Il y a bien longtemps, Steinberg avait entrepris, avec la Houston, de faire une concurrente de poids à la Mackie Control. L'histoire est hélas demeurée sans suite et on n'avait plus vu le développeur allemand revenir sur ce marché jusqu'à la présentation de cette CC121, une "petite" surface de contrôle dotée d'un unique fader motorisé, mais entièrement pensée pour les versions 4 et 5 de Cubase. Bon plan?
Il y a bien longtemps, Steinberg avait entrepris, avec la Houston, de faire une concurrente de poids à la Mackie Control. L’histoire est hélas demeurée sans suite et on n’avait plus vu le développeur allemand revenir sur ce marché jusqu’à la présentation de cette CC121, une « petite » surface de contrôle dotée d’un unique fader motorisé, mais entièrement pensée pour les versions 4 et 5 de Cubase. Bon plan?
Avec son capot en alu, ses formes rondes et ses boutons conjuguant lumière et couleur, la surface de contrôle CC121 a assurément une bonne bouille, clairement plus inspirée par le design high-tech d’Euphonix que par le look façon Dark Vador de la Mackie Control. On ne s’en plaindra pas… Côté qualité de fabrication, rien de scandaleux à déclarer, mais rien d’exceptionnel non plus : si le fader est agréable et les contrôleurs suffisamment gros et espacés, on notera que la molette et certains potards ont du jeu sur le modèle testé. Tout ce petit monde est légèrement incliné, de façon à parfaitement tomber sous la main, cependant que le poids de la CC121 et 4 petits patins en caoutchouc lui assurent une bonne assise sur le bureau. Il est temps d’essayer tout ça sur le terrain…
Hello Fader!
L’installation sous XP se déroule sans problème : on installe deux petits composants logiciels, on branche un câble USB et un transfo (notez que le CC121 peut se passer de ce dernier si vous ne tenez pas à utiliser la motorisation du fader), on redémarre et c’est bon : le contrôleur est immédiatement reconnu par Cubase et prêt à l’emploi.
La prise en main de la bête est simplissime pour qui connaît Cubase, car des sérigraphies au positionnement des boutons, on retrouve l’ergonomie du séquenceur de Steinberg : à gauche, on trouve un fader motorisé sensible au toucher et un encodeur rotatif pour régler respectivement le niveau et le panoramique de la piste active, ainsi que l’essentiel des switchs utilisés en mixage : [M]ute et [S]olo pour réduire la piste au silence ou l’isoler, [R]ead et [W]rite pour activer/désactiver la lecture et l’écriture des automations, [e] pour accéder au panneau de configuration de voies (lequel donne accès à l’EQ, et aux effets en inserts ou en envoi) et deux pictos que les Cubasiens connaissent bien : un petit haut-parleur pour activer le monitoring de la piste, et un petit clavier pour ouvrir l’interface de l’instrument virtuel utilisé par une piste Instrument ou une piste MIDI.
Au bas de cette section, deux switches permettent de passer à la piste suivante ou précédente. C’est clair, c’est simple et ça fonctionne bien, d’autant que la sensibilité du fader peut-être réglée sur 8 niveaux. On déplorera juste deux manques : on ne dispose pas d’accès à la piste Master tandis qu’un système push sur le panpot pour un retour à un panoramique central aurait été bienvenu…
EQubase only!
Passons maintenant à la section centrale, qui propose dans sa partie inférieure 8 commandes relatives au bloc de transport : grâce à ces dernières, vous pourrez ainsi lancer/arrêter la lecture ou l’enregistrement, activer/désactiver le mode boucle, accéder au début et à la fin du morceau et enclencher le retour et l’avance rapide. Précisons que ce bloc se voit complété sur la droite de l’appareil par une molette qu’on pourra utiliser en mode Jog pour un balayage ('scrub’) en avant ou en arrière, ce qui est toujours utile pour les calages de précision. S’il s’agit sans doute là des commandes que vous utiliserez le plus sur cette surface, ce ne sont pas les plus intéressantes de la CC121 car, après tout, le pavé numérique du bon vieux clavier AZERTY s’avérait déjà très confortable pour toutes ces opérations.
La partie supérieure est quant à elle plus intéressante puisqu’elle est dévolue à l’EQ. Pour chacune des 4 bandes de l’égaliseur paramétrique de Cubase, on dispose ici de 3 encodeurs rotatifs (gain, fréquence et largeur de bande (Q)) et d’un switch permettant d’activer/désactiver la bande. Complétant le tout, un bouton 'EQ type’ définit le type de filtre utilisé par la bande, cependant qu’un bouton All Bypass met l’égalisation en ou hors fonction.
Inutile de dire que cette section est extrêmement pratique : les potentiomètres sont relativement précis et le contrôle est ainsi autrement plus intuitif qu’avec une souris. Le seul problème à noter (et il sera rédhibitoire pour certains), c’est que la section EQ de la CC121 ne peut piloter que les EQ de Cubase. Si vous utilisez un plug-in de tierce partie pour vos corrections spectrales (au hasard, un plug-in Wave, Flux, PSP), les 10 potards et les 6 boutons ne vous seront ainsi d’aucune utilité. C’est très dommage…
L’amie mollette
Finissons avec la partie droite de la machine en revenant tout d’abord sur la molette 'AI Knob’ qui, en plus du mode Jog, peut fonctionner comme un encodeur contextuel. Comprenez par là qu’elle vous servira à éditer la valeur du paramètre survolé par votre souris. Certains trouveront la chose pratique, d’autres objecteront que le but d’une surface de contrôle est justement de ne pas avoir à recourir à la souris.
De fait, si vous devez survoler avec votre pointeur le paramètre à éditer, vous avez aussi vite fait de l’éditer à la souris, en utilisant la molette de cette dernière plutôt que celle de la CC121, d’autant qu’une fois encore, la chose ne marche pas avec les plug-ins de tierce partie, tandis que certains plug-ins de Cubase, réagissant à la molette de la souris, ne réagissent pas à celle de la CC121. Bref, on friserait la fausse bonne idée si le switch 'Lock’ ne venait pas sauver l’affaire, ce dernier bloquant l’assignation à un paramètre qui continuera donc d’être édité quelle que soit la position de votre souris. Du coup, on pourra par exemple l’utiliser pour contrôler le niveau de la piste master, façon contrôleur de monitoring…
Au dessus de cette molette viennent enfin 4 switches et un potentiomètre Push-Pull, utilisables selon 3 modes : « Studio Control » pour gérer la partie Control Room de Cubase, « Monitor Control » pour gérer les fonctions de monitoring, et « User Assignable », pour assigner librement ces 5 contrôleurs, en plus du footswitch optionnel, à n’importe quelle autre fonction. 5 contrôleurs assignables seulement? Oui, 5. Autant dire qu’on en aurait voulu 3 ou 4 fois plus en regard du prix… Par défaut, ces derniers permettent de piloter les fonctions de zoom vertical et horizontal du logiciel, ce qui s’avère très pratique, mais du coup, si vous souhaitez garder cette configuration, vous devrez faire une croix sur le fait d’utiliser le CC121 pour placer des marqueurs et naviguer dans ces derniers, pour générer et rappeler des espaces de travail, etc. Précisons en outre que le passage de l’un à l’autre des modes se fait depuis une fenêtre dédiée, tandis que l’assignation à des commandes MIDI se paramètre depuis la fenêtre de Configuration des périphériques : hors de question donc d’en changer en un clin d’œil…
Conclusion
Le CC121 vaut-il la dépense de 400 € pour un Cubasien? La réponse est oui si vous utilisez les égaliseurs de Cubase, car en dépit d’un nombre trop faible de contrôleurs assignables, sa parfaite intégration au séquenceur de Steinberg en fait un outil des plus ergonomiques et des plus efficaces pour enregistrer et mixer vos projets.
Si en revanche, vous utilisez un plug-in de tierce partie pour faire vos EQ, force est d’admettre que le CC121 peine à s’imposer face aux produits concurrents, qu’ils soient signés PreSonus, Frontier Design ou Behringer… Et c’est sans compter l’arrivée imminente du très alléchant Sonar V-Studio 100, certes plus cher, mais plus ouvert et cumulant des fonctions intéressantes… Bref, sans qu’on puisse parler de coup d’épée dans l’eau, on ne peut pas dire que le CC121 soit pleinement convaincant, et on espère franchement que Steinberg saura faire évoluer son bébé ou repositionner son prix pour le rendre réellement compétitif…