Maintenant que nous connaissons les critères sur lesquels doivent se fonder notre choix de micro pour l'enregistrement du chant ainsi que les caractéristiques de nos micros, nous avons enfin toutes les cartes en main pour passer à l'action. Afin d'éclairer mon propos d'une façon un peu plus concrète, je vous propose aujourd'hui d'étudier quelques cas de figure hypothétiques et l'orientation de choix de micro que cela implique…
Lieu(x) commun(s)
Commençons par le critère du lieu d’enregistrement avec le pire cas de figure qui est malheureusement le plus répandu en situation de home studio : une pièce non traitée à l’acoustique fort peu aguichante. Au passage, je vous répète encore une fois qu’il est relativement simple de s’affranchir de cette contrainte en prenant la peine de travailler dans un coin plutôt qu’un autre, déplacer du mobilier, enregistrer dans une autre pièce, investir dans des panneaux acoustiques mobiles ou en délocalisant carrément votre home studio dans un lieu plus adapté l’espace d’une séance ; mais admettons que tout cela ne soit pas possible.
Dans une situation telle que celle-ci, les premiers constats sont relativement simples : il vaut mieux privilégier un micro peu sensible et éviter les directivités omnidirectionnelle ou bidirectionnelle au profit d’un cardioïde de façon à limiter l’impact néfaste de l’acoustique du lieu. Rien qu’en faisant cela, vous améliorerez d’avance vos futures prises mais il est possible d’aller encore plus loin. En prenant soin d’écouter attentivement votre donneur de voix chanter « à vide » le titre en cours de production dans votre espace de captation, vous devriez remarquer assez facilement dans quelle(s) zone(s) du spectre l’acoustique du lieu vient perturber la performance. Cette démarche vous permettra d’orienter votre choix vers un micro possédant une balance spectrale à même de contrecarrer plus avant les effets indésirables. Un exemple classique du genre consiste à choisir un micro relativement « sombre » lorsqu’une pièce a tendance à réfléchir le haut du spectre.
Imaginons à présent une situation plus enviable : l’enregistrement au sein d’un lieu pourvu d’une acoustique relativement neutre. Dans ce cas, vous aurez alors les coudées franches et pourrez donc envisager l’utilisation d’un micro plus sensible. Vous pourrez même considérer l’emploi des directivités omni ou figure en 8 si vous souhaitez capter un peu plus « d’air » ou carrément une bonne dose de réverbération naturelle. Bien entendu, dans de telles conditions, ce sont essentiellement les trois autres critères qui orienteront principalement votre choix.
Dernier cas de figure du jour : un lieu à l’acoustique pas forcément désagréable en soi mais particulièrement sensible aux transitoires. Ici, mieux vaut privilégier un micro relativement « doux » à cet égard. Attention cependant, si votre donneur de voix chante avec une diction plus ou moins approximative, si vous souhaitez mettre en avant l’énergie de la voix ou si le « flot » du titre appelle une rythmique enlevée, prenez garde à ne pas tout noyer avec un micro un peu « mou du genou ».
Dans le prochain épisode, nous verrons encore d’autres cas de figure. Ceci étant, je tiens à terminer aujourd’hui en soulignant un chose : gardez à l’esprit que ces études de cas sont « simplifiés » car en réalité, l’ensemble des critères doivent être abordés de front avec en sus la question du placement du micro qui joue énormément sur le rendu final. Je me permets cependant de vous présenter les choses ainsi car il est extrêmement difficile de prendre en compte tous ces éléments en même temps lors d’une explication écrite.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour la suite de nos aventures !