Pour finir le chapitre consacré à l’usage du delay en situation de mixage, je vous propose de nous pencher sur le cas du mariage entre réverbération et delay.
La réverbe ère…
Les réverbérations et les delays évoluent souvent de façon parallèle au sein d’un mix. Par exemple, il est très fréquent d’envoyer une piste de voix vers deux bus auxiliaires distincts, l’un équipé d’une réverbe pour la profondeur et l’autre affublé d’un delay stéréo afin d’apporter un peu plus d’épaisseur au chant. Cependant, il arrive également d’employer ces deux types d’effets en série. Pour quelle raison ? C’est ce que nous allons voir, mais d’abord un mot sur une considération purement technique.
Pour que cet accouplement en série fonctionne au mieux, il convient de respecter un ordre de chaînage immuable : d’abord le delay, puis la réverbération. Évidemment, vous pouvez toujours expérimenter l’ordre inverse, mais vous vous apercevrez certainement très vite que le rendu n’a absolument aucun intérêt. En effet, utiliser un delay, même simple, après une réverbe revient à ajouter plusieurs copies du champ diffus, ce qui ne manquera pas de flouter le rendu et d’ainsi noyer dans un épais brouillard le signal traité.
Bref, le delay se place donc avant la réverbe. Mais pour quoi faire ? Plusieurs choses en vérité. Tout d’abord, un delay basique ne servant qu’à retarder le signal — donc sans feedback — peut servir à remplacer le réglage de pré-delay d’une réverbe. L’intérêt ? Eh bien déjà, certaines réverbérations n’en sont tout simplement pas pourvues, par exemple certaines Plates ou Springs. De plus, comme je vous l’ai déjà expliqué, le pré-delay peut représenter deux choses selon les réverbes : soit le temps séparant le signal source du son réverbéré dans son ensemble, soit seulement le temps entre la source et le champ diffus. Or, dans ce deuxième cas, il peut être intéressant de pouvoir retarder également les premières réflexions, d’où le plug-in de delay en amont.
Ensuite, vous pouvez également utiliser un delay afin de remplacer tout bonnement les premières réflexions de votre réverbe si elles ne vous conviennent pas. Pour ce faire, coupez bien entendu ces dernières dans la réverbération et jouez avec le feedback ainsi que l’égalisation interne à votre delay. Quel est donc l’intérêt de la manœuvre ? De simplifier le pattern des premières réflexions parfois beaucoup trop complexes de certains plug-ins tout en profitant quand même du champ diffus.
Enfin, utiliser la méthode précédente mais en gardant cette fois-ci les premières réflexions de votre réverbération pourra accentuer la sensation de profondeur d’une réverbe manquant d’effet de perspective.
Recul…
Voilà qui conclut ce long chapitre consacré au travail de la sensation d’espace au moyen de réverbérations et de delays. Comme nous sommes encore en plein cœur de notre boucle de mixage, je vous rappelle qu’il est vital de revoir dès à présent toutes les étapes précédentes afin d’effectuer quelques ajustements çà et là. Une fois cela fait, je vous encourage à faire un nouvel export/import de votre titre, puis à comparer ce dernier avec les différents rendus que vous avez dû faire tout au long du mixage afin de vous rendre compte de l’avancée des choses. Que de chemin parcouru jusqu’ici, n’est-ce pas ? D’ici la publication du prochain épisode, prenez le temps d’analyser cette évolution histoire de mieux intégrer le cheminement qui nous a menés à cela…