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Pédago
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Instinct et automation - Le guide du mixage — 113e partie

Aujourd’hui, je vous propose d’aborder un concept relativement simple à comprendre et qui devrait grandement vous aider lors de l’élaboration de vos automations.

Instinct et automation : Le guide du mixage — 113e partie
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158 FR Les chats et leur instinct de chasseur.

Vous l’avez certai­ne­ment compris, l’un des prin­ci­paux enjeux de l’au­to­ma­tion consiste à capter, et surtout conser­ver l’at­ten­tion de l’au­di­teur tout au long de votre morceau. Mine de rien, c’est beau­coup plus facile à dire qu’à faire. Cela relève même du grand art lorsque le titre à mixer est « simple » en matière de compo­si­tion et/ou d’or­ches­tra­tion. Cepen­dant, c’est loin d’être impos­sible, comme nous avons pu le voir à l’oc­ca­sion de l’ana­lyse de « The look » de Metro­nomy. Afin de vous faci­li­ter la tâche dans cette quête de l’at­ten­tion, il me semble fort utile de toujours conser­ver un concept à l’es­prit : malgré des milliers d’an­nées d’évo­lu­tion, l’homme n’en demeure pas moins à la base un animal…

En quoi cela est-il impor­tant dans le domaine du mixage ? C’est, en défi­ni­tive, assez simple à comprendre. Les animaux sont des proies ou des préda­teurs, voire les deux dans la majo­rité des cas. Pour survivre, la nature les a dotés de sens qui leur permettent d’ana­ly­ser le monde exté­rieur. Qu’il s’agisse de l’ouïe, de l’odo­rat, ou bien encore de la vue, ces sens existent donc à l’ori­gine pour deux raisons : aider à repé­rer les éven­tuels dangers dus à l’ap­proche d’un préda­teur d’une part, et détec­ter le moindre frémis­se­ment provoqué par une poten­tielle pitance d’autre part. Par consé­quent, un léger bruit, une infime odeur ou un simple mouve­ment attirent natu­rel­le­ment l’at­ten­tion des animaux. Vous n’êtes pas convaincu ? Pensez donc à la réac­tion d’un chat devant lequel vous agite­riez un bête bout de ficel­le… Cela vous parle-t-il plus main­te­nant ? Il s’agit là d’un réflexe, c’est l’ins­tinct qui parle, et c’est plus fort que nous. Oui, j’ai bien écrit « plus fort que nous », car l’être humain est un animal comme les autres de ce point de vue là. Nous pouvons donc exploi­ter cet état de fait au cœur de nos mix, et l’au­to­ma­tion est un outil fantas­tique pour ça !

Basic Instinct

Pour profi­ter de notre anima­lité audi­tive, rien de plus simple : l’ar­ri­vée ou la dispa­ri­tion d’un élément dans le mix, le dépla­ce­ment d’un des instru­ments au sein du paysage sonore, ou bien encore un chan­ge­ment de « couleur » du spectre de tout ou partie du titre feront la blague. Mais atten­tion ! Même si une varia­tion soudaine et dras­tique fera toujours son petit effet, la plupart du temps il convient de la jouer discret sous peine de voler la vedette à la star de votre mix. Le but est de capti­ver l’au­di­teur, pas de le distraire de l’es­sen­tiel. De plus, la fréquence de ces chan­ge­ments ne doit pas non plus être trop élevée sinon vous risquez de fati­guer, et donc perdre, le public. Imagi­nez par exemple un violon oscil­lant à outrance entre les deux extrêmes du champ stéréo, rien de mieux pour refi­ler la nausée. Bref, une fois de plus la subti­lité est de mise ! Quand je vous disais que l’au­to­ma­tion était un art à part entiè­re…

Nous allons à présent voir comment cette jolie théo­rie se déroule en pratique.

Usual Suspects

Commençons par les éléments vedettes de votre mix. Qu’ils s’agissent de voix et/ou d’ins­tru­ments, il est impor­tant de comprendre qu’en règle géné­rale, il ne peut y avoir au maxi­mum que trois éléments au-devant de votre scène sonore en même temps, sous peine de brouiller votre propos. Ces éléments se répar­tissent l’es­pace stéréo de façon basique : droite, centre, gauche. Notez bien ceci : trois éléments maxi­mum en même temps. Cela ne veut donc pas dire qu’il ne peut y en avoir plus sur toute la longueur du titre, ou qu’il ne peut y en avoir moins au même moment.

Cepen­dant, si le morceau présente plus de trois éléments « stars », il convien­dra de mettre en place un jeu de chaises musi­cales de façon à ce qu’il n’y en ait que trois maxi­mum au même instant. Et pour gérer le passe­ment de relais d’un instru­ment à l’autre, l’au­to­ma­tion est bien sûr un outil de choix. Volumes, pano­ra­miques, mutes, EQs, réverbes, etc. servi­ront à orches­trer ce jeu de chaises musi­cales qui contri­buera gran­de­ment à conser­ver l’at­ten­tion de l’au­di­teur puisqu’ils engen­dre­ront, de fait, du mouve­ment.

Automation Faders

À l’in­verse, lorsqu’il n’y a qu’un ou deux éléments vedettes, impos­sible de comp­ter sur la stra­té­gie des chaises musi­cales pour main­te­nir l’in­té­rêt du public. Heureu­se­ment, il existe d’autres subter­fuges tout aussi effi­caces. Par exemple, les varia­tions de réver­bé­ra­tion et/ou delay d’une section du morceau à l’autre sont diable­ment effi­caces pour suggé­rer, de façon subtile ou non, une sensa­tion de vie/chan­ge­ment/mouve­ment (rayer la mention inuti­le…). Autre paran­gon du genre, le jeu avec les pano­ra­miques des bus d’ef­fets, toujours d’une section à l’autre. Il est évident que l’élé­ment star est indé­bou­lon­nable du centre de l’es­pace stéréo, mais ce n’est pas le cas des bus d’ef­fets lui étant dédiés. Ainsi, il est tout à fait envi­sa­geable de caler par exemple son delay d’un côté du champ stéréo sur un couplet et de faire l’in­verse sur un autre passage. Cette astuce ajou­tant une sensa­tion de vie est parti­cu­liè­re­ment prisée par certains produc­teurs/ingé­nieurs du son tel que Nigel Godrich, pour ne citer que lui.

Dernier exemple de tech­nique repo­sant sur notre anima­lité audi­tive et faci­le­ment appli­cable aux acteurs prin­ci­paux de votre film musi­cal : l’em­ploi d’ef­fets ponc­tuels. Un delay, une réver­bé­ra­tion, un chorus, une distor­sion, ou tout autre effet du genre suffi­sam­ment marqué et employé sur un seul mot ou une seule note judi­cieu­se­ment choi­sis atti­rera forcé­ment l’oreille. Atten­tion toute­fois, afin d’ex­ploi­ter la chose à son maxi­mum, il faut abso­lu­ment que cet usage soit ponc­tuel puisque cette astuce repose avant toute chose sur la sensa­tion de surprise pour accro­cher l’au­di­toire.

La prochaine fois, nous verrons comment jouer avec les éléments consti­tuant le « décor » de votre mix afin de les rendre plus attrayants via l’au­to­ma­tion.

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