Nouvel épisode consacré à l'étude de cas de figure hypothétiques simplifiés dans le cadre de l'enregistrement de la voix. Pour une fois, je vous ferai grâce d'une introduction verbeuse. En avant !
Funambulisme
Bon, commençons par une bonne dose de lapalissades…
Face à une voix trop brillante, un micro offrant une balance tonale plutôt « sombre » s’imposera. À l’inverse, sur une voix sensiblement étouffée, mieux vaut utiliser un micro brillant, éventuellement un omnidirectionnel ou un bidirectionnel disposant d’un coupe-bas à pente douce (6 dB par octave) de façon à récupérer une bonne « bouffée d’air ». Pour une voix manquant de corps en revanche, un cardioïde chaleureux sera de mise, sans coupe-bas et en jouant éventuellement sur l’effet de proximité lors du placement, mais nous reviendrons sur cela plus tard.
Imaginons maintenant une voix un poil trop « douce », il est évident qu’un micro sensiblement « dur » vous aidera à harmoniser le rendu au regard des transitoires. Pour une voix ténue, un micro sensible sera forcément le bienvenu. Enfin, un chanteur pourvu d’un filet de voix délicat avec une prononciation peu marquée nécessitera l’emploi d’un micro sensible mais disposant d’une réponse aux transitoires relativement dure.
Nous pourrions continuer longtemps comme cela mais je pense que vous saisissez à présent l’idée. Le but de la manoeuvre consiste à chercher une certaine forme d’équilibre en complétant la voix. Cela peut passer par le fait d’atténuer certaines « faiblesses », de combler certains « manques » et / ou d’accentuer certaines qualités du chanteur. En visant a minima cet équilibre, vous vous garantirez une malléabilité maximale lors du mixage.
Tout ceci a l’air extrêmement facile présenté ainsi. Ceci étant, cet exercice de funambulisme présente de nombreux écueils n’apparaissant pas clairement au sein de ces cas de figure simplifiés ! Tout d’abord, je vous invite à vous méfier de la tactique consistant à vouloir à tout prix accentuer les qualités vocales de votre chanteur tant il est facile d’y aller trop fort, ce qui s’avère toujours contreproductif au final. Pour caricaturer la chose, c’est un peu comme lorsque quelqu’un vous annonce qu’il est humble… Rien qu’en disant cela, la personne contredit d’emblée son propos. Bref, gardez à l’esprit ce vieil adage : le mieux est l’ennemi du bien. Privilégiez donc en premier lieu une approche que je qualifierai abusivement de « soustractive » en commençant par chercher à atténuer les faiblesses et combler les manques. En procédant de la sorte, il y a de fortes chances pour que les particularités vocales du chanteur s’en trouvent suffisamment mises en valeur sans que vous ayez besoin de les hypertrophier.
L’autre point qu’il ne faut surtout jamais quitter des yeux, c’est le contexte global dans lequel cette démarche s’inscrit ! N’oubliez pas que vous ne cherchez pas seulement à équilibrer cette voix en soi. Il s’agit bel et bien de faire cela dans le contexte plus général du titre en cours de production en fonction du lieu d’enregistrement et de ce que vous souhaitez en faire lors du mix, ce qui complique passablement la donne…
Afin d’éclaircir encore un peu plus ce vaste sujet, nous verrons dès le prochain épisode quelques cas de figure plus complexes. Sur ce, je vous souhaite de passer une excellente semaine !