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Clavia Nord Modular G2X
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Test du Nord Modular G2X de Clavia

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3 réactions
Le modulaire de rêve
9/10
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En 1998, Clavia lançait le Nord Modular, premier synthé modulaire virtuel également capable de fonctionner en autonomie. Aujourd’hui, la firme suédoise récidive avec le G2X, un pack synthé 5 octaves + éditeur ultra sophistiqué. Un coup de maître ?

Test du Nord Modular G2X de Clavia : Le modulaire de rêve

(Test initia­le­ment paru en décembre 2004)

Le concept de synthé modu­laire virtuel déve­loppé par Clavia regroupe une partie maté­rielle et une partie logi­cielle. Le maté­riel est chargé de gérer les calculs (c’est là que résident les DSP), offrir des commandes temps réel en nombre suffi­sant (inter­face homme machine) et permettre les connec­tions audio / Midi avec le monde exté­rieur (ordi­na­teurs, instru­ments, effets, tables de mixa­ge…). Le logi­ciel se résume à un éditeur dans lequel on choi­sit, on connecte et on para­mètre des modules virtuels (géné­ra­teurs de son, filtres, enve­loppes, effets…) géné­rés par les DSP. Autre­ment dit, le soft­ware offre une inter­face graphique qui permet de choi­sir les modules et les relier virtuel­le­ment et le hard­ware se charge de fabriquer le son qui en résulte. On peut connec­ter autant de modules que l’on veut jusqu’à satu­ra­tion des DSP, qui commence par une réduc­tion de poly­pho­nie. Une fois un patch fabriqué, on le stocke dans la machine, puis on débranche la machine du PC et on peut alors la trim­ba­ler sous le bras comme un vulgaire synthé program­mable. Mais quel synthé !

5 LCD !

NM 1Nous avons testé la version Nord Modu­lar G2X avec l’OS 1.24. Il existe 2 autres modèles moins perfor­mants basés sur la même plate forme (G2 et G2 Engine, de moindre puis­sance). Le G2X dispose d’un clavier 5 octaves Fatar semi lesté, sensible à la vélo­cité et à la pres­sion. Sa qualité est supé­rieure à celle du clavier du G2 et des premiers Nord Modu­lar. Les touches sont semblables à celles d’autres machines haut de gamme, tels que l’An­dro­meda Alesis et le Mini­moog Voya­ger. A quelques excep­tions près, les commandes du panneau avant sont iden­tiques à celles du G2. On aurait aimé en avoir plus, vu la place dispo­nible sur la droite du panneau. Grosso modo, la partie gauche regroupe les commandes de navi­ga­tion, de recherche des sons par caté­go­rie et les utili­taires, autour d’un LCD 2 × 16 carac­tères. La partie droite est dédiée à l’édi­tion directe depuis la machine : elle comporte 4 LCD 2 × 16 carac­tères couplés à 8 rota­tifs sans fin et 8 boutons, des switches de sélec­tion des varia­tions sonores, ainsi que deux groupes de 3 et 5 boutons pour appe­ler rapi­de­ment la matrice.

Celle-ci comprend 15 pages de 8 para­mètres éditables en temps réel de façon assez intui­tive et agréable. Les LCD affichent, au choix, les modules + leurs para­mètres ou les para­mètres + leurs valeurs. Les rota­tifs, cerclés de diodes comme sur le Nord Lead 3, permettent de visua­li­ser la valeur approxi­ma­tive de chaque para­mètre. Leur mani­pu­la­tion est en prise directe, ce qui évite tout effet de saut intem­pes­tif. Leur mise en œuvre, bien que déli­cate, semble correcte. On aurait appré­cié des écrans de 4 lignes pour visua­li­ser en même temps modules, para­mètres, valeurs stockées et valeurs éditées. Heureu­se­ment, l’édi­tion directe est convi­viale et l’édi­tion pous­sée se fait grâce à un éditeur on ne peut plus visuel. Côté commandes temps réel, le G2X offre le fameux Pitch Stick en bois et pas moins de 3 molettes en pierre, dont 2 hori­zon­tales supplé­men­taires affec­tées à des actions prédé­fi­nies. Les molettes sont équi­pées de petites LED vertes, ce qui permet de visua­li­ser leur posi­tion. La classe !

Entrées et sorties

NM 2Le G2X s’est un peu musclé au rayon connec­tique. Sur le panneau avant, on trouve une prise XLR pour micro, couplée à un préam­pli. On pourra par exemple y connec­ter le micro col de cygne fourni avec la machine. Sur l’ar­rière, on découvre 4 entrées audio analo­giques jack (conver­tis­seurs A/N 24 bits / 96 kHz), 4 sorties (4 mono ou 2 paires stéréo), une prise casque, 2 entrées pour pédales, un port USB, un trio Midi et une borne pour prise secteur (alimen­ta­tion interne, merci !). Toutes les entrées audio peuvent être routées vers n’im­porte quel module et appai­rées. L’en­trée XLR prend la place d’une des 4 entrées jack.

Le port USB se limite unique­ment à l’échange de données entre la machine et l’édi­teur logi­ciel. Le Midi, et encore moins l’au­dio, ne sont pas trans­mis par ce support. Dommage car le G2X n’a pas d’in­ter­face audio numé­rique. Clavia a manqué l’oc­ca­sion de créer une combi­nai­son surface de contrôle / inter­face audio de haute qualité, à l’ins­tar du X-Station Nova­tion ou du prochain Virus TI Access. Avec le G2X, il faut encore une inter­face audio et une inter­face Midi pour relier la machine à un PC. A noter que l’on peut utili­ser le G2X comme clavier maître et contrô­leur Midi, en assi­gnant jusqu’à 120 contrô­leurs aux rota­tifs de la façade (8 × 15 pages), avec affi­chage person­na­lisé des noms des commandes. Le site de Clavia dispose déjà de certaines confi­gu­ra­tions pour plug-in VST à télé­char­ger, merci !

Edition directe

NM 3Il y a deux manières d’uti­li­ser le G2X. En édition directe, on peut char­ger n’im­porte quel programme et en modi­fier tous les para­mètres. Le char­ge­ment d’un patch prend au maxi­mum une demi-seconde. La taille d’un patch est de 5 Ko contre 20 Ko pour une perfor­mance (combi­nai­son multi­tim­brale de 4 patchs, nous y revien­drons). A la vitesse du Midi, cela prend 7 secondes sur un séquen­ceur, un point à noter pour ceux qui aiment gérer les données de programmes direc­te­ment dans les séquences. Un patch est une combi­nai­son de modules câblés les uns aux autres, c’est-à-dire un synthé virtuel à part entière au sens commun du terme. On trouve 160 modules distincts clas­sés en 16 familles (entrée / sortie, oscil­la­teur, géné­ra­teur aléa­toire, filtre, délai, niveau, switch, séquen­ceur, note, LFO, enve­loppe, effet, Shaper, mixeur, proces­seur logique et Midi).

Dès qu’un patch est chargé, les modules sont affec­tés auto­ma­tique­ment aux LCD et aux commandes corres­pon­dantes pour édition instan­ta­née. On accède ainsi à l’édi­tion de 120 para­mètres à partir de la façade, des LCD, des enco­deurs et des 15 pages d’édi­tion (choix des formes d’ondes, coupure d’un filtre, enve­loppes, LFO…), un peu comme si on éditait à la main un synthé à archi­tec­ture fixe. A partir d’un patch, on peut créer 8 varia­tions (8 ensembles de para­mé­trage des modules), ce qu’on appel­le­rait « programme simple » sur un synthé clas­sique. Passer d’une varia­tion à l’autre est instan­tané. La mémoire Flash interne du G2X est de 6 Mo, ce qui permet de stocker entre 32 banques de 128 patches et 8 banques de 128 perfor­mances. De quoi voir venir !

Edition logi­cielle

NM 4La seconde méthode d’édi­tion consiste à rentrer dans le « dur », via l’édi­teur graphique fourni pour PC (98SE/2000/XP) et Mac (OSX). On peut ainsi créer ses propres patches à partir de zéro, c’est-à-dire choi­sir et raccor­der des modules à sa guise (du moins, tant que les DSP suivent, ce qui pose rare­ment de problème sur le G2X). Le G2X dispo­sant de base de la puis­sance de calcul maxi­male, il faut déjà pas mal char­ger la mule avant qu’elle ne fléchisse. D’au­tant que Clavia a eu l’ex­cel­lente idée de créer des modules qui visuel­le­ment occupent une surface d’écran propor­tion­nelle à leur gour­man­dise en calculs. Autre­ment dit, quand l’écran est plein, le G2X est bien chargé. Un bon point d’er­go­no­mie. On peut stocker les sons sur le G2X ou sur l’or­di­na­teur.

L’édi­teur est très agréable à utili­ser (test effec­tué sur PC avec Athlon 2600XP / 512 Mo / WXP). La fenêtre prin­ci­pale est coupée en deux : la partie supé­rieure reçoit les modules poly­pho­niques (tels que des oscil­la­teurs) et la partie infé­rieure est réser­vée aux modules mono­pho­niques (délai, réver­bé­ra­tion…). On sélec­tionne les modules dési­rés dans les listes dérou­lantes et on les tire sur l’écran (si leur couleur ne nous plait pas, rien n’em­pêche d’en chan­ger). Ensuite, il convient de les patcher comme sur un vrai modu­laire. L’édi­teur permet de masquer les cordons par couleur pour s’y retrou­ver et de faire le ménage (réor­ga­ni­sa­tion auto­ma­tique). Lors du chan­ge­ment de certains modules, le logi­ciel effec­tue des recon­nexions auto­ma­tiques avec conser­va­tion des valeurs (par exemple, chan­ge­ment de type de filtre avec conser­va­tion des valeurs de coupure et réso­nance). Bien vu ! Certains modules peuvent chan­ger de couleur auto­ma­tique­ment suivant ce qu’on y branche. Les chan­ge­ments à l’écran sont simul­ta­né­ment réper­cu­tés sur le G2X et réci­proque­ment. Il existe même des raccour­cis clavier pour affec­ter des modules avec tous leurs para­mètres aux pages d’édi­tion du G2X. Enfin, notons qu’il existe 4 bus de départs des modules poly­pho­niques (synthèse) vers les modules mono­pho­niques (effets).

Camé­léon sonore

NM 6Le G2X est livré dans sa version 1.24 avec envi­ron 350 sons. Près de 500 sont d’ores et déjà dispo­nibles sur le site du construc­teur et d’autres devraient s’échan­ger rapi­de­ment sur le net, à l’ins­tar de la première série Nord Modu­lar. Comparé à son aîné, le G2X sonne plus propre, avec des aigus mieux défi­nis et plus présents. De plus, l’alia­sing dont souf­fraient les premiers NM est pratique­ment éradiqué. Ceci est sans doute dû aux nouveaux conver­tis­seurs 24 bits (contre 18 bits pour les NM) et à la bande passante éten­due des filtres (coupure à 20 kHz contre 16 kHz précé­dem­ment). Ceci ne signi­fie pas que le G2X sonne brillant ou fin, car il est tout aussi capable de textures épaisses et chaudes comme le NM. Par nature, le G2X est un véri­table camé­léon sonore.

Certes, il ne sonne pas aussi punchy et gras qu’un analo­gique. Un Mini­moog Voya­ger est beau­coup plus pêchu, un Memo­ry­Moog reste beau­coup plus épais et puis­sant (« couillu »), un Matrix-12 est plus chaud et moins métal­lique. Ce ne sont pas des reproches, juste des repères, car dans ses appli­ca­tions analo­giques, le G2X conserve un grain typé Clavia très plai­sant, façon Nord­Lead 2. Mais le G2X va bien au-delà : il sait sonner comme un DX7 (nous avons mis les 2 côte à côte, c’est bluf­fant !), imite très bien les sons de cordes pincées (bien mieux qu’un Z1, mais un peu moins bien qu’un VL-1), le tout avec suffi­sam­ment de puis­sance pour jouer tout ce beau monde en poly­pho­nie et le passer dans des filtres ou des effets. Par moment même, on obtient des sons aussi sophis­tiqués que sur un K2600 Kurz­weil, avec des possi­bi­li­tés de modu­la­tions en tout genre.

8 DSP pour l’au­dio

NM 7La poly­pho­nie maxi­male du G2X est de 32 voix, tout comme les autres G2. La poly­pho­nie mini­male est de 8 voix (une voix est consom­mée lorsque la section effets est utili­sée), alors que les autres G2 se contente de 4 voix en stan­dard. En simu­la­tion de Nord­Lead 2, la poly­pho­nie du G2X est de 24 voix (12 pour les autres G2 et 4 pour le NM). Les 8 DSP à allo­ca­tion dyna­mique de ressources repré­sentent 2 fois plus de puis­sance de calculs que les G2 et 4 fois plus que le NM. Les G2 peuvent être éten­dus à la puis­sance du G2X grâce à une carte option­nelle de 4 DSP. Le proces­seur de contrôle est quant à lui plusieurs centaines de fois plus rapide que l’ori­gi­nal, ce qui permet notam­ment une bien meilleure réponse temps réel. Autre aspect tech­nique, les DSP s’op­ti­misent auto­ma­tique­ment suivant les modules utili­sés et les connexions établies. Le manuel V1.2X est excellent (mais en cours de traduc­tion). Il regorge d’as­tuces pour écono­mi­ser des DSP : opti­mi­sa­tion des modules, utili­sa­tion des fonc­tions morphing plutôt que des enve­lop­pes…

Chaque DSP dispose d’une RAM inté­grée de 256 kilos Words en 24 bits, ce qui corres­pond à 2,5 secondes de trai­te­ment par DSP à 96kHz. Ceci permet notam­ment au G2X de produire des effets de délai et de réver­bé­ra­tion, impos­sibles pour les premiers NM. En revanche, il n’y a pas de RAM pour l’échan­tillon­nage pur et dur. Char­ger des multi­samples longs néces­si­tant plus d’un DSP signi­fie­rait les char­ger autant de fois dans tous les DSP néces­saires. En fait, pour gérer effi­ca­ce­ment des multi­samples poly­pho­niques, il faut un gros DSP dédié, une RAM consé­quente et un disque dur interne. Clavia sait faire, mais le prix du G2X s’en ressen­ti­rait énor­mé­ment. En fait, le choix du construc­teur s’est porté sur la géné­ra­tion de sons en temps réel, et non des tech­niques en temps différé telles que l’échan­tillon­nage ou la resyn­thèse par ailleurs large­ment diffu­sées. Dont acte.

Oscil­la­teurs et filtres

NM 8Concen­trons nous main­te­nant sur les prin­ci­paux modules, à commen­cer par les 17 types d’os­cil­la­teurs. La part belle est faite aux modé­li­sa­tions analo­giques. Les prin­ci­pales formes d’ondes élémen­taires sont présentes. Pour écono­mi­ser les DSP, on peut choi­sir certains modules dont la forme d’onde sélec­tion­née sera commune aux 8 varia­tions d’un patch. Un module ne peut géné­rer qu’une forme d’onde à la fois, contrai­re­ment aux vrais modu­laires : autre­ment dit, il faut utili­ser plusieurs oscil­la­teurs pour obte­nir plusieurs formes d’ondes simul­ta­nées. On trouve égale­ment des géné­ra­teurs de bruits, des drums virtuels, de la FM, des Shapers et l’exacte réplique d’un DX7 (algo­rithmes à 6 opéra­teurs). Enfin, une modé­li­sa­tion physique type Karplus-Strong permet de recréer avec réalisme les sons de cordes pincées, en parti­cu­lier les guitares acous­tiques.

Les modules de filtrage sont un morceau de bravoure, avec pas moins de 14 types diffé­rents : filtres simples non réso­nants, filtres multi­modes de 1 à 6 pôles, émula­tion de Nord­Lead 2, EQ, wah-wah, filtre à formants, filtre à déca­lage de phase 14 pôles, filtre en peigne et voco­deur. Suivant les confi­gu­ra­tions, on dispose d’en­trées pour le tracking ou pour la modu­la­tion de la réso­nance. Comme on est sur un modu­laire, rien n’em­pêche de se faire de mons­trueux empi­lages série ou paral­lèle. C’est là qu’on appré­cie les 8 DSP du G2X, car les filtres sont très gour­mands en ressources. Le voco­deur est un 16 bandes entiè­re­ment recon­fi­gu­rables. Il est, tout comme cette section, d’une redou­table effi­ca­cité.

Outils de modu­la­tion

NM 9Les outils de modu­la­tion sont extrê­me­ment complets. Il existe 5 types de LFO plus ou moins complexes et consom­ma­teurs de ressources, suivant l’af­fec­ta­tion des formes d’onde aux varia­tions (comme pour les oscil­la­teurs) et les points d’en­trées de modu­la­tion. Les LFO sont synchro­ni­sables au tempo Midi et sont capables d’os­cil­ler jusqu’aux niveaux audio sans trop géné­rer d’alia­sing. On trouve 9 types d’en­ve­loppes, allant de 1 para­mètre à 4 segments complets (temps et niveaux), en passant par la clas­sique ADSR. Certaines enve­loppes disposent de boucles, d’autres de formes variables de segments (linéaire, expo­nen­tiel­le…), d’autres d’en­trées de modu­la­tion sur chaque segment. Elles sont plutôt rapides pour des enve­loppes logi­cielles, avec une plage de 0,5 ms (théo­riques) à 45 s. Pour aller encore plus loin dans les modu­la­tions, il existe une pano­plie de Shapers et de géné­ra­teurs de fonc­tions permet­tant de modi­fier (recal­cu­ler, distordre) des signaux entrants (modu­la­tion ou audio).

Tant qu’on est au rayon modu­la­tions, signa­lons que le G2X est capable de géné­rer 8 groupes de morphing par patch, en assi­gnant un total de 25 modu­la­tions à choi­sir parmi tous les para­mètres des modules. Pour se faire, il suffit d’as­si­gner les desti­na­tions aux commandes (molettes, pédales, rota­tifs ou CC Midi) et le tour est joué. Pour écono­mi­ser des ressources DSP, il est d’ailleurs recom­mandé d’uti­li­ser ces groupes de morphing pour modu­ler certains para­mètres plutôt que des modules plus complexes (par exemple, la réso­nance d’un filtre). Un outil extrê­me­ment puis­sant !

Section effets

NM 10Comme nous l’avons dit, la partie infé­rieure de la fenêtre prin­ci­pale d’édi­tion est consa­crée aux modules mono­pho­niques, enten­dons par là les modules qui s’ap­pliquent globa­le­ment à toutes les voix d’un patch. C’est le cas des effets de sortie. Ils sont répar­tis en 2 familles : FX et délais. La section FX comprend des effets chorus stéréo, phaser, flan­ger, réduc­teur de bits, déca­lage de fréquence (un design signé Harald Bode mis en œuvre la première fois par Bob Moog dans les années 60), pitch shift, scratch (vinyle ou cassette), compres­seur et réver­bé­ra­tion. Les effets de modu­la­tion sont spec­ta­cu­laires. Ils permettent de donner de l’am­pleur au son ou de le détruire sans pitié dans une embrouille numé­rique des plus agres­sives.

La réver­bé­ra­tion est plutôt réus­sie, avec un temps variant de 1 ms à 18 secondes. Elle offre diffé­rents types de pièces mais pas de plates, reverses ou autres modes non linéaires. Il y a globa­le­ment assez peu de para­mètres dispo­nibles dans les modules d’ef­fets (3 en moyenne). Certains disposent d’en­trées de modu­la­tion directe, mais c’est un cas plutôt rare. La réver­bé­ra­tion est exempte de toute modu­la­tion directe. On pourra contour­ner le problème en utili­sant des groupes de morphing, mais cela complique un peu la tâche. Une section qui gagne­rait à se complexi­fier un peu, tant le reste est excellent. Clavia a en fait souhaité gérer tous les effets par un seul DSP pour conser­ver de la puis­sance pour les modules poly­pho­niques. Un choix que nous approu­vons. L’autre famille d’ef­fets est consa­crée aux délais. Là, c’est un véri­table bonheur, avec des algo­rithmes variés et sophis­tiqués : délais stéréo, délais avec filtres, délais multiples allant jusqu’à 8 lignes à retard entiè­re­ment modu­lables, le tout avec synchro interne ou Midi.

Séquen­ceurs très souples

NM 11La famille des modules séquen­ceurs recèle quelques perles rares, tant sur le plan de la program­ma­tion que pour le jeu live. Le G2X donne une nouvelle dimen­sion au prin­cipe des séquen­ceurs analo­giques d’an­tan, où chaque pas reflète la valeur d’un para­mètre issu d’un autre module (pitch, coupure du filtre, pano­ra­mique, la liste est longue…). La synchro­ni­sa­tion (donc le passage d’un pas à l’autre) est pilo­tée par une horloge interne ou Midi. Plusieurs séquen­ceurs 16 pas peuvent être chaî­nés pour créer des patterns plus longs. Pour compliquer le tout, certaines valeurs peuvent bloquer le séquen­ceur, le déclen­cher, le faire tour­ner en boucle, de façon linéaire ou aléa­toire.

Si on utilise un LFO avec dent de scie à l’en­trée, le séquen­ceur tourne à l’en­droit ; avec une dent de scie inver­sée, il tourne à l’en­vers ; si l’onde est trian­gu­laire, la lecture est alter­née. Avec une forme d’onde complexe, on obtient des motifs complè­te­ment déjan­tés ! Utili­sée avec des arpé­gia­teurs, des switches et des proces­seurs logiques, on imagine les possi­bi­li­tés déli­rantes de modu­la­tion en temps réel… Là, le concept de modu­laire allié à l’er­go­no­mie du virtuel prend tout son sens. Parmi les diffé­rents modules, on trouve un trig­ger simple à 2 lignes (sans modu­la­tion), un géné­ra­teur de modu­la­tions et un géné­ra­teur de notes. Ce dernier offre une entrée permet­tant de déclen­cher l’en­re­gis­tre­ment des pas à la volée, un peu comme un répé­ti­teur en boucle. Des modules très souples qui vont être à l’ori­gine de bien des nuits blanches.

Mixage et Switch

NM 12Le G2X offre un paquet de modules pour mélan­ger plusieurs signaux : tables de mixage statiques ou modu­lables, avec ou sans pano­ra­mique, somma­teurs et géné­ra­teurs de cross­fade modu­lables. Mais les plus drôles sont les modules Switch, en parti­cu­lier les démul­ti­plexeurs (Demux), permet­tant de bascu­ler entre plusieurs signaux suivant des modu­la­tions de commandes. On peut ainsi créer des balayages de tables d’ondes en utili­sant des séquen­ceurs : par exemple, on prend un module Demux 8 entrées – 1 sortie et 8 séquen­ceurs tour­nant en même temps avec des motifs distincts. Leurs sorties sont raccor­dées au module Demux. A partir d’une source quel­conque (enve­loppe, LFO, CC Midi, contrô­leur physique), on bascule d’un motif à l’autre en temps réel. On crée ainsi des ryth­miques complexes, variées et parfois inat­ten­dues.

Mais cela n’est pas tout, car au détour d’un menu (sur le G2X ou à l’écran), on trouve encore quelques possi­bi­li­tés de modu­la­tion. A commen­cer par un arpé­gia­teur simple qui offre quelques motifs élémen­taires sur 1 à 4 octaves. On peut le synchro­ni­ser à l’hor­loge interne ou Midi, le main­te­nir (fonc­tion Hold) ou le pilo­ter par message Song Posi­tion Poin­ter lorsqu’il est synchro­nisé au Midi. Chaque Patch dispose de son arpé­gia­teur. On trouve égale­ment un vibrato indé­pen­dant et un glide, capable de fonc­tion­ner en mode auto­ma­tique (joué lorsque les notes sont liées) ou perma­nent.

Modules divers

NM 5Ceux qui se sont déjà montés de véri­tables modu­laires analo­giques (type usine à gaz hors de prix) ont dû se heur­ter au phéno­mène suivant : on découvre souvent, dans la liste présen­tée par les fabri­cants, des modules assez occultes qui portent à penser : « tiens, vu qu’il me reste 5 unités libres dans le rack et que j’ai déjà tous les VCO, les filtres et les modu­la­teurs, je pour­rais bien me prendre ces trucs-là, ça doit être inté­res­sant vu que ça existe ». Et hop, la commande part outre-Manche ou outre-Rhin pour 2 compa­ra­teurs à pluton et 3 inté­gra­teurs thermo nucléaires.

Avec le G2X, on pour­rait penser la même chose, mais vu qu’on a les modules sous la main pour le même prix, pourquoi s’en priver. Les résul­tats sont, bien souvent, impré­vi­sibles pour le commun des mortels. La machine regorge de modules arith­mé­tiques (familles Level et Logic), compre­nant des outils pour addi­tion­ner, sous­traire ou multi­plier des signaux. Au détour d’une liste dérou­lante, on trouve un modu­la­teur en anneau, un noise gate, des compa­ra­teurs, un inver­seur, un flip flop, une impul­sion, un comp­teur, des conver­tis­seurs DA / AD 8 bits. L’uti­lité de certains d’entre eux n’échap­pera pas au public averti. Il existe d’autres familles de modules dont la descrip­tion exhaus­tive serait bien plus pénible à lire qu’à utili­ser. Nous nous en tien­drons donc là pour cette fois…

Mode multi­tim­bral

NM 14Les synthés Clavia sont multi­tim­braux 4 canaux depuis le Nord Lead. Le G2X n’échappe pas à la règle, grâce aux 4 Slots maison permet­tant d’ap­pe­ler rapi­de­ment un ou plusieurs sons et de les monter en Perfor­mance. On peut ainsi rapi­de­ment défi­nir un point de partage du clavier et assi­gner les slots AB à gauche et les slots C&D à droite. On peut égale­ment défi­nir 4 zones de tessi­ture indé­pen­dantes, avec ou sans chevau­che­ment. Par contre, la fenêtre de vélo­cité n’est pas de la partie, ce qui aurait permis des empi­lages plus subtils suivant la dyna­mique de frappe. On peut toute­fois arri­ver à ses fins en jouant sur le morphing et les modules Midi, mais cela complique la tâche.

Il est possible d’édi­ter n’im­porte quel canal d’une perfor­mance en direct ou à partir de l’édi­teur logi­ciel. Les modi­fi­ca­tions sont inté­grées au niveau de la Perfor­mance, donc le programme d’ori­gine demeure. Ce choix, assez peu commun, est idéal pour une program­ma­tion effi­cace sans se prendre la tête avec les inter­ac­tions programmes / perfor­mances. Cela vaut aussi pour les arpé­gia­teurs et les sections effets, qui s’ap­pliquent indé­pen­dam­ment à chaque canal. Merci Clavia ! Autre sujet de réjouis­sance, la possi­bi­lité de créer des jonc­tions Midi d’un canal à l’autre. Mieux, il existe même des bus audio (mono­diques) entre les slots, permet­tant d’injec­ter le signal de sortie d’un canal vers l’en­tré d’un autre, un peu comme si on connec­tait 4 gros modu­laires. Là, c’est très fort ! Enfin, chaque Perfor­mance dispose de 120 para­mètres globaux supplé­men­taires assi­gnables aux commandes temps réel.

Un must !

NM 13Au final, le G2X est une formi­dable machine. Aux possi­bi­li­tés du G2 s’ajoutent un surplus de puis­sance très appré­ciable, un véri­table clavier de scène et quelques petits bonus fort agréables. C’est une machine qu’on aura autant de plai­sir à jouer qu’à program­mer, quelle que soit la situa­tion, en studio comme sur scène. Les quelques remarques que nous avons faites ne sont abso­lu­ment pas rédhi­bi­toires compte tenu de la puis­sance et l’ori­gi­na­lité de la machine. Le G2X est le premier synthé à réunir dans un même clavier une bête de synthèse, une bête d’édi­tion et une bête de son. Un must !

9/10
Points forts
  • Les convertisseurs et la bande passante améliorés
  • L’édition directe, assez simple et complète
  • Les commandes temps réel
  • Les rotatifs sans fin, cerclés de diodes
  • Les groupes de variations instantanées
  • Les différentes formes de synthèse
  • Les possibilités de traitement
  • Les séquenceurs, très souples
  • Les modulations infinies
  • La qualité sonore et la personnalité
  • Le rapport puissance / encombrement
  • Le mode autonome, idéal pour la scène
  • Les possibilités de traitement de signaux externes
  • Les connexions audio entres slots
Points faibles
  • Le port USB, limité au pilotage de l’éditeur
  • Pas d’interface audio numérique
  • Pas de fenêtre de vélocité en mode Performance
  • Pas de module d’échantillonnage
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.

  • tinhu 3347 posts au compteur
    tinhu
    Squatteur·euse d’AF
    Posté le 15/05/2023 à 09:38:44
    Un bien beau test , que l'on prends plaisir à relire , de nombreuses années après !
  • Crobinou 696 posts au compteur
    Crobinou
    Posteur·euse AFfolé·e
    Posté le 15/05/2023 à 11:06:31
    Rahhh c’est malin ! Je veux un G3X-R maintenant. Quoi, ça n’existe pas !!? :8O:
  • laurent BERGMAN 426 posts au compteur
    laurent BERGMAN
    Posteur·euse AFfamé·e
    Posté le 24/05/2023 à 21:51:05
    ^^
    C’est vrai que c’est un monstre qui était en avance, ça fait plus de 18 ans que je l’utilise et il est toujours d’actualité. Ce qui est curieux c’est qu’aucun concurrent ne se soit lancé dans ce type de produit. L’ensemble soft + hard du Virus TI est bien foutu mais n’arrive pas à la hauteur de l’intégration du G2X. Dommage que l’éditeur de Clavia n’ait pas été porté en plug-in VST/AU à l’image du Virus Control.

    .

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Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.