Contrairement à la croyance populaire, le positionnement des instruments dans l’espace 3D en situation de mixage ne se limite pas à l’emploi des potards de panoramique et d’une ou plusieurs réverbes. En effet, nous allons voir que la sensation d’espace et de profondeur se travaille déjà au stade de l’égalisation.
Profondeur
Afin de comprendre en quoi une égalisation peut jouer sur la sensation de profondeur, il convient de s’interroger sur notre perception auditive. Quelle différence y a-t-il d’un point de vue fréquentiel entre un son que nous entendons à proximité de nous et le même son émis à une bonne distance ? Si vous faites l’expérience chez vous en écoutant un son simple et en vous éloignant petit à petit de la source sonore, vous constaterez vite une atténuation de la « brillance » du son. Autrement dit, il y a une perte dans les aigus à mesure que l’on s’éloigne de la source. Pourquoi ne pas mettre à profit cet état de fait dès à présent ? Après tout, vous avez déjà passé suffisamment de temps sur la conception de votre vision du mix pour savoir quel instrument vous voulez devant ou derrière ! Travailler la profondeur du mix à ce stade ne fera que vous faciliter la vie lorsque viendra le moment de dégainer les réverbérations.
Pour ce faire, l’emploi de filtres en plateau dans les aigus sur les éléments que vous souhaitez voir reculer fera certainement la blague. Si vous y allez gentiment, cela ne devrait absolument pas desservir tout le travail que vous avez déjà effectué. La règle est relativement simple, plus vous souhaitez éloigner un instrument, plus l’atténuation des aigus doit être élevée et plus la fréquence charnière doit descendre le spectre. Encore une fois, pas besoin d’y aller à la tronçonneuse. Un léger shelf de −0.5 dB placé à 10 kHz se traduit déjà par un bel éloignement, alors imaginez −3 dB à 4 kHz, c’est carrément extrême !
Avant de passer à la suite, un petit rappel concernant la notion de contraste. N’oubliez jamais, un blanc paraît plus éclatant lorsqu’il est accompagné d’un noir profond. Moralité, un instrument paraîtra d’autant plus « in your face » qu’il est entouré d’éléments éloignés.
Largeur
Les sensations de largeur et de profondeur de l’image sonore sont intimement liées. En effet, plus un son est éloigné, moins il est facile de le localiser latéralement. Nous pouvons donc en conclure que pour positionner un son précisément d’un côté de l’espace sonore, il faut aussi le rapprocher. Par conséquent, un traitement inverse de celui décrit précédemment sera de mise, à savoir un filtre en plateau dans les aigus, mais cette fois en situation d’amplification.
D’autre part, les fréquences graves sont moins directionnelles que les aigus. Du coup, un instrument que l’on souhaite placer à l’un des extrêmes du champ stéréo verra son positionnement renforcé par une atténuation dans le registre grave via un filtre en plateau.
Si vous appliquez ces « recettes » en adéquation avec les panoramiques que vous avez déjà effectués lors de l’étape de la mise à plat, vous constaterez alors une sensation de largeur spatiale accrue lorsque vous repasserez votre écoute en stéréo.
La semaine prochaine, nous entamerons le dernier volet de cette histoire d’EQ avec quelques conseils et astuces ainsi qu’une liste non exhaustive de plug-ins aptes à remplir cette lourde tâche.