Si vous aviez l’occasion de jeter un œil sur la session de mix d’un titre commercial, vous seriez sans doute plus surpris par l’apparente exubérance des lignes d’automation plutôt que par le nombre de plug-ins utilisés. Pourtant, l’apprenti ingénieur du son a une fâcheuse tendance à ignorer cette étape. Ce qui est bien dommage, car non content d’être l’apanage des mixages professionnels, c’est aussi à mon sens l’aspect le plus fun du boulot ! C’est pourquoi je vous propose de nous pencher sérieusement sur la question dans les semaines qui suivent.
Quésaco ?
Mais commençons par le commencement en expliquant de façon générale de quoi il s’agit. L’automation est une fonction permettant de faire évoluer de façon automatique et précise certains paramètres au cours du temps. Dans le monde de l’audionumérique, les STAN modernes offrent la possibilité de créer des automations pour la quasi-intégralité des réglages, des faders de volume aux panoramiques, en passant par les paramètres des plug-ins. Ces automations sont visuellement représentées par des courbes qui peuvent être écrites en temps réel lors de la lecture du morceau ou bien simplement « dessinées » directement à la souris, STAN à l’arrêt. Nous discuterons d’ailleurs des avantages et inconvénients de chacune de ces méthodes à l’occasion d’un prochain article.
Après lecture de cette brève introduction, une légère sensation de vertige a peut-être traversé votre corps face à l’immensité des perspectives que cette puissante fonction met à votre disposition. Et comme en matière de mixage il est bien trop facile de faire tout et n’importe quoi, voyons tout de suite à quoi peut servir l’automation de façon pragmatique.
Pour quoi faire ?
Il y a, selon moi, deux sortes d’automation au sein d’un mix réussi : la première que je qualifierais de fonctionnelle, et la seconde qui est plus « artistique ».
Le concept sous-jacent de l’automation fonctionnelle est relativement simple à comprendre. Le but est ici d’affiner tout le travail que nous avons effectué jusqu’à présent. Il s’agit par exemple d’améliorer l’articulation entre les éléments en ajustant les paramètres de tel ou tel traitement en fonction de la densification de l’arrangement. Il en résulte alors bien souvent un gain en clarté ainsi qu’en précision tout au long du déroulement du titre. Si nous reprenons la métaphore du début de cette série, nous travaillons ici sur le peaufinage tridimensionnel de notre puzzle sonore en fonction du temps, de façon à ce que les différentes pièces s’emboîtent au mieux entre elles tout au long du morceau.
L’automation « artistique » sert, quant à elle, à sublimer l’évolution dramatique de votre morceau. C’est en quelque sorte elle qui gère la mise en scène du film de votre mix : qui est au premier plan, qui sert de décor, et surtout quand, le tout en accord avec votre vision originelle du mix. Le but de la manœuvre est de capter l’attention de l’auditeur en permanence en braquant les projecteurs sur tel ou tel élément à tel ou tel moment. C’est ce type d’automation qui rendra votre titre vivant et qui évitera que l’auditoire ne décroche pour cause d’ennui.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel article qui explorera plus en profondeur l’un des thèmes évoqués aujourd’hui !