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Test de Zenaud.io ALK 2 - Le futur du looper ?

6/10
Award Innovation 2018
2018
Innovation
Award

Entre looper et STAN, ALK 2 montre qu’il y a encore des choses à inventer pour la musique en live au delà d’Ableton Live, Maschine ou Usine.

Test de Zenaud.io ALK 2 : Le futur du looper ?

Si le prin­cipe du looper, dérivé des premiers échos numé­riques, ne date pas d’hier, cela fait main­te­nant quelques années qu’on assiste à un retour en force du looper, un appa­reil qui répond aux besoins d’au­to­no­mie des musi­ciens devant se produire seuls, sans pour autant les contraindre à de fasti­dieuses program­ma­tions ou à un play­back figé : couche par couche, on bâtit ainsi l’in­té­gra­lité d’une musique avec sa seule bouche ou des instru­ments, pour le plus grand plai­sir du public qui d’avère très friand de ce genre de perfor­mances. Cette simpli­cité a toute­fois ses limites car dès qu’on ambi­tionne de réali­ser un morceau dont la struc­ture est plus complexe, on se retrouve face à la néces­sité d’uti­li­ser des loopers plus sophis­tiqués pour ne pas dire compliqués, voire des logi­ciels qu’il faut de nouveau confi­gu­rer et program­mer, tels qu’Able­ton Live, assor­tis des pédia­liers MIDI. Bref, tout cela tourne vite à l’usine à gaz en s’éloi­gnant de la force première du concept du looper : sa simpli­cité. C’est du coup avec grand plai­sir qu’on accueille du coup ALK 2 de Zenau­dio, un looper logi­ciel dont l’er­go­no­mie rappelle furieu­se­ment celle d’une STAN, ce qui nous change agréa­ble­ment des matrices de pads. Tien­drait-on là un concept révo­lu­tion­naire ?

Gueule de loop ou tête de STAN

alk2globalL’ins­tal­la­tion d’ALK 2 ne pose pas de problème parti­cu­lier : passée l’au­to­ri­sa­tion en ligne faite par simple numéro de série, le logi­ciel se lance et effec­tue un scan des plug-ins puis vous ouvre direc­te­ment un projet prêt à l’en­re­gis­tre­ment.

Ce qui frappe, et qui n’est pas pour nous déplaire, c’est le mini­ma­lisme de l’in­ter­face. Pas de bouton ou de fader, pas de triple barre d’ou­tils, pas d’ex­plo­ra­teur de fichier ou de plug-ins, juste des pistes en vis-à-vis d’une grille et d’un bloc de lecture/enre­gis­tre­ment permet­tant de chan­ger le tempo ou la signa­ture ryth­mique, le tout étant complété par 4 icônes servant à tout faire dans le logi­ciel : une flèche pour tout ce qui touche à la sélec­tion, une loupe pour gérer le zoom et deux crayons.

writereadAvec le crayon rouge, vous tracez les mesures pendant lesquelles le logi­ciel enre­gis­trera, avec le crayon vert vous tracez les mesures pendant lesquelles le logi­ciel jouera ce que vous venez d’en­re­gis­trer. 

De fait, si vous enre­gis­trez la ryth­mique du couplet de votre chan­son, vous pour­rez program­mer la lecture de toute ou partie de cette ryth­mique autant de fois que vous le voulez et où vous voulez sans avoir à pres­ser le moindre bouton. C’est d’une telle simpli­cité que, comme toutes les grandes idées, on se demande bien pourquoi personne n’y avait pensé plus tôt.

Ce système se combine à diffé­rentes types de pistes : la piste audio, la piste instru­ment (pour pilo­ter un unique instru­ments logi­ciel), la pistes MIDI (pour pilo­ter un instru­ment MIDI externe ou encore plusieurs instru­ments logi­ciels préa­la­ble­ment char­gés sur les pistes instru­ments), la piste Control (pour enre­gis­trer les auto­ma­tions de contrô­leurs conti­nus) et la piste Command (pour enre­gis­trer des commandes de du logi­ciel, du tempo à la lecture en passant par la valeur de quan­ti­sa­tion).

stripChaque piste dispose d’un panneau de proprié­tés qui servira à para­mé­trer les entrées et sorties de cette dernière, son volume, son pano­ra­mique et, quand cela est perti­nent, ses effets audio (à choi­sir parmi vos plug-ins, aucun effet ou instru­ment n’étant inclus dans le logi­ciel) ou ses trai­te­ments MIDI (quan­ti­fi­ca­tion et répé­teur de note unique­ment). Notez d’ailleurs que la possi­bi­lité d’as­si­gner plusieurs sorties à une piste vous permet­tra de réali­ser des bus, que ce soit pour brico­ler une tranche master, un bus d’ef­fet ou encore un des bus de mixage. Enfin, l’en­re­gis­tre­ment des auto­ma­tions passe par un MIDI Learn vous deman­dant de desi­gner un para­mètre puis d’in­ter­agir avec le contrôle physique que vous souhai­tez lui assi­gner pour ensuite pouvoir procé­der à vos enre­gis­tre­ments.

Et… c’est à peu près tout ! En effet, sorti de sa géniale idée de base, ALK 2 est vrai­ment très mini­ma­lis­te… Trop mini­ma­liste même. L’heure est donc venu d’évoquer tout ce qu’on aurait aimé voir dans ce logi­ciel pour en faire une petite révo­lu­tion mais qui, hélas, ‘n’y figure pas.

Ce vide entre les boucles

Le premier gros regret que l’on aura tient au fait que si vous pouvez enre­gis­trer des données audio ou MIDI puis les lire, vous ne pouvez en aucun cas les éditer ou les trai­ter. Une note un peu fausse ou à coté ? Il faut réen­re­gis­trer la partie ! Comme sur un looper, me direz-vous. Certes, mais c’est juste­ment sur ce point que le logi­ciel aurait pu faire la diffé­rence. Inver­ser un enre­gis­tre­ment ou une séquence ? Ce n’est pas non plus prévu. Quan­ti­ser l’au­dio ou extraire le groove d’une boucle pour s’en servir de base au reste la quan­ti­sa­tion ? Non plus.

Au niveau de l’in­ter­face, on pestera égale­ment sur les raccour­cis-claviers (non éditables) choi­sis par le déve­lop­peur : w pour annu­ler ? Shift+w pour réta­blir ? Le déve­lop­peur a préféré gardé l’em­pla­ce­ment des touches anglaises sans se soucier des conven­tions françaises, donnant l’im­pres­sion d’uti­li­ser un clavier QWERTY. On sera dubi­ta­tif égale­ment sur les raccour­cis par séquences de lettres : tnq pour créer une piste audio (à défaut de tna sur clavier QWERTY), tnt pour créer une piste instru­ment, tn, pour créer une piste MIDI (là encore, on imagine bien qu’en QWERTY, le raccourci doit être tnm), ts pour mettre une piste en solo… Parce que les touches CMD et ALT sont affec­tées au crayon rouge et crayon vert, on ne retrouve aucune des conven­tions en vigueur dans les autres logi­ciels et c’est un brin pénible à l’usage.

D’autres détails agacent encore comme l’an­nu­la­tion qui ne concerne que les opéra­tions dans la fenêtre arran­ge­ment mais aucun des para­mètres du logi­ciel ou des plug-ins, l’im­pos­si­bi­lité de redi­men­sion­ner la hauteur d’une piste ou de choi­sir sa couleur (sachant que la couleur change visi­ble­ment d’après le nom de la piste, ce qui n’a pas grand inté­rêt), le fait qu’il faille forcé­ment stop­per la lecture en court pour pouvoir reve­nir au début du projet lorsqu’on travaille dessus, le fait que l’im­port de boucles audio crée systé­ma­tique­ment de nouvelles pistes… Bref, une multi­tude de petits détails gâchent l’ex­pé­rience utili­sa­teur.

Préci­sons-le égale­ment : en l’ab­sence d’une console qui permet­trait d’avoir une vue globale sur les niveaux, les pano­ra­miques ou encore les effets, ou tout de moins un simple potard et un fader sur les bandeaux de piste comme sur Acid, le logi­ciel n’est vrai­ment pas pratique pour les opéra­tions de mixage. Il faut ainsi passer de panneau ou panneau pour procé­der à des ajus­te­ments, ce qui s’avère vite bien lourd d’au­tant qu’une fois qu’un panneau est déplié, le seul moyen d’af­fi­cher le panneau d’une autre piste est de procé­der par défi­le­ment ou de replier le panneau pour sélec­tion­ner la piste qui nous inté­resse.

Mais la chose la plus problé­ma­tique, c’est que le logi­ciel est loin, très loin, d’être un foudre de guerre sur le plan des perfor­mances.

Tortue géniale ?

Dès son lance­ment, alors qu’au­cune donnée n’est enre­gis­trée ou lue et qu’au­cun plug-in n’est utilisé, le logi­ciel seul occupe déjà entre 20% et 25% des ressources proces­seur sur un MacBook Pro de 2014 doté d’un Core i7 à 2,5 GHz et de 16 Go de RAM, soit une config qui n’est sans doute pas de dernière géné­ra­tion, mais qui n’a rien d’un veau. Sitôt qu’on ajoute des données, la jauge s’af­fole : en enre­gis­trant trois piste audio avec une réverb Valhalla Vinta­ge­Verb sur chaque, je me suis retrouvé avec des pics à 50 %, en enre­gis­trant une séquence MIDI avec auto­ma­tion sur l’Ana­log Lab 3 d’Ar­tu­ria, j’ai explosé les 80 % avec les désa­gré­ment que cela implique en termes de son (coupures). Histoire de m’as­su­rer que le problème ne prove­nait pas de mon ordi­na­teur, j’ai réalisé les tests sur deux autres ordi­na­teurs : un MacBook Pro de 2012 et un MacBook Air de 2011. Même constat à chaque fois : au simple fait de lancer le soft, le venti­la­teur de l’or­di­na­teur se met déjà en sur-régime.

Bref, ALK 2 semble très mal opti­mi­sé…

La faute en revient peut-être au moteur graphique qui propose de jolis effets de halo sur certains éléments, même si, visuel­le­ment, tout n’est pas irré­pro­chable : on observe ça et la quelques problèmes de créne­lage sur les courbes (à plus forte raison sur un écran non retina) et malgré le parti pris vecto­riel, le redi­men­sion­ne­ment de l’in­ter­face lorsqu’on réduit la fenêtre masque certains éléments.

Vous l’au­rez en tout cas compris : la facture de la réali­sa­tion n’est pas vrai­ment à la hauteur des belles idées du logi­ciel et on ne se sent pas super en confiance pour emme­ner l’ogre sur scène, d’au­tant que si les plan­tages sont rares (quelques problèmes sur la détec­tion de plug-ins), les bugs ou approxi­ma­tions ne le sont pas, notam­ment sur ce qui touche à l’im­port audio : impos­sible de lire certains fichiers MP3 par exemple tandis que la mise au tempo des boucles impor­tées est parfois capri­cieu­se… On est loin, très loin, de ce que propose un Live sur ce terrain en termes d’ef­fi­ca­cité, et donc d’ex­pé­rience utili­sa­teur. Et à ce prix là, si bonnes soient les idées et les inten­tions derrière, on a du mal à fermer les yeux sur ces très nombreux détails qui agacent et qui n’au­raient pas dû subsis­ter après un beta testing sérieux.

Conclu­sion

Il est bien dur de conclure sur cet ALK 2 car on se retrouve partagé entre la volonté d’en­cou­ra­ger une idée réel­le­ment nova­trice et brillante, de soute­nir un petit déve­lop­peur qui parvient à propo­ser quelque chose de bien plus exci­tant que ce que nous proposent les cadors du domaine, et le senti­ment que le logi­cel n’est pas, dans les faits, à la hauteur de cette idée sur le plan fonc­tion­nel comme sur celui de la réali­sa­tion.

Qu’il s’agisse de la console, de l’édi­tion ou encore de la quan­ti­fi­ca­tion audio, Il manque en effet beau­coup de choses impor­tantes à cet ALK 2 pour empor­ter l’adhé­sion, et comme le peu qui nous est proposé est très loin d’être irré­pro­chable tech­nique­ment ou ergo­no­mique­ment, on voit mal à la fin ce qui pour­rait pous­ser à inves­tir 200 euros dans ALK2 en l’état actuel des choses, d’où la para­doxe de récom­pen­ser d’un Award l’idée de base, mais de sanc­tion­ner sa réali­sa­tion en octroyant le moyenne tout juste au logi­ciel. Vu qu’une version d’éva­lua­tion limi­tée à 30 jours est dispo­nible sur le site de l’édi­teur, je vous encou­rage vive­ment à télé­char­ger cette dernière pour vous faire votre propre idée. Pour ma part, j’es­père sincè­re­ment que les prochaines mises à jour permet­tront enfin d’ex­ploi­ter l’in­croyable poten­tiel qu’on devine derrière ALK2.

Notre avis : 6/10

Award Innovation 2018
2018
Innovation
Award
  • Concept lumineux
  • Interface claire
  • Facile à comprendre
  • Malgré les récentes optimisations, ça reste très gourmand côté CPU
  • Aucun fonction d’édition
  • Quasiment aucun effet ou traitement proposé en audio comme en MIDI
  • Pas de console offrant une vue d’ensemble des volumes et pan
  • Beaucoup de maladresses ergonomiques
  • Import de MP3 capricieux
  • Le prix

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