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To beam or not to be

Si Hamlet est un prince du Danemark, TC Electronic a désormais ses quartiers de noblesse au royaume de l’amplification.

La marque danoise frappe cette année avec de nouvelles idées plutôt fraîches et des prix qui vont appâ­ter plus d’un bassiste dans les mailles d’un filet plutôt bien tendu. Je sais que nombre d’entre vous attendent le test du nouveau bébé avec la ferveur d’un pilier de bar à l’ar­ri­vée du beaujo­lais nouveau. Alors ne perdons pas de temps et décou­vrons ensemble la BH250 à peine débarquée de son drak­kar et déjà si popu­laire.

On s’as­soit tous pour les Danois

TC Electronic BH250

Toujours plus loin, toujours plus haut dans l’in­no­va­tion, nos amis danois qui consi­dèrent tout parti­cu­liè­re­ment les bassistes que nous sommes nous font encore profi­ter de leurs idées fraîches. Au programme du jour : une tête de 250 watts de puis­sance, pour un poids de moins de deux kilos et un encom­bre­ment réduit à l’ex­trême (22×6,3×23cm). Jusque-là, les plus avisés d’entre vous ne verront rien de neuf dans ce court descrip­tif. Mais si j’ajoute à cela que l’am­pli dispose d’un multi-effets commandé par appli­ca­tion mobile et qu’il est possible de profi­ter de la plupart des effets label­li­sés Tone­Print en lais­sant simple­ment votre télé­phone portable chan­ter aux oreilles des micros de votre instru­ment, je pense que nous serrons tous d’ac­cord pour dire qu’il y a bien du neuf là-dessous. Mais est-ce pour la bonne cause ou juste pour jouer dans la grande tendance de l’ap­pli­ca­tion mobile, appliquée à tout et n’im­porte quoi ?

Avant de répondre à cela, penchons-nous un peu plus en avant sur la fonc­tion première de cet objet, à savoir ampli­fier votre instru­ment ?

La tête de l’em­ploi

Pour cette mission la BH250 est rela­ti­ve­ment bien pour­vue. En façade, vous trou­ve­rez une entrée jack, un réhaus­seur de gain (switch), trois bandes d’éga­li­sa­tion, un accor­deur perma­nent et un volume géné­ral. À l’ar­rière se trouvent une sortie unique pour les haut-parleurs (Spea­kon), une entrée foots­witch (mute, bypass, A/B), une sortie casque et enfin une sortie DI (XLR et Pré/post). Le poids et le format sont réel­le­ment pratiques, j’ai embarqué la BH250 pour la tester en studio, il m’a suffi de la glis­ser dans la poche avant de ma housse Ritter. Il restait même de la place pour mes tabla­tures, mes câbles et une bouteille d’Evian (oui messieurs, certains musi­ciens boivent de l’eau en répé­ti­tion). Deux cent cinquante watts dans la poche, l’am­pli­fi­ca­tion en classe D a vrai­ment du bon !

TC Electronic BH250

Pour avoir pris le temps de tester la chose en répé­ti­tion comme en enre­gis­tre­ment, je suis à même de pouvoir esti­mer les quali­tés de cette tête en action dans ces deux confi­gu­ra­tions. Et il faut avouer que je n’ai pas été déçu par ces dernières. Le grain que propose cet ampli est réel­le­ment passe-partout et me rappelle le carac­tère de la BH500 testée précé­dem­ment. Le son est assez chaud pour sortir des sentiers battus du rendu « neutre », sans forcé­ment sonner vintage ni rock pour autant. La brillance est faci­le­ment acces­sible quand on pousse un poil les aigus et devient cris­tal­line si on abuse du même potard. Le grain n’est donc pas trans­pa­rent, mais assure un rendu qui peut coller à un large panel de styles. Comme pour la BH500, je recon­nais l’in­fluence d’un géant incon­tour­nable de l’am­pli­fi­ca­tion dans le trai­te­ment des médiums, mais ça reste bien plus dyna­mique que de l’Am­peg. Les extraits propo­sés ci-dessous sont des prises en DI, réali­sée avec une Jazz Bass Clas­sic 60 mexi­caine.

Direc­tOut neutre
00:0000:26
  • Direc­tOut neutre 00:26
  • Direc­tOut B 2h M 2h A 4h 00:20
  • Direc­tOut slap 00:23
  • Direc­tOut media­tor 00:23
 

Une fois n’étant pas coutume, commençons par les points néga­tifs qui se dégagent de cet essai, car j’ai deux regrets concer­nant les réglages de la BH250 :

La bande médium unique (j’avais appré­cié l’ac­tion des deux bandes médiums de la BH500) et le réglage du gain qui se limite à l’ac­tion un peu pous­sive d’un switch deux posi­tions. Pourquoi vouloir une seconde bande ? Parce que lors d’une prise de son via la sortie DI, le bouquet de fréquences que corrige cet unique potard est un peu large à mon goût. Il m’a donc fallu quelque temps pour retrou­ver mes repères acquis en répé­ti­tion afin d’ob­te­nir un son simi­laire sans enceinte et c’est juste­ment la tranche des médiums que j’ai eu du mal à ajus­ter. Mais il faut recon­naître que quand la BH250 est raccor­dée à un bon cais­son, elle délivre vite le son désiré sans avoir à se battre avec les potards.

Pour le reste, je suis conquis par le côté pratique de l’objet, sa construc­tion qui inspire confiance et bien entendu le grain qu’elle délivre qui passe partout sans être dénué de carac­tère. Raccor­dée à mon enceinte Epifani, ce que j’en­tends me convien­drait large­ment pour jouer partout et de tout. Le prix modeste que la BH250 affiche joue aussi en sa faveur. À ce tarif cette tête donne le change.

Quoi de neuf docteur ?

TC Electronic BH250

Venons-en à ce qui consti­tue la nouveauté de la marque : le fameux Tone­Print.

En quoi consiste la chose ? Il s’agit en fait d’une banque de présets collec­tion­nant les réglages fétiches de quelques grands noms endor­sés, sur les pédales qu’ils utilisent. On peut donc profi­ter d’un flan­ger façon Divi­nity Roxx, adop­ter le chorus sombre et légen­daire de Duff McKa­gan, voler la vedette à Mark King en repro­dui­sant le son de sa réverbe. En bref, TC ouvre les portes d’un carré VIP à tous les utili­sa­teurs de leurs pédales estam­pillées Tone­Print. Car la liste des endor­sés est longue : Roscoe Beck, Uriah Duffy, Nathan East, Juan Alde­rete et Gail Ann Dorsay (pour ne citer qu’eux). Et comme je l’ai annoncé un peu plus haut, tous ces présets sont gérables par appli­ca­tion mobile (iOS ou Android). On choi­sit un modèle corres­pon­dant à la pédale utili­sée sur son portable, on posi­tionne ce dernier près des micros de son instru­ment, on « beam » (expres­sion anglo-saxonne pour dire trans­mettre) et les infor­ma­tions sont balan­cées au DSP de la pédale qui repro­duit les réglages en un rien de temps (comp­tez quand même quelque dizaines de secondes, pour sortir le portable de votre poche, ouvrir l’ap­pli, choi­sir le Tone­Print et lancer le proces­sus).

Cette inno­va­tion origi­nel­le­ment prévue pour les pédales se retrouve sur la BH250 et sa version combo, le BG250. Ces derniers profi­tant même de Tone­Prints exclu­sifs déve­lop­pés unique­ment pour la basse : un compres­seur, un Octa­ver et une satu­ra­tion.

En action, ce système est gérable de deux manières : soit en passant par la tech­nique du « beaming » soit en ayant recours à une connexion USB, dispo­nible à l’ar­rière du boîtier. Ce câblage permet­tant aussi de mettre à jour le firm­ware de l’am­pli. J’ai testé la première option sur mon Sony Erics­son : l’ap­pli­ca­tion s’est bien instal­lée, mais fonc­tionne mal. J’ob­te­nais bien cette douce mélo­pée rappe­lant le charme d’an­tan des modems 56K, mais rien ne se trans­met­tait à l’am­pli. Pour­tant j’avais bien mis à jour mon appli­ca­tion et le firm­ware. Il me restait donc l’al­ter­na­tive suivante : utili­ser le câble USB ou faire comme tout le monde et me payer un iPhone. J’ai donc emprunté le télé­phone de collègues mieux équi­pés que moi… La BG250 peut embarquer jusqu’à deux Tone­Prints, commu­tables via le foots­witch (qui reste option­nel, mais indis­pen­sable à mes yeux). Contrai­re­ment aux pédales, qui disposent de réglages complets, la BH250 offre un simple potard pour gérer la section d’ef­fets (une sorte de dry/wet). Ce petit défaut sera compensé par la possi­bi­lité de char­ger jusqu’à six types d’ef­fets : un compres­seur, un Octa­ver, un chorus, un vibrato, un flan­ger et une satu­ra­tion.

Direc­tOut chorus
00:0000:27
  • Direc­tOut chorus 00:27
  • Direc­tOut octa­ver 00:11
  • Direc­tOut sat 00:13
 

Voici mon point de vue sur cette nouvelle option, livré pour vous en trois points :

– Je ne vous cache­rai pas qu’avant de tester ce maté­riel et après avoir glané quelques vidéos sur le net, je voyais le Tone­Print comme une bonne blague. Un gadget jouant sur la vague des nouvelles tech­no­lo­gies et des appli­ca­tions mobiles. Aujour­d’hui le vieux con que j’étais a compris que cette appli­ca­tion vise juste à éviter le trans­port d’un ordi­na­teur portable. C’est donc un recours plus pratique que tendan­cieux.

– Un seul potard pour régler les effets, cela fait court. Au mieux, afin de garder les mensu­ra­tions pratiques, j’au­rais aimé dispo­ser d’une solu­tion logi­cielle pour éditer moi-même moult Tone­Print. Et de pouvoir chan­ger la fonc­tion de l’unique potard. Je ne crache­rai donc pas dans la soupe, mais invite cette recette à s’amé­lio­rer.

– Point posi­tif : je trouve que les effets propo­sés sont agréables à jouer, mention spéciale pour l’oc­ta­ver qui ne décroche presque pas quand on le maltraite. Par contre je m’in­ter­roge : si le système qui équipe les pédales n’af­fecte que leurs réglages et s’écarte du prin­cipe de simu­la­tion en conser­vant un circuit analo­gique, qu’en est-il de celui qui équipe la BH250 et le qui fonc­tionne plus comme une station multi-effets ? Simu or not simu ?

– Un dernier pour la route, qui vous servira de conseil : pensez à enclen­cher le Mute avant de trans­mettre de votre télé­phone portable aux micros de votre basse pour char­ger un Tone­Print. Ou alors il faudra prévoir un ou deux paquets de coton hydro­phile pour épon­ger le sang qui s’épan­chera de vos conduits audi­tifs, vu que l’am­pli reprend le signal. Moi j’ai testé pour vous à envi­ron cent watts de puis­sance, j’ai eu mal. J’ai eu très très mal.

Bref, j’ai essayé un ampli…

Et nous voilà déjà au stade de tirer quelques conclu­sions sur le travail de nos amis Danois. Vous l’au­rez compris, je trouve ce maté­riel parfai­te­ment attrac­tif. Il mérite bien la curio­sité qu’il suscite et se place à merveille dans l’offre actuelle avec son prix qui lance un beau défi à la concur­rence inter­na­tio­nale. Le Tone­Print est une inno­va­tion inté­res­sante qui mérite d’être pous­sée plus en avant pour être tout à fait perti­nente. L’idéal pour un utili­sa­teur serait de pouvoir éditer lui-même ses effets et d’y ajou­ter une mémo­ri­sa­tion de l’éga­li­seur (comme celle équi­pant la Rebel­Head).

Nous les Français, on n’est jamais satis­faits. Surtout moi qui suis payé pour râler. Mais que nos voisins d’Outre-baltique ne se forma­lisent point : si en France on ne sait pas fabriquer d’am­plis pour basse, c’est pour mieux rêver ceux des autres !

Rendez-vous demain pour le compte-rendu vidéo de 7 AFiens !

Points forts
  • Petite et légère
  • Simple d’utilisation
  • Son efficace et polyvalent
  • Prix attractif et bonne construction
Points faibles
  • Égaliseur pas commode en DI
  • Manque de corrections sur le TonePrint
  • Mon Sony Ericsson boude, c’est malin

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