Recherche de prof de chant : Mode d'emploi

Je plussoie l'ami Eljei 

Pendant longtemps, les professeurs avaient des méthodes efficaces, formant d'excellents chanteurs, et aujourd'hui, on a tendance à beaucoup cracher sur ces prédécesseurs sous prétexte de nouvelles découvertes. Je suis pour les découvertes, pour la science, pour la recherche, je me tiens au fait de chaque nouveauté et constatation, mais il ne faut pas oublier que notre "super méthode méga efficace tiptop cent pour cent scientifique saine et sans danger" sera sans nul doute la méthode "has been" voire dangereuse de demain.

Un peu de recul ne fait jamais de mal. Juger un professeur sur une différence entre sa méthode et la notre tend à faire penser que l'on se croit meilleur que lui. Mais jusqu'à présent, rien de cela n'a été prouvé. Les vieilles méthodes ont été efficaces. Il y a mieux aujourd'hui. Pourquoi pas. Mais n'oublions pas que la prochaine fois qu'une telle chose se produira, nous nous trouverons (les profs du XXIe siècle) du mauvais côté de la barrière ! J'entends/vois/lis ça d'ici ! "Vous vous rendez compte, à l'époque ils laissaient les artistes chanter avec un larynx haut ! Quelle idiotie !" "Et vous avez vu ceux-là qui préconisent aux chanteurs de passer du Mécanisme I au Mécanisme II ? Vraiment révoltant ! Aujourd'hui, NOUS, nous savons grâce à nos superbes sciences, etc..."

Et pas besoin de remonter plusieurs siècles en arrière pour constater la chose ! Aujourd'hui encore, force est de constater qu'un débat animé ébranle le milieu de la pédagogie vocale en classifiant et bien souvent sectarisant tel ou tel enseignant parce que sa méthode passe par tel ou tel point technique plutôt que d'autres.

Je voudrais parler d'un exemple très précis, vécu récemment encore, où pléthore de remarques ont été faites au formateur Richard Cross, pour ne citer que lui, car préconisant la contraction du transverse abdominal pour l'accession des aigus. Les professeurs actuels, remontés contre une pareille infamie ("c'est dangereuuuux ! Faut surtout pas !") se sont empressés de chercher à démonter la méthode. En attendant, même en position d'appoggio, le transverse se contracte, et Richard Cross aura eu l'occasion à maintes reprises de vérifier l'efficacité de sa méthode avec les artistes, ainsi que le caractère parfaitement sain de cette technique, puisqu'étant chercheur au CNRS, il a expérimenté chacune des informations qu'il enseigne (et j'ai suivi sa formation de pédagogue sur une année, je peux vous assurer qu'il ne base rien sur des spéculations ou suppositions fumeuses). Et maintenant, qui a raison ? Un chercheur contre un autre chercheur. Finalement, ce qui compte, n'est-ce pas plutôt le résultat et la bonne santé de la voix ?

Tout ça pour dire qu'il est parfois plus intelligent de mettre un peu d'eau dans son vin et d'accepter d'aller voir ailleurs et autrement comment ça se passe. Ce n'est pas parce que cela s'est mal produit avec un professeur qui faisait de telle manière que cela se repassera forcément mal avec un autre professeur qui fonctionne de la même manière. Vous le savez, je le sais, on le sait tous, les facteurs déterminants la qualité d'une voix et l'efficacité d'un accord pneumo-phono-résonantiel ne se réduisent pas à simples découvertes scientifiques. Même avec le meilleur professeur du monde à la pédagogie parfaite, si vous n'êtes pas en position émotionnelle favorable pour bosser, ça ne donnera rien. Savoir se remettre SOI en premier en question est déjà un bon pas en avant et permet de réagir plus intelligemment.