Après notre chapitre consacré à la batterie, il semble naturel d'enchaîner avec le second pilier du groove, je veux bien entendu parler de la basse. Pour commencer cette nouvelle section, j'aimerais enfoncer encore plus le clou d'une notion sur laquelle j'insiste depuis le début de cette série sur l'enregistrement, à savoir le travail à la source…
Ça coule de source
Au commencement était… la basse ! C’est certainement une évidence pour la plupart d’entre vous, mais il me semble utile de rappeler que chaque modèle de basse électrique possède une signature sonore qui lui est propre. Or, dans l’optique d’un enregistrement, il ne faut jamais oublier la sacro-sainte règle d’or N°1. Ainsi, je vous invite à soigneusement choisir la basse que vous allez utiliser en fonction du son que vous désirez obtenir pour le morceau sur lequel vous travaillez. En effet, plus le son de départ sera proche du rendu souhaité et plus il vous sera facile d’arriver à vos fins lors des prochains stades de la production.
Ce secret de polichinelle vous paraît sans doute bête comme chou, mais prenez-vous la peine de réellement appliquer cette astuce ? Dites-vous bien que si les plus grands studios d’enregistrement ont un backline à faire saliver n’importe quel musicien, ce n’est pas pour la frime. Il s’agit avant tout de pouvoir faire face à n’importe quel désir sonore. Bien sûr, vous n’avez certainement pas accès à une myriade d’instruments. Ceci étant, en cherchant bien, il y a souvent moyen d’emprunter la basse qui va bien en sollicitant votre entourage. Et si ce n’est pas le cas, la location est peut-être envisageable. Je vous assure que le jeu en vaut largement la chandelle. Il vaut mieux avoir le « bon outil » plutôt que de bricoler le son lors du mixage à grand coups de traitements, le résultat sera systématiquement plus « propre » et naturel.
Vous n’êtes toujours pas convaincu de l’utilité de la manoeuvre ? Nous n’avons malheureusement ni le temps, ni les moyens de produire de véritables exemples audio qui illustreraient mon propos. Néanmoins, voici quelques extraits sonores bidouillés à l’aide d’un instrument virtuel et qui me semblent suffisamment éloquent, jugez plutôt :
- 01 60s P Bass 00:22
- 02 70s J Bass 00:22
- 03 Rick 00:22
- 04 Violin 00:22
Pour réaliser ces fichiers, j’ai programmé une ligne de basse sans trop de fioritures à l’aide du Modo Bass d’IK Multimedia. Cet instrument virtuel utilise la modélisation physique afin de recréer différents types de basse électrique. Ici, j’ai utilisé les modèles basés sur une Fender Precision Bass des années 60, une Fender Jazz Bass des 70's, une basse Rickenbacker 4003, et enfin une basse Hofner Violin. Avouez que les différences sonores sont loin d’être anecdotiques !
Comme l’instrument virtuel d’IK Multimedia dispose d’un nombre impressionnant de paramètres pour personnaliser le son, j’en profite pour illustrer un autre détail de taille : l’importance des cordes de votre instrument sur le rendu sonore.
- 05 Thunder Round New 00:22
- 06 Thunder Round Med 00:22
- 07 Thunder Round Old 00:22
- 08 Thunder Flat Med 00:22
Le premier extrait utilise une modélisation d’une basse Gibson Thunderbird avec des cordes neuves à filet rond. Pour le deuxième, les cordes sont un poil plus âgées. Sur le troisième, elles sont carrément vieilles. Enfin, le dernier exemple utilise des cordes à filet plat. Comme vous pouvez le constater une fois de plus, les différences du point de vue sonore ne sont pas anodines. Et je ne vous parle pas de la question du tirant qui influence également le rendu.
Bref, vous l’aurez compris, avant tout enregistrement il convient de prêter tout particulièrement attention à l’instrument que vous souhaitez enregistrer au regard du titre sur lequel vous travaillez. Cela vaut pour la basse comme pour n’importe quel instrument. Car en définitive, l’instrument choisi aura toujours beaucoup plus d’impact sur le rendu sonore que la reprise avec tel ou tel micro couplé à tel ou tel un préampli, etc. À bon entendeur…
P.-S. : Ne vous en faites pas, la semaine prochaine, vous aurez droit à un véritable bassiste qui viendra me prêter main forte pour la suite de ce chapitre consacré à l’enregistrement de la basse.