Pendulum Audio s’est d’abord fait remarquer dans l'amplification haut de gamme d'instruments à cordes puis a lancé en 1998 une gamme de périphériques classe A à lampes qui se sont rapidement imposés comme des références du genre. Le Quartet, qui nous intéresse aujourd’hui, est une tranche de console à lampes. Voyons voir ce qu’elle a dans le ventre !
Le catalogue de Pendulum Audio comprend aujourd’hui le OCL-500, un module optocompresseur en format 500, le PL-2, un limiteur (transistor/MOSFET, lui) en rack 1U, le MDP-1, un double préampli, le ES-8, un double limiteur, le Quartet II, version survitaminée de celui testé aujourd’hui et, pour finir, le OCL-2, un double optocompresseur, dont nous retrouvons le principe dans cette chouette tranche de console que voici…
A l’avant
Dans l’ordre, nous trouvons en façade de ce rack 2U les modules suivants, tous utilisables indépendamment grâce à une connectique séparée située sur le panneau arrière (que je vais me faire un plaisir de vous détailler plus bas) :
- Un préampli à lampe pour micro (XLR), instrument ou ligne (jack Hi ou Low Z), avec son gain d’entrée et un niveau de sortie, ainsi que toutes les options nécessaires (inversion de phase, alimentation fantôme 48 volts, pad et coupe-bas). Mais pas de vumètre ou même de diode de crête ! Va falloir faire fonctionner nos oreilles (ou du moins ce qu’il en reste, pour l’ex-punk que je suis)…
- Un égaliseur à lampe trois bandes de type Baxandall « modifié » (dixit la notice. Au bruit, je dirais qu’ils ont limé les chicanes de l’échappement, mais je peux me tromper). Les bandes Hi et Low en plateau (shelved) agissent de ±10dB sur des fréquences sélectionnables par deux switchs mini-toggle : 15, 10 ou 7 kHz et 50, 100 ou 200 Hz. La correction sur les médiums se règle par rotacteur sur les fréquences de 0,7, 1,6, 2,2, 3,3, 5 ou 6,5 kHz, à ±10dB aussi. Un autre switch place l’EQ avant ou après le compresseur et un dernier pour by-passer le module.
- Un optocompresseur à lampe, avec des réglages tout ce qu’il y a de standard, si ce n’est le sélecteur de mode : Fast, Average, Vintage et Manual (on y reviendra). Et le switch bypass/on, bien sûr.
Un dé-esseur à filtrage opto-inductif à détection sélective (ça doit sonner, comme dirait un pote très impressionnable…) qui, vu qu’il semble se greffer sur le circuit compresseur, peut donc être légitimement considéré « à lampe » (c’est la fête, avec toutes ces lampes partout !).
- Et pour finir, un magnifique grand vumètre à lampe (si, il y a bien une ampoule) avec un switch pour lui demander d’afficher soit la quantité de compression, soit le niveau de sortie général.
À l’arrière
Au dos, nous trouvons, de droite à gauche :
- Une entrée micro XLR, couplée à une entrée DI asymétrique instrument (1M) ou ligne (100k), et une boucle d’effet sur le préamp (deux jacks 6,35 mm, in et out). L’idée est de pouvoir sortir le signal préamplifié pour l’envoyer dans une console (out) ou rentrer un signal provenant d’un autre préampli en by-passant complètement l’interne (in).
- Une entrée et une sortie pour l’égaliseur (deux jack 6,35 mm).
- Une entrée et une sortie pour l’optocompresseur (deux jacks 6,35 mm), plus un autre jack pour coupler un autre compresseur, pour l’utilisation en mode stéréo.
- Une sortie XLR générale doublée d’un jack 6,35 mm asymétrique.
- Un sélecteur de voltage 115/230 volts.
- Une prise pour raccorder un câble secteur, très utile !
Pour situer un peu le niveau de qualité, quelques données techniques : les contacts des relais, connecteurs d’entrée/sortie et socles des lampes sont dorés, le transformateur d’alimentation torique sur mesure est blindé, les condensateurs polypropylène et résistances sont à couche métallique, et, cirrhose sur le gâteux, chauffage lent des lampes jusqu’à stabilisation des tensions, etc. Sans rien d’inutile, on nage dans le bling-bling !
Et le son ?
Vu le prix (3 500€), nous nous attendions à de la très haute qualité et nous n’avons pas été déçus ! Ce qui frappe en premier, c’est que ça a beau être du archi tout lampe, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de caricatural pour autant ; un ami ingénieur qui m’aidait à torturer l’engin a même cru un bon moment que c’était à transistor… Bon, on s’est amusé à passer dedans un Herr Neumann U67 reprenant une voix de poète-baladin breton (merci Will), une vieille guitare acoustique (une D18 de 1947, pour ceux que ça intéresse) et un xylophone perce-oreilles (de marque inconnue), puis un Beta 52 dans une grosse caisse (une vieille Olympic, si je me souviens bien) et, pour finir, l’entrée DI a reçu une basse classique (Precision 1957 cordes filets ronds), une basse pas courante (Teisco NB-4 cordes filets plats). Et tout ça agrémenté d’occasionnelles comparaisons avec un Universal Audio LA-610 (à lampe) et un Amek DMCL (sans). Puis les trois préamplis passaient par un Apogée AD-8000 pour ensuite rentrer dans un ProTools TDM.
Le préampli : l’absence d’indication du niveau d’entrée nous a poussés à pousser du pouce (bah quoi ?) le préamp dans ses derniers retranchements, mais c’était seulement pour constater que cet engin a une telle réserve de gain et si peu tendance à saturer que, bon, on peut en fait très bien se débrouiller sans vumètre. Ça me rappelle quand mon ami ingé sus-cité me disait de son Chandler LTD-1, qui se passe aussi de VU : « De toute façon, plus tu lui rentres dedans, plus ça sonne ! ». On peut donc utiliser le gain comme on le souhaite et ainsi faire varier le contenu harmonique de l’étage à lampe, puis compenser avec le potentiomètre de niveau de sortie.
L’égaliseur : pas grand chose à en dire. Il est assez rudimentaire, mais de haute qualité, très pratique et précis pour de fines corrections à la prise, voire plus si affinités. Avec des Q bien choisis, il permet efficacement de dégraisser ou de réveiller certaines fréquences d’un son. Très peu coloré, par ailleurs.
L’optocompresseur : la classe, ce truc sonne trop bien et reste transparent, quoi que l’on fasse avec les boutons. Les modes sont très fonctionnels : Fast sur une guitare acoustique, Average (RMS) sur une basse, Vintage sur une voix et Manual qui, comme son nom l’indique permet de reprendre la main sur tous les réglages et de se tailler précisément, ainsi, son son. Et en mettant tout à fond, on peut arriver sans problème à un effet de limiteur type « brickwall ». Dans tous les cas, il reste super musical et pas ostentatoire.
Le dé-esseur : j’avoue, je n’en ai pas fait un usage intensif, je me suis contenté de zozoter, cracher et siffler dans le micro en tripotant les réglages, mais il faisait très bien son boulot. Sur le site de AudioAddict, l’importateur, iI est décrit comme étant d’une technologie héritée des sondes spatiales envoyées sur Mars. Je vous laisse juger : « Un détecteur à inductance met très rapidement en action un filtre notch. L’opérateur peut contrôler la « profondeur » du filtre notch, qui concrètement se traduit par le niveau de sibilance à supprimer. » Dingue !
Les exemples audio
Voici un peu d’audio.Un bout de poème droit, sans correction, le même avec une compression modérée en mode « Vintage » , puis avec une égalisation de 3db à 5K et, pour finir, dans l’Universal Audio LA-610 pour référence.
Une voix chantée avec légère compression, puis comp + EQ.
Une guitare acoustique sans corrections, puis avec compression, ensuite on joue avec le On/Off de l’EQ, pour montrer que ça reste musical, et, pour finir, un rituel passage dans le UA LA-610.
Une basse Fender Precision suivant le même principe : droite, compressée en mode « Average », EQ pour la gonfler un peu, comp + EQ.
Juste pour le fun, la Teisco short scale avec ses filets plats, jouée au médiator.
Quelques coups de pied au Beta 52, provenant d’une vraie session de drums (Mademoiselle K, en l’occurrence).
Le meilleur pour la fin, le petit xylophone. Droit d’abord, un peu compressé, puis à fond !
Conclusion
Par comparaison avec le Pendulum, l’Universal Audio LA-610 faisait presque « mou », alors que nous l’utilisons généralement quand il nous faut un préampli « doux », et l’Amek DMCL (à transistor, je rappelle) sonnait quasi « chaud », alors qu’il remplit habituellement la fonction de préampli « chirurgical », voir froid… Je ne saurais mieux dire : si j’avais les moyens, je l’aurais bien ajouté à l’arsenal.Finalement, le seul truc qui m’ait un peu tracassé est ce problème d’absence de vumètre de niveau d’entrée. Ça ne doit pourtant pas être compliqué de faire comme sur le Universal Audio LA-610, par exemple, sur lequel il y a un sélecteur auquel on demander d’indiquer le niveau d’entrée, la quantité de compression et le niveau de sortie. Mais, en y réfléchissant, je me retrouve dans la bizarre situation de penser pour la première fois que, sur des machines de ce type, il faudrait presque avoir un indicateur de niveau par module, tant chacun d’eux peut modifier considérablement le volume par son action. Mais, là, j’ai comme l’impression de remettre en cause toutes les tables de mixages de l’histoire, ça ferait un peu beaucoup…
[+] Transparence du son
[+] Optocompresseur qui sonne d’enfer
[+] Choix des composants et qualité d’assemblage
[+] Des entrées/sorties pour chaque module
[-] Pas donné quand même
[-] Pas de Vumètre pour le niveau d’entrée