Reinhold a, depuis sa plus tendre enfance en Allemagne, toujours manié le fer à souder avec dextérité afin de fabriquer ses propres amplis de guitare. Après avoir déménagé à Los Angeles, ses modèles et ses modifications d’amplis commencèrent à intéresser d’illustres noms du monde la six cordes dont notamment Steve Vai, Steve Stevens et Eddie Van Halen. Alors quand il sort un ampli sous la barre des 1500€, on est curieux de voir ce que ça donne.
C’est ce nouveau modèle baptisé Alchemist, un joli 40W à lampes, que nous testons aujourd’hui. Il se décline en trois modèles : deux combos, le premier muni d’un haut-parleur de 12 pouces et le second équipé de deux haut-parleurs de 12 pouces différents, et le modèle tête + cabinet 2×12. C’est le modèle combo 2×12 qui nous a été gracieusement prêté par Bogner et que nous allons passer en revue aujourd’hui.
C’est donc par un beau jour de printemps qu’un colis frappé du logo Bogner débarque dans les bureaux du meilleur site internet du monde. Denfert, qui passait par là, déballe la bête et l’on se retrouve devant un gros combo (deux haut-parleurs de 12 pouces, ça prend de la place !) d’un certain poids (36 kilos quand même) et arborant un look néo-vintage fort sympathique. Le tout a l’air solide et semble résister aux quelques coups de pied que nous lui assenons et à la passe à dix qui suivra. Certes, c’est du Bogner de série mais du Bogner quand même ! Les autres modèles plus onéreux de la marque deviennent par conséquent des « Custom Shop », classe. Niveau cosmétique, la grille, le logo, les potards et les petites diodes qui brillent rendent bien et le tout garde un côté très soigné. Nous n’avons pas une seule seconde l’impression d’être devant un ampli au rabais et le tout respire la qualité. Le bougre semble paré pour la scène et le décapsulage sauvage de bières.
Mais voyons voir ce que l’Alchemist a dans le ventre…
Dans la boîte
Un coup d’oeil aux caractéristiques techniques permet de voir que l’on dispose bien de 40 Watts (en class AB) sous le capot, mais qu’il est aussi possible de réduire cette puissance de moitié. Ceci est très pratique lorsque l’on veut garder de bonnes relations avec ses voisins et que l’on désire pousser un peu l’ampli… Méfiez-vous tout de même, car même en 20 Watts, l’Alchemist crache bien comme il faut ! Au niveau des lampes, puisque l’on est ici en présence d’un ampli à lampes, le dernier né de chez Bogner possède deux 6L6 pour la section puissance et cinq 12AX7 pour la section préamplification, du classique donc. Pour ce qui est des deux haut-parleurs 12 pouces, la boîte renferme un Celestion G12M Greenback et un Celestion G12H Anniversary. Cette configuration est intéressante, car elle permettra d’avoir deux sonorités assez différentes lors d’une prise de son : un bon point ! L’Alchemist intègre donc des composants classiques, mais de qualité.
Pour ce qui est des entrées et sorties, on a évidemment le droit à l’entrée guitare (le contraire nous aurait étonné) en face avant, en plus de deux sorties haut-parleurs (8/16 Ohms et 4 Ohms) sur le panneau arrière. Le XLR sert à brancher le pédalier possédant un switch pour changer de canal, un pour activer le boost, un pour activer le délai et enfin un pour la réverbe. Pour finir, on retrouve la boucle d’effet et son réglage de niveau. Sachez qu’elle n’est pas bypassable et que le signal « sec » ne quitte jamais l’ampli, ce qui permet d’être sûr que le signal n’est pas dégradé par un élément extérieur.
Maintenant que l’on a branché la guitare, commençons à triturer les boutons comme il se doit…
A titre d’information voici l’antre de la bête : mallory, orange drops et tutti quanti. C’est tres bien monté c’est robuste et fiable (dixit juanito007 qui signe aussi cette photo.
Maintenant que l’on a branché la guitare, commençons à triturer les boutons comme il se doit…
Des boutons
En ce qui concerne les réglages, sachez que l’ampli propose deux canaux : le « Gold » qui se destine aux sons clairs et crunch, et le « Mercury » qui se tourne vers des gains plus élevés. Pour le premier canal on retrouve les classiques réglages de gain, basses, medium et aigus, un switch « Clean/Crunch », un switch « Bright » pour ajouter de la brillance, un autre switch « Deep » pour ajouter du bas médium et enfin un potard de volume. Au dessus du switch « Gold/Mercury », on retrouve un « Boost » qui permettra, lorsque vous serez sur le canal Gold, de rajouter du gain et de l’épaisseur (avec plus de bas médium) à vos sons. Sur le canal Mercury, le boost augmentera aussi le gain et grossira votre son sans pour autant augmenter son volume. Pour ce deuxième canal, on retrouve aussi les gains, volume, l’égalisation, bright, mais aussi un switch Punch qui poussé à gauche donnera un son plus californien, et poussé à droite un son plus Britannique avec notamment plus de gain. Un autre switch Mid Shift permettra de creuser les moyennes fréquences.
Au niveau des effets, le petit alchimiste inclus un délai (avec le petit bouton tap délai qui permet de caler facilement et rapidement sa vitesse sur le tempo) à trois sonorités : ducking (se coupe rapidement), analogique et tape (délai à bande). Il est aussi possible de régler le nombre de répétitions via le potard « Repeats ». L’ampli propose aussi trois réverbes : spring, plate et hall sélectionnable via le réglage idoine.
Vu le nombre de switch, on devrait avoir pas mal de possibilités sonores… Voyons ça tout de suite!
Du son
Pour commencer, vous pouvez faire un petit tour sur le site de Bogner, qui propose bon nombre de sons de démonstration. On remarquera sur ces samples que le petit Alchemist se débrouille très bien lorsque l’on branche une guitare à micros simples bobinages et qu’on le fait cruncher légèrement ou moins légèrement… Il retranscrit vraiment très bien le son flûté de la Stratocaster et le Twang de la Nocaster ! Pas de problème pour avoir un son crunch qui sent la rouille et l’ampli réagit bien aux variations de coups de médiators (merci les lampes…) : un coup de poignet un peut plus vigoureux, et l’on entend l’Alchemist cruncher d’une jolie manière, miam ! Cela rajoute incontestablement de l’expressivité dans le jeu du guitariste. L’exemple fait avec une Les Paul rend en revanche moins justice à ce magnifique instrument, sa rondeur si caractéristique nous manque un peu…
Les sons saturés enregistrés avec la Hamer révèlent un son assez gras, avec beaucoup de grain, mais qui peut manquer de précision. Ça bave, ce qui peut plaire à certains et en fâcher d’autres… Question de goût! On recommandera plus cet ampli aux fans de rock stoner qui tâche plutôt qu’aux adeptes de métal qui aiment shredder en utilisant un son très précis, droit et à la limite du chirurgical. L’ampli a en effet tendance à baver dans le bas médium. On a plus l’impression d’être plus en présence d’un ampli poussé dans ses derniers retranchements que d’un véritable ampli « hi-gain ».
En ce qui concerne nos propres prises de son, nous avons utilisé une Gretsch G5129 qui est équipée de micros simple bobinage DeArmond et un micro Sennheiser MD421 placé devant la gamelle. Astuce pour placer le micro : il y a une barre en bois verticale placée au centre de chaque haut-parleur, pratique pour avoir un repère et bien placer ses micros face aux gamelles, car la toile tendue est opaque. Voici tout d’abord le son de chaque haut-parleur, avec les mêmes réglages sur l’ampli et la guitare : le Celestion G12M Greenback et le G12H Vintage. On remarque donc une nette différence entre les deux modèles et cela décuple les possibilités lors d’une prise de son. On pourra aussi placer un micro en direction du centre du premier haut-parleur et décentrer le deuxième micro par rapport à l’axe du deuxième haut-parleur.
Les autres prises on été faites avec le G12M Greenback :
- Son clair (canal gold)
- Son clair avec switch boost enclenché
- Son clair avec switch bright enclenché
- Son clair avec switch crunch enclenché
- Son clair avec switch deep enclenché
- Son saturé (canal mercury)
- Son saturé avec switch boost enclenché
- Son saturé avec switch bright enclenché
- Son saturé avec switch midshift enclenché
- Son saturé avec switch punch enclenché
- Son saturé avec tout (!) enclenché
- Délai type analog (mix réglé sur 12h)
- Délai type duck (mix réglé sur 12h)
- Délai type tape (mix réglé sur 12h)
- Réverbe type hall (mix réglé sur 12h)
- Réverbe type plate (mix réglé sur 12h)
- Réverbe type spring (mix réglé sur 12h)
Sans trop de surprises, les exemples confirment ce qui a été dit plus haut. Les délais sont assez typés et pourront donner une couleur sympa s’ils sont utilisés avec parcimonie. Les réverbes sont de la même trempe : assez jolies et très exploitables. Les exemples permettront au lecteur de se rendre compte de l’utilité de chaque switch de l’ampli.
Conclusion
Reinhold Bogner |
Bogner a voulu se rendre accessible et c’est un pari réussi. On est en présence d’un ampli à moins de 1500€ (pour le modèle 2×12) avec deux canaux aux caractères bien différents et deux haut-parleurs qui étendent considérablement la palette sonore. Ajoutez à cela un petit look néo-vintage bien sympathique, un clean crunchisant comme il faut et un son saturé bien gras et vous obtenez un ampli qui fera des heureux à coup sûr.
Alors, les râleurs pourront dire qu’il pèse un âne mort, qu’il faut une pince à épiler pour manipuler les minuscules switchs et qu’il est impossible d’avoir un son saturé moderne, tranchant, précis et droit. Ils n’auront pas tort. Mais l’Alchemist a de la personnalité, et cela implique qu’il ne plaira sans doute pas à tout le monde… Mais quel ampli guitare fait l’unanimité ? Aucun je pense.
[+] Un Bogner à moins de 1500€ !
[+] Qualité de fabrication
[+] Bon son clair/crunch
[+] Deux haut-parleurs différents
[+] Une bonne palette sonore
[+] 40 ou 20 Watts, au choix
[+] Look sympa
[+] Qualité de la réverbe et du délai
[-] Pas facile à transporter, car lourd et imposant
[-] Petits switchs peu accessibles
[-] Sons saturés qui ne plairont pas à tout le monde!