La nouvelle version de Cubase, désormais en 10.5, débarque pour les fêtes de fin d’années. De quoi changer sa lettre au Père Noël ?
Alors que quantité de STAN concurrentes ont fait l’objet de mises à jours gratuites plus ou moins conséquentes ces derniers temps, Steinberg nous propose la nouvelle version annuelle de son Cubase, offrant son lot de nouveautés mais pas de grandes surprises comme nous allons le voir, cette version 10.5 se focalisant sur le fait d’exaucer des souhaits de longue date des utilisateurs plus que d’innover réellement.
On découvrira tout cela en vidéo, ou en lisant le test qui suit.
Couleurs et palette
C’est d’abord du côté de l’ergonomie que commencent les réjouissances avec la possibilité de pouvoir désormais colorer les tranches en intégralité dans la console. « Enfin ! » serait-on tenté de dire vu que cette fonction existe partout ailleurs quasiment depuis des lustres, ce qui ne l’empêche pas d’être un vrai bon ajout qui simplifiera le mixage au quotidien. En effet, à plus forte raison quand un projet comporte plusieurs dizaines de pistes, ce n’est pas un luxe de pouvoir recourir à des codes couleurs pour naviguer plus facilement. Bon point donc.
L’autre grande nouveauté ergonomique, c’est l’arrivée d’un mode qui permet de combiner l’outil de sélection de zone et celui des objets. Pour parvenir à cela, le pointeur se modifiera en fonction de l’endroit où vous placez votre souris sur le conteneur. En haut, vous sélectionnez la zone, en bas les objets. C’est une nouvelle fois plutôt bien vu car cela empêche de passer son temps à changer d’outil, mais cela reste là encore du déjà vu chez la concurrence. Cubase se met donc à jour plus qu’il n’innove sur ce point.
On pourrait en dire autant des autres nouveautés que propose cette version : une refonte de l’enregistrement MIDI rétrospectif (qui propose désormais autant de buffers que vous avez de pistes MIDI et la possibilité d’importer les données préenregistrées sous forme de cycles), l’import de pistes et données d’autres projets (avec un assistant vous permettant d’importer tout ou partie d’une piste ou d’une tranche) et la possibilité d’exporter des vidéos en H.264 avec incrustation ou non du Timecode. Que dire ? Tout cela sera très utile à certains utilisateurs mais guère excitant. Fort heureusement, Steinberg se rattrape du côté des plug-ins.
C’est quoi cette bouteille Delay ?
On a en effet le droit à du neuf de ce côté, avec pour commencer un nouveau delay MultiTap particulièrement convaincant sur le plan du son comme celui de l’ergonomie dans la mesure où Steinberg est parvenu à un bon compromis entre possibilités et simplicité, saupoudrant le tout de quelques originalités bien senties. Vous disposez ainsi de 8 répétitions librement paramétrables en termes de niveau comme de panoramique, sachant que le delay propose cinq caractères différents (Custom, Digital Modern, Digital Vintage, Tape et Crazy) et embarque trois sections de six slots d’effets à choisir parmi 16, qui interviennent à différents endroits du signal. C’est notamment la section Top FX qui sera la plus créative car elle permet de définir le dosage de chaque effet pour chaque répétition. Dans le sillage de ces possibilités Sound Designesques, on appréciera encore grandement le fait de disposer d’un mode « Hyper Modulation » qui donne des choses bien fofolles à l’usage. Je passerai sur les fonctions plus convenues de distorsion, downsampling et autres filtres pour souligner le très intéressant mode ducking qui va baisser le niveau des répétions chaque fois que le signal entrant réapparait : voilà qui permet de garder de la lisibilité même avec les delays les plus compliqués. C’est très bien vu et l’on peut sans conteste convenir que ce nouveau MultiTap Delay est le plus intéressant qui figure dans Cubase.
- delaypatternseqinsane00:12
- delaypatternseq00:12
- delaydoyalike00:12
- delaydarkvibes00:12
- delayanalogecho00:12
- delaycounterpart00:12
- delaybounce00:12
Moins créatif mais autrement plus crucial pour mixer, l’EQ maison se dote d’un système permettant d’afficher la courbe de réponse en fréquence d’une autre piste au moment où l’on fait l’EQ, et de passer de l’une à l’autre au sein de la même fenêtre. Voilà qui s’avère pratique pour réaliser des EQ complémentaires entre deux instruments partageant la même zone spectrale, et devrait rendre les Fabfilter et autres GlissEQ un peu moins indispensables maintenant qu’on dispose de ce genre de fonction en standard dans Cubase.
Bref, les nouveautés côté effets sont rares, mais elles n’en sont pas moins importantes, et on pourrait en dire autant du côté des instruments, ou plutôt de l’instrument…
Padshop, pas de chocolop
Cubase 10.5 nous arrive en effet avec la V2 du synthé granulaire Padshop qui reprend non seulement toutes les fonctionnalités de Padshop Pro, mais sophistique encore un peu plus la sauce en développant significativement la section d’effets qui en plus des chorus, flanger et delay, se voit désormais dotée d’un égaliseur quatre bandes, d’un nouvel effet Ensemble et d’un phaser, sachant que chaque couche dispose de sa propre section et qu’une réverbe algorithmique est placée en sortie.
Et ce n’est pas tout car Steinberg a aussi ajouté les filtres qu’on trouvait dans Retrologue 2 ainsi qu’un séquenceur à pas pour chaque couche composant le son. La plus grosse nouveauté réside toutefois dans le nouvel « oscillateur spectral » qui vous permettra de jouer avec la vitesse, la hauteur tonale mais aussi les formants et permet même de geler le son. Et le meilleur dans tout cela, c’est que Padshop demeure toujours aussi agréable et relativement simple à utiliser. Fier de son bébé, Steinberg ne s’est pas privé pour fournir quantité de nouveaux presets montrant les infinies possibilités offertes par la synthèse granulaire.
- padshop-metallicraindrop00:14
- padshop-spherical00:14
- padshop-choir00:14
- padshop-darkbass00:14
- padshop-organ00:14
Et c’est tout ?
Oui, ou presque. Quelques petits aménagements permettent ainsi de simplifier la saisie dans l’éditeur de partition (transposition via la molette de souris, magnétisme pour les silences et marqueurs de répétition, règle de notes), de mieux gérer les macros, de normaliser en utilisant la norme EBU R128, et on dispose enfin d’un mode de démarrage sans échec pour lancer Cubase sans aucun plug-in. Voilà, à part deux ou trois bricoles, on a fait le tour et c’est un peu décevant pour une mise à jour payante de la part d’un éditeur qu’on a connu autrement plus créatif par le passé, mais c’est heureusement peu cher, vu que 60 balles seulement sont réclamés pour passer de 10 Pro à 10.5 Pro.
Vaut-ce la dépense ? C’est à vous de voir en fonction de l’usage que vous avez de Cubase, car si certaines fonctions apporteront un vrai gain de productivité au quotidien pour la plupart des utilisateurs (coloration des tranches, outils de sélection combinés, import de projets), de nombreux ajouts ont une cible plus restreinte (export vidéo, de l’amélioration de l’éditeur de partition) ou n’intéresseront que ceux qui ne sont pas déjà pourvus en plug-ins de premier ordre : si vous possédez par exemple Relayer, le Pro-Q, Falcon ou Omnisphere, pas évident que les nouveautés du côté du bundle retiennent votre attention…
Reste enfin à se prononcer sur Cubase de manière globale qui demeure sur un tarif assez élevé de presque 600 euros. C’est indubitablement l’une des STAN les plus complètes et abouties du marché, avec de vraies originalités très appréciables (piste accord, control room, VSTexpression, etc.) et un bundle relativement solide. Toutefois, s’il ne manque rien de crucial au produit phare de Steinberg en dehors de la possibilité de faire des métaeffets et metainstruments comme chez nombre de concurrents ou encore une gestion avancée du M/S, on reprochera toujours certaines lourdeurs ergonomiques (fenêtre VSTconnexion toujours aussi rébarbative), un moteur audio pas forcément à l’aise avec le temps réel (l’ajout d’un VSTi coupe la lecture en court par exemple) tandis que Padshop 2 comme MultiTap Delay sont un peu gourmands du côté du CPU…. Et l’on continuera de pester sur la protection physique eLicencer, toujours aussi pénible… Bref, il y a de quoi réfléchir face aux offres concurrentes qui ne manquent pas d’arguments pour un prix moindre car rien ne justifie réellement le surcoût réclamé. Quant au fait qu’au prix de cette petite mise à jour qu’on aurait bien vue gratuite, on trouve des STAN certes nues mais fonctionnellement aussi sinon plus complètes sur certains aspects, c’est une autre affaire…