Après le chorus la semaine dernière, nous allons nous pencher pour notre centième épisode sur un autre outil de modulation du signal : le flanger.
Bien connu de nos amis guitaristes, le flanger est un effet que l’on peut difficilement qualifier de discret. Pourtant, en de rares occasions, il peut avoir un certain intérêt dans le cadre du mixage. Mais voyons d’abord en quoi consiste cet effet. En interne, il s’obtient grâce à un temps de delay très court variant constamment. La combinaison de ce delay avec le signal source provoque le phénomène de filtrage en peigne dont nous avons déjà parlé, mais cette fois-ci, ce filtrage est en mouvement perpétuel du fait de la modulation du temps de retard. Au niveau des paramètres, les flangers proposent au minimum les réglages du temps de delay, du feedback, de la profondeur de modulation (Depth), de la fréquence de modulation (Rate), et du mélange entre le signal source et le signal traité (Dry/Wet). Notez que la fréquence de modulation est certainement le paramètre le plus important. En effet, si l’on ne veut pas tomber dans l’effet caricatural, il convient d’employer une fréquence lente. D’autre part, la synchronisation au tempo de ce réglage permettra au flanger de renforcer le groove du morceau.
Roulons-nous dans la flange…
Voyons maintenant les utilisations possibles du flanger en situation de mixage. À l’instar du chorus, il peut servir à donner plus d’épaisseur, mais aussi plus de largeur stéréophonique à un son, comme sur des nappes de clavier, des guitares électriques claires ou saturées, etc. Le flanger fait également des merveilles sur… la charley ! En effet, utilisé avec discernement, il saura accentuer l’aspect vivant de cette dernière. Ce subterfuge est particulièrement efficace sur les batteries programmées.
Enfin, mon usage préféré de la bête consiste en trois astuces de production. Il y a tout d’abord l’emploi très localisé de cet effet à dose homéopathique sur une toute petite partie d’un riff à un ou deux moments choisis du morceau. Cela permet de raviver subtilement l’intérêt de l’auditeur sans trop glisser vers le maquillage grossier qui défigurerait la composition.
Il est également possible d’utiliser le flanger sur la totalité du mixage, mais seulement pour quelques mesures. C’est une méthode courante pour renforcer l’aspect dramatique d’un break.
« Last but not least », il peut être opportun de mettre à profit la capacité du flanger à créer une sensation de mouvement. J’en veux pour preuve la fin du titre « Grâce » de Jeff Buckley. Vers 4:42, alors que l’arrangement est déjà extrêmement dense, le génial ingénieur du son Andy Wallace utilise une bonne dose de flanger sur une nappe de synthé qui vient élargir la perspective spatiale alors que cela semblait pourtant impossible ! Beau boulot, n’est-ce pas ?
Tools of the trade
Comme d’habitude, voici une petite liste non exhaustive de plug-ins du genre. Tout d’abord, le flanger gratuit de Blue Cat Audio qui fait le job plus que correctement. Ensuite, l’Uhbik-F qui fait partie du très intéressant bundle d’effet Uhbik signé U-He que je vous recommande chaudement. Pour quelque chose de plus coloré, Antresol des Polonais D16 Group est un plug-in de choix. Enfin, lorsqu’il s’agit d’utiliser le flanger en guise d’effet très ponctuel, mon coeur balance une nouvelle fois vers U-He avec Satin. (Note de Los Teignos : précisons que de nombreux delays évolués proposent des programmes de flanger, comme de la plupart des effets à modulation.)
Dans le prochain épisode, nous clôturerons ce tour d’horizon des effets de modulation avec le Phaser.