bypass d’un plug-in. Comme précé­dem­ment, il y a un saut brutal entre deux états radi­ca­le­ment diffé­rents et ce dernier peut éven­tuel­le­ment entrai­ner un arte­fact audio. Or, cette fois-ci, il vous est impos­sible de régler le problème en créant une sorte de fade entre les valeurs en raison de la nature même de ce genre de para­mè­tre… La bonne nouvelle, c’est que si votre STAN ainsi que vos plug-ins sont bien conçus, vous ne devriez pas rencon­trer ce genre de compli­ca­tion. La mauvaise, c’est que dans le cas contraire, il n’y a pas vrai­ment de solu­tion miracle. Le mieux que vous puis­siez faire c’est de cher­cher une solu­tion alter­na­tive pour obte­nir le résul­tat souhaité, comme par exemple préfé­rer l’em­ploi d’un fade rapide du volume de votre piste plutôt que l’uti­li­sa­tion de la fonc­tion « Mute », ou bien encore opter pour l’au­to­ma­tion du para­mètre « Dry/Wet », si le plug-in concerné en dispose, en lieu et place du switch de bypass. Et si d’aven­ture aucune autre option ne s’of­frait à vous, il vous reste tout de même une solu­tion plus radi­cale qui consiste à effec­tuer un rendu de la piste en ques­tion avec l’au­to­ma­tion du para­mètre posant problème et à éditer à la main l’odieux clic audio via les outils adéquats dispo­nibles dans votre STAN (ciseau, trim, fade, etc.).

Pour clôtu­rer cet article, un dernier petit piège. N’ou­bliez jamais que par essence, une fois un para­mètre auto­ma­tisé, vous n’avez plus direc­te­ment la main sur ce dernier. Il vous est bien entendu encore possible de le modi­fier, mais cela passera par un chemin plus complexe que la mani­pu­la­tion directe dudit para­mètre à la souris, par exemple le mode d’au­to­ma­tion Trim, ou bien encore la désac­ti­va­tion de la lecture de l’au­to­ma­tion. Si vous vous deman­diez pour quelle raison je n’avais pas traité l’au­to­ma­tion plus tôt, c’est prin­ci­pa­le­ment pour cette raison !

La semaine prochaine, nous abor­de­rons les dernières recom­man­da­tions en matière d’au­to­ma­tion.

← Article précédent dans la série :
Gérer les transitions intro-couplet-refrain avec l’automation
Article suivant dans la série :
Derniers conseils pour l’automation →

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre