La sortie d’une nouvelle pédale du fabricant américain Robert Keeley est toujours un évènement très attendu. Célèbre autant pour sa gamme très étendue d’effets « made in USA » que pour son indéniable qualité de fabrication, ce passionné d’électronique surprend encore avec cette Retro Super.
Après avoir déjà produit plusieurs pédales d’overdrive émulant le son d’un ampli (notamment l’El Dorado, très bien reçue par la critique lors de sa sortie), la firme d’outre-Atlantique possède une expérience évidente dans ce domaine. Et cette expérience se ressent en jouant cette Retro Super.
Keeley solide cet overdrive !
Conçue d’abord pour sonner comme un ampli à lampes poussé dans ses derniers retranchements et littéralement au bord de l’explosion, cette pédale offre quelques particularités. À la manière d’un ampli à lampes, la Retro Super possède trois étages de gain dont le premier est un circuit de fuzz Germanium. Il s’agit donc d’un ampli combiné à une fuzz au Germanium ; sonorités vintage et rugueuses sont au rendez-vous !
L’interface de cette pédale est très simple et on y retrouve les trois contrôles communs à 90% des pédales de saturation : volume, Tone, et Gain ici rebaptisé « Nitro » … ça promet ! Un mini-commutateur à deux positions vient compléter la liste des contrôles et donne le choix entre deux types de réponses en fréquences : Flat et Phat (comprenez « neutre » et « gros son »). À l’utilisation, ce switch agit davantage comme un coupe-bas, et on en vient à se demander à quoi sert la position Flat.
Comme tous les effets de Keeley Electronics, la Retro Super est très bien construite ; châssis en aluminium qui inspire confiance et solidité, et potentiomètres en aluminium brossé offrant une certaine résistance. Le foot-switch et les entrées jack inspirent la même confiance.
Le dessin futuriste et coloré qui représente une fusée au décollage rythme le dessus de la pédale. Le design est très réussi ; malgré une interface qui semble classique au premier coup d’œil, les couleurs et le look rétro-futuriste des potentiomètres ajoutent une touche d’originalité à cette pédale.
Super, mais pas si rétro !
Branchée en façade sur un ampli au son clair, la Retro Super transforme ce dernier en véritable monstre de saturation. La réserve de gain présente sur cette pédale est assez impressionnante. Malgré un niveau de saturation très élevé, le son reste clair et précis, on entend distinctement chaque note, et le circuit Germanium ajoute une légère touche de compression comme on peut retrouver sur les fuzz. L’effet répond très bien aux nuances de jeu du guitariste ainsi qu’aux éventuelles manipulations du potentiomètre de volume de la guitare. On pourrait presque avoir la sensation de jouer un véritable ampli prêt à exploser.
Les trois contrôles répondent de manière très naturelle et la course assez étendue des potentiomètres permet de trouver le réglage le plus adapté. Même avec le réglage de saturation positionné au minimum, la pédale transforme immédiatement le son en ajoutant un côté rugueux dû au passage du signal dans le circuit Germanium. Première ombre au tableau, en mettant le réglage de tonalité sur sa position médiane, le son est trop criard et trop chargé en aigus. Il faut presque systématiquement reculer le réglage. C’est dommage, d’autant que plus on augmente la tonalité, plus on augmente le niveau de saturation des fréquences aiguës. Heureusement il est toujours possible d’y remédier en adaptant les réglages de l’ampli. Si le niveau de saturation peut atteindre des sommets, il en est de même pour le niveau de boost présent dans la pédale. Avec le réglage de niveau sur sa position médiane, on bénéficie déjà d’un solide boost de volume. C’est la preuve d’un effet bien construit et bien pensé.
Il est à noter que même à un niveau de saturation très élevé, le son s’éclaircit de manière très musicale en jouant sur le réglage de volume de la guitare. On se sent en osmose avec l’effet qui réagit de la manière attendue. Le switch à deux positions, Flat ou Phat, est une sorte de coupe-bas. En position Flat, ce switch coupe une partie des fréquences basses et affine le son de manière surprenante. En position Phat par contre, le son s’ouvre davantage et on récupère les pleines bandes et la pleine réponse en fréquences de l’overdrive. On ne comprend pas vraiment l’utilité d’un tel switch.
Avec une Gibson Les Paul branchée dans cet effet, on retrouve des sonorités rappelant les amplis Marshall des années 60/70 mais avec une réglage de Bias très exagérément élevé. Le son classic rock à portée de doigts ! On retrouve aussi les sons un petit peu Hendrixiens, un ampli poussé et accentué avec une fuzz au Germanium. Mais bien sûr, la Retro Super, grâce à sa réserve de gain est capable de bien plus. Le côté quelque peu rugueux et épais du circuit germanium évoque la période Grunge et la fin des années 90. On peut aussi, comme tout bon overdrive, le positionner en face d’un ampli qui sature déjà, et pousser ce dernier encore plus loin. On obtient une grosse compression des fréquences basses et un grain un petit peu plus tranchant mais avec toujours ce côté rugueux si caractéristique de la fuzz.
Malgré une liste de réglages un tantinet courte et classique, cette Retro Super est très polyvalente. Son réglage de gain dotée d’une course très étendue y est pour beaucoup. La dynamique de la pédale est très importante et comparable à celle d’un ampli à lampes. L’effet répond très agréablement aux diverses sollicitations du guitariste ; en attaquant moins fort les cordes ou simplement en baissant le volume de la guitare, on est surpris par la clarté et la propreté de cet overdrive.
- RetroSuper – Switch FLAT puis PHAT02:01
- RetroSuper – Over a crunch01:22
- RetroSuper – Tone 3oClock00:25
- RetroSuper – Gain 3oClock01:33
- RetroSuper – Tone 9oClock00:25
- RetroSuper – Gain 9oClock01:02
- RetroSuper – 12oClock + phat01:09
Pas Phatigué
Très polyvalente, capable à la fois de produire des sons classic rock ou des saturations épaisses et rugueuses, la Retro Super a le charme et la solidité d’une digne pédale Keeley.
Quelques points négatifs viennent ternir le bilan, mais cela reste un effet agréable et bien construit. On reconnaît la patte de Robert Keeley avec le design simple mais efficace et la richesse harmonique de la saturation. Dans la lignée des pédales de saturation El Dorado ou Filaments, la Retro Super a un charme et une originalité indéniables.