Après la sensation de profondeur que nous avons créée avec des réverbérations, je vous propose de travailler une autre dimension tout aussi importante pour votre mix : la largeur.
Nous avons déjà depuis belle lurette réparti les différents instruments au sein de l’espace stéréo grâce aux potentiomètres de panoramique. Cependant, je vous rappelle que ces potards ne font qu’envoyer le signal à un volume plus élevé sur l’une des deux enceintes, c’est ce que l’on appelle la stéréo d’intensité. Or, il se trouve qu’en vérité, la localisation latérale d’un son par le couple oreilles/cerveau résulte de phénomènes un poil plus compliqués que ça.
Outre la différence de volume perçu par chacune de nos oreilles, la vitesse de propagation du son dans l’air implique également un décalage temporel de la captation sonore par nos chères esgourdes. Il s’agit là de la stéréo temporelle.
D’autre part, le voyage en milieu aérien d’un son provoque immanquablement une altération du spectre audio. Tout comme d’ailleurs la rencontre obligatoire avec l’obstacle naturel que représente notre petite caboche. Vous l’aurez devinez, c’est ce que l’on nomme stéréo fréquentielle.
Par conséquent, si vous souhaitez obtenir une image stéréo plus ouverte et réaliste, il convient de tenir compte de tout ça. De quelle façon ? C’est ce que nous allons voir…
Comment ?
Pour décrire la manière de procéder, partons d’un exemple. Supposons que vous ayez envi de positionner une guitare sur la gauche de votre espace stéréo. La première chose à faire est bien sûr de tourner le panoramique vers la gauche. Mais pour obtenir un résultat plus convaincant, il convient tout d’abord de régler son panoramique complètement à gauche et d’envoyer le signal vers un bus auxiliaire dont le panoramique est, pour sa part, complètement droite. Placez alors sur ce bus un delay sans feedback qui retardera le signal d’à peine quelques millisecondes, entre une et vingt maximum, sachant que plus ce temps est long, plus le rendu sonnera large. Pour encore plus de réalisme, égalisez donc ce bus auxiliaire en creusant le haut du spectre avec un filtre en plateau.
Maintenant, en jouant sur le volume de ce bus auxiliaire, le temps de retard et l’égalisation, vous devriez pouvoir « déplacer » cette guitare entre le centre et la gauche de façon beaucoup plus pertinente qu’avec le seul potentiomètre de panoramique de sa piste.
Remarques
Pour finir, voici quelques commentaires à prendre en considération lors de l’utilisation de cette technique. Tout d’abord, il est bien évident que pour placer un autre instrument du côté opposé, il faudra un autre bus auxiliaire retardant le signal et réglé cette fois-ci complètement à gauche.
Ensuite, gardez à l’esprit que cette méthode engendrera immanquablement des problèmes de compatibilité mono. Cependant, comme il est d’usage de sous-mixer ces bus, les effets néfastes devraient être minimes. À vous de faire des compromis dans le but de servir au mieux votre morceau.
Autre chose à prendre en compte, il n’est absolument pas utile de réaliser cette manœuvre pour l’ensemble des pistes de votre titre. Personnellement, je ne l’emploie uniquement que pour deux ou trois éléments qui me semblent importants, pour les autres, le potard de panoramique suffit largement à faire la blague.
Enfin, je vous invite à relire les épisodes consacrés à la réverbération et traitant de la dichotomie largeur/profondeur ainsi que de la notion de contraste. Ces derniers me semblent forts à propos dans le cadre du sujet du jour.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine !