S'il est une musique qui passionne et intrigue de nombreux musiciens, c'est bien la musique de film. Cette musique qui voit ses rayons s'accroître dans les magasins d'année en année, a fini par acquérir ses lettres de noblesse grâce à des films cultes et grâce à de talentueux compositeurs tels que John Williams, James Horner, James Newton Howard, Eric Serra, Danny Elfman, Vladimir Cosma et bien d'autres.
S’il est une musique qui passionne et intrigue de nombreux musiciens, c’est bien la musique de film. Cette musique qui voit ses rayons s’accroître dans les magasins d’année en année, a fini par acquérir ses lettres de noblesse grâce à des films cultes et grâce à de talentueux compositeurs tels que John Williams, James Horner, James Newton Howard, Eric Serra, Danny Elfman, Vladimir Cosma et bien d’autres.
Depuis quelques années, la musique de film a son Festival International Musique et Cinéma. En cette année 2003, le festival se tiendra à Auxerre du 12 au 16 novembre.
Les débuts
Rappelons simplement que la musique de film est aussi vieille que le cinéma… muet ! Autant dire que tout musicien-compositeur qui désirerait écrire de la musique de film devrait déjà commencer par étudier les bases, c’est-à-dire les B.O. de films muets.
Ici, pas de tricheries, pas de son 5.1, pas d’effets particuliers, … mais seulement des musiques jouées par un piano, un ensemble de cordes ou un orgue Wurlitzer capables de retranscrire les émotions les plus variées pour recréer une ambiance (tristesse, nostalgie, gaieté, angoisse, agressivité…).
Historiquement, c’est en 1933, avec le film King Kong, l’un des premiers films parlants, que le compositeur Max Steiner démontra quel rendu génial on pouvait susciter avec une musique parfaitement synchronisée aux images. Sans aller chercher bien loin, notez que les films de Charlie Chaplin récemment remasterisés en DVD constitueront de très beaux sujets d’études.
Associations d’idées et réflexes de Pavlov
Par la suite, un détour obligé vers le maître du Thriller, Alfred Hitchock, dont la musique était une composante importante de ses films. Faites l’expérience suivante : visionnez les fameuses scènes de crimes de Psychose en supprimant le son des violons stridents et répétitifs. La musique absente, l’angoisse d’un meurtre latent n’est plus aussi perceptible.
Dans un autre registre, le réalisateur avait assimilé le pouvoir du réflexe de Pavlov, c’est-à-dire la faculté d’attribuer automatiquement un sentiment à un spectateur, suscité par l’audition d’une musique qu’il a préalablement associée à une scène marquante.
Cette technique fût judicieusement reprise par Georges Lucas dans la Trilogie de la Guerre des Étoiles (pour ne citer que lui)… Dans Star Wars, à chaque fois que Dark Vador entrait en scène, la musique était toujours la même plaçant les autres personnages et nous même dans un état de stress… Faites attention et écoutez attentivement les musiques des deux derniers volets (La Menace Fantôme & L’Attaque des Clônes) : les musiques caractéristiques de Dark Vador n’existent pas malgré sa présence ou tout du moins l’évolution et la construction du personnage. Beaucoup de fans de la première heure ont été déçus par ces deux premières épisodes ne retrouvant plus l’esprit Star Wars. D’une manière ou d’une autre, il est fort probable que si Lucas avait intégré ces musiques par un ré-arrangement par exemple, les spectateurs auraient davantage retrouvé l’esprit des premiers épisodes sans forcément s’en rendre compte. Le débat est ouvert.
Timing & contraintes de temps
Cette capacité à attribuer des ambiances sonores à des images a une contrainte de taille : le timing et les délais de « livraison ». Et n’en déplaise à certains, la composition cinématographique est relative et intègre des paramètres de durée draconiens. Faire passer des émotions en seulement 15, 60 ou 120 secondes, relève d’une prouesse et d’un véritable talent distinct de celui d’écrire des Tubes pour le Top 50. Preuve en est, que les célèbres compositeurs de musique de film n’écrivent pas souvent de titres pour les hit-parades et vice versa. Certains comme Eric Serra ont bien composé leur propre album. Toutefois, au vu des faibles ventes, force est de constater que son talent fût davantage reconnu pour la B.O. du Grand Bleu.
Culture, histoire et musique
Le compositeur doit disposer d’une excellente culture musicale. Un film serieux dont l’histoire se deroulerait au Moyen-Age se verrait difficilement utiliser des musiques jazz, rock ou electronique ! Le compositeur se doit de disposer d’une sensibilité particulière aux images ; c’est-à-dire d’une capacité à retranscrire ou à renchérir en musique des émotions émanant des images. Dans la réalité, il est aussi vrai que certains compositeurs « stars » réussissent à imposer leurs styles au réalisateur.
Contrairement aux clips vidéo où le réalisateur exerce son talent dans la délicate tâche de transposer la musique en image, la musique de film est composée et réalisée après le montage. En revanche, quelques rares exceptions demeurent comme les musiques de génériques (généralment de fin) écrites par des groupes ou des interprètes connus. Ces musiques qui sont de véritables singles, ont pour objectif de répondre à des impératifs commerciaux et marketing (Men in Black/Will Smith, Dare Devil/Evanescence, James Bond/Madonna, Titanic/Céline Dion, …). Vous l’aurez compris : les films à gros budgets holllywoodiens servent également à promouvoir des singles. La réciproque est vraie : certains artistes et groupes servent aussi à promouvoir et à crédibiliser certains films. Le tout, étant d’avoir le maximum de couverture médiatique pour engendrer un maximum de profits.
Combien gagne un compositeur de musique de film ?
D’une manière générale, gardez à l’esprit que très peu de compositeurs sont capables d’en vivre (directement) mis à part quelques stars, le plus souvent américaines, appartenant au club très fermé des compositeurs très courtisés. D’un autre côté, il faut savoir que dans les petites et moyennes productions cinématographiques, la musique de film souffre de problèmes de budget et n’est pas considérée avec suffisamment d’importance par rapport aux autres éléments de production du film. C’est en effet un poste budgétaire où beaucoup de producteurs essaient de minimiser les coûts. Cette attitude visant à faire un maximum d’économie, est identique à la musique produite pour les films publicitaires (et très occasionnellement pour Internet). Quoiqu’il en soit, les annonceurs préfèrent le plus souvent utiliser de la musique connue. Des formidables réussites, telle que celle de Moby, font figure d’exception.
D’un point de vue strictement pécunier, le compositeur se voit généralement verser une prime de commande. Par la suite, le compositeur percevra des droits d’exécution publique directement liés à l’exploitation du film en salle. Il est donc clair que plus le film reste à l’écran, plus le compositeur gagne de l’argent. Plus le film est disponible dans beaucoup de salles, plus le compositeur rapporte. Si par chance, un single est extrait de la B.O, c’est encore des sources de revenu qui seront issues des diffusions radio, TV, clip, discothèques, … D’un autre côté, le compositeur percevra naturellement des droits de reproduction mécanique liés à l’exploitation de la B.O sur un CD audio, un DVD, une cassette vidéo etc. Plus généralement, retenez simplement que les principales rémunérations du compositeur correspondront aux droits d’auteurs gérées et versées par les sociétés de gestion collectives telle que la SACEM. Un PDF Pour connaître les taux et assiettes applicables, rendez-vous ici.
Sites francophones sur le sujet
- Traxzone : le magazine francophone de la musique de film. Ce site détient une base de données impressionnante. Au programme : des interviews, des articles, des reviews…
- Golden Score : Une présentation moins soignée que Traxzone mais Golden Score n’en demeure pas moins très riche et complémentaire. Une référence également.
- SF Story : un site entièrement voué aux films de science-fiction avec un dossier sur les musiques du film Alien. Avis aux amateurs !
- Jukebox : un bref historique de la musique de film et des Midifiles.
- Lumière : étude de cas : la B.O des Dents de la Mer / Analyse musicale. Une véritable mine d’informations pour qui désire se lancer dans la B.O. Un must.
- BoyChoir : étude de cas sur l’utilisation des chants de Chœurs dans les B.O. Pas mal.
- Pédagogie.ac-aix-marseille : étude de cas sur la B.O. de La vie est Belle / analyse musicale.
- Iccwbo : les B.O et la SACEM, droits d’auteur, relations producteurs et éditeurs. Un document à connaître pour qui travaillant ou désirant travailler dans ce milieu.
- Festival de musique : tout savoir sur le Festival International Musique et Cinéma !
Sites anglophones sur le sujet
- www.filmmusicmag.com : tout ce qui tourne autour du business de la musique de film et des musiques de séries TV.
- www.soundtrack-express.com : version anglaise de Traxzone ou Golden Score.
- www.stlyrics.com : un bon nombre de paroles originales de musiques de films.
- www.moviemusic.com : un moteur de recherche hyper-puissant ! Requête par film ou par B.O. Stupéfiant.
Enfin, si vous désirez en savoir plus sur l’univers des logiciels pro utilisés dans le cinéma, abonnez-vous à la Newsletter Vidéo écrite par Franck Infelta, Chef Produit Vidéo chez Apacabar et cinéphile averti.