Cette semaine, nous allons voir comment faciliter la vie de votre « futur vous ».
En effet, en temps que home studiste, vous êtes à la fois artiste et directeur artistique, mais également ingénieur du son responsable de toutes les étapes de la production : de la captation au mastering, en passant par le mixage. Du coup, autant éviter les raccourcis au début de la chaîne afin de ne pas rendre les tâches à venir plus compliquées qu’elles ne devraient l’être. D’autant que la chose n’est pas si difficile que ça, il suffit juste d’avoir un peu d’organisation. Notez que les conseils qui vont suivre pourront vous paraître évidents si vous êtes déjà quelqu’un de méthodique. Il me semble cependant nécessaire d’aborder le sujet tant il est courant de croiser une sorte de « chaos numérique » dans les disques durs et/ou sessions de certaines personnes, ce qui nuit passablement à leur productivité d’un point de vue technique comme artistique.
Le Premier Ordre
Tout d’abord, je vous invite à créer un dossier propre à chaque titre que vous souhaitez enregistrer et dans lequel vous « rangerez » toutes les choses relatives à ce dernier en respectant une arborescence soignée. Prenons un exemple concret avec le morceau Nonetheless que j’enregistre justement à l’occasion de cette série d’articles. J’ai donc sur mon disque dur un dossier baptisé « Nonetheless » dans lequel j’ai créé les sept dossiers suivants :
- 01_Pre-prod
- 02_Enregistrement
- 03_Edition
- 04_Mix
- 05_Mastering
- 06_Export
- 07_Notes
Sachez au passage que pour accélérer ce processus qui peut être rébarbatif à la longue, j’utilise un script réalisé par mes soins via Automator. Lorsque je lance ce script, une boîte de dialogue me demande de taper le nom du projet et crée ensuite automatiquement tous les dossiers nécessaires. Automator est un utilitaire fourni avec Mac OS X, mais si vous travaillez sur un PC équipé de Windows, des logiciels alternatifs gratuits existent.
Bien, revenons à nos moutons. Je suppose que les noms des six premiers dossiers sont suffisamment explicites et qu’ils peuvent donc se passer de commentaires. Le dernier, en revanche, est peut-être un peu plus nébuleux… Il est pourtant d’une importance capitale à mon sens. Baptisé « Notes », ce dossier se destine logiquement à accueillir toutes les observations et autres remarques relatives au titre en cours de production. Ainsi, je stocke dans ce dossier des fichiers textes qui constituent un véritable journal de bord où sont consignées rigoureusement toutes mes actions. Je note minutieusement mes choix de micro, de préampli/compresseur/EQ, de placement ainsi que le but que je cherchais à atteindre pour chaque prise. Bien souvent, j’ajoute à cela des photos pour le placement et/ou les réglages (préampli, EQ, compresseur, mais aussi réglages des instruments, pédales, ampli guitare, etc. le cas échéant). Et ça ne s’arrête pas là puisque ce journal de bord s’épaissit également à l’occasion des séances d’édition, de mix et de mastering.
Ça peut vous paraître fastidieux de prime abord, mais au final les 10 minutes par séance nécessaires à la manœuvre ne sont pas un lourd tribut à payer en regard des avantages que cela procure. Tout d’abord, si d’aventure vous veniez à découvrir qu’une erreur monumentale s’est glissée lors d’une étape, vous avez de quoi vous remettre directement dans les conditions adéquates qui permettront d’y remédier sans trop de problèmes. D’autre part, la tenue de ce journal de bord vous aidera à prendre une certaine distance avec votre travail, ce qui est loin d’être inutile lorsque l’on travaille en « circuit fermé » comme c’est bien souvent le cas en home studio. Votre œil critique n’en sera que plus affûté. Enfin, même après quelques années, vous pourrez éventuellement revenir sur vos productions sans souffrir du phénomène « mais pourquoi diable ai-je fait ça ce jour-là et comment l’ai-je fait ? ».
Concernant l’organisation de vos sessions au sein de votre STAN de prédilection, je vous conseille de lire cet article que j’ai rédigé à l’époque de la série sur le mixage, ainsi que celui-ci écrit par mon collègue Mike Levine. Vous y trouverez bon nombre de conseils que vous pouvez d’ores et déjà mettre en pratique, ce qui vous évitera de le faire plus tard avec le bénéfice de conserver une cohérence dans votre STAN tout au long de la chaîne de production.