Le prix d'un convertisseur. C'est quoi le truc ?
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Mesyc
Je me pose la question : pourquoi un convertisseur DA d'une platine CD (même d'entrée de gamme) coute si peu cher et semble pourtant de qualité tout à fait acceptable ?
Même les platines qui était capable d'enregistrer des CD-R (vu dans de très nombreux studio, mastering compris mais bon il y a quelques années quand même) ne coutais pas 2500 euros ?
Bref qu'est ce qui justifie des convertos à plus de 2000 euros pour du AD DA ? La "transparence" ?
le mieux que "transparent" ?
Merci d'avance de m'exposer votre point de vue.
Anonyme
disons que ça reste sympa d'avoir un truc dont on est absolument certain qu'il sonne bien, qu'il est fabriqué en Occident dans des conditions dignes, et d'une manière générale qui donnera de bons résultats.
Ha, on me dit dans l'oreillette que ça peut s'appliquer aussi bien pour Lavry que pour Apogee et RME. Pas pour Digidesign, dont les dirigeants seront tondus pour avoir couché avec la misère du monde (et celle de Chine).
Anonyme
Oui, et c'est valable aussi pour tout ce qui constitue nos ordis, y compris ceux de la pomme.
JM
rroland
Je porépare ma tondeuse...il y aura du boulot
Anonyme
ouai, si faut passer à la tondeuse tous ceux qui profitent de la misère du monde, je crois qu'on est tous bon pour une bonne coupe.
JxB
Flag parceque sujet passionnant et besoin de tonte
JxB
Will Zégal
J'en dirais autant d'un homestudiste qui veut acheter du Focusrite Red ou du GML, ou une gratte PRS
Pour les instruments, je comprends le goût du haut de gamme indépendamment de toute nécessité. Car les instruments haut de gamme sont souvent des beaux objets, bien finis et qui sonne bien. Or comme le but est de se faire plaisir...
Paradoxe, d'ailleurs : à l'époque où je tournais en pro, mon duettiste prenait généralement son Epiphone pour aller sur scène et laissait la Gibson à la maison. Il estimait (à juste titre) qu'avec les systèmes diffusion qui nous sonorisaient généralement, le gain en qualité ne valait pas les risques pris par sa chère guitare.
[ Dernière édition du message le 18/11/2011 à 16:41:21 ]
EraTom
C'est quoi supérieur ? Plus proche du réel ? au delà du réel ? Comment Philips fait pour te vendre un graveur de salon à 150€ qui approche la perfection en terme d'analogie entre le signal que tu lui envoie et celui qu'il te grave sur CD (et donc te numérise au passage!!!)
Non vraiment, il faut savoir comparer des choses comparables (et là c'est avec ma casquette d'ingé en électronique que je poste).
Le convertisseur de Philips ne fonctionne a priori qu'avec une quantification et qu'une fréquence d’échantillonnage (celles du CD) alors que les chaînes d'acquisitions à destination d'un studio en proposent généralement plusieurs.
Pour passer d'un convertisseur 16bit@k44Hz (pour un CD) à 32bits@96kHz il y a un véritable pas technologique à franchir qui entraine un surcoût (en fait c'est l'augmentation de la quantification qui fait vraiment mal).
A titre d'exemple, si tu regardes le prix d'un CAN en circuit intégré en 8bits (DIP 8), tu vas en trouver à partir de 2,5€. Quand tu regarde le prix du CAN 24bits du même fabriquant de puce tu montes à 25€ : 3 fois plus de bits => 10 fois plus cher.
Les contraintes sur la qualité de la conversion ne sont pas les mêmes ; dans un studio il n'est pas rare de numériser, d'appliquer des effets numériques, de reconvertir en analogique, d'appliquer des effets analogiques, de revenir en numériques, etc.
Il faut donc réduire au maximum les erreurs, les bruits, les disto harmoniques, l'aliasing, etc. des conversions pour qu'elles ne deviennent pas gênantes après plusieurs passages où les "défauts" vont s'accumuler.
Quand le but est de graver directement un enregistrement sur CD, sans manipulations derrières, tu peux tolérer des défauts plus importants à la première (et seule) conversion car ils ne risquent pas de s'accumuler et de devenir franchement audibles.
Ceci implique une différence de prix sur le convertisseur lui-même mais également sur ce qui est monté autour pour le faire fonctionner (avec un soin particulier sur l'alimentation qui doit rapporter un minimum de bruit thermiques, un soin particulier sur le routage de la carte, etc.).
Dans un studio, il n'est pas rare non plus qu'un appareil fonctionne entouré par un nombre très important d'autres appareils, en fonctionnent également. L'environnement électromagnétique est "chargé", ou pollué si tu préfères.
Il faut donc prévoir des blindages électromagnétiques pour régler le problème de la compatibilité électromagnétique et les parasitages qui seraient nuisibles à l'enregistrement
https://fr.wikipedia.org/wiki/Compatibilit%C3%A9_%C3%A9lectromagn%C3%A9tique
Dans un salon il y a quand-même moins d'appareils au m² que dans un studio (même avec la télé, la Wii, etc.) ; le blindage électromagnétique de l'enregistreur Philips est certainement bien moins costaud, et les moyens de test (pour valider ce blindage) ne sont pas les mêmes.
Ceci contribue également à expliquer la différence de prix.
Un dernier point qui est loin d'être négligeable c'est la baisse de coût lié aux quantités produites (là c'est purement économique et pas technologique).
Philips vise le grand public et peut amortir les coûts de développement sur un grand nombre d'appareils.
Le matériel studio, conçus avec un niveau de qualité plus élevé, concerne un public bien plus petit.
Le "prix de revient unitaire" (c'est un terme consacré) n'est pas le même.
Je ne sais pas si je suis clair, alors je te donne un exemple en simplifiant (beaucoup) avec des chiffres bidons :
Pour le CAN Philips :
- Prix des "composants" et de la fabrication : 100€ par CAN
- Prix de la conception (de la "matière grise" ) : 90 000€
- Nombre de CAN vendus : 1 000 000
=> Prix de revient unitaire : 100 + (90 000) / 1 000 000 = 100,9€ par CAN
Pour le CAN Studio :
- Prix des "composants" : 150€ par CAN
- Prix de la conception : 180 000€
- Nombre de CAN vendus : 10 000
=> Prix de revient unitaire : 150 + (90 000) / 10 000 = 168€ par CAN
Les chiffres sont bidons hein :
- 50% de plus pour les composants et l'assemblage c'est vraiment "gentil". Je parierais sur un écart bien plus important.
- 90 000€ c'est ce que coûte, en gros, un 1 ingénieur électronique sur 1 an (ce qu'il coûte à l'entreprise, pas ce qu'il gagne ). J'ai mis 2 ans pour le CAN studio car la conception est certainement plus longue étant donné les contraintes de qualité supérieures. Et puis j'imagine qu'il n'y a pas qu'une seul ingé qui bosse dessus...
- Je n'ai pas compté d'autres coûts fixes (divisés par le nombre de CAN vendus) comme les usines pour l'assemblage, les tests, les certifications (genre norme NF), le marketing que Philips doit pouvoir amortir sur les CAN et d'autres produits (par exemple, ils font aussi des lecteurs mp3... M-Audio, pour n'en citer qu'un, n'en fait pas), etc.
Autre point économique important : en plus de la différence de PRU, une boite comme Philips qui fait de gros volumes peut se permettre de faire des marges assez faibles sur chaque produit pour être économiquement viable.
Une petite boite qui fait des petites séries (du moins, beaucoup moins importantes) est obligée de marger plus pour pouvoir continuer à exister.
Bon enfin, le "matos pro" est une niche ; je ne suis pas un bisounours en train de t'expliquer qu'il n'y a aucun abus sur les prix.
Ce que j'essaie de te montrer c'est que comparer le matériel et les prix pratiqués par Philips pour le grand public avec un matériel destiné à des professionnels (ou des amateurs confirmés) n'est pas super pertinent.
Il vaut mieux comparer des choses comparables, c'est à dire du matériel répondant aux-mêmes exigences de qualités conçu par des boîtes équivalentes sur des volumes équivalents.
Mesyc
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