À présent, nous allons aborder très rapidement quelques outils de modulation qui, s’ils ne servent pas tous les jours en situation de mixage, peuvent tout de même s’avérer diablement utiles dans certaines situations. Commençons aujourd’hui par l’un des plus populaires, j’ai nommé le Chorus.
Sans trop entrer dans les détails, sachez que la cuisine interne de l’effet Chorus se résume à une ou deux lignes de delay — suivant s’il est mono ou stéréo — ayant des temps de retard pouvant être plus ou moins modulés selon un LFO dont on règle la profondeur (Depth) et la fréquence (Rate). À la base, cet effet est censé simuler le doublage d’un instrument à l’unisson en introduisant de petites variations de tonalité et de synchronisation. Bien sûr, en situation de mixage, il est possible de s’en tenir à cette utilisation traditionnelle, mais ce serait passer à côté du véritable intérêt du Chorus à mon sens. En effet, ce grand classique des studios en a beaucoup plus sous le capot qu’il n’y paraît à première vue…
Mais commençons par le commencement. Le Chorus fera des merveilles sur les chœurs et les cordes en leur donnant plus d’épaisseur. De même, il pourra joliment agrémenter les sons synthétiques trop quelconques en leur apportant une certaine personnalité. D’autre part, sachez que cet effet a tendance à adoucir le son, ce qui peut être très pratique pour amadouer un instrument trop agressif. Dans le même ordre d’idée, le Chorus tend à pousser le signal traité vers l’arrière du mix sans intervention d’une quelconque réverbération. C’est donc une solution idéale pour faire reculer un instrument au sein d’un arrangement chargé sans pour autant alourdir le morceau avec une queue de réverbe qui traîne.
Sur des guitares acoustiques, le Chorus peut apporter une certaine sensation de densité tout en élargissant l’aspect stéréophonique. Sur une voix principale, il permet de masquer dans une certaine mesure les petits problèmes de justesse. Et même sur une ligne de basse, un Chorus peut faire des merveilles pour peu qu’il soit réglé finement, puisqu’il adoucit alors le son tout en lui conférant un surplus d’épaisseur en fond de mix. L’effet secondaire positif, c’est que la basse laisse alors plus de place au punch de la grosse caisse. Intéressant, non ? Enfin, il est parfois judicieux d’insérer un léger chorus juste après un plug-in de réverbe dont le champ diffus est un poil « statique ». C’est une façon élégante de redorer le blason d’une réverbe de piètre qualité en lui insufflant une touche de vivacité supplémentaire.
En ce qui concerne les réglages du Chorus, il n’y a pas vraiment de règle hormis celle-ci : plus l’arrangement est dense, plus l’effet doit être marqué pour être efficace. En clair, cela se traduit par une modulation plus forte et un dosage entre le signal source et le signal traité en faveur de ce dernier. Attention cependant ! Pour que le traitement reste transparent, il convient de maintenir ces réglages suffisamment bas pour que les altérations tonales ne soient pas clairement perçues en tant que telles.
Tools of the trade
Voici les plug-ins que j’utilise à titre personnel lorsque j’ai recours au Chorus. Comme d’habitude, il en existe des centaines d’autres certainement tout aussi bons, voire meilleurs, mais vous comprenez bien qu’il serait absolument inutile de tous les lister ici.
La bonne nouvelle du jour, c’est que les deux plug-ins que je m’en vais vous citer sont gratuits ! Il y a tout d’abord le Chorus du développeur français Blue Cat Audio, qui, malgré son interface graphique simpliste, n’en fait pas moins le job plus que correctement. Et puis il y a le plus récent Multiply des norvégien d’Acon Digital. N’oublions pas non plus Thorus testé récemment dans notre émission On refait le patch.
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour un épisode consacré au Flanger.