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Pédago
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Les questions à se poser avant l’automation - Le guide du mixage — 102e partie

Diantre, que cette série d’articles sur le mixage est longue… Eh oui mon bon monsieur, mais Rome ne s’est pas faite en un jour ! L’apprentissage sérieux d’une discipline, quelle qu’elle soit, demande toujours un investissement considérable en temps. C’est comme ça, je n’y peux rien. Si vous avez la moindre réclamation à ce sujet, merci d’en référer au grand barbu responsable de toute chose, à l’exception peut-être de sa propre création.

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Bref, pour en reve­nir à notre sujet, je sais bien que c’est long — si, si je vous assure ! J’en veux pour preuve le temps que je passe scot­ché à mon clavier pour pondre toutes ces lignes. Et je sais égale­ment que certains d’entre vous trouvent le rythme de publi­ca­tion un tanti­net mollas­son. Cepen­dant, il faut toujours regar­der le bon côté des choses. Cette fréquence de mise en ligne vous laisse suffi­sam­ment de marge pour digé­rer au mieux l’in­for­ma­tion. Car mine de rien, il y a énor­mé­ment de choses à assi­mi­ler. D’autre part, j’es­père que vous mettez bien à profit le laps de temps sépa­rant chaque article pour vous exer­cer. En effet, c’est bien beau de lire et d’ap­prendre la théo­rie par cœur, mais sans pratique, point de salut ! Pensez-vous qu’il suffit de connaître les règles ainsi que les tech­niques du tennis pour être un joueur hors pair ? Bien sûr que non, il faut s’en­traî­ner avec achar­ne­ment, encore et toujours. Par contre, il ne faut pas non plus tomber dans l’ex­cès inverse et travailler comme une bour­rique sans jamais réel­le­ment réflé­chir à ce que l’on fait. C’est pourquoi aujour­d’hui, je vous propose de faire un bilan provi­soire afin de mettre en pers­pec­tive le travail accom­pli jusqu’ici et d’ainsi vous prépa­rer au mieux à la fina­li­sa­tion de votre mixage.

Work in progress…

Alors, où en sommes-nous exac­te­ment ? Si vous jetez un œil à la feuille de route dres­sée au début de cette série, vous verrez que nous avons enfin atteint la sortie de notre boucle. Nous sommes donc devant ce que l’on nomme un mix statique. Toutes mes féli­ci­ta­tions, 85 % du travail est derrière vous !

Premix 01

Je vois déjà la mâchoire des plus assi­dus d’entre vous frôler le sol face à ce pour­cen­ta­ge… « Comment ? Seule­ment 85 % à l’épi­sode 102 alors que nous en étions déjà à 75 % à la partie 54… What the fudge !? ». Pour­tant, ce n’est pas si éton­nant que ça lorsqu’on y réflé­chit bien. Comme disent nos amis anglo­phones, « Devil is in the details », ce qui est valable en mix comme partout ailleurs. Par exemple, un sculp­teur trans­for­mera certai­ne­ment un bloc de marbre en silhouette humaine en moins de temps qu’il ne lui en faudra pour insuf­fler une sensa­tion de vie dans l’ex­pres­sion de cette dernière. En gros, si l’on sché­ma­ti­sait la progres­sion par une courbe dans un repère ortho­normé avec le temps passé en abscisse et le gain « quali­ta­tif » en ordon­née, nous obtien­drions une repré­sen­ta­tion loga­rith­mique, comprenne qui pourra !

Que faut-il rete­nir de cet insi­pide laïus ? Essen­tiel­le­ment deux choses. La première, c’est que plus vous vous rappro­chez de la fina­li­sa­tion du mix, plus il vous faudra trimer et moins les amélio­ra­tions seront clai­re­ment signi­fi­ca­tives. Cepen­dant, c’est juste­ment le souci du détail qui diffé­ren­cie un mixage amateur d’un mixage de qualité profes­sion­nelle, le jeu en vaut donc la chan­delle.

Deuxiè­me­ment, à ce stade du mix statique, vous êtes suffi­sam­ment proche de la version finale pour pouvoir juger de façon objec­tive la perti­nence du travail accom­pli jusqu’ici. Ainsi, je vous invite à reprendre vos notes concer­nant la vision de votre mix que vous avez réalisé au tout début de cette aven­ture. Reli­sez atten­ti­ve­ment ces dernières et essayez autant que faire se peut de vous remettre dans le même état d’es­prit que vous aviez lors de leur rédac­tion. Une fois cela fait, instal­lez-vous confor­ta­ble­ment dans votre fauteuil et écou­tez reli­gieu­se­ment votre morceau dans son inté­gra­lité à l’état actuel. Faites ensuite de même avec les diffé­rents rendus effec­tués lors des étapes inter­mé­diaires. Main­te­nant, posez-vous sincè­re­ment les ques­tions suivantes :

  • Ai-je respecté ma vision du mix ?
  • Les compro­mis faits sont-ils accep­tables en regard du rendu global ?
  • Les partis pris artis­tiques sont-ils oppor­tuns ?
  • Prenez-vous du plai­sir à écou­ter ce mix en tant que simple audi­teur ?
  • Au final, le travail effec­tué jusqu’ici sert-il le morceau ?

Si vous répon­dez par la néga­tive ne serait-ce qu’à une seule de ces ques­tions, je suis désolé de vous dire qu’il est tota­le­ment vain d’es­pé­rer rattra­per le coche par la suite. Il ne vous reste alors qu’une seule solu­tion : reve­nir en début de boucle. C’est peut-être dur à avaler, mais la froi­deur de cette vérité n’a d’égal que l’im­mense satis­fac­tion que vous aurez à coup sûr lorsque votre mix statique sera réel­le­ment en place.

En revanche, si l’état actuel de votre produc­tion comble toutes vos attentes, la prochaine étape du mixage devrait réel­le­ment être jubi­la­toire ! Du coup, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour le début du chapitre consa­cré à l’art de l’au­to­ma­tion.

P.-S. J’ima­gine que beau­coup d’entre vous trou­ve­ront cet article inutile. Aucun truc ou astuce à mettre concrè­te­ment en œuvre, c’est quelque part frus­trant. Pour­tant, je vous assure que la démarche décrite ici est abso­lu­ment néces­saire et n’a rien d’évident. Elle demande une bonne part d’hu­mi­lité, car il faut accep­ter de confron­ter son ego à la réalité des faits. C’est à mon sens l’apa­nage des plus grands ingé­nieurs du son.

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