Aujourd’hui, je vous propose d’explorer quelques techniques d’automation reposant sur notre animalité auditive qui sauront insuffler un supplément d’âme à l’arrière-plan de votre film sonore.
L’envers du décor
Avant toute chose, mettons-nous d’accord sur le fait que ce n’est pas parce qu’un instrument se destine à l’accompagnement qu’il doit passer totalement inaperçu. Pour paraphraser Andy Warhol, chacun a droit à son quart d’heure de gloire. Mais comment traduire cela en termes d’automation dans le cadre d’un mixage sans pour autant voler la vedette aux véritables stars de votre titre ? Il y a de nombreuses réponses à cette question, mais nous nous contenterons de voir les trois principales à mon sens.
Faisons une analogie afin d’illustrer la première méthode. Imaginez que vous êtes dans une rue commerçante au premier jour des soldes. Les trottoirs sont bondés de chalands anonymes, aucun ne se détache du lot à vos yeux. Supposez maintenant que l’un d’entre eux fasse un grand signe de la main dans votre direction l’espace d’un instant. À partir de ce moment-là, cette personne ne vous sera plus totalement inconnue ; dans votre esprit, il sera celui qui a fait un signe de la main. Qu’importe s’il s’éloigne dans la foule ou s’il disparaît un temps dans une boutique, votre cerveau aura enregistré son existence et ne le perdra donc plus réellement de vue.
Transposons maintenant la situation dans le domaine musical. Pour qu’un instrument « secondaire » en regard de la composition reste quoiqu’il arrive bien ancré dans l’esprit de l’auditeur, il suffit qu’il lui fasse ce fameux signe de la main l’espace d’un instant. Le meilleur moyen de réaliser cela se résume tout simplement à utiliser l’automation du fader de volume pour augmenter légèrement le niveau dudit instrument pendant la première mesure jouée, puis de revenir au niveau adéquat pour le reste du morceau. Ainsi, il se fera subtilement remarquer à sa première entrée en scène et ne sera plus, dès lors, un simple « instrument anonyme ».
Une autre façon de rendre moins « potiche » un instrument secondaire consiste à jouer sur son panoramique. Il n’est pas question de grandes manœuvres toutefois. De légères variations d’une faible amplitude autour de la position d’origine et à une vitesse relativement lente feront la blague. Le but est ici de suggérer une sensation de mouvement, ce qui est synonyme de vie en regard de notre animalité, comme nous l’avons vu lors d’un article précédent.
Dernière méthode du jour, les fade-in et fade-out à différentes vitesses. Cette technique repose plus ou moins sur les mêmes rouages que la première. Si, à l’occasion du fondu d’entrée, un instrument secondaire rentre plus vite en scène que les autres, l’auditeur le remarquera forcément. À partir de là, il saura que cet instrument est présent, même si c’est en fond de mix.
Pour le fondu de sortie, c’est à peu près la même tisane, sauf que cette fois-ci, l’instrument secondaire doit sortir du cadre plus lentement que les autres afin de se faire remarquer. Alors évidemment, ce fameux instrument se fait entendre un peu après la bataille. Mais l’auditeur relèvera tout de même la chose et sera donc plus sensible à la présence de cet élément du mix lors d’une prochaine écoute. Cela peut paraître légèrement « capillotracté », je vous l’accorde. Mais repensez aux claps à la fin du « The Look » de Metronomy…
La semaine prochaine, nous terminerons cette série de trucs et astuces relatifs à l’automation en considérant la chose en regard de la structure de votre morceau.