Après avoir étudié dans l’article précédent les modes altérés issus de la gamme mineure mélodique, intéressons-nous aujourd’hui à ceux issus de la gamme mineure harmonique.
Pour commencer, je vous rappelle que la différence entre la gamme mineure mélodique et la gamme mineure harmonique se situe au niveau de la sixte, majeure dans le premier cas et mineure dans le second.
Par rapport à la gamme mineure naturelle, la gamme mineure harmonique se différencie au niveau de la septième, mineure dans le premier cas et majeure dans le second.
Et c’est d’ailleurs par rapport cette même gamme mineure naturelle que l’on établit la nomenclature des modes issus de la gamme mineure harmonique et que l’on fixe le DCA correspondant à chacun de ces modes. Avant de poursuivre plus avant, juste une dernière remarque d’introduction.
L’intervalle de seconde augmentée existant entre le sixième et le septième degré de la gamme mineure harmonique permet de construire un accord diminué, ceci sans avoir à introduire d’autre altération que celles impliquées dans la gamme mère d’origine, et valable bien entendu dans tous les modes de la gamme.
On pourra donc aisément tirer parti de la grande capacité de ces accords à créer des ponts entre les tonalités soit pour moduler, soit pour carrément sortir du système modal et revenir vers le tonal.
Mais commençons.
Le mode éolien bécarre 7
Comme indiqué en introduction, ce premier mode reprend le nom du premier mode de la gamme mineure naturelle (mode éolien) tout en spécifiant ce qui le différencie de ce dernier : la septième bécarre.
Ce mode est basé sur les accords de triade mineure et les accords mineurs (majeur 7), tout comme le ionien b3 de la gamme mineure mélodique (cf. article précédent). Logique, puisque le troisième et le septième degré de ces deux modes sont identiques.
Le sixième degré bémolisé permet de faire également entendre un b13.
Enfin, l’accord diminué mentionné en introduction permet, lorsqu’il est joué au-dessus du cinquième degré du mode, de constituer un accord de dominante 7 b9, comme on peut le voir dans l’exemple suivant :
Le mode locrien bécarre 6
Vous vous rappelez le mode locrien bécarre 2, la fameuse « half-diminished scale » (article 59) ? Eh bien tout comme ce dernier, le mode locrien bécarre 6 s’emploie avec des accords mineur 7 b5. Il est toutefois nettement moins employé que son collègue issu de la gamme mineure mélodique.
Le mode ionien #5
Le mode ionien #5 est très proche du mode lydien #5 que nous avons vu ensemble la dernière fois. Il ne se distingue de lui que par son quatrième degré qui n’est pas augmenté.
Le troisième, le cinquième et le septième degré étant identiques, ce mode se rapporte aux mêmes accords que ceux du lydien #5, c’est-à-dire les accords de triade majeure #5 et de septième majeure #5.
Mais comme il offre un intervalle de quarte juste entre sa tonique et son quatrième degré, on l’emploie aussi aisément avec des accords enrichis d’une 11e, comme dans l’exemple suivant :
Le mode dorien #4
Ce mode s’emploie avec des accords de triade mineure, mineur 6 et mineur 9. Son quatrième degré augmenté lui permet d’être efficacement utilisé également avec des accords mineurs #11.
Je vous donne rendez-vous dans le prochain article afin de poursuivre ensemble cette exploration des modes altérés issus de la gamme mineure harmonique.