Il y a parmi vous, je le sais, des musiciens certes talentueux, mais que l’aspect théorique de la musique a toujours un peu rebuté. Il y en a d’autres qui ont suivi un parcours classique, mais ont laissé tomber le solfège dès qu’ils en avaient appris assez pour pouvoir déchiffrer une partition.
Oui, mais voilà, on se retrouve souvent, à un moment donné, face à la sensation que, quand même, avoir deux ou trois notions théoriques supplémentaires, ça ferait du bien. Surtout quand on a la sensation de réinventer à chaque fois la roue dès qu’on essaie de créer une petite chose sonore qui ne soit pas trop bancale.
Cette nouvelle série d’articles s’est donc fixé comme objectif de rappeler quelques bases simples d’harmonie à tous ceux qui souhaiteraient découvrir ou redécouvrir le moyen d’améliorer facilement leurs compositions ou leurs improvisations.
C’est parti !
Les octaves, les intervalles et les gammes
Avant tout, il faut se rappeler que dans la musique occidentale, l’ensemble des sons jouables par un instrument de musique est divisé en octaves qui se répètent des graves aux aigus. Une octave est elle-même subdivisée en 12 notes. On appelle l’ensemble de ces 12 notes l’« échelle chromatique », ou « gamme chromatique ».
Mais alors, si l’on a douze notes, quel rapport avec le concept d’« octave », qui impliquerait plutôt « huit » éléments si l’on en croit le préfixe « oct » ? C’est là qu’interviennent les notions de gamme diatonique et de système tonal. Toutefois, avant d’aborder ces domaines-là, il convient tout d’abord de définir la valeur et le nom de chaque intervalle entre les notes de l’échelle chromatique.
Les noms des intervalles évoquent les modes majeur et mineur, nous verrons très rapidement de quoi il s’agit. Partons de la note Do (mais nous aurions pu choisir n’importe quelle autre note de départ…). Nous avons donc :
- Do-Réb : ½ ton, seconde mineure
- Do-Ré : 1 ton, seconde majeure
- Do-Mib : 1 ton et demi, tierce mineure
- Do-Mi : 2 tons, tierce majeure
- Do-Fa : 2 tons et demi, quarte juste
- Do-Fa# : 3 tons, quarte augmentée, appelée également le triton
- Do-Sol : 3 tons et demi, quinte juste
- Do-Sol # : 4 tons, quinte augmentée
- Do-La : 4 tons et demi, sixte majeure
- Do-La# : 5 tons, sixte augmentée
- Do-Si : 5 tons et demi, septième majeure
- Do-Do : 6 tons, octave
Bien, maintenant que nous avons clarifié la notion d’intervalle, revenons au système tonal dont nous avons parlé plus haut. De quoi s’agit-il ? Pour faire simple, le système tonal agence les douze demi-tons de l’échelle chromatique afin d’en faire ressortir les huit notes qui seront significatives (en fait sept notes plus le doublement de la note d’origine de la gamme, appelée tonique). Ces huit notes constituent une « échelle diatonique ». Pour information, il existe des gammes constituées d’un nombre différent de huit notes, qui feront l’objet d’un article ultérieur.
Les modes majeur et mineur
Je vous ai dit que le système tonal permet d’organiser les 12 demi-tons de l’échelle chromatique afin de constituer des gammes diatoniques. Celles-ci peuvent être agencées selon deux modes principaux : le mode majeur et le mode mineur. Là aussi, il en existe d’autres (plein, même), mais qui découlent tous de ces deux modes de base. Ils feront l’objet eux aussi d’un futur article. Les notes qui constituent une gamme diffèrent selon que celle-ci soit majeure ou mineure, et donc ainsi diffère également la « couleur » sonore du morceau. Pour faire très, très, mais alors vraiment très caricatural, on peut désigner respectivement le mode majeur et le mode mineur par : le mode « joyeux » et le mode « triste ».
Afin de vous permettre de vous faire une petite idée des différences d’ambiance que nous obtenons selon le mode que l’on choisit, voici deux petits exemples sonores, l’un majeur et l’autre mineur, et s’ils sont mélodiquement proches, leur atmosphère diffère beaucoup.
- air majeur 00:09
- air mineur 00:09
Dès le prochain article, nous verrons comment s’obtiennent ces fameuses gammes majeures et mineures.