Avoir le meilleur matériel du monde et être un technicien hors pair, c’est bien beau, mais un bon enregistrement ne se résume heureusement pas à ça.
Comme disent nos amis anglo-saxons : « Shit in, shit out ». Est-il vraiment nécessaire de traduire ? Bref, aujourd’hui je vous propose donc d’aborder un sujet connexe au thème de cette série, mais qui a une importance capitale lorsqu’il s’agit d’obtenir un rendu de qualité : la gestion du musicien afin qu’il vous donne le meilleur de lui-même.
Soignez vos outils !
La première remarque que je vais faire peut facilement être prise pour une lapalissade, pourtant il me semble utile de rappeler ce prérequis indéniable : avant tout enregistrement, le musicien doit connaître sur le bout des doigts le morceau qu’il s’apprête à jouer. S’étendre sur la question serait superflu, passons à la suite.
La deuxième considération à ne pas négliger, c’est le confort. Pensez-vous qu’il soit possible de se concentrer pleinement sur son interprétation lorsque l’on est installé sur un banc jonché de clous rouillés ? Certes, l’image est caricaturale, mais le message est pour le coup d’autant plus clair. Vous avez tout intérêt à prendre soin de l’environnement de travail. Une ambiance calme ainsi qu’un mobilier fonctionnel et confortable ne nuiront pas à la manœuvre, bien au contraire ! Cela contribuera à détendre l’atmosphère et diminuera donc le stress du musicien. Car oui, la plupart du temps un musicien sur le point d’enregistrer est sous pression. En effet, la pratique du studio d’enregistrement n’est pas forcément quelque chose de naturel pour lui. Et le fait de réaliser les prises sans ses comparses habituels jouant tout autour de lui n’arrange rien à la chose. Du coup, autant faire tout votre possible pour lui faciliter la tâche.
Toujours dans cette optique de confort, il est primordial pour l’instrumentiste de bien entendre ce qu’il désire afin de pouvoir délivrer pleinement toute son expressivité. Certains voudront plus de tel ou tel instrument dans le casque, d’autres souhaiteront juste le clic, ou bien encore un peu de réverbération sur leur propre instrument. Soyez donc prêt à vous plier à n’importe quelle lubie, c’est dans l’intérêt de la production. Notez au passage que la souplesse ici demandée n’est possible que si vous disposez d’une préproduction aux oignons, mais nous y reviendrons à l’occasion d’un prochain article.
Autres points à prendre en compte, la gestion du temps et de la fatigue. Essayez autant que faire se peut de minimiser l’attente du musicien car avec elle, le taux de stress ne va pas en s’amenuisant. D’autre part, la pratique instrumentale est assimilable à la pratique sportive. Pensez-vous qu’Usain Bolt reste aussi performant à la vingtième course qu’il l’était à la première ? Bien sûr que non. Eh bien en musique, c’est la même tisane. Du coup, veillez à obtenir le résultat escompté en un minimum de prises. Cette façon de faire a d’ailleurs un autre avantage non négligeable : cela vous fera gagner du temps au moment du choix des prises ainsi qu’à l’étape d’édition puisqu’alors vous n’aurez pas à hésiter entre une multitude de possibilités.
Enfin, la dernière recommandation qui me vient à l’esprit concerne l’aspect psychologique pur et dur. Tous les artistes doutent, même ceux qui semblent extrêmement sûrs d’eux. Du coup, sans tomber dans la surenchère, il me semble nécessaire de les réconforter et de les encourager en regard de leur performance. N’hésitez pas à les guider afin d’obtenir une interprétation plus juste vis-à-vis de l’œuvre, mais ne soyez pas non plus trop dirigiste pour ne pas les braquer. Ce sont de petits êtres fragiles. Cela peut prêter à sourire, mais c’est pourtant bel et bien le cas.
Un dernier mot pour conclure. Beaucoup de home studistes travaillent seuls et n’enregistrent donc personne d’autre qu’eux-mêmes. Mais les conseils de cet article restent tout de même pertinents à mon humble avis. Ne dit-on pas que charité bien ordonnée commence par soi-même ?
Sur ce, rendez-vous au prochain épisode !