Test du Roland V-stage 88 - Des arguments à revendre

Design, fini­tions et ergo­no­mie sur scène

Il n’y a pas à dire, ce Roland V stage est un beau bébé. Ce mélange de deux textures métal­liques compre­nant un aspect plus brut sur l’arête avant et un effet pein­ture noire velou­tée sur le tableau de bord fait son effet. Le côté du clavier est en bois massif avec veines appa­rentes et cela donne une impres­sion de soli­dité, pouvant égale­ment être utilisé comme poignée de trans­port. Ce parti pris boisé permet d’ailleurs de cacher les vis pour une esthé­tique plus soignée.

Concer­nant la couleur, cela fait et fera forcé­ment parler, car le rouge sur ce type de clavier de scène est dans l’in­cons­cient collec­tif asso­cié au Nord­stage, même si Roland n’en est pas à son premier coup d’es­sai dans cette couleur rouge avec le SH-101 (si je ne me trompe pas, anté­rieur aux premiers Nord­stage), qui était un synthé dispo­nible en plusieurs colo­ris. Après tout, Roland peut partir du prin­cipe qu’on ne va pas leur impo­ser un diktat de couleur et que le rouge n’ap­par­tient pas à Nord. Ne soyons tout de même pas dans le déni. Ayant été proprié­taire d’un Nord­stage EX88, décou­vrir ce Roland m’a égale­ment fait penser à lui concer­nant l’agen­ce­ment du tableau de bord.

C’est une belle usine à gaz appa­rente, mais appa­rente seule­ment, qui nous est visuel­le­ment propo­sée là, car toutes ces fonc­tion­na­li­tés directes sont juste­ment conçues pour nous simpli­fier la vie dans l’exé­cu­tion scénique. Les polices de carac­tère sont bien lisibles, blanc sur noir. Les zones sont clai­re­ment défi­nies. Le tableau de bord s’étend sur 110 cm et 17 cm en profon­deur, ce n’est donc pas la crise du loge­ment pour placer tout ce beau monde. Le rétroé­clai­rage est blanc, c’est sobre et effi­cace, sans chichi. Voilà ce qui est censé consti­tuer un nouveau design, propre au V-Stage.

Ques­tion poids nous sommes à 21,8 kg pour le 88 touches et à 15,2 kg pour le 76.

Fonc­tion­na­li­tés prin­ci­pales et philo­so­phie du V-Stage 88

Certains pour­raient se deman­der pourquoi créer un clavier de ce type étant donné qu’il existe déjà la gamme Fantom, notam­ment sur l’as­pect visuel (d’ailleurs le chef d’équipe Shui­chi Matsu­naga a affirmé qu’il y a bien une inspi­ra­tion du Fantom en tant que produit phare de Roland). Concer­nant les autres domaines de compa­rai­son, il a été répondu par Roland qu’il y avait la volonté de créer quelque chose d’al­ter­na­tif, un clavier de scène phare, conçu pour le live.

Il l’est en effet… 512 scènes tout de même à mettre en mémoire et 64 presets. Une scène d’in­tro­duc­tion vierge est égale­ment présente afin de donner un point de départ à l’exé­cu­tant pour qu’il person­na­lise le son le plus utilisé. Il est égale­ment annoncé des packs de scènes supplé­men­taires à partir du Roland Cloud Mana­ger en même temps que la sortie.
Ques­tion tran­si­tion, une fonc­tion « Scene Chain » (128 en tout) faci­lite le passage d’une confi­gu­ra­tion de concert à une autre, et passer d’un son à un autre se fait sans aucune coupure, ce qui est bien agréable. On peut vrai­ment travailler à la volée avec une confi­gu­ra­tion intui­tive conçue pour jouer et non pour mettre les mains sous le capot pour person­na­li­ser à fond les sons. Cette fonc­tion­na­lité se fait en ligne via Roland Zen Core pour toutes les formes de synthèse.

Les boutons sont en plas­tique doux, assez agréables au toucher, compre­nant parfois un peu de jeu niveau gainage selon ce qui est utilisé. Les boutons-pous­soirs sont de bonne facture, j’ap­pré­cie parti­cu­liè­re­ment l’en­fon­ce­ment des boutons assi­gnables Rotary. L’écran LCD (4,3 pouces soit 10.9 cm) possède trois couleurs, à savoir le rouge, gris et blanc. Il est élégant et de taille tout à fait correcte.

Présen­ta­tion détaillée des sections et moteurs sonores

Tout d’abord, tout à gauche, vous trou­ve­rez la molette et le pitch stick qui offre une bonne résis­tance. Le centre est en plas­tique blanc légè­re­ment opaque, ce qui permet un rétroé­clai­rage.
Juste en dessous, les deux boutons Brake/Rotary de belle taille sont en amont de la cabine Leslie dédiée et c’est une bonne idée, car cela faci­lite vrai­ment le jeu en live, on ne peut pas les rater !

Orgues

Cette zone est la plus consé­quente du tableau de bord, très complète. On peut s’y mettre très rapi­de­ment et on y trouve tout ce qu’on est en droit d’at­tendre d’un clavier de ce niveau en termes de contrôle avec l’orgue à tran­sis­tors et à tuyaux en plus de la roue phonique. Le moteur sonore de l’orgue est le tradi­tion­nel « Virtual Tone Wheel » de Roland, déjà utilisé sur le Fantom, mais élargi à la partie infé­rieure et pédale. Une réverbe et un délai sont égale­ment dédiés à l’orgue, ce qui vous permet d’évi­ter d’uti­li­ser Total FX pour ce type de process.
L’over­drive est présent dans cette section, ce qui n’est pas toujours le cas. L’ef­fet rota­tif utilise un nouvel algo­rithme pour s’ap­pro­cher le plus possible de la réalité. N’étant pas orga­niste, il m’est diffi­cile d’en juger, même si je trouve que ça fonc­tionne très bien, tout comme les tirettes.

Acous­tic piano

La section « Acous­tic piano » permet de swit­cher entre le mode piano à queue de concert et piano droit et comprend l’op­tion piano desi­gner pour un edit plus en profon­deur. Elle est alimen­tée par la tech­no­lo­gie V-Piano (utili­sée depuis le RD-2000) de Roland, et propose égale­ment des sons de piano avec une sono­rité feutrée, afin de propo­ser une alter­na­tive à la modé­li­sa­tion clas­sique pour certaines scènes. Le split, le chan­ge­ment d’oc­tave, le contrôle des aigus et la profon­deur stéréo sont égale­ment acces­sibles via le tableau de bord. Au centre de la bête, nous arri­vons à l’écran prin­ci­pal enca­dré par les aspects plus géné­raux (split, transpo, défi­nir un tempo via une pulsa­tion, assi­gna­tion…), l’ac­cès au menu et aux fonc­tion­na­li­tés scène.

Elec­tric piano

La rubrique EP est quant à elle assez complète et de belle taille égale­ment, elle a appa­rem­ment béné­fi­cié d’une mise à jour concer­nant une diffé­ren­cia­tion plus forte entre timbre et volume. Il est en effet vrai que, sur un piano élec­trique tradi­tion­nel, le timbre et le volume sont étroi­te­ment liés. Ici, on peut jouer doux et fort par le biais de la fonc­tion « Sound Lift ». Le moteur est alimenté par la tech­no­lo­gie Roland Super­NA­TU­RAL amélioré, pouvant ajou­ter ou régler des effets spéci­fiques au piano élec­trique.

Synthe­ti­zer

La partie synthé utilise le moteur sonore ZEN-Core, ce qui rend possible l’uti­li­sa­tion des sons venant d’autres produits (Fantom ou Zeno­logy). Cette section propose 400 sons, et il y a de quoi s’amu­ser avec des pads, des sons de cordes, des basses et des lead pour les solos.
Bon à prendre, cette section prend en charge certaines exten­sions de modèles dits « Legends » de Roland à travers le Cloud Mana­ger : JUPI­TER-8, JUNO-106, SH-106 et JX-8P.

Total effects, Master et Mic in

Un panneau FX vient complé­ter le tout avec un affi­chage des effets habi­tuels. On y trouve 7 réverbes et 9 chorus. Pour finir ce linéaire, le Master avec un EQ et une compres­sion sont présents, ainsi que le Mic in avec volume.

Le clavier

Je ne parle­rai pas du clavier 76 Water­fall, ayant reçu le 88 touches.

J’avoue être assez déçu en tant que pianiste par cette méca­nique PHA4, bien trop légère pour moi et clai­re­ment à un niveau de gamme infé­rieur à la plus récente méca­nique PHA-50. Bien sûr, ça n’est pas un piano de scène, mais un clavier de scène et ça sent carré­ment le compro­mis ici pour pouvoir satis­faire la joua­bi­lité des orgues et EP… J’ai tout de même contacté Roland afin de deman­der la raison de ce choix, car la méca­nique PH-50 est un plai­sir à utili­ser.

Voici la réponse :

1. Le compro­mis

« Nous avons choisi le PHA-4 après beau­coup de discus­sions avec des clavié­ristes du monde entier concer­nant leurs besoins concer­nant un clavier de scène. Le clavier PHA-50 est un excellent choix pour jouer des sons de piano à queue acous­tique, ce qui en fait le choix idéal pour un instru­ment comme le RD-2000EX où l’ac­cent prin­ci­pal de l’ins­tru­ment est mis sur les sons de piano acous­tique.
Cepen­dant, dans V-Stage, chacun des quatre moteurs sonores est tout aussi impor­tant pour le joueur. Les pianos acous­tiques, les pianos élec­triques, les orgues et les synthé­ti­seurs ont chacun une action de touche diffé­rente, il était donc très impor­tant pour nous de four­nir au joueur une action de clavier qui soit la mieux adap­tée pour jouer tous ces styles d’ins­tru­ments.
Le PHA-4 est parfait pour ces besoins ; il dispose du contrôle dyna­mique néces­saire pour jouer au piano acous­tique, mais il est égale­ment très agréable à jouer au piano élec­trique, tout en étant suffi­sam­ment léger pour permettre un jeu authen­tique d’orgue et de synthé­ti­seur. »

2. Le poids

« Un autre sujet impor­tant pour les joueurs profes­sion­nels était de garder le V-Stage portable pour les perfor­mances en direct. Si le PHA-50 était monté sur V-Stage, cela ajou­te­rait 5 kg de poids supplé­men­taire au produit, et les dimen­sions de l’ins­tru­ment devraient être plus grandes pour accueillir cette action, ce qui rendrait l’ins­tru­ment plus diffi­cile à trans­por­ter pour le joueur. »

3. Une custo­mi­sa­tion

« Le V-Stage-88 est le seul produit Roland avec PHA-4 à être monté sur une plaque de base en bois, il a donc une plus grande stabi­lité que les autres produits avec cette action de touche, et le PHA-4 a égale­ment été spéci­fique­ment cali­bré pour le moteur V-Piano de V-Stage pour une meilleure joua­bi­lité. Le joueur peut égale­ment régler faci­le­ment son niveau de sensi­bi­lité préféré pour les moteurs de piano acous­tique et de piano élec­trique à partir du panneau avant, égale­ment pour garan­tir la meilleure sensa­tion de jeu. »

Après avoir pris un peu de recul afin de passer au-dessus de cet a priori lors du premier contact clavier, force est de consta­ter que ce compro­mis a du sens si on recherche la poly­va­lence et la richesse de l’ap­port sonore pour une pres­ta­tion scénique. Il est certain qu’un toucher trop lourd rendrait plus compliqué un jeu d’orgue Hammond avec glis­sendi multiples inté­grés dans le jeu. Rien n’em­pêche d’in­té­grer un second clavier dédié au piano avec un toucher bien plus lesté en complé­ment.
La texture ivoire des touches est agréable à utili­ser et des contrastes sont bien entendu possibles sur ce clavier qui a malgré tout du répon­dant, ce n’est pas non plus l’en­fer sur terre ! Mais pourquoi pas une nouvelle méca­nique pour un nouveau clavier de scène ? Il me semble que cette attente serait tout à fait légi­time au vu du tarif.

En conclu­sion, si vous êtes un pianiste pur sucre et que vous ne faites que ça, il n’est pas certain que vous y trou­viez votre compte. Il convien­dra peut être mieux de se diri­ger vers le FP-90X qui est vrai­ment orienté piano et méca­nique piano.

Qualité sonore et palette de sons dispo­nibles

Les sons sont de très bonne qualité, et il y a forcé­ment moyen de trou­ver son bonheur ici, car le choix est vaste, permet­tant de créer de belles ambiances scéniques.

V stage piano

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Contem­po­rary piano

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German concert

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PIano felt

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Disto organ

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Organ – Tone wheel 2A

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Tine ep

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Dusts­park

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Connec­tique et compa­ti­bi­lité scénique

La connec­ti­vité E/S du V-STAGE est four­nie et dans l’air du temps :

Possi­bi­lité de se connec­ter à une console de façade ou de retour en sortie MAIN OUT XLR ou jack 1/4 de pouce (6,3 mm). Les deux sorties SUB OUT sur jack peuvent être attri­buées à l’en­voi du signal de son choix. Nous avons égale­ment deux entrées Line et une prise XLR pour micro, avec son bouton de façade dédié au volume.
Le V-STAGE est équipé de plusieurs prises, telles qu’une prise MIDI et une prise pour pédale, afin que les joueurs puissent l’uti­li­ser pour diverses appli­ca­tions scéniques.

En utili­sant la prise pour appa­reil externe USB combi­née à la série a-Pro, il est possible de jouer quatre parties sur chaque clavier. J’ap­pré­cie tout parti­cu­liè­re­ment la connexion USB-C qui peut être connec­tée non seule­ment à un PC, Mac ou autre, mais égale­ment à un appa­reil mobile.

Carac­té­ris­tiques tech­niques

• Clavier 88 touches lestées avec méca­nique PHA-4 (montée sur base bois)
• Poids : 21,8 kg
• Écran LCD 4,3” (couleurs rouge, gris, blanc)
• Moteurs sonores : V-Piano, Super­NA­TU­RAL, Virtual Tone Wheel, ZEN-Core
• Nombre de scènes mémo­ri­sables : 512
• Fonc­tion Scene Chain (jusqu’à 128 chaînes)
• Section effets : 7 reverbs, 9 chorus, EQ, compres­seur, over­drive, rotary, delay
• Compa­ti­bi­lité avec Roland Cloud et exten­sions ZEN-Core
• Connec­tiques :
  • Sorties Main : XLR et jack 6,3 mm
  • 2 sorties Sub sur jack 6,3 mm
  • Sortie casque sur jack 6,3 mm
  • Entrée micro XLR avec réglage de volume dédié
  • 2 entrées ligne sur jack
  • 4 entrées pédales (jack)
  • MIDI In/Out/Thru
  • 2 ports USB-A (stockage et péri­phé­riques)
  • 1 port USB-C (audio/MIDI, compa­tible mobile/PC/Mac)

FAQ

Quelle est la diffé­rence entre le Roland V-Stage 88 et le RD-2000 ?

Le RD-2000 est davan­tage orienté piano de scène avec une méca­nique PHA-50 et un focus sur le jeu pianis­tique, tandis que le V-Stage 88 est pensé comme un clavier poly­va­lent pour le live, inté­grant quatre moteurs sonores égale­ment mis en avant.

Le Roland V-Stage 88 est-il compa­tible avec les sons ZEN-Core ?

Oui, il utilise le moteur ZEN-Core et permet d’im­por­ter des sons d’autres produits Roland comme le Fantom ou ZENO­LOGY via Roland Cloud.

Peut-on jouer sans coupure entre deux sons ?

Oui, grâce à la fonc­tion « Scene Chain », les tran­si­tions entre scènes se font sans inter­rup­tion sonore.

Le clavier PHA-4 est-il suffi­sant pour les pianistes exigeants ?

Le toucher est plus léger que celui du PHA-50, ce qui convien­dra mieux aux jeux d’orgue et de synthé. Les pianistes orien­tés jeu acous­tique pur pour­raient le trou­ver en retrait.

Quelle alter­na­tive si je cherche un clavier plus orienté piano ?

Le Roland FP-90X sera sans doute plus adapté avec une méca­nique PHA-50 et un moteur V-Piano centré sur l’ex­pé­rience pianis­tique.