Cette semaine, nous allons étudier un usage du delay un peu particulier, à savoir le delay d’ornement ou de remplissage. Certes, il ne s’agit pas là d’une technique qui servira tous les jours, mais elle permettra d’habiller avantageusement les productions les plus dépouillées ainsi que les morceaux dont le tempo est un poil lent.
Monsieur Meuble
Le but aujourd’hui est de créer un effet d’écho clairement audible. Pour ce faire, créez un bus auxiliaire avec en insert un delay réglé comme suit :
- Temps de retard long et obligatoirement synchronisé au tempo — au minimum à la double-croche ;
- Une fois n’est pas coutume, une bonne dose de feedback afin d’obtenir suffisamment de répétition ;
- Utilisation systématique des options d’égalisations internes à votre plug-in de delay histoire de différencier les répétitions successives, ce qui leur donnera un aspect plus vivant.
Une fois ce bus configuré, envoyez-y le signal de la piste à « meubler », généralement une voix ou un instrument soliste. Le problème, c’est qu’en l’état, ce delay d’habillage risque fort d’être un peu trop envahissant alors qu’il faudrait qu’il n’intervienne qu’à certains moments choisis pour remplir les passages creux… Qu’à cela ne tienne ! Plusieurs solutions s’offrent à vous. Il y a tout d’abord la possibilité d’utiliser l’automation, comme nous le verrons en détail bientôt. Mais il est également possible de se servir d’un bon vieux noise gate disposant d’une fonction de « ducking ». La configuration de ce dispositif est somme toute simple. Il vous suffit de placer le gate juste avant votre plug-in de delay sur le bus auxiliaire, d’activer l’option « duck », puis de nourrir le circuit sidechain externe avec le signal source. En réglant finement ce noise gate, vous devriez alors pouvoir dompter l’écho produit afin que celui-ci n’apparaisse que lorsque le signal à traiter ne joue plus. Ainsi, il ne viendra plus polluer l’ensemble du morceau, bien au contraire, il comblera juste les vides laissés par la piste originelle.
Pour finir, quelques remarques. En premier lieu, vous vous doutez bien qu’il n’est pas conseillé d’utiliser cette technique sur plusieurs éléments en même temps. En effet, un tel abus sera contreproductif au possible en créant un brouhaha loin de l’élégance de l’habillage subtil recherché.
D’autre part, je vous invite à systématiquement utiliser un égaliseur en fin de chaîne de ce bus de delay afin de l’empêcher d’entrer en conflit avec le reste du mix. Après tout, il ne s’agit pas de voler la vedette à la composition originale, vous souhaitez juste combler certains passages vides de façon agréable et surtout musicale.
Enfin, n’hésitez pas à prendre le temps d’expérimenter avec les temps de delay pour exploiter au mieux le jeu avec le groove du morceau. Vous pouvez même légèrement décaler la synchro, de l’ordre d’une poignée de millisecondes, afin de jouer soit dans le fond du temps pour créer un sentiment de « lourdeur groovy », soit un peu en avance pour donner un regain d’élan au morceau. D’ailleurs, dans le même ordre d’idée, explorez également l’option « ping-pong » si votre plug-in en est pourvu, cela peut parfois être intéressant d’un point de vue rythmique même si du coup, la transparence de l’effet est un peu plus discutable.
La semaine prochaine, nous clôturerons le chapitre « Delay » par une discussion autour du couple réverbération/delay.